mercredi 31 octobre 2018

Une prière avant l'aube

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site fr.muaythaitv.com

"A Prayer Before Dawn" de Jean-Stéphane Sauvaire. 2018. France/Angleterre. 1h56. Avec Joe Cole, Vithaya Pansringarm, Nicolas Shake, Panya Yimmumphai, Pornchanok Mabklang, Billy Moore.

Sortie salles France: 20 Juin 2018 (Int - 16 ans). Angleterre: 20 Juin 2018.

FILMOGRAPHIE: Jean-Stéphane Sauvaire est un réalisateur, producteur et scénariste français, né le 31 décembre 1968. 2003, Carlitos Medellin. 2008, Johnny Mad Dog. 2012: Punk (télé-film). 2017 : Une prière avant l'aube.


"L'important est de ne jamais désespérer"
Film choc retraçant avec un vérisme ultra documenté le parcours d'endurance de Billy Moore, jeune détenu britannique incarcéré en prison pour possession de drogue, Une prière avant l'aube est une expérience sensitive dans l'enfer carcéral Thaïlandais peu (ou jamais ?) abordé à l'écran. Tout du moins c'est que nous illustre sa première partie littéralement nauséeuse lorsque Billy témoigne des conditions sordides de son incarcération avec d'autres détenus similaires à des animaux sauvages impudents. Viols, suicide, meurtres, châtiments corporels s'avérant leur lot quotidien si bien que chacun d'entre eux tente de survivre avec comme seul palliatif moral la drogue dure et l'alcool. Pour autant, dans ce milieu insalubre dénué d'humanité où tout se marchande, Billy va parvenir à se raccrocher au fil de sa passion pour la boxe après avoir essuyé une tentative de suicide. On peut d'ailleurs prévenir les âmes sensibles que sa première demi-heure parfois insoutenable (le mot n'est point outré) nous plonge dans un état de malaise viscéral difficilement gérable. Prioritairement une exaction de viol communautaire de par son réalisme ultra malsain auprès des corps en rut et d'un témoignage impuissant. Jean-Stéphane Sauvaire filmant son contexte carcéral avec une vérité sensorielle eu égard de sa caméra expérimentale auscultant les corps en mutation avec une virtuosité autonome.


Quand bien même tous les interprètes thaïlandais méconnus chez nous s'expriment dans leur langage volontairement inaudible (une partie des dialogues n'est pas sous-titré) afin de mieux s'identifier dans le mental de Billy en proie à la perte de repères, l'incompréhension et l'incommunicabilité. Car si Une prière avant l'aube s'avère aussi dur, cruel, asphyxiant et brut de décoffrage, il le doit au talent personnel de son auteur réfutant toute forme de racolage car plutôt délibéré à nous conter avec souci de vérité un vécu inusité. Tant et si bien qu'Une prière avant l'aube demeure avant tout un film de boxe transplanté dans la cadre d'un drame carcéral soigneusement reconstitué. Evitant les clichés usuels et l'esbroufe lors de multiples matchs de combats d'un réalisme et d'une intensité à perdre haleine, Jean-Stéphane Sauvaire nous hypnotise les sens lors de l'initiation héroïque de Billy partagé entre une révolte fielleuse (notamment faute de sa prise de stupéfiants par intermittence !) et un désir de surpasser ses pires démons. Le réalisateur filmant avec beaucoup de sensualité les déplacements et mouvements corporels des boxeurs vouant un culte pour le Tatoo afin d'imprimer leur nouvelle identité dans leur condition exclue. A travers son parti-pris d'authentifier et d'y dénoncer l'enfer d'un témoignage carcéral puis de bifurquer ensuite vers l'hymne à la boxe thaï sous l'impulsion d'une fureur de vaincre, il faut impérativement saluer la précision de sa bande-son hyper travaillée là encore conçue pour nous immerger dans l'introspection morale de Billy passant par divers stades de souffrances/transformations corporelles. Quitte à en perdre son essence vitale à travers ses perles de sueur !


La Nouvelle Chair.
D'une intensité dramatique constamment rigoureuse sans céder à la facilité de sentiments démonstratifs, Jean-Stéphane Sauvaire opte pour la pudeur et la sobriété, notamment auprès du jeu naturel de Joe Cole (Peaky Blinders, Green Room) époustouflant en guerrier primitif naviguant entre résilience et désespoir, folie et quête de rédemption. Drame carcéral éprouvant doublé d'un drame sportif par le truchement d'une histoire vraie, Une prière avant l'aube n'épargne aucune souffrance au spectateur immergé dans la tourmente d'un détenu stoïque à deux doigts d'y perdre son âme. 

* Bruno

mardi 30 octobre 2018

Oeil pour oeil

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Lone Wolf McQuade" de Steve Carver. 1983. U.S.A. 1h47. Avec Chuck Norris, David Carradine, Barbara Carrera, Leon Isaac Kennedy, Robert Beltran, L. Q. Jones

Sortie salles France: 20 Juillet 1983

FILMOGRAPHIE: Steve Carver est un réalisateur américain né le 5 avril 1945 à Brooklyn, New York. 1971 : The Tell-Tale Heart. 1974 : La Révolte des gladiatrices. 1974 : Super nanas. 1975 : Capone. 1976 : L'Enfer des mandigos. 1979 : Fast Charlie... the Moonbeam Rider. 1979 : Des nerfs d'acier. 1980 : Angel City (TV). 1981 : Dent pour dent. 1983 : Œil pour œil. 1986 : Oceans of Fire (TV). 1987 : Jocks. 1988 : À l'épreuve des balles. 1989 : La Rivière de la mort. 1996 : The Wolves.


Un must have de l'action décérébrée typiquement originaire de sa sacro-sainte décennie 80.
Gros souvenir de cinéphage si bien que j'ai eu l'opportunité de le découvrir en salles à sa sortie, Oeil pour Oeil est ce que l'on prénomme un gros plaisir coupable du cinéma d'action bourrin. Ou plus favorablement un pur trip de western moderne afin d'éviter de le vulgariser via sa locution maïnstream. Série B purement ludique endossée par l'une des stars des Eighties Chuck Norris (c'est d'ailleurs probablement son meilleur film !), accompagné ici du non moins notoire David Carradine  (révélé par la mythique série Kung-Fu!), Oeil pour Oeil fleure bon la nostalgie révolue à travers son émotion souvent élégiaque qu'un score très Morriconien (d'ailleurs composé par l'italien Francesco De Masi !) amplifie tout le long d'une intrigue cousue de fil blanc. Car en dépit de ces innombrables clichés et situations héroïques tantôt (involontairement) hilarantes (notamment en sus de réparties altières), Steve Carver s'efforce de rendre Oeil pour Oeil le plus attractif possible sous l'impulsion d'une distribution spontanée, aussi surjouée soit leur prestance pugnace ou belliqueuse.


