Photo empruntée sur Google, appartenant au site c1n3.org
d'Irvin Kershner. 1990. U.S.A. 1h57. Avec Peter Weller, Nancy Allen, Dan O'Herlihy, Tom Noonan, Belinda Bauer, Robert DoQui, John Glover, Gabriel Damon.
Sortie salles France: 5 Septembre 1990. U.S: 22 Juin 1990
FILMOGRAPHIE: Irvin Kershner est un réalisateur et producteur américain, né le 29 Août 1923 à Philadelphie (Pennsylvanie), décédé le 27 Novembre 2010 à Los Angeles (Californie).
1958: Stakeout on Dope Street. 1959: The Young Captive. 1961: Le Mal de vivre. 1963: Face in the Rain. 1964: The Luck of Ginger Coffey. 1966: l'Homme à la tête fêlée. 1967: Une sacré fripouille. 1970: Loving. 1972: Up the Sandbox. 1974: Les 'S' Pions. 1976: La Revanche d'un Homme nommé Cheval. 1978: Les Yeux de Laura Mars. 1980: l'Empire contre-attaque. 1983: Jamais plus jamais. 1990: Robocop 2.
C'est au réalisateur de l'Empire contre-attaque (et de l'excellent Les Yeux de Laura Mars !) qu'incombe finalement la tâche t'entreprendre une suite du chef-d'oeuvre de Verhoeven. Robocop 2 étant astucieusement un titre à double sens puisqu'il caractérise surtout le prototype d'un nouveau cyborg malintentionné ! Avec l'aide du scénariste Frank Miller, cette séquelle reprend les mêmes ingrédients de son prédécesseur dans son mélange de satire politique (pubs parodiques à l'appui) et d'action destroy où l'ultra violence continue de verser dans la surenchère. Je songe particulièrement à l'éventration chirurgicale opérée sur un flic corrompu, ou encore aux mesquineries d'une bande de marmots cambrioleurs n'hésitant pas à tabasser son commerçant. Si cette dernière séquence s'avère un brin ironique par son caractère débridé, elle n'en demeure pas moins implicitement dérangeante dans son amoralité, quand bien même un peu plus tard, un gamin d'à peine 13 ans régira le contrôle du marché de la drogue depuis que Cain aura été vaincu par Robocop !
Dans les rues de Detroit, violence et délinquance règnent en maître alors que nos politiciens et magistrats continuent de sombrer dans la corruption. Cain, trafiquant notoire, décide de ravitailler la population de sa nouvelle drogue synthétique: le Nuke ! Lancé à ses trousses, Robocop est piégé par ses sbires lors d'un guet-apens. Réduit en charpie, il est rapatrié dans les locaux de l'OCP afin de pouvoir le remettre sur pied. Mais sous la direction d'une doctoresse arriviste, il devient aujourd'hui une nouvelle machine docile dénuée de bravoure et de lucidité. Conscient de son état régressif, il décide de s'électrocuter afin de retrouver sa mémoire. Pendant ce temps, le dealer Cain reprend ses activités de dealer avant que Robocop ne revienne prendre sa revanche.
Voilà pour le bref résumé de la première partie, car sous la plume de Frank Miller, Robocop 2 remotive son intrigue à mi-parcours avec la présence d'un nouvel intervenant ! Un cyborg particulièrement irascible car préalablement dépendant à la prise de stupéfiants ! J'ai nommé Cain, réduit en l'occurrence à l'état de mi-homme, mi-androïde par les membres de l'OCP afin de pouvoir concurrencer avec l'obsolète Robocop ! Bien évidemment, notre héros d'acier redresseur de torts n'aura pas dit son dernier mot !
Ce scénario huilé est un nouveau prétexte afin de transfigurer une bande dessinée destroy grandeur nature ! Fertile en péripéties et action explosive, le spectacle n'est jamais une complaisance gratuite afin de combler nos attentes car il ne fait que respecter la ligne directive de sa narration. Cette efficacité endiablée est notamment renforcée par la fluidité de la mise en scène ainsi que la crédibilité imposée aux effets-spéciaux, quand bien même la lisibilité de l'action nous permet de nous y immerger intensément. Particulièrement son point d'orgue anthologique étalant sur une durée de près de 20 minutes un florilège de bastons dantesques et de fusillades épiques !
Privilégiant la générosité du spectacle explosif, Irvin Kershner ne loupe pas le coche pour faire honneur à son modèle, même s'il pallie un peu la psychologie humaine émise à l'homme machine. Outre sa mise en scène solide et l'efficience des rebondissements, c'est notamment sa galerie excentrique de personnages véreux (en particulier sa délinquance juvénile !) et la peinture caustique impartie à une société anarchique qui rendent l'aventure aussi stimulante !
La critique deRobocop: http://brunomatei.blogspot.fr/2012/09/robocop-directors-cut.html
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr
de Robert Rodriguez. U.S.A. 1998. 1h44. Avec Jordana Brewster, Josh Hartnett, Laura Harris, Elijah Wood, Clea DuVall, Shawn Hatosy, Salma Hayek.
Sortie salles France: 2 Juin 1999. U.S: 25 Décembre 1998
FILMOGRAPHIE: Robert Rodriguez est un réalisateur et musicien américain, d'origine mexicaine, né le 20 Juin 1968 à San Antonio, Texas, Etats-Unis.
1992: El Mariachi. 1993: Roadtracers (télé-film). 1995: Desperado. 1995: Groom Service (Four Rooms, segment: The Misbehavers). 1996: Une Nuit en Enfer. 1998: The Faculty. 2001: Spy Kids. 2002: Spy Kids 2. 2003: Spy Kids 3. 2003: Desperado 2. 2005: Sin City. 2005: Les Aventures de Shark Boy et Lava Girl. 2007: Planète Terror. 2009: Shorts. 2010: Machete (co-réalisé avec Ethan Maniquis). 2011: Spy Kids 4. 2013: Machete Kills. 2014: Sin City: j'ai tué pour elle. 2014: From dusk till Daw: The Series (épis 1,2 et 4).
