mercredi 7 décembre 2022

Reflets dans un oeil d'or / Reflections in a Golden Eye

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de John Huston. 1967. U.S.A. 1h49. Avec Marlon Brando, Elizabeth Taylor, Brian Keith, Julie Harris, Robert Forster, Gordon Mitchell.

Sortie salles France: 21 Décembre 1967 (Int - 13 ans). U.S: 13 Octobre 1967

FILMOGRAPHIE: John Huston est un réalisateur et acteur américain, né le 5 août 1906 à Nevada, dans le Missouri, et mort le 28 août 1987 à Middletown, dans le Rhode Island aux États-Unis.1941 : Le Faucon maltais. 1942 : L'amour n'est pas en jeu. 1942 : Griffes jaunes. 1943 : Report from the Aleutians. 1945 : La Bataille de San Pietro. 1948 : Le Trésor de la Sierra Madre. 1948 : La Folle Enquête. 1948 : Key Largo. 1949 : Les Insurgés. 1950 : Quand la ville dort. 1951 : La Charge victorieuse. 1951 : African Queen. 1952 : Moulin Rouge. 1953 : Plus fort que le diable. 1956 : Moby Dick. 1957 : Dieu seul le sait. 1958 : Le Barbare et la Geisha. 1958 : Les Racines du ciel. 1960 : Le Vent de la plaine. 1961 : Les Désaxés. 1962 : Freud, passions secrètes. 1963 : Le Dernier de la liste. 1964 : La Nuit de l'iguane. 1966 : La Bible. 1967 : Casino Royale. 1967 : Reflets dans un œil d'or. 1969 : Davey des grands chemins. 1969 : Promenade avec l'amour et la mort. 1970 : La Lettre du Kremlin. 1971 : Les Complices de la dernière chance. 1972 : La Dernière Chance. 1972 : Juge et Hors-la-loi. 1973 : Le Piège. 1975 : L'Homme qui voulut être roi. 1976 : Independence. 1979 : Avec les compliments de Charlie. 1979 : Le Malin. 1980 : Phobia. 1981 : À nous la victoire. 1982 : Annie. 1984 : Au-dessous du volcan. 1985 : L'Honneur des Prizzi. 1987 : Gens de Dublin.

A Bertrand Tavernier et Rui Nogueira qui, dans un entretien de 1970 lui demandaient quel était son film préféré, John Huston répondait: "En premier lieu je crois que je mettrais Reflets dans un Oeil d'or. C'est un film que j'aime dans sa totalité". 

J'imagine la mine déconfite d'une majorité de spectateurs à la sortie de la projo de Reflets dans un oeil d'or sorti en 1967. Une oeuvre personnelle sulfureuse, vénéneuse, trouble, déconcertante, malaisante de par son climat baroque fréquemment déstabilisant si bien que l'attrait dérangeant de ces portraits de couples borderline pèse sur notre moral, à l'instar des protagonistes les plus fragiles sombrant toujours un peu plus dans une déliquescence irréversible. Tel le souligne son épilogue dramatique où le cauchemar erratique se dispute à une fatalité tragique à travers le va et vient de mouvements de caméra incontrôlables. C'est d'ailleurs par un avertissement que débuta le récit à travers sa citation "Il y a un fort dans le Sud où voici quelques années un meurtre fut commis". Ainsi, on reste bouche bé lorsque l'on revoit aujourd'hui cette oeuvre anticonformiste conçue vers la fin des années 60 avec une audace psychologique forçant le respect. John Huston jouant la carte de la provocation avec un art consommé de sa maîtrise technique appuyé du jeu "tourmenté" des acteurs habités de regards hagards, mutiques, introvertis eu égard de leur souffrance morale à approcher l'amour sans se laisser bercer par ses effets salvateurs. 


Tout le récit contemplatif n'étant qu'un vortex d'émotions dépitées, contrariées, aigries, à la lisière de la démence si bien que le spectateur captivé par ses postures peu recommandables demeure lui aussi dans un état de fragilité anxiogène qui ne nous lâchera pas d'une semelle. Bien au contraire. Elisabeth Taylor incarnant avec sa force de caractère qu'on lui connait l'épouse adultère dans une posture autoritaire et décomplexée, quand bien même Marlon Brandon use, abuse de maladresse, de frustration, de refoulement (gay !), de monolithisme en major paumé sombrant dans une anxiété dépressive, même auprès du témoignage secondaire de ses élèves de cours plongés dans la pudeur du non-dit. Mais il y a aussi Alison, l'épouse du colonel Morris Langdon que Julie Harris campe avec une expressivité névralgique eu égard de son témoignage fébrile, gagné de perplexité, à reluquer chaque soir le Soldat L.G. Williams épiant la chambre de Léonora (Elisabeth Taylor). Robert Foster se fondant dans le corps de celui-ci solitaire dans son plus simple appareil lorsqu'il chevauche secrètement son cheval en forêt à l'abri du regard des indiscrets. Or, Léonora, mais aussi Weldon, arpentent parfois les lieux avec une curiosité tantôt assumée, tantôt dérangée. 

Psychologiquement pesant, éprouvant, voir étouffant, de par son climat malsain où folie et perversité se télescopent dans des directions imprévisibles davantage lourdes de conséquences, Reflets dans un oeil d'or bouscule les habitudes du spectateur après de sa thématique de l'échec amoureux tout en jouant avec nos nerfs sous l'impulsion d'un réalisme d'étrangeté de plus en plus prégnant par son escalade sentimentale infructueuse. Perturbant par sa dramaturgie à la fois dépressive et psychotique, Reflets dans un Oeil d'or est probablement l'une des oeuvres acrimonieuses les plus inquiétantes des années 60 (annonçant fatalement l'authenticité crue des Seventies).  

Pour public averti.

*Bruno
2èx

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire