Photo empruntée sur Google, appartenant au site arcadesdirect.fr
de Paolo William Tamburella. 1951. Italie. 1h28. Avec Rossana Podestà, Roberto Risco, Georges Marchal, Mario Mastrantonio, Salvatore Furnari, Francesco Gatto, Ulisse Lorenzelli, Giovanni Solinas, Arturo Tosi, Domenico Tosi, Ave Ninchi.
FILMOGRAPHIE: Paolo William Tamburella est un réalisateur, scénariste et producteur Italien. Il n'aurait tourné que 3 longs-métrages avant de mourir prématurément. 1946 Sciuscia (Producteur). 1950 Vogliamoci bene ! (réalisateur, scénariste et producteur). 1950 Sambo (réalisateur et scénariste). 1951 Blanche neige, le prince noir et les 7 nains (producteur, scénariste et réalisateur).
Les 7 nains se déchaînent !
En bonne et due forme, l'éditeur Artus films nous a déterré de l'oubli une curiosité transalpine totalement méconnue du public et des critiques, un conte de fée sorti de nulle part remis au goût du jour à travers le célèbre personnage de Blanche Neige. Une mixture incongrue d'aventures, de féérie, de science-fiction et de cape et d'épée ! Faut-il le voir pour le croire ? Alors que le prince aimant doit partir au front rejoindre sa troupe prise en embuscade, Blanche Neige se fait enlever par le sinistre Prince Noir. Au même moment, au fin fond d'une forêt, 7 nains endormis dans leur chaumière apprennent cette mauvaise nouvelle par la prescience d'un rêve commun. Dès lors, ils décident de partir à sa recherche pour une aventure semée d'embûches et d'imprudences.
Découvrir pour la première fois Blanche Neige, le prince noir et les 7 nains plus de soixante ans après sa sortie s'avère une curiosité insensée dont seuls les italiens ont le secret. A travers un pitch décousu et prémâché (sept nains complètement crétins partis à la recherche de Blanche Neige, prise au piège entre les griffes du méchant prince noir) Paolo William Tamburella en extirpe un ovni pétulant. Le plaisir coupable que l'on éprouve durant cette folle aventure résidant dans les agissements tous plus saugrenus et farfelus de nos fameux nains, persuadés d'épater la galerie avec une bonne foi incommensurable. A travers des situations improbables dénuées de raison, ces sept petits personnages téméraires vont accumuler les pires pitreries pour amuser et faire rire son public prioritairement acquis pour les enfants. Il faut le voir pour le croire car certaines scènes digne d'un Mattei des Rats de Manhattan (souvenez vous, la noiraude enfarinée qui s'exclamait à vive voix: chui toute blanche euh !!! chui dev'nue toute blanche euh !!!!!) sont d'une idiotie si déconcertante qu'elle provoque finalement l'attachement, l'amusement, voir le rire involontaire chez les invétérés du Bis pour rire. A titre d'exemple, la séquence illustrant nos valeureux nains délibérés à emprisonner deux individus de grande taille (sortis d'un âge préhistorique !) avec l'aide d'une simple ficelle provoque un fou-rire incontrôlé ! A travers un jeu improvisé, ils vont tenter de convaincre les hommes des cavernes qu'ils s'amusent de bon coeur avec leur bout de cordelette pour les entremêler du creux de leurs mains. Un casse-tête chinois sans queue ni tête auquel nos deux abrutis des cavernes vont eux aussi daigner y participer pour pouvoir délayer les mains des nabots. Alors qu'au terme, le duo se retrouvera enlacé et emprisonné par la mince cordelette tendue autour de leur corps par nos p'tits compagnons rusés.
Paradoxalement, à certains passages du récit, la mise en scène subitement plus inspirée nous fignole une séquence féérique particulièrement réussie et réellement fantasque auquel le spectateur éprouve un vrai sentiment d'évasion. En effet, nos sept nains partis à la recherche de Blanche Neige décident de faire une pause pour s'endormir sur la verdure apaisante d'une forêt enchantée. Tandis qu'à peine endormis, ils vont subitement être aspirés sous terre et se retrouver dans un monde englouti où de charmantes sirènes sensuelles vont les accueillir avec empathie ! Avec des effets cheaps futiles mais efficaces, les décors fantasmagoriques vont tirer admirablement leur épingle du jeu pour nous adhérer à cette scénographie aquatique grâce à sa mise en scène assidue et inventive. La suite se condense à un chassé croisé entre nos héros attardés et des méchants guerriers réunis dans la tour d'un château aux pouvoirs surnaturels. Puisque à la fin, on apprendra que les pouvoirs du prince noir sont régis par un mécanisme futuriste digne d'un laboratoire dantesque hérité de Frankenstein et Metropolis réunis ! Oui vous avez bien lu ! On notera aussi le décor réussi et baroque de l'entrée du château à travers son architecture exubérante pour laisser place à un monument horrifique symbolisant un terrifiant monstre volatile.
Fourre tout dégingandé mais assumé et réalisé avec une sincérité indéfectible, Blanche Neige, le prince noir et les 7 nains est une bisserie saugrenue unique en son genre chez les férus de bisserie Z. Son alliage cocasse d'aventures, de féérie et de science-fiction, et surtout l'abattage de nos valeureux nains engendrent un spectacle familial à la fois plaisant et oh combien extravagant. Sans oublier le charme docile de la discrète mais courtoise Blanche Neige, amoureuse comme il se doit de son prince vaillant. Pour les spectateurs non cinéphages, réfractaires au charme du nanar puéril, ils seront sans doute atterrés d'avoir assisté à un spectacle aussi risible, d'autant plus infidèle pour célébrer le conte homonyme des frères Grimm.
de Joe d'Amato. Italie. 1980. 1h35. Avec Tisa Farrow, Saverio Vallone, Serena Grandi, Margaret Donnelly, Mark Bodin, Bob Larsen, Rubina Rey, Simone Baker, Mark Logan, George Eastman, Zora Kerova...
Sortie salle France: 20 janvier 1982, Etats-Unis: 23 octobre 1981
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Joe d'Amato (né Aristide Massaccesi le 15 décembre 1936 à Rome, mort le 23 janvier 1999) est un réalisateur et scénariste italien. 1977 : Emanuelle in America, 1977 : Viol sous les tropiques, 1979: Buio Omega (Blue Holocaust), 1980: Anthropophagous, La Nuit Erotique des morts-vivants, Porno Holocaust, 1981:Horrible, 1982: 2020, Texas Gladiator, Caligula, la véritable histoire, Ator l'invincible, 1983: Le Gladiateur du futur.
"Je me rappelle avec un infini plaisir nostalgique la location de sa VHS chez mon meilleur ami Pascal (décédé depuis), un mercredi matin, alors que son père nous réprimandait vertement — on louait trop de films d’horreur, et lui les exécrait."
"L’Île aux morts : anatomie d’un cauchemar charognard". En 1979, Joe D’Amato fonde sa propre société, Filmirage, pour produireAnthropophagous, un métrage fauché tourné en 16 mm, dont l’image sera ensuite gonflée en 35 pour son exploitation en salles. Pour l’élaboration du script, il partage la paternité avec son acteur fétiche, George Eastman (de son vrai nom Luigi Montefiori). Le film débarque en France le 20 janvier 1982, deux ans après sa sortie italienne, semant autant la stupeur que le scandale. Les critiques puritaines hurlent à la nausée, pendant que sa carrière lucrative en VHS renforce son aura de film maudit, à l’instar de son cousin cannibale, Cannibal Holocaust.