Deux ans après le défouloir horrifique Une Nuit en Enfer, Robert Rodriguez continue de verser dans l'hommage amusé avec The Faculty. Une satire sur le milieu scolaire auquel une bande de lycéens vont devoir se mesurer à l'autorité drastique de leurs professeurs grâce à l'usage de la coke ! Et cela depuis qu'une nouvelle entité extra-terrestre s'est infiltrée dans le corps des enseignants ! La seule arme pour les démasquer et les éradiquer est dégotée par la poudre blanche qu'un étudiant avait discrètement trafiqué dans son laboratoire !
Partant de ce maigre postulat hérité d'une série Z des années 50, difficile de faire plus grotesque ! Sauf que Robert Rodriguez assume son sens du second degré avec une bonne dose d'ironie et de frénésie. La mise en scène énergique exploitant habilement péripéties et clichés tout en reprenant les thèmes conceptuels du complot et de la paranoïa (une illustre séquence de The Thing est implicitement reprise sous un ton parodique !). D'ailleurs, le récit s'avère si bien construit et captivant qu'on finit rapidement par se laisser convaincre de la menace improbable allouée au corps enseignant. Ce ton pittoresque est notamment renforcé par l'impertinence des professeurs se prenant un malin plaisir à brimer nos étudiants. Quand bien même ces derniers n'auront jamais autant psychotés devant leur présence interlope ! Avec l'entremise de jeunes comédiens en herbe, Rodriguez n'évite pas le stéréotype pour leur personnalité distincte, mais réussit néanmoins à insuffler une réelle sympathie dans leur esprit de solidarité et leur complicité héroïque. D'ailleurs, deux de ces comédiens ont depuis su faire leur preuve dans d'autres productions pour accéder au rang de notoriété (Josh Hartnett, Elijah Wood !). Enfin, un bémol est à souligner envers certains FX numérisés (les plans rapides de doigts coupés ou d'une tête sectionnée) alors que d'autres sont beaucoup plus persuasifs (je pense à l'imposante créature finale !).
Mort aux profs ! Hommage à la science-fiction alarmiste des années 50 et au Monster Movie, The Faculty tire parti de son caractère ludique par la spontanéité des jeunes comédiens et par l'esprit décomplexé d'un réalisateur motivé par la dérision. A titre subsidiaire, outre son rythme infaillible, on peut aussi louer l'exploitation judicieuse de son thème musical, retouche modernisée au tube The Wall !
Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com
de David Cronenberg. 1977. Canada. 1h31. Avec Marilyn Chambers, Frank Moore, Joe Silver, Howard Rysphan, Patricia Gage, Susan Roman, Jean-Roger Périard, Terry Schonblum.
Sortie salles France: 3 Août 1977. Canada: 8 Avril 1977
FILMOGRAPHIE: David Cronenberg est un réalisateur canadien, né le 15 mars 1943 à Toronto (Canada). 1969 : Stereo, 1970 : Crimes of the Future, 1975 : Frissons, 1977 : Rage, 1979 : Fast Company, 1979 : Chromosome 3, 1981 : Scanners, 1982 : Videodrome, 1983 : Dead Zone, 1986 : La Mouche, 1988 : Faux-semblants,1991 : Le Festin nu, 1993 : M. Butterfly, 1996 : Crash, 1999 : eXistenZ, 2002 : Spider, 2005 : A History of Violence, 2007 : Les Promesses de l'ombre, 2011 : A Dangerous Method. 2012: Cosmopolis.
"L’aisselle du mal"
Rage: définition. La rage est une maladie virale grave touchant les mammifères dont les humains. Elle est causée par un virus qui provoque une encéphalite. La rage est une zoonose assez commune qui touche surtout les carnivores. Les symptômes sont nerveux ; parfois une agressivité bien qu'il existe aussi des formes plus frustes où le malade est particulièrement calme. En Europe, la rage a efficacement été éliminée de certains pays par distribution d'appâts vaccinants dispersés dans la nature. Entre 40 000 et 70 000 personnes décèdent de la rage chaque année dans les pays d'Afrique et d'Asie, où la maladie est endémique.
Deux ans après le séminalFrissons, David Cronenberg renoue avec l'épouvante viscérale en adoptant les codes du film catastrophe.
Le pitch: Après un accident de moto et une greffe de peau, une femme devient porteuse d’un germe inconnu. En état de manque, poussée par une soif irrépressible, elle attaque ses victimes à l’aide d’un dard logé sous son aisselle. Sommairement, chaque contaminé sombre dans une violence erratique, comme frappé d’une épidémie de rage.
Diptyque entamé avec Frissons, Rage partage cette même aura malsaine que Cronenberg vient ici décupler à l’aide d’une photographie blafarde et d’une mise en scène clinique, quasi documentaire.
Nouvelle expérience de terreur dénonçant les dérives de la médecine de pointe, Rage exacerbe la peur du virus sous sa forme la plus alarmiste, empruntant les chemins du vampirisme de manière singulière.
La narration suit la trajectoire d’une descente aux enfers irréversible, où l’épidémie se répand avec une lenteur insidieuse, contaminant quiconque croise la route de l’infectée.
Fébriles, écumant, les yeux injectés de sang, le regard hagard, les porteurs du mal fondent sur leurs proies pour les mordre à pleines dents.
Ce climat d’insécurité grandissante, implanté dans une ville en état de siège, Cronenberg le retranscrit avec une troublante véracité, jalonné de séquences choc — terrifiantes ou simplement dérangeantes.
À l’instar de cette image finale inoubliable, où Marilyn Chambers est jetée comme un déchet dans le conteneur d’un camion par des éboueurs en combinaison.
En maître de l’angoisse, Cronenberg renouvelle l’horreur sous sa forme la plus crue, en y greffant une angoisse collective propre au film-catastrophe : celle de la contamination, celle de la rage, celle de l’impuissance des pouvoirs publics à enrayer la menace.
Alors ne reste plus que la réponse brute, implacable : appliquer la loi martiale.
Ancienne star du X, Marilyn Chambers surprend dans ce rôle à contre-emploi. Elle y révèle un réel talent de comédienne, incarnant une femme-vampire inconsciente de ses actes, à la fois prédatrice et innocente.
