jeudi 14 mars 2019

Souviens-toi l'été dernier / I Know What You Did Last Summer

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jim Gillespie. 1997. U.S.A. 1h41. Avec Jennifer Love Hewitt, Sarah Michelle Gellar, Ryan Phillippe, Freddie Prinze Jr., Bridgette Wilson, Johnny Galecki.

Sortie salles France: 28 Janvier 1998. U.S: 17 Octobre 1997

FILMOGRAPHIE: Jim Gillespie est un scénariste et réalisateur britannique. 1997 : Souviens-toi... l'été dernier. 2002 : D-Tox - Compte à rebours mortel. 2002: The Legacy (télé-film). 2005 : Venom. 2016 : Ransom Games (Titre original : Take down).


Un an après le succès inattendu de Scream, le scénariste Kevin Williamson ne pouvait s’arrêter en si bon chemin pour réactiver le filon du psycho-killer avec Souviens-toi l’été dernier, confié au néophyte Jim Gillespie. Pur produit d’exploitation jouant des codes avec habileté et efficacité, le film séduit autant par le jeu modestement convaincant de ses jeunes comédiens (principalement les héroïnes investigatrices, menées par une Jennifer Love Hewitt filiforme, fragile et studieuse) que par un suspense miraculeusement tenace. Mineur dans son concept éculé, il parvient pourtant à créer la surprise. Grâce à une intrigue binaire, bâtie sur deux tragédies accidentelles et le poids de la culpabilité (quatre jeunes responsables d’un accident mortel, fuyant leur crime une année plus tôt), le récit se densifie sous la menace d’un pêcheur vengeur armé de son crochet. Iconique dans son apparence, le tueur impose un charisme inédit qui efface presque le ridicule ; Gillespie, avec un certain savoir-faire, donne chair à ce fantôme impassible, poursuivant ses victimes avec une tranquillité glaçante.


Difficile de ne pas sourire, avec un brin d’ironie, face au final haletant : le duo survivant traqué dans le bateau labyrinthique du tueur, au gré de ses assauts criminels frénétiques, évoque un Vendredi 13 aussi lambda que nerveux. Mais la réussite du film tient surtout à ses personnages. Car malgré les cris parfois trop stridents des héroïnes paniquées, les quatre protagonistes incarnent une humanité palpable : rongés par le remords, minés par le scepticisme, tenaillés par l’appréhension, ils intensifient leur survie par une détermination investigatrice, loin des archétypes d’ados écervelés. Certes, quelques clichés tachent la toile - morts gratuites de personnages secondaires, cadavres disparaissant comme par magie, faux coupable parachuté chez l’assassin - mais la mise en scène parvient à transcender ces incohérences grâce à son atmosphère horrifique, admirablement ancrée dans le décor inédit d’une bourgade côtière. L’immersion agit avec efficacité. À cela s’ajoute une séquence de poursuite meurtrière d’une cruauté sèche, qui culmine dans un dénouement escarpé baigné d’un onirisme étrangement festif. Seul regret : une violence trop sage, édulcorée pour ne pas heurter les adolescents en quête de frissons sans blessures.


Souviens-toi l’été dernier demeure ainsi un B-movie bonnard du samedi soir, exploitant avec respect et une pointe d’esthétisme (notamment sa photographie nocturne, vénéneuse à souhait) le sous-genre poussif du psycho-killer. Un hommage honorable, destiné autant à séduire une nouvelle génération avide de frissons qu’à divertir les aficionados nostalgiques des années 80.

— le cinéphile du cœur noir

2èx

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