Le pitch : Débarqués sur un archipel, un groupe de jeunes touristes tombe nez à nez avec un maniaque cannibale.
Réputé comme l’un des films les plus choquants des années 80, Anthropophagous doit sa légende noire à deux séquences proprement hallucinées : l’arrachage d’un fœtus encore vivant, dévoré sous nos yeux par l’anthropophage, et l’éventration de ce dernier, s’achevant dans une séquence d’autophagie barbare où il mastique ses propres entrailles. Délire pur, malsain, orgiaque — pour le plus grand plaisir des amateurs de pellicule faisandée. D’où cette tagline d’époque devenue mythique : « L’homme qui se mange lui-même ! »
Avec des moyens faméliques, un pitch linéaire et des comédiens limités (même si George Eastman et Tisa Farrow s’en sortent plus qu’honorablement), D’Amato mise tout sur une ambiance mortifère, tissée dans des décors malsains. Foyers blafards recelant des cadavres décrépis derrière des cloisons secrètes, forêts clairsemées vidées de toute faune, nécropoles nocturnes, caveaux reclus où se terre une aveugle dans un vieux tonneau. Même le repaire du tueur — un monument en ruines — est un sous-sol nécrosé, charnier silencieux, jonché d’ossements et de chairs en putréfaction. Pour amplifier cette déréliction, une partition dissonante, entre orgue funèbre et nappes électroniques stridentes, distille un malaise rampant. En matière d’atmosphère, D’Amato ne laisse pas de marbre, et même si l’intrigue minimaliste flirte avec le grotesque, elle renforce l’aspect ludique et dérangé du spectacle. En somme, six touristes jouent à cache-cache avec un ogre dégénéré sur une île moribonde, jusqu’à trouver refuge dans la maison familiale du monstre, sous le regard hagard de sa propre sœur. Le flash-back, lapidaire, nous dévoile la tragédie originelle ayant précipité cet homme dans la démence carnassière.
Provocateur impénitent, D’Amato n’éprouve aucun scrupule à exhiber ses effets chocs, vulgaires mais efficaces, multipliant les zooms crus sur les chairs suppliciées. Pourtant, Anthropophagous, aussi sanglant soit-il, n’est pas un festival de gore systématique : le cinéaste préfère miser sur l’étrangeté de son climat solaire (tout se déroule en plein jour), et sur la tension rampante à laquelle on adhère avec un plaisir presque masochiste. Le monstre — interprété par un George Eastman habité — surgit par touches, sa silhouette massive et son faciès lépreux imprégnant l’écran d’une terreur archaïque. Il évoque l’ogre de la forêt, celui qu’on murmure dans les contes au coin du feu, sous la menace du noir.
"L’homme qui se mange lui-même : mythe d’un ogre moderne". Aussi maladroit qu’attachant, aussi bricolé qu’ensorcelant, Anthropophagous séduit par son irrévérence totale, son ambiance d’une noirceur malade et son esthétisme macabre de carte postale souillée. GeorgeEastman est terrifiant, les décors suintent la mort, le score hypnotise, et les éclats gores parachèvent la mutation d’un produit Z en joyau putrescent, pure déviance italienne. Aujourd’hui, dans une époque ultra-conservatrice, aucun producteur ne prendrait le risque de pareille horreur. C’est dire à quel point cette bisserie demeure précieuse — vestige infect d’une époque révolue, où le cinéma osait cracher sur la bienséance et digérer ses propres tripes.
*Bruno 27.12.10 14.07.14 Octobre 2022. 4èx
La critique de Mathias Chaput:
Partant du gimmick culotté de "l'homme qui se mange lui même" (!) qui servira d'accroche au film et garant d'un immense succès suscité par la curiosité coupable des spectateurs, "Anthropophagous", outre un scénario qui tient à peu près la route, reste un monument dans le genre, déclinant effets gore nauséeux et atmosphère terrifiante !
George Eastman, de par son charisme, y est pour beaucoup dans la réussite du métrage, dont il a également écrit le scénario...
D'amato se fait plaisir et NOUS fait plaisir, le bougre se lâche, nous gratifiant de passages délirants et anxiogènes (la nuit de l'orage, la caverne du cannibale, les sous sols de la maison...) mais n'oublie jamais de prendre conscience du risque de l'impact que son film peut avoir...
Re(con)stituant une angoisse qui va crescendo, il met habilement en exergue des idées qui feront date (le miroir qui se brise, renfermant derrière lui une mini mausolée), l'exploitation de l'aura de l'archipel, comme un piège sournois qui enferme les pauvres gens ainsi que le spectateur, un microcosme glaçant et ultime où gravitent les "petites souris" avec le "chat", prédateur qui finira par les manger !
"Anthropophagous" est une gigantesque partie de cache-cache avec comme point d'orgue une issue salvatrice extrêmement gorasse, presque minimaliste !
Doté de trouvailles graphiques plus perverses et imaginatives les unes que les autres (le plan légendaire d'arrachage de foetus, fallait être fou pour oser un truc pareil !), se suivant avec attention et bénéficiant de rebondissements assez bienvenus dans son déroulement, "Anthropophagous" est un des piliers dans l'oeuvre de D'Amato et dans la continuité du cinéma gore italien, le bougre récidivant un an plus tard avec son "Rosso sangue" et allant encore plus loin dans le gore, celui ci étant un peu les prémices de son style...
Réservé à une poignée d'aficionados et pas du tout grand public, "Anthropophagous" ravira les cinéphages friands d'horreur déviante, les autres passeront leur chemin !
Le travail de BACH films sur le dvd est remarquable et les bonus avec l'immense Christophe Lemaire sont un pur régal !
Calibré pour une soirée pizza entre potes, "Anthropophagous" a le mérite de terrifier et de divertir en même temps, ce qui est louable !
Ne boudons pas notre plaisir et savourons ce film mythique !
de Pang Ho-Cheung. 2010. Hong-Kong. 1H36. Avec Eason Chan, Michelle Ye, Josie Ho, Norman Chu, Anthony Wong, Kwok Cheu-Sang, Hee Ching Paw.
Sortie française: courant 2011.
FILMOGRAPHIE: Pang Ho-Cheung est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur Hongkongais né en 1973.
2001: You Shoot, I Shoot
2003: Men Suddenly in Black
2004: Beyond Our Ken
2005: A.V.
2006: Isabella
2007: Exodus
2007: Trivial Matters
2010: Love in a Puff
2010: Dream Home
CATEGORIE 3.
Retour en fanfare chez nos Hongkongais pour l'horreur hardgore (mais ludique) avec un métrage dans la droite lignée des fameux Catégories 3 (interdit au moins de 18 ans). Autant avertir d'emblée les curieux qu'il s'agit encore d'un de ces métrages extrêmes baignant dans l'immoralité et la violence crue comme seul les asiatiques effrontés ont le secret.
A travers une trame horrifique vindicative et punitive alignant en intermittence une succession de meurtres d'un réalisme sidérant mais heureusement volontairement dénaturée par un humour acide exutoire, Dream Home décrit le calvaire financier qu'une jeune fille, Cheng Lai-sheung, doit traverser pour pouvoir s'approprier une demeure de luxe.
