Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinebel.be
de Jean-Marc Vallée. 2015. U.S.A. 1h42. Avec Jake Gyllenhaal, Naomi Watts, Chris Cooper, Judah Lewis, C. J. Wilson, Polly Draper.
Sortie salles France: 6 Avril 2016. U.S: 8 Avril 2016
FILMOGRAPHIE: Jean-Marc Vallée est un réalisateur et scénariste américain, né le 9 Mars 1963 au Québec. 1992: Stéréotypes. 1995: Les Fleurs Magiques. 1995: Liste Noire. 1997: Los Locos. 1998: Les Mots Magiques. 1999: Loser Love. 2005: C.R.A.Z.Y. 2009: Victoria: les jeunes années d'une reine. 2011: Café de Flore. 2013: The Dallas Buyers Club. 2015: Demolition.
Drame psychologique d'une pudeur étonnante pour son traitement conféré à la difficulté d'assumer un deuil conjugal, Demolition bouscule les conventions avec une étonnante originalité. Jean-Marc Vallée façonnant une mise en scène épurée allant droit à l'essentiel pour entraîner le spectateur dans une dérive existentielle à la trajectoire indécise. Par son cheminement narratif impromptu bourré de situations erratiques, Demolition désarçonne le spectateur face à la quête identitaire d'un financier hanté par le remord et la soif de vérité. Celle de connaître ses véritables sentiments pour sa défunte épouse depuis que celle-ci succomba lors d'un accident de voiture. Dans sa dérive morale alternant fragilité, austérité et exubérance, Davis Mitchell multiplie les épreuves d'expiation afin de se soulager du poids de sa culpabilité et pour tenter de lever le voile sur sa nature amoureuse.
Parmi la sobriété d'une émotion poignante, Jean-Marc Vallée nous interroge sur la complexité de l'amour et l'essentialité de la cultiver au quotidien avec le témoignage d'une autre épouse (aussi lunatique que Davis) et de sa fille rebelle en crise sexuelle. Autour de ses trois quêtes identitaires (en comptant donc celle de Davis !), le réalisateur aborde la difficulté de s'accepter et d'assumer ses faiblesses, ses erreurs, tant au niveau de la responsabilité parentale, de l'infidélité et de la maturité. Par ces thèmes actuels émanant d'un malaise sociétal, Demolition injecte une dose d'ironie acide pour détourner les clichés, notamment afin d'y extraire un vent de liberté et une soif de vivre sous l'impulsion colérique de Davis et Chris. Déroutant, insolite et baroque, le récit tentaculaire imparti aux trois protagonistes ne pourra faire l'unanimité auprès du grand public quand bien même l'oeuvre aussi singulière que fragile est également transcendée par le jeu décomplexé de comédiens exprimant une humanité toute en discrétion. Au delà des prestances charismatiques du duo Jake Gyllenhaal, Naomi Watts, Demolition est largement favorisé par la présence de Judah Lewis (sa troisième apparition à l'écran !). Epoustouflant de naturel et d'autonomie dans sa condition rebelle, l'acteur juvénile parvient presque à voler la vedette à ses pairs tant il retranscrit avec subtilité une personnalité névrosée aussi attachante que dégourdie !
Résurrection
Requiem de la solitude lorsque l'amour ne parvient pas à réconcilier les âmes perdus, récit initiatique auprès de son identité propre et de l'estime de soi sous le mobile d'une fidélité amicale (principalement la relation paternelle entre Davis et Chris), Demolition désarçonne pour mieux surprendre sous l'impulsion d'une violence libératrice allouée à la reconstruction. Superbe.
Dédicace à Pascal Frezzato
B.M
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