Sensuelle, troublante, elle dégage une aura magnétique presque surnaturelle, attirant ses victimes dans une séduction muette, chargée de sous-entendus lubriques.
Sa présence, délétère et charnelle, contribue largement au climat anxiogène du film, cristallisant toute l’ambiguïté de ses exactions meurtrières.
"Le germe sous la peau"
Véritable cauchemar sur pellicule, Rage est une expérience viscérale à bout de souffle. Cronenberg y broie le spectateur, l’entraînant dans une spirale morbide d’où l’on sort souillé, éprouvé.
La folie de ses images, leur puissance de répulsion, laissent derrière elles une trace poisseuse : celle d’une décadence meurtrière impossible à laver.
La critique de Frissons: http://brunomatei.blogspot.fr/2012/08/frissons-shivers-parasite-murders-they.html
Photo empruntée sur Google, appartenant au site notrecinema.com
de Francis Lawrence. 2007. U.S.A. 1h44. Avec Will Smith, Alice Braga, Charlie Tahan, Salli Richardson-Whitfield, Willow Smith, Darrell Foster, April Grace.
Sortie salles France: 19 Décembre 2007. U.S: 14 Décembre 2007
FILMOGRAPHIE: Francis Lawrence est un réalisateur américain, né le 26 Mars 1971 à Vienne en Autriche.
2005: Constantine. 2007: Je suis une Légende. 2011: De l'eau pour les Eléphants. 2013: Hunger Games: l'Embrasement. 2014: Hunger Games, la Révolte (part 1). 2015: Hunger Games: la Révolte (Part 2).
Troisième adaptation du roman de Matheson,Je suis une légende n'est pas le blockbuster formaté que l'on aurait pu craindre avec sa tête d'affiche largement prisée des ados. Servi par un Will Smith d'une surprenante sobriété dans son humanisme déchu, cette relecture post-apo joue la carte de l'intimisme avec ce scientifique plongé dans le désarroi de la solitude, car dernier new-yorkais depuis qu'un virus a enrayé 90% de la démographie mondiale. Ayant comme seule compagnie son chien, ils sillonnent ensemble les quartiers dévastés pour tenter de retrouver un quelconque rescapé. Mais dès la nuit tombée, des infectés assoiffés de sang sortent de leur tanière afin d'éradiquer toute présence humaine !
Avec ces décors d'urbanisation décharnée où le climat feutré s'avère tangible, Je suis une Légende joue la carte de la désolation dans un réalisme rigoureux. Eludé de présence humaine (du moins dans sa 1ère partie !), le film dégage un sentiment trouble de silence diffus quand bien même notre héros s'exprime le plus souvent de manière laconique. Observer l'amertume d'un survivant condamné à sa solitude et contraint de bavasser avec des mannequins de vitrine illustre bien le besoin intrinsèque de tout être humain de vivre en communauté et échanger la discussion avec son prochain. Quand à l'attention et la tendresse qu'il témoigne pour son chien, c'est l'instinct amoureux et l'amitié que notre héros dévoile en désespoir de cause. En privilégiant l'atmosphère monocorde, le réalisateur nous fait également partager son isolement au sein de sa demeure. De façon récurrente, il se réfugie dans le sous-sol pour pratiquer des expérimentations sur des contaminés afin de trouver un vaccin pour les guérir. De manière très efficace, car ne cédant jamais à la gratuité de l'esbroufe, Francis Lawrence n'oublie pas d'entretenir un climat d'angoisse particulièrement tendu lorsque Robert Neville est pris à parti avec les mutants dans les souterrains obscurs de la ville. Sa manière expectative de télescoper suspense et tension est renforcée par l'attitude forcenée des mutants. Des créatures de l'ombre redoutablement furtives quand il s'agit de sortir la nuit pour pourchasser leur proie ! Si les FX numériques auraient gagnés à être perfectibles (texture trop léchée), ils n'en demeurent pas moins convaincants et réellement impressionnants, principalement au niveau de la physionomie émaciée des infectés et de leur vélocité incontrôlée ! La seconde partie apaise un peu la tension préalablement instaurée avec la rencontre fortuite d'une survivante et de son fils. SPOILER ! Persuadée qu'une colonie de survivants existe en dehors de New-York, elle va tenter de convaincre Robert Neville de prendre la route, avant qu'une dernière altercation avec les mutants ne vienne les bouleverser FIN DU SPOILER. Entre défaitisme et aspiration, le réalisateur privilégie leur rapport conflictuel avec pudeur pour la postérité d'un monde nouveau mais aussi pour l'évolution humanisée des mutants (du moins dans son épilogue originel souhaité par le réalisateur). A contrario, on peut aussi approuver la thématique du sens du sacrifice émise par le héros dans la version diffusée en salles.
En privilégiant la dimension humaine de son héros, Francis Lawrence réadapte un classique d'anticipation avec l'humilité poignante, tout en s'autorisant des moments de tension réellement anxiogènes ainsi qu'une action homérique salutaire. L'esthétisme post-apo retranscrit dans un New-York délabré s'avère également expressif pour nous immerger dès le prélude dans un climat des plus mutiques.
Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com
de Jean-Marc Vallée. 2013. U.S.A. 1h57. Avec Matthew McConaughey, Jared Leto, Jennifer Garner, Denis O'Hare, Steve Zahn, Michael O'Neill, Kevin Rankin.
Sortie salles France: 29 Janvier 2014. U.S: 1er Novembre 2013
FILMOGRAPHIE: Jean-Marc Vallée est un réalisateur et scénariste américain, né le 9 Mars 1963 au Québec.
1992: Stéréotypes. 1995: Les Fleurs Magiques. 1995: Liste Noire. 1997: Los Locos. 1998: Les Mots Magiques. 1999: Loser Love. 2005: C.R.A.Z.Y. 2009: Victoria: les jeunes années d'une reine. 2011: Café de Flore. 2013: The Dallas Buyers Club.
Témoignage de survie contre le Sida, Dallas Buyers Club puise sa densité dans l'intérêt de sa narration fustigeant les compagnies pharmaceutiques ricaines. L'action se situe à Dallas en 1986. Ron Woodroof est un joueur de rodéo homophobe très porté sur le sexe et la drogue. Un jour, il apprend qu'il est déclaré séropositif, quand bien même le médecin lui avoue qu'il lui reste 30 jours à vivre. Refusant de se faire soigner à l'AZT, il décide de se lancer dans la contrebande médicamenteuse afin de prolonger son existence face à des produits beaucoup plus fiables.
