de Rian Johnson. 2012. U.S.A. 1h58. Avec Joseph Gordon-Levitt, Emily Blunt, Bruce Willis, Paul Dano, Pierce Gagnon, Piper Perabo, Noah Segan, Jeff Daniels.
Sortie salles France: 31 Octobre 2012. U.S: 28 Septembre 2012
FILMOGRAPHIE: Rian Johnson est un réalisateur et scénariste américain, né le 17 Décembre 1973 dans le Maryland (Etats-Unis).
2005: Brick
2008: Une Arnaque presque parfaite
2012: Looper
Succès surprise de cette fin d'année, le troisième long-métrage de Rian Johnson est un récit d'anticipation érigé sur une boucle spatio-temporelle. En 2044, le looper, un tueur à gages, est chargé d'assassiner des quidams envoyés du futur par une organisation secrète. Un jour, il retombe sur son double, plus âgé de 30 ans, qui réussit à lui échapper. Joe va tout tenter pour le retrouver au péril de sa vie. Récit de science-fiction dialectique illustrant avec modestie un monde futuriste aléatoire (comme le soulignait par exemple Bienvenu à Gattaca), Looper doit son mérite à la structure narrative d'un scénario aussi finaud et original que confus et passionnant. Sans daigner dévoiler les multiplies rebondissements qui jalonnent l'intrigue, cette série B lestement pensée possède l'atout majeur de nous surprendre au fil de son cheminement sinueux. Parmi l'ambiance en demi-teinte d'une société futuriste totalitaire, un tueur à gages doit combattre son double pour sauver sa propre vie. A contrario, cette réplique plus âgée de 30 ans va tout envisager pour convaincre le looper que sa future destinée amoureuse est mortellement compromise par son supérieur doués de pouvoirs télékinésiques.
Le but de leur mission est donc de retrouver dans l'heure actuelle l'enfant prodige prochainement proclamé le Rainmaker. Ce fameux leader recrutant des loopers du passé pour supprimer les témoins gênants du futur envoyés dans une machine spatio temporelle. On n'en dira pas plus pour l'intrigue savamment charpentée afin d'en préserver toute sa richesse, mais sachez que Looper ne cesse de surprendre dans son contexte temporel, notamment grâce aux attitudes équivoques de nos protagonistes. Cette complexité humaine chargée de doutes et de craintes, impartie à la moralité juvénile de Joe, renforçant l'aspect dramatique du sujet. Cette densité d'un enjeu alarmiste liée à la postérité d'un enfant est décuplée vers son point d'orgue fortuit, engendrant par la même occasion une belle allégorie sur l'éducation parentale Spoiler !!! ainsi qu'une leçon de dignité sur le sens du sacrifice. Fin du Spoiler. Non exempt de cocasserie subtile et de clins d'oeil allusifs à la saga Terminator, Looper fourmille de péripéties haletantes sans toutefois charger la donne dans l'esbroufe explosive. Sur ce dernier point, nombre de spectateurs qui s'attendaient au blockbuster estampillé "Bruce Willis" pourraient être déçus par son aspect dépouillé. Privilégiant plutôt le suspense lattent ainsi qu'une caractérisation de personnages interlopes impliqués dans une traque rivale, Rian Johnson traite de l'enjeu l'humain face à sa filiation lorsqu'une personne est délibéré à prémunir ce qu'il a de plus cher au monde.
Dans une réalisation inventive d'une grande sobriété (les gunfights spectaculaires sont parfois audacieusement édulcorés par la technique du hors-champ !), Looper est une ellipse vertigineuse
culminant vers un final clairvoyant. Emaillé de plages de poésie surnaturelle (les expériences fulminantes de l'enfant chorégraphiées en slow motion) et désincarné d'un environnement aseptisé, Looper transcende (sans fioriture) la prise de conscience d'un orphelin épris d'altruisme dans son cheminement rédempteur.
12.11.12
Bruno Matéï
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