En gros, un ranger du Texas réputé pour ses méthodes expéditives doit se confronter à d'odieux trafiquants d'armes que dirige le mafieux Rawley Wilkes, alors qu'au même moment la fiancée de ce dernier se séduit du preux ranger. Et donc à travers un schéma narratif éculé que l'on connait sur le bout des ongles, Steve Carver parvient miraculeusement à nous impliquer (émotionnellement parlant) dans l'action décérébrée suivie ensuite d'une dramaturgie racoleuse (avec nombre de "gentils" lâchement sacrifiés !) eu égard de sa générosité à enfiler les séquences homériques avec une émotion florissante ! Ainsi, on a beau anticiper les récurrents règlements de compte sanglants suivis des stratégies offensives de nos héros solidaires (notamment parmi l'appui d'une jeune recrue latino et d'un black de la police fédérale), puis sourire des bons sentiments que se concertent mutuellement le couple Chuck Norris / Barbara Carrera (superbe mannequin originaire du Nicaragua !), on batifole sans se lasser des viccisitudes du ranger redresseur de tort (héritier bisseux de Harry le salopard !).  Chuck Norris endossant au premier degré son personnage de loup solitaire avec la mine impassible qu'on lui connait, quand bien même David Carradine (d'une force tranquille féline !) se mesure à lui lors d'une chorégraphie martiale en guise de point d'orgue. Un affrontement aussi jouissif que plaisamment pittoresque à travers leurs échanges sagaces de corps à corps véloces et regards inflexibles !


Et donc tout cela a beau paraître aujourd'hui désuet, naïf et académique, Oeil pour Oeil dégage un charme insensé auprès des aficionados d'action belliqueuse de par la généreuse sincérité du travail appliqué de Steve Carver (dont j'ignore le contenu de sa filmo à priori bisseuse), aussi futile soit son concept narratif prisonnier d'une formule rebattue. Et ce même si l'abondante action teintée d'arts martiaux est ici transplantée dans le cadre du western moderne (notamment à travers sa superbe scénographie de plaines désertiques solaires). A savourer au second degré, anti-dépresseur galvanisant !

* Bruno
3èx

Box-office France : 741.000 entrées

lundi 29 octobre 2018

Un couteau dans le Coeur

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Yann Gonzalez. 2018. France. 1h42. Avec Vanessa Paradis, Nicolas Maury, Kate Moran, Jonathan Genet, Khaled Alouach, Bastien Waultier, Thibault Servière, Pierre Emö.

Sortie salles France: 27 Juin 2018

FILMOGRAPHIEYann Gonzalez est un artiste et réalisateur français né en 1977 à Nice. 2013 : Les Rencontres d'après minuit. 2018 : Un couteau dans le cœur.


Un thriller gay auteurisant TRES, TRES, TRES particulier si bien que le grand public n'ayant aucune culture du ciné Bis des "Seventies/Eighties" (l'action se déroule en 1979) risque fort d'être dérouté ou blasé. Narrativement simpliste et sans surprises (un tueur masqué s'en prend aux acteurs porno d'une  productrice sentimentalement éplorée), musicalement planant, cette oeuvre underground vaut surtout pour sa facture onirico-baroque stylisée (l'ombre d'Argento y plane par moments) et son climat mélancolique nostalgique d'un cinéma révolu (celui de l'industrie du Porno artisanal et de ses cinémas de quartier). D'ailleurs, j'ai souvent été gêné par le trop plein de séquences lubriques homo à la fois crues, provocatrices et volontairement triviales. Au niveau du casting (à la diction hélas théâtrale), et même si Vanessa Paradis parvient parfois à distiller une émotion empathique dans sa condition torturée, on l'a connu plus brillante au préalable. A moindre échelle, les amateurs s'amuseront de retrouver avec plaisir quelques seconds couteaux au charismatique strié.
A réserver prioritairement à la communauté gay.

* Bruno

vendredi 26 octobre 2018

Les Femmes de Stepford / The Stepford Wives / Le Mystère Stepford

Photo empruntée sur Google, appartenant au site bloody-disgusting.com

de Bryan Forbes. 1974. U.S.A. 1h54. Avec Katharine Ross , Paula Prentiss, Peter Masterson, Nanette Newman, Tina Louise, Carol Eve Rossen, William Prince, Carole Mallory, Toni Reid, Judith Baldwin.

Date de sortie: 12 février 1975 (USA)

FILMOGRAPHIE: Bryan Forbes est un réalisateur de cinéma britannique, également acteur, producteur et scénariste, né John Theobald Clark à Londres le 22 juillet 1926. 1961 : Whistle Down the Wind , 1962 : La Chambre indiscrète,1964 : Le Rideau de brume,1964 : L'Ange pervers,1965 : Un caïd, 1966 : Un mort en pleine forme,1967 : Les Chuchoteurs,1968 : Le chat croque les diamants,  1969 : La Folle de Chaillot, 1971 : The Raging Moon, 1975 : Les Femmes de Stepford, 1976 : The Slipper and the Rose, 1978 : Sarah,1980 : Les Séducteurs   1982 : Ménage à trois, 1984 : The Naked Face, 1990 : The Endless Game (tv)


« Desperate Housewives ».
Adapté d’un roman d’Ira Levin (Rosemary’s Baby), Les Femmes de Stepford se décline en diabolique satire caustique du sexisme. Une vision saugrenue et glaçante de la phallocratie, traduite dans une anticipation horrifique d’une franche singularité. D’ailleurs, son potentiel misogyne engendra une pléthore de séquelles - The Revenge of the Stepford Wives (téléfilm de 1980), The Stepford Children, The Stepford Husbands - jusqu’au remake aseptisé signé Frank Oz en 2004.

Un couple emménage dans la bourgade bucolique de Stepford, Connecticut, village où règnent calme, silence et propreté. Joanna se lie d’amitié avec les voisines du quartier, notamment Bobby, jeune femme affranchie et extravertie, qui n’hésite pas à moquer l’attitude figée de leurs congénères. Peu à peu, le duo s’inquiète du comportement lisse, stéréotypé, sans aspérité ni volonté, de ces femmes devenues coquilles vides.

Précurseur du génial Get Out (dérivé en satire antiraciste), Bryan Forbes surprend autant qu’il ébranle avec cette vision vitriolée de la guerre des sexes. Après une première partie trouble et vénéneuse, où rien ne laisse présager la montée progressive du cauchemar domestique, Les Femmes de Stepford insuffle une atmosphère anxiogène, diffuse, qui rampe sous la surface d’un quotidien trop bien huilé. Ces portraits de ménagères dociles, femmes-modèles d’un idéalisme déshumanisé, dérangent par leur feutre inquiétant et leur absence d’âme.

Sans céder au grand-guignol facile, Bryan Forbes use d’un pitch machiavélique et d’une irrationalité jamais résolue pour mieux troubler le spectateur, prisonnier du même désarroi que son héroïne. Maîtrisé de bout en bout, le film s’appuie sur un suspense d’une précision chirurgicale qu’Hitchcock n’aurait pas reniée. À travers la puissance vénéneuse de la suggestion, Forbes dénonce avec subtilité la réduction de la femme à un rôle d’objet conjugal, au cœur d’une époque charnière où souffle encore timidement l’émancipation féminine.