De manière dépouillée et sans effet de pathos, Jean-Marc Vallée nous livre un drame poignant sur la condition du malade tout en sublimant le portrait d'un homophobe en rédemption. Servi par deux acteurs hors-pair, le film doit beaucoup de son intensité par la complicité qu'ils entretiennent à l'écran. Jared Leto incarnant un jeune homosexuel fragile et extravagant dans sa posture efféminée, alors que Matthew McConaughey endosse celui d'un cow-boy incontinent mais fugace dans son désir de bafouer les réglementations de son pays. Presque méconnaissables dans une posture famélique, les comédiens se livrent à coeur ouvert dans leur combat acharné de daigner repousser la fatalité de la mort en retardant le plus loin possible sa probation. Ce qui donne parfois lieu à des moments d'émotion bouleversante quand l'un d'eux doit se préparer à accepter sa défaite. Cet instant de vérité où l'on se refuse à admettre l'inéluctable, le réalisateur le retransmet avec la dimension du jeu d'acteur où la notion d'injustice est exprimée par l'affliction du désespoir.
Le réalisateur nous fait donc partager leur amitié à travers la cohésion professionnelle dans leur projet émis au "Dallas buyers club". Un centre officieux permettant d'accueillir les malades porteurs du VIH et de les soigner avec une médicamentation illégale mais beaucoup plus fructueuse que celle instaurée dans les hôpitaux. Avec empathie humaine, le réalisateur met en évidence le parcours évolutif de Ron Woodroof, personnage gueulard plutôt rustre mais contraint de cohabiter avec un gay lui permettant ainsi d'éprouver regain de tolérance. Grâce aux produits de substitution, leur parcours drastique à souhaiter prolonger leur vie et celle des malades permet de pointer du doigts l'inefficacité des administrations américaines à négliger sur leur sol des médicaments étrangers beaucoup plus compétents pour le traitement du patient.
Dominé par l'interprétation viscérale de deux acteurs méconnaissables, Dallas Buyers Club tire parti de leur présence humaine avec une vérité aussi poignante que bouleversante. Leur sombre destin s'érige en témoignage humble pour la survie de millions de malades et stigmatise avec lucidité l'hypocrisie de la déontologie médicale. C'était au milieu des années 80, en pleine ascension de l'homophobie et du SIDA, et Ronald Woodroof y laissera son empreinte le 12 Septembre 1992 ! Bruno Matéï
Récompenses: Prix du Public et Prix du meilleur acteur pour Matthew McConaughey au Festival international de Rome 2013.
Meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Loto, Alliance of women film journalists awards 2013.
Meilleur acteur pour Jared Leto, African-American Film Critics Association Awards 2013
Meilleur acteur pour Matthew McConaughey, meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, Alliance of Women film journalists Awards 2013.
Meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, Austin Film Critics Association Awards 2013.
Meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, Black Film Critics Circle Awards 2013.
Meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, Boston Online Film Critics Association Awards 2103.
Meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, Chicago Film Critics Association Awards 2013.
Meilleur acteur pour Matthew McConaughey, meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, Dallas-Fort Woth Film Critics Association Awards 2013.
Meilleur acteur pour Matthew McConaughey, meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, Detroit Film Critics Society Awards 2013.
Meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, Florida Film Critics Circle Awards 2013
Meilleur acteur pour Matthew McConaughey, Gotham Awards 2013
Meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto: Houston Film Critics Society Awards 2013.
Meilleur acteur pour Matthew McConaughey, meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, Las Vegas Film Critics Society Awards 2013.
Meilleur acteur pour Matthew McConaughey, meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, Nevada Film Critics Society Awards 2013.
Meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, New-York Film Critics Circle Awards 2013.
Meilleur acteur pour Matthew McConaughey, meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, Phoenix Film Critics Society Awards 2013.
Meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, San Diego Film Critics Society Awards 2013.
Meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, Southeastern Film Critics Association Awards 2013.
Meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, St-Louis Film Critics Association Awards 2013.
Meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, Toronto Film Critics Association Awards 2013.
Meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, Washington D.C Area Film Critics Association Awards 2013
Desert Palm Achievement Award pour Matthew McConaughey (ex-æquo avec Sandra Bullock), Festival international du film de Palm Springs 2014.
Meilleur Acteur pour Matthew McConaughey, Meilleur acteur de second rôle pour Jared Leto au Critics'Choice Movie Awards 2014.
Meilleur Acteur pour Matthew McConaughey, Meilleur acteur de second rôle pour Jared Leto au Golden Globes 2014.
Meilleur Acteur pour Matthew McConaughey, Meilleur Acteur de second rôle pour Jared Leto au Screen Actors Guild Awards 2014
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Moviecovers.com
de Lamont Johnson. 1983. U.S.A. 1h30. Avec Peter Strauss, Molly Ringwald, Ernie Hudson, Michael Ironside, Andrea Marcovici, Beeson Carroll, Grant Hallianak, Deborah Pratt.
Sortie salles France: 7 Septembre 1983
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lamont Johnson est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste américain, né le 30 Septembre 1922 à Stockton (Californie), décédé le 25 Octobre 2010 à Monterey (Californie). 1967: A Covenant with Death. 1969: Haute tension dans la ville. 1970: L'Evasion du capitaine Schlütter. 1971: Dialogue de feu. 1972: Requiem pour un espion. 1976: Viol et Châtiment. 1978: Qui a tué mon cher mari ? 1983: Le Guerrier de l'espace. 1993: La Chaîne brisée. 1996: The man next door (télé-film). 1997: Le loup et le raven (télé-film) .
"Pour sauver trois jeunes femmes prisonnières dans une zone interdite de la galaxie... Un aventurier et une rebelle de l'espace affrontent une planète dont personne n'est jamais revenu !"
"Sous le ciel rougi de Terra 11 : errance et tendresse dans Le Guerrier de l’Espace".
