vendredi 6 novembre 2015

Elephant Man / "The Elephant Man". Grand Prix, Avoriaz 80.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de David Lynch. 1980. Angleterre/U.S.A. 2h04. Avec John Hurt, Anthony Hopkins, Anne Bancroft, John Gielgud, Wendy Hiller, Freddie Jones.

Sortie salles France: 8 Avril 1981. U.S: 10 Octobre 1980 (Interdit aux - de 13 ans)

FILMOGRAPHIE: David Lynch est un réalisateur, photographe, musicien et peintre américain, né le 20 Janvier 1946 à Missoula, dans le Montana, U.S.A. 1976: Eraserhead. 1980: Elephant Man. 1984: Dune. 1986: Blue Velvet. 1990: Sailor et Lula. 1992: Twin Peaks. 1997: Lost Highway. 1999: Une Histoire Vraie. 2001: Mulholland Drive. 2006: Inland Empire. 2012: Meditation, Creativity, Peace (documentaire).


"Jamais, non, jamais... rien ne meurt jamais. Le courant coule, le vent souffle, le nuage flotte, le coeur bat. Rien ne mourra".

Grand Prix à Avoriaz en 1981, César du Meilleur Film Étranger en 1982, Elephant Man bouleversa critiques et spectateurs du monde entier par la rigueur de son intensité dramatique consacrée au portrait de Joseph Merrick. Un homme de 21 ans, atteint du syndrome de Protée — maladie génétique extrêmement rare — ayant vécu une existence miséreuse avant d’être recueilli par un service hospitalier londonien. 
 
Monstre de foire, défiguré au point d’être comparé à un éléphant, John Merrick (David Lynch en modifia le prénom) est exhibé dans un cirque par un directeur alcoolique, vénal et brutal. Un jour, le chirurgien Frederick Treves, après avoir assisté à l’une de ses représentations, parvient à le faire sortir de cet enfer sous prétexte d’un examen médical. Recueilli avec égards dans un hôpital, John va réapprendre à vivre, découvrant peu à peu le sens des mots amitié, amour, reconnaissance, noblesse, à travers les soins, les rencontres aristocratiques et une comédienne de théâtre, Madge Kendal.

Maelstrom d’émotions bouleversantes autour des vicissitudes de John Merrick, Elephant Man relate avec une acuité pudique son destin maudit, porté par des comédiens à la sobriété humaine sans fard. L’émotion nue, surgissant de leur regard face à cette difformité, avant qu’ils ne canalisent leurs élans pour lui offrir une réplique aussi simple que sincère. Il en naît des séquences intimistes d’une vigueur dramatique rare, tissées dans les silences, la bienveillance, l’écoute. Outre la posture pleine de dignité d’Anthony Hopkins en chirurgien altruiste, Hannah Gordon (l’épouse de Treves) et Anne Bancroft (Madge Kendal) partagent l’écran avec une tendre humilité, prouvant à Merrick qu’il peut, enfin, croire en la sécurité d’un monde qui ne le rejette plus.

Mais si Elephant Man bouleverse si profondément, c’est par la fragilité éperdue de John Merrick, que John Hurt incarne avec une sensibilité bouleversante. Sa voix douce, son regard noyé de sagesse, de mélancolie, d’angoisse et d’amour... tout en lui parle d’un monde intérieur d’une noblesse inouïe. Baignant dans l’étrangeté d’une époque victorienne rongée par l’industrialisation, le film s’élève dans un noir et blanc épuré que Freddie Francis magnifie d’un onirisme baroque — chimères ou réalités, visions de mutation sociale. Le visage monstrueux de Merrick, tuméfié, grotesque, plonge l’ensemble dans un climat d’hostilité sourde. La foule le rejette, les marginaux s’en repaissent, et l’humanité chancelle dans l’ombre de son ignorance putassière.


Porté par la partition feutrée de John Morris et le thème déchirant de Samuel Barber, Elephant Man transfigure avec une pudeur infinie le douloureux destin d’un "monstre humain", en puisant dans la candeur des sentiments et la grandeur de l’amour. Car à travers ce plaidoyer symbolique pour le droit à la différence, David Lynch livre une leçon d’humanité, un poème baroque sur la beauté cachée des infortunés, porté par une mise en scène d’une élégance presque sacrée. De ce vortex d’émotions capiteuses naît l’un des mélodrames les plus poignants de l’histoire du cinéma — que tout cinéphile se doit d’avoir contemplé.

Bruno 
3èx

Grand Prix du Festival international du film fantastique d'Avoriaz, 1981.
César du meilleur film étranger 1982
British Academy Film Award du meilleur film
British Academy Film Award du meilleur acteur pour John Hurt
British Academy Film Award des meilleurs décors

4 commentaires:

  1. Salut bruno, toujours aussi bien concises tes critiques et celle-ci ne déroge pas à la règle! merci.
    j'éssaie de te joindre sans succès, alors pardonne moi d'utiliser le com ici..
    mon mail:
    cali.mero@mail.ru

    Amitiès,

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  3. Grand Prix en plus... Je dis ça, je dis rien... ;)

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