Parce que durant son enfance, elle pouvait admirer le paysage radieux du quartier Victoria de Hong-Kong depuis sa fenêtre d'appartement familial, Cheng Lai-sheung s'était jurée de posséder un logement semblable situé en bord de mer. Mais comme la ville est en perpétuelle évolution industrielle et que l'urbanisation envahissante a délaissé l'écologie contre la beauté harmonieuse de la nature, le rêve de notre héroïne sera une éprouvante labeur, surtout que le marché de l'immobilier davantage en inflation ne cesse de progresser. De ce fait, Cheng entreprend deux emplois successifs pour pouvoir concrétiser son rêve et son père, gravement malade, pourrait lui laisser une somme conséquente en guise d'assurance vie. Mais l'attente insupportable des prêts immobiliers va sérieusement contraindre la jeune fille de se lancer dans le meurtre expéditif auprès des habitants de l'immeuble. De sorte à dissuader les futurs acquéreurs pour sélectionner un des appartements.
Le film démarre brutalement avec un meurtre d'anthologie par strangulation mis en scène avec une virtuosité que n'aurait pas renié Dario Argento (le magnifique pré-générique qui juxtapose une succession de building high-tech n'est pas non plus en reste !). La caméra agile multipliant les angles de prise de vue et les cadrages alambiqués incessants dans une parfaite fluidité.
Le calvaire moribond que va subir cet agent de sécurité lapidé est long, viscéral et désespérément vain dans ses tentatives de se raccrocher au fil de sa vie. L'homme essayant de se délier à l'aide d'un cutter pour tenter de sectionner le cordon acéré autour de son cou. Sauf qu'à force de vouloir ciseler la cordelette à l'aveuglette dans un état d'affolement incontrôlé, c'est sa gorge qu'il atteindra par petites coupures successives lui entaillant la peau, jusqu'à ce qu'il périsse étouffé dans sa mare de sang.
La suite immuable tient ses promesses en variant continuellement une série de meurtres inventifs, soigneusement concoctés et sacrément impressionnants dans des FX hyper réalistes et perfectibles sans toutefois verser dans l'insoutenable nauséeux.
C'est son savant dosage de cynisme sarcastique qui va dédramatiser chaque situation extrême, redoutée pourtant avec appréhension, puisque chaque meurtre envisagé se révèle ultra sanglant, violent et sans concession admise.
Cette farce grotesque au ton incongru entamée dans un climat déroutant séduit les amateurs d'horreur brute avec en prime l'intelligence de dénoncer un message social tout à fait actuel sur la spéculation immobilière, davantage intransigeante et perfide envers le citoyen lambda tributaire du "toujours travailler plus" (l'héroïne pratiquant 2 emplois succincts).
Seul bémol cependant envers quelques flashs-back un peu rébarbatifs, volontairement déstructurés à propos de l'enfance de notre jeune héroïne. Des va et vient désordonnés un peu trop appuyés et insistants jusqu'à semer la confusion dans l'esprit du spectateur futilement désorienté.
Tandis que le final extravagant, Tarantinesque dans son absurdité sanguinaire commise en défaveur de ses témoins indirects va se concrétiser dans un bain de sang débridé, (in)volontairement déraisonné !
Michelle Ye qui incarne le rôle d'une meurtrière en demi-teinte dans sa quiétude mêlée d'inquiétude est totalement étonnante, singulière dans son physique neutre, sa personnalité trouble et austère, d'un calme confondant dans ces agissements meurtriers. Froide, inflexible et déterminée dans ses ambitions matérielles axées sur le confort et la tranquillité dans une société de consommation inéquitable. ATTENTION SPOILER !!!!!Une meurtrière d'autant plus ambivalente qu'elle ira jusqu'à délaisser son paternel agonisant pour volontairement le laisser périr dans ses derniers souffles suppliciés d'une chambre d'hôpital. Une manière indocile, plus furtive à pouvoir encaisser l'assurance vie garantie. FIN DU SPOILER.
C.L.S CHERCHE APPARTEMENT. Dans une réalisation soigneusement ciselée variant les ruptures de ton, Dream Home se révèle un excellent divertissement horrifique, sardonique et extrême dont les nombreuses séquences chocs percutantes et rigides sont exécutées avec un sens spectaculaire jouissif expurgé d'un potentiel malaise rigoureux par son humour noir libérateur. Le scénario, loin de se réduire au canevas basique et orthodoxe du genre symptomatique se permet en sus de dénoncer l'abus de spéculation immobilière qui touche les pays du monde entier (comme il l'est spécifié à la toute fin du métrage). Une dérive quotidienne vécue à travers le destin baroque, immoral d'une jeune fille dépitée de son existence morne et désillusionnée, avide de renommée par le pouvoir capital.
NOTE: Le film a été présenté avec succès lors de la 10ème édition du Festival International du Film Fantastique de Neuchatel (Suisse)
de Erik Blomberg. 1952. Finlande. 1H05. Avec Mirjami Kuosmanen, Kalervo Nissilä, Åke Lindman.
FILMOGRAPHIE: Erik Blomberg (18 September 1913 – 12 October 1996) est un réalisateur, scénariste et producteur finlandais. Il a été marié à l'actrice Mirjami Kuosmanen qui incarne le rôle principal du Renne Blanc (également illustrée dans la co-scénarisation), son seul et unique long-métrage.
LES OUBLIES DU FANTASTIQUE FINLANDAIS.
L'éditeur Artus Films nous a une fois de plus déterré il y a peu une merveille du cinéma Fantastique Finlandais tirée d'une légende nordique. Un film particulièrement notoire dans son pays d'origine qui a été couronné en 1953 du Prix international du film légendaire du Festival de Cannes, décerné par Jean Cocteau.
En Laponie, dans le cercle polaire, une jeune femme sorcière contre son gré épouse un jeune chasseur de renne. A cause des absences répétées de son époux, Pirita, délaissée, décide de rencontrer un sorcier pour retrouver un potentiel intérêt à sa vie esseulée. Elle conclut alors un pacte avec le Mal avec l'aide du sorcier et doit sacrifier un être vivant au Dieu de la pierre pour pouvoir bénéficier d'un pouvoir ensorcelant les hommes de la région. Mais cet accord du Mal se forgera en malédiction pour la jeune fille, incapable de se débarrasser d'un fardeau davantage contraignant et finalement fustigé.
Le film débute par un court poème vaillamment conté et chantonné par une narratrice candide. C'est cette histoire insolite qui nous sera visuellement évoqué durant la totalité narrative axée sur une légende diabolique pour mettre en cause la perte identitaire d'une jeune fille avide d'affection, de pouvoir vampirique sur les hommes, contribué par ces charmes sensuels insoupçonnés.
Pour une production Finlandaise datant de 1952, nous sommes en dépaysement total devant l'étendue clairsemée de leurs immenses plaines enneigées que l'on parcourt inlassablement à perte de vue ! Un florilège de décors naturalistes en accord avec la beauté limpide écologique. Un paysage ensorcelant d'une autre époque, un ailleurs inexploré irrésistiblement tangible, un environnement fantasque submergé de son manteau de neige qui illumine chaque toile de l'horizon, telle une féérie gracile pleine de candeur. Quelques chaumières emmitouflées par l'abondance de flocons blancs et légers où l'on peut discerner de l'étendue des collines nacrées la fumée bienveillante qui s'évacue des cheminées dans l'air frais du cercle polaire. Alors que des habitants familiers sont sur le point de fêter un traditionnel mariage rituel avant de partir chasser ces centaines de rennes dégourdis, chevauchant les routes désertes de présence humaine.
Mais dans cette contemplation irréelle au fluide sensoriel il y a de sombres superstitions que l'on redoute chuchoter, craignant le pouvoir maudit du Dieu de pierre ou celle plus ample de la vallée de la mort.