Sorti en pleine vague post-nuke inaugurée par Mad Max, Le Guerrier de l’Espace mêle space opera et western futuriste avec une fougue bonnard. Car si le postulat reste minimaliste — un guerrier solitaire tente de sauver trois jeunes femmes des griffes du dictateur Overdog — l’intérêt réside surtout dans les personnages que croise notre héros au fil du périple. Embarrassé par une adolescente impertinente, Wolff se voit contraint de s’allier à cette inconnue avant que son vieil ami Washington ne vienne les rejoindre. Le sel du film tient alors à leur rapport conflictuel, où les chamailleries abondent, toujours teintées d’une tendresse qui s’affirme.
Molly Ringwald, au-delà d’un physique gentiment agréable, transmet avec spontanéité et fragilité cette bohémienne entêtée, brute de décoffrage, dénuée d’éducation. Dans le rôle du chasseur solitaire, Peter Strauss détonne : héros faussement bourru, il se révèle humble, prêt à tendre la main à ses compagnons. Parfois un peu en retrait dans ses élans héroïques, l’acteur fait oublier son statut de star de série TV (Le Riche et le Pauvre) par une décontraction assumée.
Défavorisé par un budget modeste, Lamont Johnson réussit pourtant à dépeindre un univers post-apo photogénique, confiné à ce désert rocailleux de Terra 11. Pour renforcer son étrangeté, le réalisateur charge l’atmosphère d’un filtre rouge et ocre, solaire et dépourvu d’urbanisation. Par ses péripéties gentiment trépidantes et ses dialogues cocasses, il s’appuie à nouveau sur ses personnages — cette fois antagonistes — pour relancer l’intrigue et amuser : nécrophages, monstres gloutons, tribu d’enfants-mutants, amazones, vautours du Suprême planant dans le ciel…
Côté mécanique, la gamme d’engins motorisés — dont un navire scellé sur rail — et le repaire interdit évoquent inévitablement la scénographie barbare de Georges Miller et ses ersatz transalpins, tous fidèles au filon post-apo. Si cet univers bricolé prête aujourd’hui à sourire, il conserve une crédibilité bariolée et rouillée, même si certains maquillages délirants (Overdog et ses pinces métalliques robotisées en tête) semblent tout droit sortis d’une BD de science-fiction.
"L’écho dessiné du désert futuriste : poésie brute d’un post-nuke oublié".
Porté par un score orchestral épique et la bonhomie de ses héros, Le Guerrier de l’Espaces’appuie sur la simplicité d’une aventure éculée et l’aridité futuriste pour divertir sans prétention. Il dégage un charme innocent délectable, une formidable série B rétro que la génération 80 retrouvera avec une douce pointe de nostalgie.
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com
de Daniel Myrick et Eduardo Sanchez. 1999. U.S.A. 1h21. Avec Heather Donahue, Joshua Leonard, Michael C. Williams, Bob Griffith, Ed Swanson.
Sortie salles France: 28 Juillet 1999. U.S: 30 Juillet 1999 FILMOGRAPHIE: Daniel Myrick, né le 30 Novembre 1962 à Sarasota, Floride (Etats-Unis), est un réalisateur, scénariste, monteur, directeur de la photographie et producteur américain.
1999: Le Projet Blair Witch. 1999: Curse of the Blair Witch (Doc). 2004: The Strand. 2007: Believers. 2009: Ultimate Patrol. Eduardo Sanchez est un réalisateur, scénariste et producteur américain d'origine cubaine, né le 20 Décembre 1968. 1999: Le Projet Blair Witch. 1999: Sticks and Stones: Investigating the Blair Witch (vidéo). 1999: Curse of the Blair Witch (Doc). 2006: Altered. 2008: Seventh Moon. 2009: ParaAbnormal. 2011: Lovely Molly. 2013: V/H/S 2 (segment: A ride in the Park). 2013: Four Corners of Fear. 2014: Exists.
Succès planétaire vanté plus tôt par internet si bien que les réalisateurs ont eu l'habileté de répandre une fausse rumeur afin de nous faire croire qu'il s'agissait d'un vrai documentaire auquel les comédiens disparurent réellement (idée juteuse inspirée par la combine de Deodato avec Cannibal Holocaust !), Le Projet Blair Witch reprend le concept du documenteur (prénommé depuis Found Footage) avec une efficacité littéralement éprouvante. Car à partir d'un pitch simpliste bâti sur la légende urbaine d'une sorcière, les réalisateurs Daniel Myrick etEduardo Sanchez renouvellent la flippe sur pellicule grâce au procédé réaliste de la caméra portée à l'épaule. Et si d'autres cinéastes empruntèrent déjà avec succès cette méthode d'immersion au plus près du reportage (Punishment Park, C'est arrivé près de chez vous et l'inévitable Cannibal Holocaust), nos deux compères se sont ici surpassés pour provoquer une authentique frousse avec leur budget dérisoire avoisinant 75 000 dollars. Outre la véracité du jeu (improvisé) des comédiens toujours plus en état de marasme, l'impact du Projet Blair Witch émane de sa scénographie forestière, environnement opaque de tous les dangers les plus insinueux.
La manière suggérée dont les réalisateurs s'y entreprennent pour insuffler un climat anxiogène découle notamment de l'attitude désemparée des protagonistes transpirant sur notre conscience aussi contrariée que démunie. Trois jeunes campeurs sans ressource, épuisés par la fatigue, la faim, la survie, se retrouvent peu à peu désorientés car piégés au coeur d'une forêt tentaculaire lourde de secrets. Essentiel antagoniste du récit à l'aura inhospitalière hyper malaisante. Filmé en mode Vhs, la texture granuleuse, tantôt monochrome tantôt sépia de l'image doivent beaucoup à l'effet d'immersion procuré que le spectateur redoute avec une inquiétude toujours plus lourde. Car en jouant sur le mythe, la peur du noir et les bruits à la fois insécures et suspicieux, à l'instar de chuchotements d'enfants ou d'un hurlement lointain, mais en jonglant aussi sur les symboles du vaudou, Le Projet Blair Witch table sur l'autosuggestion afin d'exacerber un sentiment de paranoïa oh combien destabilisant sur nos protagonistes en perte totale de repères. Au malaise diffus subtilement répandu, le spectateur semble donc, comme ces protagonistes dépressifs, aussi impliqué dans l'incompréhension en redoutant la prochaine vision nocturne avec fascination apeurée ! Quand bien même le fameux point de rencontre établi dans les pièces d'une maison insalubre, méandre délabré de l'inconnu, atteindra son apogée d'une terreur aussi sourde (ou presque) que sournoise ! Moment de pure terreur aussi anthgologique que n'importe quelle séquence démoralisante de l'Exorciste de Friedkin.