La charge satirique, féroce, vise de plein fouet le mâle bourgeois, aveuglé par son appétit sexuel et son besoin de domination. Les Femmes de Stepford, cauchemar cérébral, adopte le point de vue d’une héroïne frondeuse, progressivement laminée par l’incompréhension et le doute, jusqu’à une quête de vérité ultime, dans un point d’orgue oppressant, jusqu’au-boutiste et profondément amer. L’horreur y devient lâche, insidieuse, presque silencieuse. Et pourtant, le scénario initial de William Goldman allait encore plus loin dans l’effroi…

Avec ses figures féminines figées dans une fausse perfection, profondément dérangeantes, le film atteint parfois une intensité quasi hypnotique. La justesse du casting (tant du côté des hommes virils que des épouses soumises) contribue à cette réussite, mais rien ne serait aussi viscéral sans Katharine Ross. Son charisme mature, sa sensualité discrète et la profondeur de son regard noir, vacillant entre douceur et inquiétude, donnent chair à une photographe ambitieuse, lentement rattrapée par une psychose délétère, jusqu’à bouleverser sa trajectoire toute tracée.


« Sois belle et tais-toi. »
Chef-d’œuvre d’étrangeté horrifique, au climat insidieux, claustrophobe et glacé, Les Femmes de Stepford empoisonne lentement le spectateur dans un cauchemar domestique où le suspense gagne du terrain jusqu’à l’asphyxie. Sa conclusion sardonique, presque traumatisante, laisse une amertume tenace chez les plus sensibles d’entre nous. Pastiche corrosif de l’émancipation féminine en pleine révolution des Seventies, Les Femmes de Stepford reste tristement d’actualité, dans une société ultraconservatrice où les dissensions homme/femme n’ont jamais été aussi répressives et intolérantes.
À redécouvrir d’urgence.

— le cinéphile du cœur noir 🖤

26.10.18. 3èx
11.01.11. (231 vues)

jeudi 25 octobre 2018

La Nuit de la Métamorphose. Licorne d'Or au Rex de Paris.

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Izbavitelj / The Rat Savior" de Krsto Papic. 1976. Yougoslavie. 1h16. Avec Ivica Vidovic, Mirjana Majurec, Relja Basic, Fabijan Sovagovic, Ilija Ivezic.

FILMOGRAPHIEKrsto Papic est un metteur en scène yougoslave né le 7 décembre 1933 attitré d'un palmarès de 22 longs-métrages réalisés entre 1967 et 2003 ! En France, La nuit de la métamorphose eut l'opportunité de sortir en salles seulement 5 ans plus tard, précisément le 21 Janvier 1981.

Pitch : En 1930, un jeune romancier, auteur d’un récit fantastique que personne ne souhaite publier, est expulsé de son domicile faute de pouvoir payer son loyer. Livré à lui-même, sans le sou, il parvient néanmoins à se réfugier dans les souterrains d’une banque désaffectée grâce à l’aide d’une ancienne connaissance. C’est alors qu’il devient le témoin d’une étrange confrérie s’abandonnant, sans vergogne, à des orgies culinaires et lubriques...

Ovationné par la Licorne d’Or et le Prix du Meilleur Scénario au Festival du Film Fantastique de Paris au Rex, récompensé du Grand Prix à Trieste, La Nuit de la Métamorphose est un OVNI rare et précieux, parvenant sans esbroufe ni fioriture à rendre crédible un argument fantastique inusité : celui d’une ligue de rats parvenant à adopter une apparence humaine, dans un contexte de crise sociale, pour mieux nous asservir après nous avoir poussés au chômage et à la famine. Derrière l’alibi de cette menace animale d’un genre nouveau, se profile une allégorie féroce sur la cupidité bureaucratique et les régimes fascisants, à l’aube du nazisme d’Hitler (l’action se situe en 1930).

Au-delà d’un suspense latent, franchement accrocheur, la densité de l’intrigue tient à sa capacité à nous faire croire à cette suprématie animale grâce à des trucages sobres, mais d’une efficacité redoutable. Le tout éclairé par une somptueuse photo sépia et inscrit dans une reconstitution historique hyper réaliste, aussi modeste soit-elle, au sein d’une scénographie urbaine insalubre, clairsemée, comme rongée par le vide.

Tout au long du récit, on suit l’enquête obsessionnelle de cet écrivain frondeur, témoin d’une découverte macabre lors d’un banquet tenu secret. Il s’allie bientôt à un chimiste éminent, parvenu à élaborer un sérum capable d’éradiquer ces rats mutants, visant en particulier leur "sauveur", figure messianique vouée à exterminer notre espèce. Une lutte sans merci s’engage alors entre notre duo d’érudits et ces rats humains, d’autant plus insidieux qu’ils savent se fondre à la perfection dans la foule.

L’intrigue, constamment sombre et inquiétante, distille une ambiance mortifère, marquée par un sentiment d’insécurité sous-jacent - notamment dans la précarité du romancier et l’étreinte fragile qu’il partage avec la fille du professeur. Outre son virage haletant et de plus en plus horrifique dans la dernière demi-heure (avec cette condition mutante des détenus humains, "traités" dans une geôle infestée de rats carnassiers !), La Nuit de la Métamorphose n’hésite pas à s’enfoncer dans la cruauté et l’amertume. Sa conclusion, en demi-teinte, s’offre comme un vertige moral : l’écrivain, rongé par le doute, la psychose et le remords, nous laisse face à une ultime image suspendue, incertaine, que chacun pourra interpréter selon son propre prisme - optimiste ou terriblement pessimiste.

Quant aux maquillages, aussi concis que réussis, ils impressionnent par l’apparence fétide de ces rats humains : défroque ténébreuse, petits yeux viciés, traits légèrement velus, commissures baveuses encadrées par deux incisives de belette. Un bestiaire malsain, troublant, presque pitoyable.


"La nuit où l’homme se décompose".
Par son pouvoir de fascination hypnotique et la puissance atmosphérique de son imagerie crépusculaire, La Nuit de la Métamorphose offre ses lettres de noblesse au cinéma fantastique yougoslave, avec un réalisme étonnamment percutant. Fable à la fois inquiétante et passionnante sur la voracité de notables affamés de pouvoir, ce chef-d’œuvre maudit bénéficie en outre d’une distribution étonnante, méconnue du public français, mais dont l’opacité même renforce la suspicion, sans jamais entamer leur charisme saillant.

Du grand art.

— le cinéphile du cœur noir

25.10.18 4èx
05.08.10 (208 vues)

. Licorne d'or et du Prix du Meilleur Scénario au festival du film fantastique de Paris au grand Rex.
Grand Prix du festival du film fantastique de Trieste

mercredi 24 octobre 2018

BlacKkKlansman - J'ai infiltré le Ku Klux Klan. Grand Prix, Cannes 2018

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Spike Lee. 2018. U.S.A. 2h15. Avec John David Washington, Adam Driver, Laura Harrier, Topher Grace, Corey Hawkins, Jasper Pääkkönen, Paul Walter Hauser, Ryan Eggold

Sortie salles France: 22 Août 2018. U.S: 10 Août 2018

FILMOGRAPHIESpike Lee de son vrai nom Shelton Jackson Lee, né le 20 mars 1957 à Atlanta (Géorgie, États-Unis), est un scénariste, réalisateur et producteur américain.1983 : Joe's Bed-Stuy Barbershop: We Cut Heads. 1986 : Nola Darling n'en fait qu'à sa tête. 1988 : School Daze. 1989 : Do the Right Thing. 1990 : Mo' Better Blues. 1991 : Jungle Fever. 1992 : Malcolm X. 1994 : Crooklyn. 1995 : Clockers. 1996 : Girl 6. 1996 : Get on the Bus. 1998 : He Got Game. 1999 : Summer of Sam. 2000 : The Very Black Show. 2002 : La 25e Heure. 2004 : She Hate Me. 2006 : Inside Man. 2008 : Miracle à Santa Anna. 2012 : Red Hook Summer. 2013 : Old Boy. 2014 : Da Sweet Blood of Jesus. 2015 : Chi-Raq. 2018 : BlacK.