Pirita, jeune fille élégante, immature et insouciante se laissera facilement berner par le pouvoir d'une entité pernicieuse en lui sacrifiant un renne pour devenir elle-même cet animal vigoureux tant convoité. Dans un sentiment hautain de supériorité, elle prendra plaisir à se laisser courser par les habitants du quartier, intrigués par l'apparence monochrome de l'animal sauvage. Tandis que Pirita, renouée dans son corps de femme devant la stupeur déconcertée de l'homme qui l'aura finalement traqué, assassinera sa victime de manière sarcastique en l'égorgeant de ces dents lascives et incisives.
Mais la supercherie désinvolte de la jeune sorcière possédée ne pourra éternellement satisfaire ses méfaits dédaigneux quand les hommes revanchards connaitront le moyen antique de détruire le renne blanc.
C'est un conte baroque et inhabituel que nous retranscrit Erik Blomberg dans un mélange de fantastique teinté de vampirisme, de superstition, de sorcellerie et de merveilleux centré sur la beauté de la nature et de ceux qui y résident, en harmonie avec la danse des rennes omniprésents.
La prestance inhabituelle des comédiens totalement inconnus chez nous, induite dans leur patrimoine d'une culture différente de la notre et l'ambiance étrange, irrésistiblement envoutante qui s'y dégage nous entraine dans un magnifique poème incandescent, amer et cruel. Une légende nordique traçant la convoitise d'une jeune sorcière niaise de ses désirs envers l'homme intrigué, angoissé par le mystère insondable de la femme charnelle et séductrice.
PIRITA, LA SORCIERE. Réalisé dans un noir et blanc naturel et expressif mis en exergue pour l'immensité palpable de ces décors enneigés, Le Renne Blanc est un conte méconnu qui retrouve soixante ans plus tard une aura d'estime, de reconnaissance, de légitimité, via un éditeur couillu qui aura entrepris, par le support du dvd, à faire découvrir au public curieux une perle probante du Fantastique venue de l'étranger. Et cela, même si malheureusement, l'insuccès de sa cote de popularité en France ne sera toujours pas reconnue, alourdie de sa discrète campagne publicitaire. Mais l'essentiel est que cette merveille soit enfin disponible chez nous et que si parmi vous, en décuplant votre curiosité addictive, vous aurez un jour la chance de découvrir cet enchantement permanent, vous vous laisserez sans commune mesure happer par ce voyage étrangement merveilleux auquel les affres du temps ne pourront jamais annihiler son pouvoir diaphane.
Dédicace à ARTUS FILMS que je ne remercierai jamais assez !
30.12.10
Le destin de Pirita représente les peurs, les angoisses, et les refoulements éternels de l’homme… (site web)
Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com
de Roman Polanski. 1968. U.S.A. 2h17. Avec Mia Farrow, John Cassavetes, Ruth Gordon, Sidney Blackmer, Maurice Evans, Ralph Bellamy, Elisha Cook Jr., Patsy Kelly, Charles Grodin.
Sortie en salles: États-Unis : 12 juin 1968 FILMOGRAPHIE: Roman Polanski (né le 18 août 1933 à Paris) est un comédien, metteur en scène de théâtre et d'opéra puis un producteur, scénariste et réalisateur de cinéma franco-polonais. 1962 : Le Couteau dans l'eau , 1965 : Répulsion, 1966 : Cul-de-sac, 1967 : Le Bal des vampires, 1968 : Rosemary’s baby, 1971 : Macbeth, 1972 : Quoi ?, 1974 : Chinatown, 1976 : Le Locataire ,1979 : Tess, 1986 : Pirates, 1988 : Frantic, 1992 : Lunes de fiel ,1994 : La Jeune Fille et la Mort , 1999 : La Neuvième Porte ,2002 : Le Pianiste,2005 : Oliver Twist, 2010 : The Ghost Writer
2011 : Le Dieu du carnage.
Gestation: Fasciné par le roman éponyme d’Ira Levin paru en 1967, William Castle en acquiert les droits avec l’ambition de le réaliser lui-même. Mais la Paramount, sceptique face à sa réputation de simple artisan du frisson du samedi soir, lui impose de se cantonner à la production et de recruter un réalisateur chevronné. Le choix s’arrête sur Roman Polanski, qui accepte à la seule condition que le scénario reste scrupuleusement fidèle au roman de Levin. Enorme succès à sa sortie, Rosemary’s Baby devient le fer de lance d’un fantastique contemporain conjuguant démonologie, sorcellerie et satanisme, dont L’Exorciste, La Malédiction et Suspiria prendront la relève avec dignité.
Avec circonspection, Roman Polanski explore l’introspection d’une jeune épouse éprise de maternité, mais glissant lentement vers la paranoïa — ou peut-être la démence. Modèle de suggestion, Rosemary’s Baby nous laisse croire à la réalité d’événements occultes jusqu’à un dénouement saisissant, sommet d’effroi nihiliste, où certains jurèrent apercevoir ce fameux nourrisson à queue fourchue. La force du récit réside dans sa subtilité à exposer le profil torturé de son héroïne. Une gageure relevée avec éclat par l’éthérée Mia Farrow, qui suscite une empathie viscérale tout au long de ce cheminement ésotérique, parasité par des antagonistes insidieux. On retiendra notamment l’interprétation glaçante de Ruth Gordon — Oscar du meilleur second rôle — incarnant avec un magnétisme sordide une matriarche aussi irritante que perfide, orchestrant avec une fausse désinvolture la vie conjugale et maternelle de Rosemary.
Jeu de dupes et de manipulations, Polanski triture nos nerfs à travers la paranoïa d’une femme en proie à des maux physiques (douleurs abdominales, migraines, perte de poids) qui pourraient aussi bien être psychosomatiques que l’œuvre d’une confrérie satanique. Durant 2h15, on s’abandonne à son désarroi avec une perplexité trouble, ne sachant jamais si les incidents sont le fruit d’hallucinations — comme le sort de cet acteur devenu aveugle, permettant à son mari de s’approprier son rôle — ou de manœuvres occultes fomentées par une société démoniaque (à l’instar de ce suicide par défenestration suggéré en prologue). Sans grand-guignol ni effets tapageurs, la narration distille une angoisse rampante. Chaque personnage patibulaire — tel ce médecin obstinément affable — aiguise la suspicion. Et surtout ce couple de retraités, dont la générosité oppressante devient intrusion : un pendentif à la racine de Tanis, une mousse au chocolat suspecte, du lait tiède au goût frelaté, un livre de sorcellerie reçu par la poste... Des offrandes envahissantes, tandis que Rosemary est peu à peu assaillie de cauchemars où rituels et viols sont pratiqués, non seulement par son entourage, mais aussi par son propre époux.
It’s Alive !
Drame psychologique déroutant, Rosemary’s Baby fascine par son horreur éthérée, à la mise en scène studieuse retardant toute imagerie explicite. L’angoisse naît de ce qu’on ne voit pas — d’une conjuration diabolique qu’une femme enceinte tente en vain de déjouer. À moins qu’il ne s’agisse d’un leurre métaphorique : le bouleversement émotif d’une jeune épouse trop fragile, refusant viscéralement sa maternité, prisonnière de la terreur de procréer.
* Bruno
26.07.22. 4-èx. vf
Récompenses: Meilleure actrice dans un second rôle pourRuth Gordon aux Oscars,1969
Fotogramas de Plata de la Meilleure performance étrangère (Mia Farrow) en 1970
Critics Award du Meilleur film étranger en 1970
Golden Globe de la Meilleure actrice de second rôle (Ruth Gordon) en 1969
NE REGARDEZ PAS L'AFFICHE PLUS DE 2 SECONDES !!!!!