Avec une incroyable efficacité de suggestion et la persuasion viscérale des comédiens expressifs, Le Projet Blair Witch fascine, captive, éprouve, dérange au possible avec une anxiété dépressive toujours plus redoutée. Si bien que rarement au cinéma une forêt feutrée n'aura été rendue aussi photogénique, délétère, licencieuse, redoutablement mesquine. Pour preuve, si vous en avez le courage, tentez d'aller faire un tour dans le fourré de votre région sitôt le générique écoulé. BM 19.03.25. 5èx
Récompenses: Prix de la Jeunesse en 1999 Prix de la meilleure première œuvre ayant un budget inférieur à 500 000 dollars, lors des Film Independent's Spirit Awards 2000.
Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com
de Chris Sivertson. 2007. U.S.A. 1h47. Avec Lindsay Lohan, Julia Ormond, Neal McDonough, Brian Geraghty, Garcelle Beauvais, Spencer Garrett, Gregory Itzin.
Sortie salles U.S: 27 Juillet 2007
FILMOGRAPHIE: Chris Sivertson est un réalisateur, scénariste et producteur américain.
2001: All Cheerleaders Die (co-réalisateur). 2006: The Lost. 2006: The Best of Robbers. 2007: I know who killed me. 2011: Brawler. 2013: All Cheerleaders Die.
Conspué aux Razzie Awards au point de repartir avec 8 (pires) récompenses, I Know who killed me est loin d'être la daube que tout le monde s'est empressé de décrier. Le problème majeur avec cette série B attachante provient de son scénario aussi déstructuré qu'inabouti où nombres d'incohérences et questions sans réponses fusent. Après avoir été horriblement mutilée, Aubrey réussit in extremis à réchapper à son ravisseur. Recueillie dans un hôpital, elle se réveille avec la certitude de se prénommer Dakota. Persuadée d'avoir une soeur jumelle, elle décide de mener sa propre enquête afin de la retrouver et appréhender le tueur.
Si le début du film présage un slasher moderne façon tortur'porn, la suite s'oriente plutôt du côté du giallo avec son tueur fétichiste particulièrement inquiétant, d'autant plus pourvu d'une arme blanche singulière. Quand bien même l'élément le plus qualitatif concerne sa mise en scène stylisée particulièrement raffinée, renforcée d'une photographie flamboyante. Et à ce niveau, on sent que le réalisateur s'est appliqué à fignoler un esthétisme baroque où la fantasmagorie occupe une place de choix. En brassant les thèmes du double et de la gémellité, Chris Sivertson sème doute et confusion à travers les dérives hallucinogènes d'une héroïne en perte identitaire ! Egarée dans les eaux troubles de la schizophrénie, ou lucide d'avoir été piégée par une machination, sa quête de vérité est un cheminement tortueux où rêve et réalité se confondent afin de mieux nous confiner dans son dédale mental. Sans user de violence complaisante (même si 2/3 séquences graphiques s'avèrent corsées), Chris Sivertson privilégie plutôt le suspense latent auquel la dernière demi-heure va accroître son degré d'intensité. En prime, son climat irréel baignant parfois dans une poésie morbide héritée de Bava (le cercueil de verre et les pétales de rose bleue) séduit autant qu'il trouble par son aspect hermétique ! Si l'interprétation reste modestement appréciable, Lindsay Lohan réussit à s'y détacher en faisant preuve de plus d'implication pour incarner un double rôle en demi-teinte (l'étudiante docile vs la prostituée torturée).
Trop confus et inachevé pour emporter l'adhésion, I know who killed me ne manque toutefois pas de charme dans ses qualités formelles, dans l'entretien de son climat mystérieux et baroque afin de se différencier de la série B canonique. Quand à l'issue de l'intrigue, chacun pourra l'interpréter à sa propre manière, soit en se triturant les méninges, ou, à contrario, en acceptant sa trivialité.
Photo empruntée sur Google, appartenant au site notrecinema.com
de David O' Russel. 2013. U.S.A. 2h18. Avec Christian Bale, Bradley Cooper, Amy Adams, Jeremy Renner, Jennifer Lauwrence, Robert De Niro, Louis C. K., Alessandro Nivola.
Sortie salles France: 5 Février 2014. U.S: 18 Décembre 2013
FILMOGRAPHIE: David Owen Russel est un scénariste, producteur, acteur et réalisateur américain, né le 20 Août 1958 à New-York.
1994: Spanking the Monkey. 1996: Flirter avec les embrouilles. 1999: Les Rois du Désert. 2004: J'adore Huckabees. 2010: Fighter. 2012: Hapiness Therapy. 2013: American Bluff
Dans la lignée de l'Arnaque de Georges Roy Hill et de Casino de Scorcese, American Bluff s'institue en fresque flamboyante pour disséquer les rouages d'une entreprise bâtie sur le mensonge et la manipulation. En 1978, un couple d'escrocs est contraint de négocier avec le FBI afin de faire tomber des politiciens véreux en relation avec la mafia. A partir de ce postulat basé sur des faits réels, David O' Russel réalise un film ambitieux traversé de fulgurances dans sa peinture caustique du rêve américain. Avec la participation exceptionnelle d'illustres stars issues de nouvelle génération et de l'apparition surprise de De Niro (sa confrontation laconique avec le Sheikh fondée sur le jeu de regard s'avère époustouflante d'intimidation !), American Bluff nous donne le vertige dans leur vaudeville improvisé au rythme d'une BO disco !