Hormis une première partie un peu trop laborieuse selon mon jugement de valeur, Blackkklansman se décline comme une percutante diatribe anti-raciste à travers le spectre du Ku Klux Klan tristement actuel. Tant et si bien que Spike Lee, plus que jamais inspiré (réal chiadée émaillée de splendides cadrages alambiqués, photo rutilante, humour corrosif, casting aux p'tits oignons, reconstitution fidèle des Seventies, BO gracile), conclue leur fanatisme suprémaciste à l'aide de terrifiantes images d'archive d'une violence insupportable. Et ce en pointant ouvertement du doigt la politique arbitraire de Trump excusant de manière résolument triviale la haine (monomane) de ces néo-nazis.

Récompenses: Festival de Cannes 2018 : Grand prix
Festival international du film de Locarno 2018 : prix du public

Box Office Français: 1 240 181 entrées

mardi 23 octobre 2018

DEUX HEURES MOINS LE QUART AVANT JESUS CHRIST

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site ekladata.com

de Jean Yanne. 1982. France. 1h37. Avec Coluche, Michel Serrault, Jean Yanne, Michel Auclair, Françoise Fabian, Mimi Coutelier, Darry Cowl, Paul Préboist, Daniel Emilfork, André Pousse, Michel Constantin, Philippe Clay, José Artur, Yves Mourousi, Léon Zitrone, Valérie Mairesse.

Sortie salles France : 6 octobre 1982

FILMOGRAPHIE: Jean Yanne (Jean Gouyé) est un acteur, humoriste, écrivain, réalisateur, chanteur, producteur et compositeur français, né le 18 juillet 1933 aux Lilas et mort le 23 mai 2003 à Morsains. 1972 : Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. 1973 : Moi y'en a vouloir des sous. 1974 : Les Chinois à Paris. 1975 : Chobizenesse. 1978 : Je te tiens, tu me tiens par la barbichette. 1982 : Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ. 1984 : Liberté, égalité, choucroute.


Flingué par la critique de l'époque malgré ses 4 601 239 entrées (3è au box-office après E.T et l'As des As !), 2 heures moins le quart avant Jésus-Christ parodie l'histoire romaine à l'aide d'un pitch uchronique finissant par lasser si je me réfère à ses multiples références politiques, publicitaires et audiovisuelles, et à sa poussive dernière partie lorsque Ben-Hur Marcel (endossé par un Coluche  aussi peu motivé que mal exploité) se confronte aux enjeux sportifs. Ainsi, hormis quelques rares bons gags, des seconds-rôles assez cocasses (Paul Bréboist en géôlier sarcastique) et surtout le numéro d'acteur emphatique de Michel Serrault en empereur gay, 2 heures moins le quart avant Jésus-Christ flirte avec la médiocrité (pour ne pas dire la nullité lors de ces gags les plus lourdingues et du jeu parfois insupportable de Mimi Coutelier en Cléopâtre versatile). Bref, ce grand n'importe nawak terriblement daté est représentatif de sa scénographie en carton pâte si bien que l'on a connu Jean Yanne autrement plus inspiré devant et derrière la caméra, et ce même si ses intentions satiriques étaient louables (se railler de la condescendance de nos exécutifs rupins).

* Bruno
2èx

lundi 22 octobre 2018

VOUS N'AUREZ PAS L'ALSACE ET LA LORRAINE

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site ekladata.com

de Coluche. 1977. France/Belgique. 1h32. Avec Coluche, Dominique Lavanant, Gérard Lanvin, Olivier Constantin, Anémone, Martin Lamotte, Michel Blanc, Philippe Bruneau.

Sortie salle France: 19 Octobre 1977

FILMOGRAPHIE: Michel Colucci, dit Coluche, est un humoriste, comédien et réalisateur français, né le 28 octobre 1944 à Paris, décédé le 19 juin 1986 à Opio (Alpes-Maritimes).


En dépit de plusieurs gags lourdingues et d'une réalisation dilettante, l'unique mise en scène de Coluche est un divertissement bonnard se raillant de l'histoire de France (et de ces snobinards !) avec une bonne humeur décomplexée. Car au-delà d'une intrigue étique prétexte à gags, actions et quiproquos (un roi déchu tente de reprendre sa couronne avec l'aide de sa cousine et d'un chevalier blanc chansonnier - interprété par un Gérard Lanvin étonnamment à l'aise ! -), Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine parvient à nous arracher quelques rires et plusieurs sourires sous l'impulsion de têtes d'affiches issues de l'équipe du Spendid (même si Balasko manque à l'appel) et du café de la gare. Ainsi, grâce à leur spontanéité expansive, le spectacle parodique volontiers trivial parvient à amuser aussi zédifiante soit l'entreprise de Coluche plutôt mal à l'aise derrière la caméra. D'ailleurs, déçu du résultat, il ne réitéra pas l'expérience en dépit de ses 810 839 entrées (un maigre score si bien qu'en 1977 le film se classe en 44è position). Pour autant, sa prestation parfois hilarante en roi couard et obséquieux permet à chacune de ses interventions souveraines (et déplacements héroïques) de diluer un charme innocent au fil d'une aventure bondissante semblable à une BD mal élevée. A redécouvrir d'un oeil distrait.

* Bruno
2èx

vendredi 19 octobre 2018

LE MAITRE D'ECOLE

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site ekladata.com

de Claude Berri. 1981. France. 1h35. Avec Coluche, Josiane Balasko, Jacques Debary, Charlotte de Turckheim, Roland Giraud, André Chaumeau, Jean Champion.

Sortie salle France: 28 Octobre 1981

FILMOGRAPHIE: Claude Langmann, dit Claude Berri, est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur français, né le 1er juillet 1934, décédé le 12 janvier 2009. 1964: Les Baisers (segment « Baiser de 16 ans »). La Chance et l'amour (segment « La Chance du guerrier »). 1966: Le Vieil homme et l'enfant. 1968 Mazel Tov ou le Mariage. 1969: Le Pistonné . 1970: Le Cinéma de papa. 1972: Sex-shop. 1975: Le Mâle du siècle. 1976: La Première fois. 1977: Un moment d'égarement. 1980: Je vous aime. 1981: Le Maître d'école. 1983: Tchao Pantin. 1986: Jean de Florette. Manon des sources. 1990: Uranus. 1993: Germinal. 1996: Lucie Aubrac. 1999: La débandade. 2001: Une femme de ménage. 2004: L'Un reste, l'autre part. 2006: Ensemble, c'est tout. 2009: Trésor.