Non, comme ça !
de Andrew Cull. 2010. Angleterre. 1H27. Avec Alderson Giles, Fowler Francesca, Richards Zoe, Nicholas Shaw.
Sex Toy story avec lubrifiant végétal, couleur pastel !
Voilà, c'est commandé !
Prochainement dans vos salles. Je ne sais pas ou et quand mais c'est pour très prochainement je crains !!!
Ah non, tout compte fait, c'est peut-être sans doute un DTV prochainement en location (s'il reste encore un vidéo-club dans votre patelin !) ou sur internet !!!
FILMOGRAPHIE du réalisateur qui a filmé son film: Andrew Cull est un réalisateur et scénariste né le 9 Juin 1974 à Brighton, en Angleterre. La possession de David O'Reilly est son premier long-métrage et j'espère le dernier.
Il s'est aussi illustré dans la série TV Urban Gothic en tant que scénariste. Ca pouvait pas être pire façon.
T'inquiètes chérie, ils sont partis maintenant les mutants baveux de Mattei !
LISEZ BIEN LE PITCH AVANT DE VISIONNER LE FILM !!! LISEZ, J'VOUS DIT !!!!!!!!
Ce film d'horreur réaliste, voir carrément souvent insoutenable par moments raconte les terribles événements dramatiques qui font très peur dans la maison d’un jeune couple de cons anglais à Londres avec une présence démoniaque qui s'amuse à saute moutons pendant 1H25 !
Cette histoire paranormale ne semble pas tirée d'une histoire vraie ! ???
Hein ? Comment ça, on m'aurait menti !!! ???
Putain, maintenant que c'est fini, j'ai vraiment peur alors !!!
J'ai peur !!! ce bruit venant de la salle de bain est bizarre je trouve ! non ?
MONSTER IN THE CLOSET 2 !!!
Si vous avez adoré la prod Troma des années 80 et que vous vous êtes fendus la poire entre dix binouzes et un tube de colle transparent, alors passez votre chemin sur cette fausse suite/remake/parodie horrifico/comique et/ou dramatique (avec une touche de romance), au risque d'avoir l'envie de vous jeter par la fenêtre de votre chambre du 1er étage (si c'est pas assez haut, passez au 2è et si vous n'avez pas d'autre étage, dirigez vous vers l'immeuble le plus près et montez jusqu'au 5è, ça devrait faire l'affaire !).
Sur ce, m'en vais revoir le vrai Monster in the closet, au moins lui il faisait pleurer mon frère !
Qu'est ce qui y'a ? tu veux ma photo ? C'est pas ma faute si mon film est nul ! Et j'ai été doublé si tu veux la vraie vérité pour dire toute la vérité !
Photo empruntée sur Google, appartenant au site lareponseest42.blogspot.fr
de Georges Pal. 1964. U.S.A. 1h40. Avec Tony Randall, Noah Beery Jr., Royal Dano, Barbara Eden, John Ericson, Arthur O'Connell, Lee Patrick, John Qualen, Tony Randall.
Sortie Salle U.S.A. : 18 Mars 1964
FILMOGRAPHIE: George Pal, né Györgi Pál Marczincsák, est un réalisateur, producteur, scénariste hongrois, né le 1er février 1908 à Cegled en Autriche-Hongrie (aujourd'hui en Hongrie), naturalisé américain en 1940 et mort le 2 mai 1980 d'une crise cardiaque à Beverly Hills. 1934 : Le Vaisseau de l'éther; 1935 : L'Atlas magique ; 1936 : La Symphone de l'éther ;1937 : Philips Broadcast ;1937 : What Ho, She Bumps (UK); 1938 : La Belle au bois dormant ; 1939 : Philips Cavalcade ;1939 : Les Amants des mers du Sud ;1942 : Tulips Shall Grow ; 1942 : Jasper et les pastèques ;1942 : Jasper et la maison hantée ; 1958 : Les Aventures de Tom Pouce ;1960 : La Machine à explorer le temps ; 1962 : Les Amours enchantées ; 1964 : Le Cirque du docteur Lao.
"Le monde est un cirque si tu sais l'observer. Chaque fois que tu ramasses une poignée de sables et que tu ne vois pas le sable mais un mystère, une merveille dans ta main. Chaque fois que tu t'arrêtes pour penser: "je suis vivant !". Et être vivant c'est fantastique. Chaque fois que ce genre d'évènements se produit, tu fais parti du cirque du Dr Lao."
Le Cirque du Dr Laoest le dernier film de George Pal, maître du fantastique nous ayant légué quelques joyaux du genre, hélas rarement diffusés à la télévision. À travers un hymne à la fantaisie féerique, d’une richesse formelle aussi (génialement) kitsch que rutilante, il évoque ici la thématique de la cupidité à travers la dichotomie du bien et du mal.
Le pitch :le mystérieux Dr Lao, directeur de cirque ambulant, débarque à Abalone, petite ville de l’Arizona, pour annoncer au public son prodigieux spectacle. Au même moment, dans les colonnes du journal local, Clint Stark, businessman cupide et ambitieux, tente de convaincre les habitants de lui vendre la ville à bon prix. Mais l’arrivée impromptue du Chinois aux pouvoirs surnaturels va bouleverser les consciences et remettre en question l’avidité latente de chacun.
Mélange saugrenu de western, de fantastique, de fantaisie et de merveilleux, Le Cirque du Dr Lao est un ovni d’une richesse thématique inépuisable, une véritable leçon de vie sur nos errements moraux. Jusqu’à quel point l’évolution humaine peut-elle se compromettre dans la régression ? Dans l’engrenage de la cupidité, de l’orgueil, de l’aveuglement ?
À travers une narration extravagante vouée à la puissance créative, notre malicieux Dr Lao orchestre ses festivités avec un art du stratagème : il émerveille pour mieux confronter le public à ses propres failles. Avec ses moyens chimériques, il déploie ses talents de magicien utopiste dans un éclat de charme irrésistible, via une parade de créatures singulières que l’on contemple avec des yeux de gosse émerveillé.
Ainsi, au cœur de cette mythologie archaïque, soudain greffée au far-west, surgissent : la Méduse insidieuse au regard pétrifiant, l’homme des neiges apathique, Apollonius de Tyane – prédicateur aveugle condamné à pronostiquer le destin –, le serpent à tête humaine, vaniteux et moqueur, le vieux Merlin, fatigué de ses tours raillés par une populace avide de prodiges… Sans oublier Pan, dieu de la joie, déchaînant une chorégraphie sensuelle pour séduire une célibataire en quête de rédemption. Le poisson du bocal, quant à lui, mute plus tard en serpent de mer libéré par des cow-boys éméchés, juste avant que le Dr Lao ne libère sa machine à pluie !
Ce bestiaire bigarré, accompagné de dieux immortels, devient le miroir allégorique de la tentation, la mise en abyme d’une humanité face à ses instincts véreux. Et pour incarner cette galerie fantasque : un seul acteur. Tony Randall, caméléon prodigieux, endosse à lui seul sept rôles distincts. Ses multiples visages, tirés d’une mythologie antique, se révèlent tour à tour drôles, troublants, sarcastiques — autant de masques de la vérité déguisée, prêts à sonder l’âme de ceux qui osent s’y frotter.
D’une fulgurance poétique et inventive — notamment grâce aux décors naturels et aux trucages en stop-motion —, Le Cirque du Dr Lao déploie un rêve éveillé, façonné dans la naïveté d’une magie assumée.
"Le mirage du merveilleux – La sagesse cachée du Cirque du Dr Lao".
