mardi 20 décembre 2022

Les Banshees d'Inisherin. Meilleur Scénario / Meilleure Acteur (Colin Farrell), Mostra de Venise 2022.

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Martin McDonagh. 2022. U.S.A/Irlande/Angleterre. 1h54. Avec Colin Farrell, Brendan Gleeson, Barry Keoghan, Kerry Condon, Pat Shortt, Gary Lydon

Sortie salles France: 28 Décembre 2022

FILMOGRAPHIEMartin McDonagh né le 26 mars 1970 à Camberwell (Londres), est un dramaturge et réalisateur britannique. 2006 : Six Shooter - court-métrage; 2008 : Bons baisers de Bruges (In Bruges) - Prix Edgar-Allan-Poe du meilleur scénario. 2012 : Sept psychopathes. 2017 : Three Billboards : Les Panneaux de la vengeance. 2022 : Les Banshees d'Inisherin. 

Folle histoire d'amitié jusqu'au-boutiste entre un vieux bourru et un célibataire naïf un tantinet étroit d'esprit résidant avec sa soeur et son âne (nain !), Les Banshees d'Inisherin est l'une des claques cinématographiques 2022 comme le soulignent ses 2 récompenses méritées à la Mostra de Venise. Tant et si bien que l'on sort de la projo promptement impassible de prime abord eu égard de la décharge émotionnelle subtilement amenée, éthérée, tout le long de l'intrigue sans se laisser morfondre par l'ombre d'une sinistrose ou d'un pathos malaisant tributaire de sentiments bon marché comme on a trop coutume d'en subir chez des réals opportunistes. Et puis voilà que le générique tombe le rideau alors que l'on subi brutalement ce clap de fin avec une amertume un peu plombante, notamment en s'efforçant quelques minutes d'anticiper la suite du récit que cette destinée parcimonieuse entre 2 meilleurs amis devenus depuis les pires ennemis. Car si on départ on était en droit de redouter une comédie dramatique surjouée et prévisible, le talent naturel des interprètes que forment prioritairement Colin Farrell et Brendan Gleeson (parce qu'il y a aussi des seconds-rôles absolument admirables, à l'instar de Barry Keoghan en simplet du village et de Kerry Condon en soeur mère-poule !) emportent tout sur leur passage, même si je reconnais que personnellement il m'a fallu un léger temps d'adaptation pour oublier que derrière le personnage de Pádraic Súilleabháin s'éclipse peu à peu l'illustre acteur Colin Farrell au fil d'une narration en suspens que l'on ne parvient pas à dompter. 

Notamment faute de l'aspect baroque, parfois même (génialement) occulte de la tournure gravissime des évènements auprès de présages et châtiments à la fois incongrus, injustifiés, saugrenus. Louablement, le réalisateur anglais Martin McDonagh parvenant à nous immerger et nous dépayser (euphémisme tant on en prend plein les yeux sans ce fâcheux sentiment de nous en foutre plein la vue en mode ostentatoire) au sein d'une île de la côte ouest de l'Irlande que nos héros arpentent à travers leur solitude meurtrie. L'un, Colm, s'entêtant à se plonger dans le mutisme de la tranquillité alors que l'autre, Padraic, s'efforçant d'y percer les mobiles de cette soudaine rupture en daignant réparer les torts afin de pouvoir se réconcilier. Et il y a de quoi se retrouver décontenancé face à cette improbable séparation amicale où certains coups y sont permis de manière aussi ubuesque que dérangeante. Et ce sans sombrer dans le ridicule grâce à l'intelligence de sa mise en scène posée, discursive, et surtout à la caractérisation humaine des personnages souffrants de solitude, d'abandon et de peur de la mort au sein d'une île isolée de villageois clairsemés. Et si le cinéaste sublime ses attachants personnages au grand coeur (majeurs et secondaires) à travers sa scénographie naturellement onirique, il se permet en prime d'y faire coexister l'animal (chien, boeuf, âne, cheval) entre respect et amour que nos héros renfrognés hébergent depuis toujours par simple tendresse ou profonde affection (avec une séquence bouleversante auprès des défenseurs de la cause animale). 


Plus l'amitié est grande plus la douleur est forte
Magnifique récit d'amitié à la dramaturgie écorchée vive de manière aussi bien pudique que contrairement graphique lors de sa seconde partie plus opaque, Les Banshees d'Inisherin traitent du sens de l'amitié, du poids de la solitude, du sentiment d'isolement, de l'estime de soi et de la prise de conscience de l'échec personnel avec une intensité émotionnelle que l'on ne voit jamais arriver. Martin McDonagh se permettant intelligemment de ponctuer son récit sensible et fragile de moments de cocasserie afin de ne pas enfermer ses personnages et son récit dans un pessimisme cafardeux en dépit de la violence psychologique (mais aussi physique) émanant des règlements de compte puérils entre deux têtes de turcs indomptables. Et il y a bien longtemps qu'une histoire d'amitié ne m'avait pas autant interpelé, parlé, surpris, ému, dépaysé grâce à ces ingrédients jamais racoleurs disséminés à juste dose au sein d'une quotidienneté insulaire aussi envieuse que redoutée selon notre lucidité existentielle à profiter de l'instant présent.

*Bruno

Récompenses

Mostra de Venise 2022 :

Prix du meilleur scénario

Coupe Volpi de la meilleure interprétation masculine pour Colin Farrellf

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