Comédie scolaire pleine de légèreté, de cocasserie et d'humanisme sous l'impulsion d'enfants turbulents et d'un instituteur suppléant s'efforçant de les éduquer avec un amateurisme payant, le Maître d'école parvient à séduire notamment grâce au talent de son auteur Claude Berri. Ce dernier dirigeant les marmots (anti têtes à claque !) avec souci de réalisme documenté eu égard du jeu expressif car criant de naturel des comédiens infantiles. On peut d'ailleurs s'interroger sur l'éventuelle improvisation de certaines séquences scolaires tant les enfants parviennent communément à communiquer leurs émotions avec une candeur dépouillée. Quant à la présence notoire de Coluche  (bordel, comme tu nous manques !), il se fond admirablement dans le corps enseignant avec une attachante maladresse à travers son désir d'éveiller l'esprit des enfants ("les inciter à réfléchir par eux mêmes" évoqueront le directeur ainsi qu'un conseiller pédagogue). L'acteur particulièrement complice auprès d'eux militant pour la révérence, la compréhension, le discernement, la tolérance afin de parfaire patiemment leur éducation.


Au-delà de son climat à la fois tendre et pittoresque, le film aborde en filigrane des thèmes majeurs de l'époque, telle la signification de l'homosexualité ("ce n'est pas une maladie" s'exclamera Coluche aux enfants en proie à l'incompréhension !) et la question de la peine de mort et du syndicat au moment même où l'école traverse une crise socio-politique de par son manque d'effectif à trouver un remplaçant après la dépression d'une enseignante (fraîchement incarnée par une Josiane Balasko  juvénile au bord de la crise de nerf). Et si l'intrigue assez routinière et peu surprenante pâtie de substantialité, le Maître d'école est transcendé par le touchant parcours initiatique du suppléant en proie à l'ambition pédagogue auprès d'une génération infantile en formation cérébrale. Témoignage nostalgique de cette génération 80 déjà soucieuse de la progression du chômage et de la haine du racisme. Pour autant, et dans son parti-pris assumé de nous divertir avec simplicité (notamment à travers les récurrentes batailles de nourriture à la cantine et chahuts dans les cours), Claude Berri compose le plus sincèrement quelques séquences assez drôles ou cocasses lors de confrontations entre élèves et instituteurs, et ce avant de nous susciter un sourire jovial de bambin autour (du bouquet final) d'un mariage festoyant. Les élèves invités à la réception se confondant aux adultes lors d'une danse frétillante que Richard Gotainer compose à travers un tube décalé. Pour ma part une vraie séquence anthologique dans son alliage si expansif de bonne humeur, d'insouciance et de ferveur communicatives que les acteurs insufflent avec une décontraction en roue libre ! Les spectateurs de l'époque y ont d'ailleurs été conquis puisque le Maître d'école cumula plus de 3 105 596 entrées !

* Bruno
3èx

jeudi 18 octobre 2018

ERREMENTARI. Prix du Public, San Sebastian, 2017.

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Le forgeron et le diable" de Paul Urkijo. 2017. France/Espagne. 1h39. Avec Kandido Uranga, Uma Bracaglia, Eneko Sagardoy, Ramón Aguirre, José Ramón Argoitia, Josean Bengoetxea, Gotzon Sanchez.

Diffusé sur Netflix le 17 Octobre 2018. Sortie salles Gerardmer: 3 Février 2018.

FILMOGRAPHIEPaul Urkijo Alijo est un réalisateur, scénariste et producteur espagnol, né le 22 Juin 1984. 2017: Errementari.


"Comptez les pois chiches !"
Ovni ibérique passé par la lucarne Netflix, Errementari est une expérience visuelle hors du commun, un choc esthétique démonial à la lisière du cinéma gothique de Mario Bava et du conte de fée occulte initié par Ridley Scott depuis Legend. C'est simple, depuis cette oeuvre culte (perfectible et maladroite mais visuellement tant gracile) on n'avait pas reluqué au cinéma un Belzébuth aussi expressif, rutilant et persifleur dans sa posture contrairement soumise si bien que le néophyte Paul Urkijo (il s'agit de sa toute 1ère réal !) se permet en outre d'illustrer en point d'orgue son cocon familial comme si vous y étiez !!! Car il faut savoir qu'à travers cette fulgurance esthétique littéralement picturale nous avions affaire à la plus belle vision de l'enfer depuis les expérimentations métaphysiques de Ken Russel (Au-delà du Réel), José Mojica Marins (l'Eveil de la Bête) ou encore de Riccardo Freda (Maciste en Enfer dans un domaine autrement kitch et bisseux). Quant au pitch à la fois loufoque, inquiétant, insolent et décomplexé, il demeure un concentré d'émotions hybrides (pour ne pas dire génialement contradictoires !) si bien que le spectateur éminemment ensorcelé par sa facture ténébreuse renoue avec son âme d'enfant avec des yeux d'émerveillement ! (du moins chez tous les férus de conte de fée au goût délicieusement frelaté de cauchemar gothique). Paul Urkijo, infiniment très inspiré et jamais à court d'inventions (cartoonesques) et retournements de situations, ne cessant de nous surprendre et donner le tournis à travers une scénographie d'une puissance enchanteresse hyper réaliste !


Notamment de par sa photo léchée ultra contrastée (éclairée de gélatines rouges, ocres et azur) et ses décors naturels d'une fulgurance onirique à damner le saint le plus timoré ! Mais pour en revenir à l'histoire inspirée d'une illustre légende (et produite par Alex de la Iglesias, excusez du peu !), la voici brièvement condensée: Après avoir voué un pacte avec le diable afin de rester en vie pour retrouver sa femme après la guerre (carliste) de 1835, un forgeron parvient à le kidnapper au sein de sa forge customisée en forteresse. 8 ans plus tard, et de manière résolument aléatoire, il se lie d'amitié avec une orpheline dans un concours de circonstances fureteuses et hostiles, notamment eu égard d'un mystérieux ministre et des villageois résignés à se débarrasser de lui depuis sa sinistre réputation criminelle.  L'art suprême du cinéma chimérique, c'est parvenir avec passion, intégrité, goût du réalisme et ambition singulière à nous faire croire à l'improbable ! Parvenir à travers une temporalité minimaliste (comptez ici 1h38, générique compris, bon dieu que le temps s'épuise vite !) à nous évader au coeur d'un univers de fantasy où fantastique, gothisme, horreur et humour macabre se télescopent avec une fluidité insoupçonnée. Car si Errementari parvient autant à fasciner, amuser et attiser notre curiosité, il le doit autant au développement indécis de sa narration plus intelligente et tendre qu'elle n'y parait (notamment auprès des valeurs familiales que le duo cultive incidemment et du sens du sacrifice pour l'enjeu d'une rédemption) et à ces personnages complètement décalés et au caractère bien trempé que le cinéaste imprime sur pellicule dans un esprit bonnard étonnamment débridé, héroïque et sardonique. Imaginez simplement de parcourir en images, les yeux pleins d'étoiles, une destinée inusité, une guerre aussi improbable qu'impitoyable entre un simple forgeron et un diablotin cabotin ! Pire encore, imaginez ce même forgeron arpenter à l'aide d'une immense cloche or massif l'antre de l'enfer à l'instar d'un Maciste sclérosé pour autant mastard !