Leçon de sagesse et de tolérance, hymne à l’existence et à la beauté du monde, Le Cirque du Dr Laonous emporte dans un voyage fantastique inusité. Une initiation à la fraternité, à la solidarité, dans un Far West en pleine mutation industrielle, où le capitalisme rampant grignote les terres avec son chemin de fer. Œuvre rare, presque oubliée, elle scintille pourtant comme une relique précieuse, à redécouvrir d’urgence.
Et pour vous convaincre une ultime fois de son pouvoir d’enchantement, prêtez l’oreille à la dernière citation du Dr Lao, juste avant qu’il ne disparaisse d’un geste amical dans le désert. Il nous y rappelle que la vie quotidienne, en apparence banale, dissimule des trésors d’énergie scintillante — à condition de savoir garder les yeux grands ouverts sur ce qui nous entoure.
(Crédit photo : image trouvée via
Google, provenant du site senscritique. Utilisée ici à des fins non
commerciales et illustratives).
de Rugero Deodato. 1985. Italie. 1h30. Avec Lisa Blount, Leonard Mann, Willie Aames, Richard Lynch, Richard Bright, Michael Berryman, Eriq La Salle.
Sortie en France en 1986.
FILMOGRAPHIE:Ruggero Deodato (7 mai 1939 -) est un réalisateur italien.
1964 : La Terreur des Kirghiz , 1968 : Fenomenal e il tesoro di Tutankamen , 1968 : Gungala la pantera nuda, 1968 : Donne... botte e bersaglieri , 1968 : Vacanze sulla Costa Smeralda , 1969 : I Quattro del pater noster , 1969 : Zenabel, 1975 : Una Ondata di piacere , 1976 : Uomini si nasce poliziotti si muore , 1977 : Le Dernier monde cannibale , 1978 : L'Ultimo sapore dell'aria (Last Feelings), 1979 : Concorde Affaire '79 , 1980 : Cannibal Holocaust , 1980 : La Maison au fond du parc , 1983 : Les Prédateurs du futur, 1985 : Amazonia: La jungle blanche , 1986 : Per un pugno di diamanti ,1987 : Les Barbarians, 1987 : Body Count, 1988 : Le Tueur de la pleine lune , 1988 : Angoisse sur la ligne , 1992 : Les Petites Canailles , 1993 : The Washing Machine.
"Sauvagerie tropicale : Deodato en mode série B furibarde".
Cinq ans après son controversé et maladif Cannibal Holocaust, Ruggero Deodato nous refourgue une de ces séries B d’exploitation jouissive et vigoureuse, portée par une mise en scène fougueuse, endiablée, entièrement vouée à un sens de l’efficacité roublarde. Sur le même schéma que son compère notoire précité, Amazonia, la jungle blanche mêle cinéma d’aventures et horreur gore éclaboussante avec un savoir-faire réjouissant, proprement attachant.
Une équipe de journalistes s’égare en pleine jungle hostile après la découverte d’un groupe de trafiquants de drogue mystérieusement massacrés sans mobile apparent. Dans le même temps, le fils du directeur d’une célèbre chaîne de télévision a disparu. Caméra au poing, nos deux reporters s’enfoncent dans la forêt pour exhumer l’horreur primitive de deux clans rivaux disputant le trafic et tenter de retrouver le jeune otage tombé entre les griffes de l’un des groupuscules.
Amazonia démarre pied au plancher avec une séquence introductive explosive et sanglante, où une bande de trafiquants est soudain taillée en pièces par des indigènes demeurés. Action et sang fusionnent avec un aplomb réjouissant pour livrer un divertissement fun, rondement mené. La suite nous entraîne au cœur de l’Amazonie, suivant ce duo de jeunes journalistes englués dans une sombre affaire de meurtres crapuleux perpétrés par des fauves humains sans pitié. Pour pimenter le tout, Deodato orchestre une guerre des gangs opposant deux factions de mercenaires chevronnés, dont l’un des leaders les plus fêlés — le Colonel Brian Horne (Richard Lynch) — s’est allié à une tribu primitive, sous son joug autoritaire et délirant. Ce Colonel, vestige halluciné d’une secte messianique inspirée de la tragédie du révérend Jim Jones (mais aussi du colonel d'Apocalypse Now !), est un junkie illuminé convaincu d’être la réincarnation de Jésus !
Toute la narration file en un chassé-croisé haletant : traque sanglante, embuscades, reportage-choc… Nos deux reporters dégainent leur matériel vidéo pour dénoncer l’horreur d’une guerre impitoyable, corrompue par l’appât du gain. Sous cette trame basique mais frondeuse, on sent Deodato animé par un plaisir contagieux de livrer un spectacle d’action furibard, chaque scène trépidante redoublée par le choc graphique d’un sang aussi outrancier que réussi. À ce déferlement sanglant (et ses pointes d’érotisme polisson), s’ajoute une scène quasi anthologique : un homme littéralement fendu en deux, dans le sens de la longueur ! L’effet, brutal et inopiné, imprime un réalisme cru saisissant.
Au casting, quel plaisir de croiser une galerie de trognes mythiques : l’inénarrable Michael Berryman (La Colline a des Yeux) et sa gueule d’ahuri ; Eriq La Salle (L’Échelle de Jacob, Urgences) ; la regrettée et envoûtante Lisa Blount (Réincarnations, Officier et Gentleman, Prince des Ténèbres) ; Leonard Mann (Le Dernier des Salauds, Les Yeux de la Terreur) ; Richard Bright (Marathon Man, L’Ambulance), Karen Black (Trauma, la Poupée de la terreur) ; et bien sûr le patibulaire Richard Lynch (L’Épée Sauvage, Panic, Invasion U.S.A., Les Barbarians) en leader halluciné, suicidaire et orgueilleux.
Amazonia, la jungle blanche reste l’un des opus les plus nerveux et maîtrisés de Deodato. Porté par la partition trépidante de Claudio Simonetti, qui galvanise la moindre scène, ce bijou bisseux mené tambour battant dose habilement frénésie, violence sanguine et beauté sauvage d’une jungle aussi splendide qu’impitoyable (les panoramas nous en foutent plein la vue !). Un pur spectacle de série B, savoureusement concocté pour offrir un plaisir innocent à la fougue communicative.
de Todd Phillips. 1994. U.S.A. 52 minutes. Avec GG Allin, Merle Allin, Shireen Kadivar
Avertissement: ce documentaire est à réserver à un public adulte et averti, certaines séquences incongrues, hardcores et déviantes portant gravement atteintes à la dignité humaine.
In memoriam : GG Allin (Kevin Michael Allin, né Jésus Christ Allin) : 29 août 1956 – 28 juin 1993.
GG ALLIN est un artiste qui a un message à adresser à une société malade. Il nous renvoie l'image de ce que nous sommes vraiment. L'homme n'est qu'un animal capable de parler librement. Ne vous méprenez pas, derrière tout ça, il y a l'empreinte d'un cerveau. John Wayne Gacy, couloir de la mort.
VIVRE LIBRE PRESENTEMENT ET CREVER L'INSTANT D'APRES.
Voici un documentaire hors du commun que vous ne verrez jamais sur une chaine publique illustrant un personnage revendiquant un mouvement culturel et musical né en Angleterre au milieu des années 70, le Punk ! (A la base, ce mot présumé est un terme anglais signifiant "vaurien", "voyou").
Ce reportage hypnotique retrace donc la vie du chanteur punk hardcore GG Allin qui se réclame de l'indépendance anarchiste et la liberté d'expression dans une philosophie manichéenne et réactionnaire jusqu'au boutiste, aux confins de la démence.
