lundi 16 février 2015

A la recherche de Mr Goodbar / Looking for Mr. Goodbar

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site listal.com

de Richard Brooks. 1977. U.S.A. 2h15. Avec Diane Keaton, Tuesday Weld, William Atherton, Richard Kiley, Richard Gere, Alan Feinstein, Tom Berenger.

Sortie salles France: 29 Mars 1978. U.S: 19 Octobre 1977

FILMOGRAPHIE: Richard Brooks est un réalisateur, scénariste, producteur et romancier américain, né le 18 Mai 1912 à Philadelphie, décédé le 11 Mars 1992 à Beverly Hills. 1950: Cas de conscience. 1952: Miracle à Tunis. 1952: Bas les masques. 1953: Le Cirque Infernal. 1953: Sergent la Terreur. 1954: Flame and the Flesh. 1954: La Dernière fois que j'ai vu Paris. 1955: Graine de Violence. 1956: La Dernière Chasse. 1956: Le Repas de Noces. 1957: Le Carnaval des Dieux. 1958: Les Frères Karamazov. 1958: La Chatte sur un toit brûlant. 1960: Elmer Gantry le charlatan. 1962: Doux oiseau de jeunesse. 1965: Lord Jim. 1966: Les Professionnels. 1967: De sang-froid. 1969: The Happy Ending. 1971: Dollars. 1975: La Chevauchée Sauvage. 1977: A la recherche de Mr Goodbar. 1982: Meurtres en Direct. 1985: La Fièvre du Jeu.


Drame social illustrant un portrait sans concession de l'émancipation sexuelle de la femme au coeur des années 70, A la recherche de Mr Goodbar témoigne de la dérive d'une enseignante scolaire, Theresa, célibataire inflexible au goût prononcé pour les aventures nocturnes sans lendemain. Issue d'un milieu catholique enseigné par un père castrateur, elle décide aujourd'hui de s'enfuir du cocon familial pour vivre son indépendance. Au fil de ses rencontres sexuelles avec des rupins infidèles, phallocrates et marginaux, elle se laisse mener par un mode de vie toujours plus instable, à l'instar d'une clientèle toujours frustrée à l'idée de la soumettre, et de l'émergence de la cocaïne au sein des clubs branchés. Comédie douce-amère toujours plus variable au fil du cheminement existentiel de l'héroïne et des désaxés qui l'entourent, A la recherche de Mr Goodbar progresse sa trajectoire vers le sillage du drame sociétal à travers les tabous en vogue de l'avortement, de l'homosexualité, du porno sur pellicule et de la révolution sexuelle. 


Avec humour et gravité, Richard Brooks maîtrise le sujet sans apporter de jugement sur la moralité de l'héroïne et met en relief le malaise d'une société fluctuante où les individus les plus névrosés exploitent sans modération leur nouveau vent de liberté. Outre le dynamisme de sa mise en scène au montage inventif faisant parfois preuve de dérision débridée (mettre en image les délires inconscients de l'héroïne lors de ses fantasmes les plus exubérants) et d'une BO entraînante alternant Soul et Disco, le jeu d'acteurs accentue le rythme narratif par leur stature farouche. Ils doivent beaucoup de l'intensité qui émane de leur mainmise à vouloir régir la vie d'Helena. Je pense à la présence galvanisante de Richard Gere dans celui du marginal impudent toujours plus impérieux lors de ses éclairs de violence. Détestable d'orgueil, il invoque la figure du parfait phallocrate englué dans sa paresse et sa médiocrité. Pleine de fraîcheur et d'une élégance longiligne, Dianne Keaton lui partage la vedette en posture d'épicurienne. Une enseignante aussi attachante et studieuse pour la cause d'enfants sourds le jour, que dissolue et toujours plus effarouchée lors de ses nuits lubriques. Une attitude paradoxale d'autant plus édifiante lorsque l'on apprend de sa confidence qu'elle se refuse à enfanter depuis le traumatisme infantile d'une scoliose héréditaire.


Témoignage caustique de la liberté sexuelle des années 70 où les plus marginaux se laissent vaincre par leur insouciance alors que d'autres continuent de se morfondre dans le déni d'identité (l'homosexualité refoulée de Gary), A la recherche de Mr Goodbar intensifie l'empathie dans le portrait douloureux alloué à une enseignante sur la corde raide. Captivant, insolent et toujours plus ombrageux au fil de son cheminement erratique, l'épilogue effroyable (âme sensibles s'abstenir !) enfonce le clou dans son constat sordide d'une émancipation sacrifiée. Une oeuvre puissante inoubliable. 

Bruno
2èx


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