Avec une sidérante maîtrise technique et refus de la convention (notamment celui d'écarter toute forme de sexe et de violence !), David O' Russel transcende la forme d'une reconstitution des années 70, à l'instar de la tenue vestimentaire de chacun des protagonistes presque méconnaissables (mention spéciale pour notre caméléon Christian Bale, rendu ici bedonnant et apathique !). En ce qui concerne le fond, il dessine scrupuleusement l'étude psychologique de nos protagonistes avec un sens de loufoquerie inopiné, à tel point qu'à certaines situations, on se demande s'il faut en rire ou s'en inquiéter ! Jusqu'au point d'éprouver une certaine compassion dans certains revirements tragi-comiques (l'altercation dans les toilettes entre Sydney et Rosalyn SPOILER !!! et la trahison d'Irving avoué au maire devant le désarroi de sa famille ! FIN DU SPOILER). Alternant continuellement suspense et tension autour de l'implication des protagonistes mêlée aux enjeux de conspiration, American Bluff titille nos nerfs dans un surprenant panel d'émotions contradictoires où l'étude comportementale est assujettie à la manipulation et la trahison. Afin de corser l'intrigue, le réalisateur structure notamment une romance équivoque que nos compères vont se disputer sans jamais verser dans l'affrontement physique. Alors que Irving est épris d'un amour sincère pour Sydney, cette dernière va tenter de compromettre l'agent du FBI afin de prémunir ses propres intérêts. Une manière ostensible de tester aussi la fiabilité amoureuse de son amant ! Mais éprouve t'elle réellement des sentiments pour l'un et/ou pour l'autre, et qui emportera la mise ? Au même moment, Irving, déjà père d'un jeune garçon, est contraint de supporter la jalousie volcanique de sa jeune épouse Rosalyn. Avec l'intervention de cette femme désinvolte qui ne sait tenir sa langue dans sa poche et qui ose braver les interdits, les stratégies antécédemment négociées vont voler en éclat ! SPOILER !!! Même le spectateur, témoin attentif de tant de subterfuges et supercheries, finit lui même par se laisser berner par l'un des témoins clef ! FIN DU SPOILER
Sublimant la caricature d'escrocs redoutablement perspicaces et entretenant l'ambivalence dans les rapports conjugaux avec deux femmes pugnaces, American Bluff invoque la satire policière en bousculant nos habitudes de spectateur ! Sur ce point, David O'Russel ébranle nos émotions dans un climat fluctuant (voir parfois détraqué !) et par l'astuce d'un scénario toujours plus aléatoire ! Outre sa virtuosité technique scrupuleusement déployée, sa sensualité érotisée (les femmes ont un magnétisme ensorcelant !) et son sens oppressant de la répartie verbale, American Bluffest également un numéro d'acteurs au diapason, transcendant au passage la cause féministe ! Une confrontation impitoyable où ruse et intelligence restent les moteurs essentiels pour s'approprier le pouvoir ! Bruno Matéï
La critique de Gilles Rolland : http://www.onrembobine.fr/critiques/critique-american-bluff
Récompenses attribuées: Golden Globes 2014: Meilleur film, Meilleure Actrice: Amy Adams, Meilleure Actrice de Second Rôle pour Jennifer Lawrence.
Alliance of women film journalists Awards 2013: Meilleure Distribution
American Film Institute Awards 2013: Top 10 des meilleurs films de l'année.
Black Film Critics Circle Awards 2013: Meilleur Scénario pour Eric Warren Singer et David O. Russell.
Detroit Film Critics Society Awards 2013: Meilleure Distribution
Indiana Film Journalists Association Awards 2013: Meilleure Actrice de second rôle, Jennifer Lawence.
Nevada Film Critics Society Awards 2013: Meilleure Actrice de second rôle pour Jennifer Lawrence.
New-York Film Critics Circle Awards 2013: Meilleur Film, Meilleure Actrice de second rôle, Jennifer Lawrence, Meilleur Scénario pour Eric Singer et David O'Russell.
New-York Film Critics Online Awards 2013: Meilleure Distribution
Phoenix Film Critics Society Awards 2013: Meilleure Distribution, Meilleurs Costumes.
San Diego Film Critics Society Awards 2013: Meilleure Distribution
San francisco Film Critics Circle Awards 2013: meilleur scénario original pour Eric Warren Singer et David O. Russell, meilleure actrice dans un second rôle pour Jennifer Lawrence
Southeastern Film Critics Association Awards 2013: meilleur scénario original pour Eric Warren Singer et David O. Russell, meilleure distribution
Toronto Film Critics Association Awards 2013: meilleure actrice dans un second rôle pour Jennifer Lawrence
Festival International du film de Palm Springs 2014: Ensemble Cast Award
AACTA International Awards 2014: Meilleure actrice dans un second rôle pour Jennifer Lawrence Meilleur scénario original pour Eric Warren Singer et David O. Russell
Central Ohio Film Critics Association Awards 2014: meilleure actrice dans un second rôle pour Jennifer Lawrence et Meilleure distribution
Critics Choice Movie Awards 2014: Meilleure Distribution, Meilleur Maquillage, Meilleure Comédie, Meilleure Actrice pour Amy Adams
National Society of Film Critics Awards 2014: Meilleure Actrice de second rôle pour Jennifer Lawrence.
Screen, Actors Guild Awards 2014: Meilleure Distribution
Photo empruntée sur Google, appartenant au site allocine.fr
de Peter Segal. 2013. U.S.A. Avec Sylvester Stallone, Robert De Niro, Kevin Hart, Alan Arkin, Kiml Basinger, Jon Bernthal, Paul Ben-Victor.
Sortie salles France: 22 Janvier 2014. U.S: 25 Décembre 2013
FILMOGRAPHIE: Peter Segal est un réalisateur, scénariste et producteur américain né en 1962
1994: Y'a t-il un flic pour sauver Hollywood ? 1995: Le courage d'un con. 1996: Président, vous avez dit président ? 2000: La Famille Foldingue. 2003: Self control. 2004: Amour et amnésie. 2005: Mi-temps au mitard. 2008: Max la menace. 2013: Match retour.