Cet homme marginal, masochiste, ultra violent, alcoolique et héroïnomane, au bord de la folie mentale s'est rendu célèbre par son public punk d'activistes juvéniles conquis par son spectacle putride alloué à un florilège de provocations verbales et physiques comme le fait de déféquer en plein concert, s'en induire le visage et balancer sa merde au public transi ou affolé !
Durant ses concerts, GG Allin interprétait ses chansons entièrement nu (comme l'un de ses bassistes), se cognait parfois le micro contre les dents pour les fracasser, s'introduisait des objets ou de la nourriture dans son anus, proposait au public des fellations ou de se faire uriner dans la bouche d'une donzelle puis s'engageait régulièrement dans des bastons improvisés parmi ses fans (filles compris) ou les propres membres de son groupe en pleine représentation musicale.
Par ailleurs, à de nombreuses reprises, il a suggéré publiquement aux médias ses tentatives de suicide en notifiant la date ultime (ex: halloween 1989). Et quand on lui demandait pour quelle raison il ne respectait pas ses promesses, il répondait : Avec GG, tu n'obtiens pas ce que tu attends — tu obtiens ce que tu mérites.
Il rétorqua également que le suicide devait seulement être utilisé quand la personne concernée était au top, rencontrant l'au-delà au meilleur de soi même, et non au pire.
Il évoqua aussi des menaces de mort à autrui et déclara ouvertement en toute spontanéité ses tendances psychopathes de pulsions meurtrières. D'ailleurs, il rendra visite au célèbre serial-killer John Wayne Gacy ! (voir citation au début de mon article) pour disserter communément du sexe dans toute sa perversité malsaine.
Indubitablement, à cause de ses excès incessants, subversifs, immorales et incorrects (comme celle d'une visite impromptue dans une université américaine, s'attribuant à une exhibition sexuelle compromettant une "banane"), GG Allin n'échappera pas à certaines peines de prison (la plus longue date du 22 décembre 1989 au 26 mars 1991 après avoir été accusé du viol avec torture d'une femme à Ann Arbor dans le Michigan), comme son bassiste rendu coupable de s'être exhibé devant une fille mineure.
Mais Allin était capable par moment de se présenter comme quelqu'un de rationnel et réfléchi dans ses propos spéculatifs dénonçant une société de consommation pernicieuse et perfide lobotomisant l'être humain. Alors que l'instant d'après il pouvait subitement changer de comportement et se montrer ultra violent (se claquer la tête contre les murs ou prendre une femme par les cheveux pour la frapper), ordurier et vulgairement provocateur (balancer une chaise sur des témoins ou se scarifier devant une foule fascinée).
Entre temps, sa renommée grandissante entraîna des apparitions télévisuelles sur Morton Downey, Jr., Geraldo, The Jerry Springer Show et un épisode mémorable de The Jane Whitney Show.
VOYAGE AU BOUT DE LA DECHEANCE.
Allin mourut d'une overdose d'héroïne le 28 juin 1993, dans l'appartement d'une amie à New York, situé 29 Avenue B, Manhattan. Il était âgé de 36 ans. Son dernier concert fut donné dans un petit club appelé The Gas Station à New York.
Voilà pour l'essentiel de ce reportage choc éludé de complaisance racoleuse, retraçant de manière intelligible et édifiante la vie du chanteur parmi des images d'archives et vidéos amateurs, avec l'intervention des membres de son groupe, ses fans indétrônables (ne ratez surtout pas le générique de fin avec un inconditionnel maso endurci !!!) et divers témoins familiers de sa courte existence.
Que dire d'un personnage aussi cynique, nihiliste, insalubre, abjecte, vomitif mais totalement libre de son existence et ses fantasmes destructeurs voués à la débauche, la défonce, l'auto-mutilation, l'exhibition, la violence gratuite et la provocation putassière.
L'envie de vivre tout simplement en étant autonome de toutes contraintes, tous préjugés, crachant sa haine sur la race humaine (il n'avait aucun ami et détestait son public de fans conquis) et vouant un hymne à la décrépitude, la décadence, la déliquescence, l'indignité, l'avilissement et la bassesse sur fond passionnel de musique rock punk !
En résulte un documentaire fascinant, expérimental, passionnant sur un personnage hors normes, corrompu dans le vice, la haine et la folie perverse. Peut-être un psychopathe lucide d'une vie méprisable et aliénante qui a su transcender ses peurs, ses doutes et sa timidité en embrassant sa vie avec sa propre merde et ses excréments ! GG Allin peut-être abordé comme le reflet indocile de nous même en quelque sorte, le miroir de notre inconscient tributaire de notre société totalitaire et dictatoriale, auquel nous sommes résolus à tourner indéfiniment autour du cadran solaire en attendant la mort fatidique rédemptrice.
Dédicace à Christophe Krust Masson.
10.02.11
Extraits de titres notoires:
"J'en ai tellement marre de vous que je commence à en avoir vraiment marre de moi" (Bored to Death)
"Je me fous de ce que tu dis, car je suis moi" (You'll Never Tame Me)
"Poupées sans tripes et décérébrées - qui a besoin de vous ?" (You Hate Me and I Hate You)
"Est-ce que tu penses que j'en ai vraiment quelque chose à faire ?" (No Rules)
"Je ne veux pas jouer dans aucun putain de groupe des années soixante" (Abuse Myself, I Want to Die)
"J'avais l'habitude de renifler les collants des filles, mais il n'y a rien de mieux qu'une fille s'asseyant sur ton nez" (Gimme Some Head)
"Si tu as un cancer, va mourir, putain ! / Si tu as le SIDA, répand le autour de toi et prend des vies" (Die When You Die)
"Frappe moi avec une putain de hache, je ne broncherais pas" (Abuse Me, I Want to Die)
de John Irvin.1997. U.S.A. 1H37. Avec Harvey Keitel, Famke Janssen, Stephen Dorff, Michael Jai White, Timothy Hutton, Wade Dominguez, Michael Jai White, Lucy Liu, Reno Wilson, Dana Barron...
Sortie France: 25 juin 1997, Sortie U.S: 14 mars 1997
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: John Irvin est un réalisateur britannique né le 7 mai 1940 à Newcastle-upon-Tyne (Royaume-Uni).
1981 : Les Chiens de guerre, 1981 : Le Fantôme de Milburn, 1984 : Champions, 1985 : Turtle Diary, 1986 : Le Contrat, 1987 : Hamburger Hill , 1989 : Un flic à Chicago, 1994: Parfum de Scandale, 1997: City of Crime, 2001: le 4è Ange.
Polar méconnu passé inaperçu à la fin des années 90, City of Crime (en anglais City of Industry qui trouve tout son sens vers son final salvateur) ne compte pas révolutionner le genre et encore moins innover avec le classicisme d'un scénario superficiel de prime abord. Il s'agit pourtant d'un affrontement intense non dénué d'intérêt entre deux gangsters aux caractères opposés et de générations différentes. L'un est une ordure finie sans foi ni loi, l'autre un briscard talentueux, respectable et honnête envers ses compatriotes dans leurs méfaits illégaux.
Il faut dire aussi que le personnage principal interprété par Harvey Keitel porte le film à bout de bras avec une narration haletante au suspense solidement entretenu, non dénué d'une certaine ambiance funeste.
A la suite d'un braquage réussi dans une bijouterie, 4 gangsters, 2 frères et de 2 associés se décident de partager la somme équitable dans un camping-car quand le plus jeune, surnommé Skip, décide d'entourlouper son groupe en les abattant de sang froid un à un. Mais Roy, l'un des frères qui était réfugié dans les toilettes réussit à prendre la fuite in extremis sans pouvoir bénéficier de son argent rétribué. Une chasse à l'homme s'engage pour Roy, déterminé à récupérer son fameux butin et venger la mort de son frère.
