vendredi 24 mai 2024

Civil War

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Alex Garland. 2024. U.S.A/Angleterre. 1h49. Avec Kirsten Dunst, Wagner Moura, Stephen McKinley Henderson, Cailee Spaeny, Jesse Plemons.

Sortie salles France: 17 Avril 2024 (Int - 12 ans avec avertissement)

FILMOGRAPHIEAlex Garland, né le 26 mai 1970 à Londres, est un romancier, scénariste et réalisateur britannique. Il est le fils du dessinateur de presse Nicholas Garland. 2014 : Ex machina. 2017 : Annihilation. 2022 : Men. 2024 : Civil War. 

 
Terrifiant, éprouvant, malaisant au point d'y susciter un malaise viscéral inconfortable, Civil War est une épreuve de force en perdition. Autant pour les personnages que pour le spectateur immergé dans un conflit belliqueux de guerre civile à la suite des exactions d'une dictature présidentielle. D'un réalisme saisissant si bien que l'on peut évoquer le "modèle de mise en scène" à travers ses anthologies destroy plus vraies que nature (on se retrouve réellement au coeur du chaos), cette expérience cinématographique peu commune y dénonce admirablement les insalubrités de la guerre à travers sa gangrène de la violence infectant chaque témoin. Or, ici, en nous attardant au road trip d'un quatuor de journalistes contraint de photographier les clichés les plus percutants au risque de trépasser lors d'une balle perdue, ou pire, lors d'une exécution sommaire perpétrée par des terroristes d'extrême droite, Civil War nous place dans un voyeurisme inconfortable davantage préjudiciable au point d'avoir l'envie de se doucher passé le générique de fin afin de se purifier de cette décadence humaine littéralement toxique. 
 
 
Ce qui frappe donc irrémédiablement lors de ce périple chaotique toutefois émaillé d'accalmie mélancolique émane de son climat sournoisement malsain instauré auprès d'une nature dévisagée de sa sérénité et d'une urbanisation en déliquescence morale de par ces moult dangers toujours plus disproportionnés que l'on subit de plein fouet. Alex Garland radiographiant avec tact, humanisme, sensibilité (notamment à travers les yeux de cette jeune photographe néophyte désireuse d'y braver ses affres pour un enjeu initiatique) et ambiguïté morale les profils burnés de ces photographes de guerre peu à peu anesthésiés par la terreur, la haine et la violence faute de leur privation de questionnement. Le réalisateur ne cessant d'alterner leurs intimités flegmatiques avec d'autres épisodes de bravoure d'une intensité belliciste toujours plus aliénante car exténuante, couarde, escarpée, imperturbable. Outre la sobriété des comédiens très attachants en dépit de leur posture parfois déplacée, on retient surtout à mon sens la présence discrètement dépressive de Kirsten Dunst en photographe émérite probablement hantée par la lassitude du danger, sa corruption et son parti-pris impassible à ne jamais se laisser envahir par les sentiments pour mieux s'opposer au danger des guérillas urbaines ici déployées en plein coeur de Washington.

 
D'une intensité émotionnelle toute à la fois névralgique, sous-jacente et substantielle de par son refus de complaisance et de surenchère, Civil War atteint son but pour sa mise en garde des conséquences tragiques que pourrait occasionner une guerre civile de tout un état réduit à feu et à sang. Porté à bout de bras par un quatuor d'interprètes superbement dessinés dans leur conflit interne ambivalent, Civil War met les nerfs à rude épreuve de nous plonger dans un chaos meurtrier dénué de raison, d'empathie, de rédemption. Quitte à en perdre son âme, sa dignité quelque soit le camp politique où l'on se place.

*Bruno

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