Patxi en Enfer
Bref, arrêtons nous là, j'en ai déjà trop dit, ruez vous le plus naturellement du monde sur cette pépite hispanique après avoir déboursé votre ticket pour l'enfer, quitte à ne plus jamais y revenir. Où plutôt avec la volonté irrépressible d'y retourner afin de savourer (sans modération) les tribulations génialement grotesques, infernales et jouissives de Patxi et Usue ! Sans compter que Paul Urkijo vient d'estampiller sur sa bobine novice (et de manière impromptue !) le plus grand héros lambda de tous les temps ! 

* Bruno

Récompense: Prix du Public du 28e Festival du Cinema Fantastique et de Terreur de San Sebastian, an 2017

THE HAUNTING OF HILL HOUSE

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Mike Flanagan. 2018. U.S.A. 10 x 55'. Avec Michiel Huisman, Carla Gugino, Henry Thomas, Elizabeth Reaser, Oliver Jackson-Cohen, Kate Siegel, Victoria Pedretti, Lulu Wilson, Mckenna Grace, Paxton Singleton, Julian Hilliard, Violet McGraw, Timothy Hutton.

Diffusé sur Netflix le 12 Octobre 2018 

FILMOGRAPHIE: Mike Flanagan, né en 20 mai 1978 à Salem (Massachusetts), est un cinéaste américain. 2000 : Makebelieve. 2001 : Still Life. 2003 : Ghosts of Hamilton Street. 2006 : Oculus: Chapter 3 - The Man with the Plan. 2011 : Absentia. 2013 : The Mirror (Oculus). 2016 : Pas un bruit (Hush). 2016 : Before I Wake. 2016 : Ouija : les origines. 2017 : Jessie (Gerald's Game). 2018: The Haunting of Hill house (TV). 2020: Dr Sleep.


THE HAUNTING OF HILL HOUSE ou la série qui fit de Mike Flaganan un grand nom de l'épouvante !

Quand on y repense a posteriori du visionnage de la série, "The Haunting of Hill House" n'avait finalement pas beaucoup d'arguments originaux pour attiser notre curiosité. Son statut d'anthologie horrifique ? Face au succès, les séries de ce type prolifèrent ces dernières années, Netflix se devait seulement d'avoir la sienne pour surfer sur la vague. Une histoire de maison hantée ? À part quelques exceptions, le cinéma d'épouvante mainstream US tourne en rond sur le sujet en répétant inlassablement les mêmes jumpscares jusqu'à l'overdose et, à la télévision, récemment, seule la première saison de "American Horror Story" a marqué les esprits avec ce sujet et ce format mais en bousculant les règles afin de créer son propre ton si particulier qui a fait sa renommée. Une nouvelle adaptation du roman de Shirley Jackson ? Malgré son casting de luxe, la dernière en date, l'insipide "Hantise" de Jan de Bont, n'a pas laissé un souvenir impérissable.
Non, en fait, à bien y repenser, il n'y avait décidément pas beaucoup d'arguments pour justifier l'enthousiasme autour d'un tel projet... excepté peut-être un nom, celui de Mike Flanagan.
Pour les amateurs de (bon) cinéma de genre, la seule évocation de ce cinéaste a suffit à faire de "The Haunting of Hill House" un projet suscitant les plus vives attentes. Réalisateur touche-à-tout dans le domaine de l'épouvante, Mike Flanagan est devenue un nom incontournable avec une filmographie en constante progression qualitative où les excellents faits d'armes ne cessent d'enchaîner. Dernièrement, il a d'ailleurs miraculeusement signé une suite potable au catastrophique "Ouija" (une ovation rien que pour ça) et une des meilleures adaptations d'un roman de Stephen King, "Jessie", avant de prochainement rempiler avec une autre très attendue, "Dr Sleep". Autant dire qu'avec tout ça, le bonhomme était déjà considéré comme un grand en devenir... "The Haunting of Hill House" va tout simplement nous démontrer qu'il en est désormais un.


La première grande force de la série est de s'éloigner intelligemment de l'histoire d'origine (après tout, comment faire mieux que la version de Robert Wise en terme d'adaptation ?) pour n'en garder que l'essence de maison hantée pernicieuse et quelques noms bien connus. Le contexte surnaturel est donc bel est bien là mais il n'est ici que l'instrument métaphorique servant à dérégler un récit se focalisant avant tout sur une famille rongée par les non-dits d'une tragédie. Éclaté principalement sur deux époques, "The Haunting of Hill House" nous raconte en parallèle les événements engendrés par l'influence de la mystérieuse demeure qui ont conduit à la mort de la mère et leurs ravages des années plus tard sur les cinq enfants portant encore plus ou moins consciemment cette cicatrice à jamais inexpliquée. Le drame humain qui se joue est véritablement le coeur de la série, sa construction le traduit d'ailleurs sans peine. Les premiers épisodes se fixent ainsi sur chacun des enfants pour renvoyer sans cesse leurs souffrances présentes à des fragments de cette période vécue par chacun dans la maison et, surtout, la série va s'articuler autour de deux points-clés, deux "nuits" dont on ne sait rien : le drame premier de leur mère, celui les ayant séparé et devenant clairement le brouillard à dissiper afin de comprendre tous les tenants et aboutissants en bout de course, et un malheur contemporain qui va les pousser à se réunir, à enfin confronter leurs tourments existentiels les dévorant depuis leur jeunesse à jamais traumatisée.
Le passage de ces enfants insouciants dans la flippante Hill House aura donné naissance à Steven, un auteur ayant trahi la confiance des siens en racontant un récit auquel il ne croit même pas, Shirley, une entrepreneuse de pompes funèbres psychorigide, Luke, un toxicomane au comportement aussi destructeur pour lui que pour son entourage, Theodora, une psychologue se sentant obligée de s'isoler à cause d'une malédiction qui lui est propre et Nell, une jeune femme poursuivie par des apparitions de sa jeunesse...


Les maux du présent des enfants de la famille Crain sont donc bien issus de portes non refermées sur leur passé par le lien qu'ils entretiennent plus ou moins explicitement avec lui. Celui de Nell est le plus évident et la première moitié de saison va s'articuler autour de ce mystère/fil rouge pour déboucher sur un extraordinaire cinquième épisode, petit chef-d'oeuvre à lui tout seul avec ses dernières minutes laissant bouche bée de surprise et mini-conclusion en quelque sorte à une longue période de déchirements des personnages amenés désormais à se réunir par la force du destin. Les retrouvailles ne se feront pas sans heurts mais la nécessité de lever le voile sur cette période de leur vie qui les poursuit sera la plus forte et mettre un terme à des décennies d'ombres dans leur vie passera forcément par la fin du silence de leur père...
"The Haunting of Hill House" est donc d'abord l'histoire d'un drame familial habité par des personnages passionnants dont les portraits travaillés par des ricochets passé/présent jamais aléatoires ne cessent de renforcer notre attachement envers eux grâce à une écriture confinant à la perfection. On ne vous en dira pas plus mais sachez juste que la reconstruction difficile de cette cellule familiale dissoute à la fois par l'impossibilité du deuil, par l'irrationalité d'un passé qu'elle ne peut/veut reconnaître et par le sacrifice d'un père croyant bien faire pour épargner la vérité d'une tragédie à ses enfants se conclura de la manière la plus brillante qu'il soit en faisant monter la justesse des émotions qui habitent le propos à son paroxysme...