Dans la prémices d'une présentation traditionnelle des personnages et des préparatifs d'un braquage à haut risque, on pouvait craindre le pire dans ses vingts premières minutes classiquement établies, à peine plus clinquantes qu'un télé-film d'hollywood night.
La brève scène de braquage où une poignée de gangsters chevronnés font irruption à visage découvert avec violence et professionnalisme se révèle sans surprise dans sa réalisation impersonnelle sans éclat particulier.
Ca n'est qu'à partir du moment où le jeune Skip va abattre froidement ses coéquipiers que le film va prendre son envol et se voir attribuer d'une ambiance de film noir à la mise en forme adulte vouée à un affrontement intense et brutal entre deux fauves à la gâchette sensible !
Cette chasse à l'homme haletante et captivante trouve une véritable efficacité dans la conduite du récit adroitement mené et l'idée d'inverser les rôles vers la fin du métrage se révèle ironiquement abrupte dans les va et vient incessants pour la quête d'un magot que tout le monde souhaite s'approprier.
La relation que va entretenir Roy avec la jeune veuve Rachel Montana (la ravissante et déjà douée Famke Janssen à ses touts débuts !) n'est pas non plus sans intérêt dans leur état d'esprit en contrariété et les états d'âme bafoués.
Un duo inopiné rendu attachant dans cette complicité diamétralement opposée de prime abord, pour être finalement concordée dans leur compassion commune.
L'immense Harvey Keitel dans le rôle du frère dépité s'empare de l'écran avec une grâce et un sens de la repartie exacerbant chaque épisode du récit. Sa présence autoritaire, son tempérament flegme, sa détermination inflexible, vindicative à fustiger et condamner un jeune malfrat sans scrupule permet d'alimenter la narration d'une réelle ampleur et d'un impact émotionnel rigide dans les enjeux conflictuels interminables.
La tête à claque Stephen Dorff est parfaitement appropriée dans sa trogne de beau gosse détestable autant qu'irritable dans son arrogance désinvolte et son refus des concessions permissives. Nous n'avons alors qu'une seule idée en tête au fil du récit, que ce malfrat exécrable soit trucidé par notre revanchard intolérant d'une balle dans la tête!
LA TRAQUE.
Partant d'un scénario sans surprise plutôt folichon et d'une réalisation peu ambitieuse, City of crime répercute cependant un polar dur et intense, à l'atmosphère noire apposée pour un affrontement parfaitement efficace entre deux anti-héros acharnés et charismatiques qu'Harvey Keitel porte de tout son poids d'acteur inné.
La bo mixant Massive Attack et Tricky ajoute de surcroit un tempo régulier assez stylé et varié, sans effet de vogue tape à l'oeil pour un rendu de petit polar prenant et dense.
Photo emprunté sur Google, appartenant au site culture-prohibee.blogspot.com
de Massimo Dallamano. 1974. 1H35. Italie. Avec Giovanna Ralli, Claudio Cassinelli, Mario Adorf, Franco Fabrizi, Farley Granger, Marina Berti, Paolo Turco, Corrado Gaipa, Micaela Pignatelli, Ferdinando Murolo...
Titre Anglais: What have you done to your daughters ? (qu’avez-vous fait à nos enfants ?)
FILMOGRAPHIE: Massimo Dallamano est un réalisateur et directeur de la photo Italien, ex-assistant de Sergio Leone, né le 17 avril 1917, mort le 4 novembre 1976 des suites d'un accident de voiture. 1969: La Vénus en Fourrure, 1972: Mais qu'avez vous fait à Solange ? 1973: Piège pour un tueur, 1974, Innocence et désir,La Lame Infernale, 1975: Emilie, l'enfant des Ténèbres, 1976: Section de choc.
Jeunes et insouciantes
Deux ans après son mythique Mais qu'avez vous fait à Solange ?Massimo Dallamanorécidive avec le Giallo à travers une (nouvelle) sombre affaire de moeurs sexuelles établie du point de vue d'une corruption politique. Pour cause, un sordide groupuscule de fonctionnaires ainsi qu'un ministre notoire sont liés à un réseau de prostitution mineure auquel la police aura la lourde tâche de poursuivre en justice. Giallo rare, oublié et méconnu, la Lame Infernale demeure pourtant une des grandes réussites du genre auquel Ténèbres d'Argento semble acquérir certaines similitudes. De par la tonalité du rythme vif et percutant, la violence brutale des meurtres frénétiques (même si plutôt concis, telle cette main tranchée aspergeant un mur ensanglanté !) et surtout la rythmique d'un score entêtant adoptant une démarche clippesque. Pourvu d'un solide scénario fustigeant une société avilie par une hiérarchie policière, La Lame Infernale est une merveille d'efficacité menée à un rythme sans faille (comme son joli titre français le suggère !). L'inspecteur Silvestri associé à une séduisante juge d'instruction vont tenter de démasquer et faire éclater au grand jour une sordide affaire de meurtres juvéniles compromettant une haute organisation de notables et politiciens. A travers une mise en scène nerveuse et assidue, accentuée de la bande son de Stelvio Cipriana, La Lame Infernaledéveloppe un récit charpenté auprès d'un enquête fertile en rebondissements et actions cinglantes.
Course poursuite automobile prenant en chasse une moto, homicides au hachoir d'une violence rigoureuse et suspense diaboliquement soutenu (Spoiler !!!jusqu'à sa conclusion incorrecte au risque d'en dérouter plus d'un lors de sa résolution laissée en suspens. Fin du Spoil). Un parti-pris fructueux dans le sens où Massimo Dallamano souhaite dénoncer l'omnipotence de ces politiciens véreux rendus intouchables face à une police aussi bien désarmée qu'impuissante. Qui plus est, nombre de scènes angoissantes rehaussées d'une ambiance ténébreuses s'avèrent particulièrement tendues (la poursuite dans le parking, la tentative de meurtre dans l'hôpital, la visite de la mère dans la morgue), la caméra mobile arpentant de façon obsessionnelle les lieux insécurisants. D'autres séquences autrement suggérées dégagent enfin une atmosphère licencieuse incommodante, telle l'écoute d'une cassette sur magnéto auquel est enregistré le discours d'un notable vicié s'adressant avec sadisme auprès d'une ado moralement désarmée. L'excellent Claudio Cassinelli (le Lion du Désert, Le Continent des Hommes poissons),prête son assurance en inspecteur inflexible de par sa détermination à traquer sans relâche un motard affublé d'un hachoir. D'ailleurs, l'accoutrement vestimentaire peu commun de ce dernier sera utilisé plus tard par le réalisateurKen Hughes afin de parfaireLes Yeux de la Terreur (justement récompensé à Avoriaz en 1981 du Prix Spécial du Jury). Semblable à la plantureuse Edwige Fenech, Giovanna Ralli (Nous nous sommes tant aimés) lui partage la réplique avec un charme discret en juge d'instruction non dénuée de compétence et de caractère pour défendre ses opinions.
Qu'avez vous fait à nos enfants ? Jouissif en roue libre, de par l'impact de sa partition formidablement entraînante (au passage, l'expérimental Amer se réappropriera du thème !), l'efficacité de sa mise en scène nerveuse ne laissant nul répit et son scénario particulièrement fétide alimentant un suspense tendu, La Lame Infernale constitue un fleuron du genre auquel l'autre étalon du genre, Ténèbres,s'y fait lointainement écho.