mardi 20 novembre 2012

DES HOMMES SANS LOI (Lawless)

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site bd-sanctuary.com

de John Hillcoat. 2012. U.S.A. 1h55. Avec Shia LaBeouf, Tom Hardy, Jason Clarke, Jessica Chastain, Gary Oldman, Guy Pearce, Mia Wasikowska, Dane DeHaan, Noah Taylor.

Sortie salles France: 19 Mai 2012 (festival de Cannes). 12 Septembre 2012. U.S: 29 Août 2012

FILMOGRAPHIEJohn Hillcoat est un cinéaste australien, né en 1961 au Queensland
1988: Ghosts... of the Civil Dead
1996: To have and to Hold
2005: The Proposition
2009: La Route
2012: Des Hommes sans loi


En 2009, John Hillcoat s'était fait connaître avec un road movie post-apo d'une grande intensité dramatique. Trois ans plus tard, il change de cadre et de registre pour nous remonter à une lointaine époque. Celle de l'Amérique des années 30 pour l'évocation familiale de gangsters ayant réellement (sur)vécu durant la prohibition. Epaulé par une pléiade de stars notoires livrant des numéros d'acteurs indéfectibles (mentions spéciales pour Guy Pierce, proprement abjecte dans le rôle gouailleur d'un agent vénal, et la présence flegmatique de Tom Hardy dans celui d'un gangster robuste mais loyal), Des Hommes sans Loi est malencontreusement desservi par un scénario sans surprise et prévisible.

En 1931, en Virginie, la famille Bondurant exerce des activités illicites de contrebande pour la revente d'alcool librement interdite. Un nouvel agent spécial du nom de Charly Rakes décide de leur déclarer la guerre après que ceux-ci aient refusés une offre inéquitable de partage des gains. Mais les frères Bondurant, que l'on surnomme les indestructibles, sont prêt à tenir tête à l'entreprise de ce maître chanteur et se battre jusqu'à la mort pour leur orgueil. 


Superbement photographié dans ses nuances solaires et parfois même émaillé d'éclairs de poésie limpide au sein de sa nature bucolique, Des Hommes sans Loi nous retrace la lutte sans merci de trois frères baroudeurs particulièrement obtus pour se mesurer contre l'autorité d'une police véreuse en affiliation avec des gangsters sans vergogne. Avec le talent épidermique d'interprètes à la gueule burinée ou au minois timoré, cette nouvelle chronique d'une famille de paysans en ascension réussit facilement à créer l'attachement face à leur relation fraternelle éprise d'ambition élitiste. Si on se prend immédiatement de sympathie pour le jeune Jack Bondurant (Shia LaBeouf) dans sa bonhomie naïve à daigner devenir un trafiquant aussi notoire qu'Al Capone, la redondance des faibles enjeux alloués à cette inlassable guérilla manque inévitablement de densité dramatique et de sens épique. Et cela en dépit des innocents sacrifiés ! Pour accorder une certaine dimension humaine à l'intrigue éculée, on éprouve tout de même un intérêt progressif à suivre le cheminement hasardeux du jeune Jack, engagé contre son gré dans une vengeance erratique pour prouver sa bravoure. Face à l'autorité du frère aîné Forrest (Tom Hardy), véritable leader pugnace à la vulnérabilité quasi imputrescible, le spectateur éprouve également une fascination virile prédominante. Ajoutez aussi le charme naturel de Maggie (Jessica Chastain) en compagne férue d'affection pour l'aîné, et surtout la présence outrée de l'agent Charlie Rakes (Guy Pearce à contre-emploi !), dans celui d'un agent épouvantablement couard, et vous obtenez l'évocation sanglante d'une fratrie quasi invincible. Par contre, on regrettera la discrète apparition incisive de Gary Oldman en gangster notable intraitable, digne successeur d'Al Capone !


Jalonné de séquences d'action homériques plutôt attractives, John Hillcoat réussit in extremis à insuffler une certaine efficacité dans la narration conventionnelle allouée à l'honneur fraternelle. D'autant plus que la violence extrême émanant des nombreux règlements de compte est exacerbée par une verdeur dérangeante. Correctement mené, Des Hommes sans loi se regarde donc avec un plaisir (coupable ?) perfectible et sa brutalité parfois insupportable renforce la véracité des faits énoncés. Celle d'une époque où la prohibition avait déclenché un vent de terreur et de corruption chez des arrivistes sans déontologie. 

20.11.12
Bruno Matéï


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