Mais "The Haunting of House Hill" se devait bien sûr aussi de faire sérieusement monter la jauge du trouilllomètre pour ne pas faillir à la réputation de l'oeuvre dont elle s'inspire. Mike Flanagan l'a bien compris et, au cours des dix épisodes qu'il réalise intégralement (chose rare), le réalisateur va revenir à la base d'un surnaturel dont on croit tout connaître pour être en adéquation totale avec le réalisme du drame et de ses personnages.
Là où un James Wan ne sait plus quoi dire et est parti vers d'autres horizons en confiant les clés de son univers "Conjuring" à d'autres dans l'espoir qu'ils le renouvellent, Mike Flanagan, lui, paraît n'en être qu'au début de son potentiel dans le domaine au vu de l'inventivité constante dont il fait preuve. Même s'il utilise quelques incontournables du genre (il y a bien des jumpscares mais, utilisés avec parcimonie et sans abus, ils ne sont qu'un instrument parmi tant d'autres pour véhiculer la peur), le cinéaste mise avant tout sur l'atmosphère de la fameuse maison hantée qui, à l'instar des personnages, nous enveloppe pour ne plus nous lâcher. En jouant avec les codes de l'épouvante par une mise en scène habile qui ne tombe jamais dans le surplus artificiel d'apparitions, chaque pièce sombre de la demeure tout aussi sinistre que magnifique (elle est un personnage à part entière) devient susceptible d'abriter une menace surnaturelle, nous mettant dans une tension permanente à guetter chacune des manifestations étranges qu'elles peuvent receler (celles-ci sont d'ailleurs parfois dissimulées furtivement en arrière-plan dans le but de renforcer le trouble sur ce que vient de voir le spectateur). Et puis, la grande majorité des occupants fantômes de la maison sont de vrais réussites, chacun empruntant quelque chose de viscéralement primaire aux terreurs qu'ils cherchent à exprimer (l'homme à la canne rappelle presque un dessin d'enfant dans sa représentation par exemple), ne faisant que renforcer leur impact dès qu'ils surgissent à l'écran.
Cette variété d'êtres paranormaux couplée à la réalisation subtile et toujours en recherche du meilleur moyen d'insuffler de la peur d'un Flanagan en état de grâce font de "The Haunting of Hill House" un summum d'ambiance de l'épouvante comme on en n'avait plus connu depuis longtemps, le fait que cela provienne du format si particulier d'une série en est d'autant plus impressionnant.


Enfin, impossible de ne pas souligner une distribution d'acteurs tous au diapason de la qualité de l'ensemble. Que cela soit les enfants (les déjà presque vétérantes McKenna Grace et Lulu Wilson sont bluffantes mais les interprètes des petits jumeaux ne sont pas en reste) ou les adultes joués par des têtes bien connues du cinéma de Flanagan (son épouse Kate Siegel, Elizabeth Reaser, Henry Thomas, ...), l'ensemble du casting semble conscient de la partition parfaite qu'il lui est offert et s'en empare à sa juste mesure. On s'arrêtera aussi plus particulièrement sur les prestations démentes de celles qui sont au coeur des deux événements centraux de la série : la révélation Victoria Pedretti dans le rôle de Nell adulte (ce n'est que son premier rôle, punaise !) et la confirmation Carla Gugino, actrice trop souvent cantonnée à des seconds rôles mais au talent indéniable que Flanagan met en avant depuis "Jessie".

Avec "The Haunting of the Hill House", Mike Flanagan ridiculise tout simplement un nombre inquantifiable de produits formatés d'un certain cinéma d'épouvante US qui ne sait plus comment effrayer le spectateur autrement qu'en empilant des jumpscares risibles. En mettant le drame humain à hauteur égale avec le surnaturel, le cinéaste a tout simplement réussi un miracle d'équilibre entre la peur et les larmes et ce, sur la durée incroyable de dix heures sans jamais faillir. Bref, vous l'aurez compris, "The Haunting of Hill House" est probablement une des (la ?) meilleures anthologies d'épouvante jamais réalisées et qui consacre son créateur comme un des très grands noms du genre pour les années à venir. Un bijou de la première à la dernière minute qu'il est interdit de manquer....

Frederic Serbource.

mercredi 17 octobre 2018

LA FEMME DE MON POTE

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site ekladata.com

de Bertrand Blier. 1983. France. 1h40. Avec Coluche, Thierry Lhermitte, Isabelle Hupert, François Perrot, Daniel Colas, Frédérique Michot, Farid Chopel.

Sortie salles France: 31 Août 1983.

FILMOGRAPHIE: Bertrand Blier est un réalisateur, scénariste et écrivain français, né le 14 mars 1939 à Boulogne-Billancourt.1967 : Si j'étais un espion. 1974 : Les Valseuses. 1976 : Calmos. 1978 : Préparez vos mouchoirs. 1979 : Buffet froid. 1981 : Beau-père. 1983 : La Femme de mon pote. 1984 : Notre histoire. 1986 : Tenue de soirée. 1989 : Trop belle pour toi. 1991 : Merci la vie. 1993 : Un, deux, trois, soleil. 1996 : Mon homme. 2000 : Les Acteurs. 2003 : Les Côtelettes. 2005 : Combien tu m'aimes ? 2010 : Le Bruit des glaçons. 2019 : Convoi exceptionnel.


"Le meilleur souvenir que garde une femme d'une liaison c'est l'infidélité qu'elle lui a faite." 
Tendre comédie acide fondée sur les rapports insidieux d'un triangle amoureux en proie au doute et à la ferveur de la passion, La Femme de mon pote est servi par de formidables acteurs sous la houlette de l'auteur Bertrand Blier maîtrisant son sujet avec la personnalité corrosive qu'on lui connait (notamment à travers ses dialogues plutôt chiadés !). Alors que Pascal multiplie les conquêtes  féminines grâce à son physique plutôt avantageux, son meilleur pote Micky lui sermonne à nouveau la morale de ne plus tomber amoureux d'une inconnue depuis sa nouvelle fréquentation avec la séduisante Viviane. Or, à son tour Micky se laisse aguicher par les avances de cette dernière experte dans l'art de duper ses proies masculines. Comédie aigre douce abordant avec humanité et sensibilité les thèmes de l'infidélité et de la trahison par le biais d'une amitié indéfectible, La Femme de mon pote provoque une émotion empathique lorsque deux meilleurs amis cèdent finalement à la médiation faute du pouvoir vénéneux, pour ne pas dire irrépressible de l'amour. Bertrand Blier n'accusant jamais ses personnages à la fois fragiles, torturés et contrariés de par l'ivresse sentimentale qu'ils s'adonnent avec autant de remord et contradiction dans leur soif de chérir et d'être aimé.


