vendredi 20 septembre 2024

La Montagne du Dieu Cannibale / La montagna del dio cannibale

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant à Mauvaisgenres

de Sergio Martino. 1978. Italie. 1h42. Avec Ursula Andress, Stacy Keach, Claudio Cassinelli, Antonio Marsina, Franco Fantasia, Lanfranco Spinola, Carlo Longhi.

Sortie salles France: 12 Juillet 1978. Italie: 10 Août 1978

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Sergio Martino est un réalisateur, producteur et scénariste italien né le 19 Juillet 1938 à Rome (Italie). 1970: l'Amérique à nu. Arizona se déchaine. 1971: l'Etrange vice de Mme Wardh. La Queue du Scorpion. l'Alliance Invisible. 1973: Mademoiselle Cuisses longues. 1973: Torso. 1975: Le Parfum du Diable. 1977: Mannaja, l'homme à la hache. 1978: La Montagne du Dieu Cannibale. 1979: Le Continent des Hommes poissons. Le Grand Alligator. 1982: Crimes au cimetière étrusque. 1983: 2019, Après la Chute de New-York. 1986: Atomic Cyborg. 1989: Casablanca Express. 1990: Mal d'Africa. Sulle tracce del condor.


Quel bonheur de renouer avec un film d'aventures pour adultes en tenant compte qui plus est de son potentiel qualitatif n'ayant pas pris une ride ! 
Car si on déplore malheureusement ses abjectes snufs animaliers (imposés par les distributeurs) que l'on élude grâce à l'avance rapide de notre télécommande (à quand une version censurée obstruant toutes ses séquences animalières littéralement à vomir ?), la Montagne du Dieu cannibale est probablement l'une des meilleures réalisations de Sergio Martino (L'Étrange Vice de madame Wardh, Torso, la Queue du Scorpion, le Continent des Hommes poissons, 2019 après la chute de New-York, Atomic Cyborg). Un habile faiseur conjuguant le film de jungle, façon Tarzan, avec le film de cannibale (pour son final horrifiant émaillé de dégueulasseries) ayant inondé nos écrans entre la fin des années 70 et l'orée des années 80. Et donc, on pourrait presque parler de modèle d'efficacité à travers ce récit d'aventure prévisible pour autant semé d'évènements impromptus, incidents, agressions animales et rencontres tribales afin de relancer l'action disséminée à juste dose. Une histoire simple parfaitement structurée, d'autant mieux subordonnée aux réactions des personnages conflictuels nous dévoilant au compte goutte leur passé (parfois torturé). Sans compter un rebondissement plutôt bien amené en reconsidérant la moralité d'un personnage. Notre groupe d'aventuriers étant parti à la recherche d'un époux disparu en plein enfer vert. Et puis quel casting ! Stacy Keach, Ursula Andress (carrément nue par moments jusqu'à son apparence finale particulièrement iconique !) s'entourant de seconds-rôles aussi sobrement expressifs, une fois n'est pas coutume, Claudio Cassinelli en tête en mercenaire écolo contrairement bienveillant. Si bien que l'on est loin des charismes bovins que nos chères séries Z transalpines ont souvent recruté sans se soucier de leur éventuel talent (oral/gestuel). 