Match Retour, ou le retour improbable de Stallone dans l'un de ses rôles qu'il affectionne tant au point de lui avoir valu sa renommée. Comment renouer avec le film de boxe en épargnant le ridicule quand deux champions sclérosés décident de s'affronter une ultime fois pour le dernier round de la revanche ? En réunissant à l'écran Sylvester Stallone et Robert De Niro, Peter Segal compte sur la confrontation de ces monstres sacrés afin de relancer l'intérêt d'une histoire que l'on connait par coeur. En prime, contempler sur l'écran deux boxeurs en déclin se combattre une dernière fois pour l'honneur a finalement quelque chose d'émouvant que le réalisateur ne va pas manquer de mettre en exergue vers l'issue de leur duel. A travers courage et constance mais aussi un dernier acte solidaire d'empathie et de considération jamais entrevu dans l'univers de la boxe, Match Retour laisse exprimer une émotion proprement bouleversante afin d'afficher le caractère noble de la vieillesse. Si le film comporte nombre de clichés et de bons sentiments (les retrouvailles en demi-teinte de Billy avec un fils qu'il n'a pas connu, l'ex compagne en rémission prête à reconquérir l'amour de sa vie), Match Retour réussit à faire passer la pilule grâce à la légèreté d'un humour trépidant ! Sans jamais se prendre au sérieux, Match Retour n'a donc comme unique optique de concevoir un simple divertissement bâti sur la drôlerie des situations et des joutes verbales. Qui plus est, avec un respect pour ses personnages attachants et sa scénographie rétro d'une époque révolue, le film entretient l'inévitable sympathie.
En boxeur solitaire rattrapé par son ancien allié et son idylle de jeunesse, Sylvester Stallone invoquesa traditionnelle simplicité humaine hérité de Rocky sans vouloir dupliquer son personnage légendaire. Pas d'hommage au rêve américain ni de sens des valeurs donc si ce n'est celui d'estimer le cap de la vieillesse avec humilité. Ayant déjà oeuvré dans Raging Bull, Robert De Niro reprend les gants avec une fougue éloquente (limite parodique parfois, à l'instar de sa représentation d'humoriste lors d'un spectacle de cabaret) afin d'endosser un boxeur bourru habité par la revanche. Incroyablement séduisante du haut de ses 60 printemps, Kim Basinger interprète l'ex fiancée de Razor avec une émotion attendrie afin de renouer les retrouvailles. Si l'actrice ne semble pas toujours pleinement investie dans l'intensité de ses sentiments, elle réussit tout de même à dégager un charme vibrant dont les nostalgiques ne manqueront pas de s'émouvoir (elle fut l'une des grandes stars des années 80 !). En vieil entraîneur plein de sarcasme, Alan Arkin s'avère l'un des personnages les plus irrésistibles dans ses espiègleries impayables ! Il est secondé par Kavin Hart, assurant une verve presque aussi hilarante dans celui du mentor volubile obnubilé par l'argent.
On s'attendait sans doute au match de trop avec cet ersatz de Rocky mais grâce au duo improbable constitué par Stallone/De Niro, à la bonhomie charismatique des seconds-rôles et surtout à l'humour qui enveloppe tout le récit, Match Retour sort miraculeusement de la redite et laisse en mémoire une récréation attractive pleine d'entrain et d'émotion !
Photo empruntée sur Google, appartenant au site eventosvenezuela.com
de Alejandro Hidalgo. 2013. Venezuela. 1h36. Avec Rosmel Bustamante, Adriana Calzadilla, Gonzalo Cubero, Alexander Da Silva, Guillermo Garcia.
Sortie salles Venezuela: 21 Juin 2013
FILMOGRAPHIE: Alejandro Hidalgo est un réalisateur, scénariste et producteur vénézuélien.
2013: La Casa del fin de Los Tiempos
Accusée de l'assassinat de son mari et de la disparition de son fils, Dulce est condamnée à la prison. Libérée trente ans plus tard, elle décide de retourner dans son ancienne demeure afin de percer le mystère autour de l'enlèvement de son fils.
Première réalisation du vénézuélien Alejandro Hidalgo, La Casa del fin de Los Tiempos est une obscure curiosité reprenant le concept de la maison hantée avec une originalité peu commune. En dépit de sa facture télévisuelle, le film réussit à accroître son intérêt grâce au soin accordé à son ambiance diaphane et surtout à la densité d'une narration redoutablement affûtée. A condition de ne pas perdre le fil de l'intrigue en cours de route et de rester concentré sur la complexité torturée des personnages, La Casa del fin de Los Tiempos aborde le thème spatio-temporel et celui de la spiritualité dans un postulat d'épouvante où des spectres farceurs n'auront de cesse de persécuter la famille Rodriguez. Mais il s'agit surtout d'un prétexte pour dépeindre l'histoire d'amour maternelle entre une mère et son fils, séparés du jour au lendemain par une obscure machination n'appartenant qu'à l'entité de la maison. La force du récit émane donc de cette psychologie meurtrie que cette veuve doit endurer depuis plus de 30 ans et sa seconde chance de renouer avec son passé tragique en bouleversant la destinée de ses proches. Alternant évènements du passé et du présent, Alejandro Hidalgo nous perd parfois dans un dédale cérébral mais démystifie la situation dans une dernière demi-heure vertigineuse en révélations. Si le film n'est jamais terrifiant dans ses tentatives escomptées, il réussit tout de même à distiller une certaine angoisse latente au sein d'une demeure décatie magnifiquement éclairée. Les décors baroques se prêtant harmonieusement à l'aspect gothique des pièces et divers objets de la maison, quand bien même certains endroits glauques rappelleront aux amateurs les galeries souterraines de l'Au-dela deFulci. Enfin, le jeu de l'interprétation est notamment renforcé par l'humanisme prude de chacun des protagonistes, jusqu'aux rôles attribués aux enfants malmenés.
Inquiétant, original et hermétique, La Casa del fin de los tiempos pourra séduire les amateurs de curiosité atypique, tandis que d'autres reprocheront peut-être la complexité d'une intrigue tarabiscotée (trop) riche en rebondissements. Il s'agit en tous cas d'un cinéma noble dédié à l'atmosphère chère au fantastique où la sincérité du réalisateur ne peut être remise en cause. Bruno Matéï