Si Thierry Lhermitte et Coluche forment une complicité versatile à travers leur solide amitié subrepticement écornée par les sentiments de lâcheté et de solitude, la pétillante Isabelle Huppert  rivalise de douce exubérance en allumeuse instable pour autant affublée d'une inopinée tendresse pour ses ultimes prétendants. A travers leurs situations conjugales sensiblement cocasses et parfois cruelles, ils forment un trio masochiste en amants trompés avec l'espoir d'emporter la mise pour servir leur ego. A titre subsidiaire, on peut rappeler que le récit s'inspire d'une histoire vraie si bien que Coluche eut une liaison avec l'ex d'un de ses meilleurs amis Patrick Dewaere, décédé récemment avant la sortie du film. D'ailleurs, initialement, celui-ci et Miou Miou devaient mutuellement incarner les rôles de Pascal et Viviane, mais face à la soudaine tragédie Miou Miou réfuta le rôle quand bien même Coluche faillit également se désister du tournage avant de se raviser, à regret, si bien qu'il garde un mauvais souvenir du tournage (notamment en rapport à son addiction pour la drogue). Enfin, les critiques de l'époque ne furent guère tendres pour soutenir le nouveau Bertrand Blier (un peu moins ambitieux que ces précédentes réussites il est vrai !) alors que le public se déplaça dans les salles avec 1 485 746 entrées.


D'une surprenante et attachante tendresse mélancolique entre 2,3 verves pittoresques, La Femme de mon pote milite avant tout pour la fidélité amicale afin de se préserver des exubérances (ambivalentes) de l'amour le plus insolent et aguicheur. A revoir ne serait ce que pour le trio Lhermitte / Coluche / Huppert (plus belle que jamais !) assez impliqués dans leur posture socialement incorrecte pour autant bonnard.  

* Bruno

mardi 16 octobre 2018

Long Week-end

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

"Long Weekend" de Colin Egleston. 1978. Australie. 1h32. Avec John Hargreaves, Briony Behets, Mike McEwen, Roy Day, Michael Aitkens.

Sortie salles France: 30 Juillet 1980. U.S/Australie: 29 Mars 1979

FILMOGRAPHIEColin Eggleston est un réalisateur australien, né le 23 Septembre 1941 à Melbourne, décédé le 10 Août 2002 à Genève. 1977: Fantasm Comes Again (pseudo Eric Ram). 1978: Long Week-end. 1982: The Little Feller. 1984: Innocent Prey. 1986: Cassandra. 1986: Dakota Harris. 1986: Body Business (télé-film). 1987: Outback Vampires.


En 1978 surgit sur les écrans un modeste film australien au budget dérisoire, signé d’un metteur en scène néophyte dirigeant brillamment deux comédiens encore méconnus. À la surprise générale, les récompenses pleuvent — à rebours de l’accueil glacial réservé par son propre pays ! Antenne d’Or à Avoriaz, Prix Spécial du Jury, Prix de la Critique au Rex de Paris, Meilleur Film, Meilleur Acteur pour John Hargreaves, Prix du Jury à Sitges… Rien que ça.
Quelques décennies plus tard, remake amorcé, ce chef-d’œuvre écolo (terriblement actuel !) conserve intact son pouvoir de fascination, irradie d’un environnement naturel follement anxiogène, presque vénéneux.

Un couple au bord de la rupture tente de se réconcilier le temps d’un long week-end dans une nature sauvage, à proximité d’une plage. Après avoir planté leur tente sur un bout de terrain vierge, des phénomènes naturels inexplicables surviennent — comme si le monde végétal voulait leur peau.


Avec une économie de moyens et sans la moindre outrance spectaculaire, Long Weekend distille une peur rampante, par le biais d’une intrigue d’une rare originalité. Un couple en dérive conjugale tente une seconde chance, s’échappe vers une nature bucolique pour quelques jours.
Dès l’introduction, Eggleston pose un univers écolo inquiétant, puis s’attarde avec précision sur ce couple antipathique, dénué de toute considération pour la faune et la flore. Le mari, borné, amateur de chasse et de camping, passe son temps à inspecter la végétation avant de décharger, sans remords, ses cartouches sur tout ce qui bouge — volatiles, mammifères, peu importe.
Elle, frustrée sexuellement, irascible à cause d’un avortement et d’un adultère, s’ennuie en silence, se dore la pilule en lisant des magazines érotiques. Impassible à la beauté sauvage, encore plus irrévérencieuse et haïssable que son mari. Quand un rapace attaque ce dernier, elle écrase un œuf contre un tronc d’arbre — geste de rancune froide, presque sadique.

Peu à peu, leur relation délétère se déchire un peu plus, attisée par des événements troublants : des cris d’animaux affolés, éplorés, des bruits étranges, organiques, venant des fourrés.
Mais après avoir sacrifié des mammifères, piétiné une forêt vierge, la nature elle-même semble réclamer vengeance. Eggleston orchestre alors une montée en tension redoutable, issue de ces comportements primaires, égoïstes, d’un couple immature déversant sa rage, son déni, sur le monde autour d’eux.

L’ambiance devient suffocante. L’animosité entre les personnages, les événements inexpliqués, l’insécurité croissante, tout cela génère une atmosphère dépressive, un climat visuel oppressant, presque claustrophobe.
La dernière partie, une course de survie désespérée, rend palpable cette menace invisible, mais sourde, persistante, quasi mystique. Le spectateur, pris au piège, assiste impuissant à leur lassitude morale, leur chute intérieure, sous l’effet d’une dramaturgie escarpée et d’un humour noir abrasif.

Trois séquences, génialement ubuesques, forment un triptyque d’anthologie : ironiques, cruelles, mais teintées de compassion face à ce duo pathétique, englouti par ses propres travers.
Et sans jamais sombrer dans l’esbroufe, Colin Eggleston façonne, avec une subtilité rare, un cauchemar écolo hypnotique, aux cimes du fantastique. Le malaise, profond et rampant, s’empare de notre psyché aussi violemment que de celle des protagonistes.

Un crime contre nature 
Scandé par une partition ombrageuse de Michael Carlos, soutenant l’angoisse en crescendo, Long Weekend repose sur deux acteurs d’une justesse troublante, incarnant avec naturel ce couple de trouble-fêtes modernes.

L’effet de suggestion — vénéneux, feutré — installe une terreur implacable au cœur d’un écrin naturel devenu hostile.

Chef-d’œuvre atypique, formellement vertigineux, Long Weekend nous laisse en état de transe dès le générique final. Il nous interroge, en filigrane, sur la cause animale, sur la vengeance d’une nature bafouée, face à la plus grande menace que la planète ait jamais connue :
l’homme.

* Bruno
16.10.18. 4èx
10.01.12 (789 vues)

RécompensesPrix Spécial du JuryPrix de la critique au festival du Rex à Paris en 1979.
Antenne d'Or au Festival d'Avoriaz en 1979.
Meilleur Film, Meilleur Acteur (John Hargreaves), Prix du Jury de la critique internationale de Sitges en 1978.