Car il faut bien l'avouer, on ne s'ennuie jamais dans ce périple exotique faisant la part belle à une imagerie naturelle absolument dépaysante tant on a l'impression de voyager à l'étranger de l'intérieur notre salon sous l'impulsion de la mélodie tranquille du duo Guido De Angelis / Maurizio De Angelis dans toutes les oreilles. Sergio Martino exploitant à merveille sa végétation sauvage ramifiée (tournée au Sri Lanka et en Malaisie ! Carrément oui), notamment auprès de cascades sauvages que nos héros arpentent la mâchoire crispée (avec un p'tit soupçon de Délivrance, notamment pour la lâcheté d'un protagoniste). Et puis que dire de ce final en apothéose, une ultime demi-heure bifurquant vers le pur trip horrifique proprement dégueulbif si bien qu'il fut d'ailleurs estampillé Outre-manche "Video Nasty". A savoir le film de cannibales viscéral avec ce que cela sous-entend de séquences répulsives, à l'instar d'une émasculation filmée en plan serré, de perforations corporelles, d'un corps éventré pour être libéré de ses entrailles que les cannibales mastiquent goulument ou encore de ce déjeuner insensé à base de reptiles faisandés que ceux-ci dévorent tel des affamés. Et puis il y a cette séquence insensée absolument terrifiante de réalisme lorsqu'un immense Boa s'en prend à Ursula Andress pour l'entourer de sa queue afin de mieux l'étouffer. Quand bien même ses partenaires tentent fébrilement de la délivrer de ses entraves avec stoïcité désespérée. Une séquence hallucinée magnifiquement mise en scène surfant avec le Mondo que Roar ou encore le démentiel les Bêtes féroces attaquent exploiteront à nouveau plus tard à l'écran. 


Les Risques de l'Aventure. 
Un excellent film d'aventures horrifiques donc, à réserver évidemment aux initiés pour son aura malsaine infréquentable, notamment auprès de l'horreur pure instaurée lors de sa dernière partie aussi haletante que génialement répugnante. Quant aux snufs-animaliers, il serait préférable à l'avenir que le spectateur ait le choix d'opter pour une version expurgée. C'est même un cri d'alarme que je lance désespérément auprès de nos éditeurs attitrés.

*Bruno
2èx. Vostrf

vendredi 13 septembre 2024

Roar

                                                 
                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Noel Marshall. 1981. 1h35. Avec Tippi Hedren, Noel Marshall, Rick Glassey, Melanie Griffith, Jerry Marshall, John Marshall 

Sortie salles France: 29 Août 1984. Australie: 30 Octobre 1981

FILMOGRAPHIENoel Marshall, né le 18 avril 1931 à Chicago, Illinois, mort le 27 juin 2010 à Santa Monica, Californie, est un producteur américain. 

"Le film le plus dangereux de l'histoire du cinéma" dixit sa tagline. Et on peut affirmer que Roar n'a point usurpé sa réputation de métrage complètement cintré eu égard des 70 incidents qui eurent lieux sur le tournage s'étalant sur une durée de onze années si bien que l'actrice Tippi Hedren se cassa la jambe, Mélanie Griffith subit une chirurgie réparatrice, le chef-op Jan De Bont fut scalpé pour subir ensuite 120 points de suture alors que son réalisateur Noel Marshall attrapa la gangrène après voir été mordu par un lion. Des fauves (tigres, lion, guépards) et éléphants réunis par centaines pour l'occasion d'un tournage de tous les dangers (pour ne pas dire inconsidéré) lorsque l'on tient également compte qu'ils n'étaient qu'apprivoisés à défaut d'être dressés faute d'absence de dompteur que Tippi Hedren et son époux réalisateur et producteur Noel Marshal remplacèrent de par l'amour porté pour eux. Ainsi donc, dénué de scénario (une famille rend visite à leur père réfugié dans un ranch en Afrique), Roar se décline en documentaire animalier sur la cohabitation entre l'homme et l'animal au sein d'un récit d'aventures totalement débridé. Avec toutefois, en filigrane, un louable réquisitoire contre le braconnage alors que certains animaux furent hélas sacrifiés au moment du tournage lors d'un incendie (en dépit de la contradiction de son carton d'avertissement au moment du générique).

Noel Marshal cumulant sans interruption aucune les séquences de confrontations et d'agressions entre nos héros et les fauves au sein d'un ranch exigu puis dans la nature environnante magnifiquement photographiée. Et si une inévitable redondance s'y fait fatalement ressentir durant ce périple exotique, les folles séquences d'agressions sont si insensées et impactantes, si couillues et incongrues que l'on reste rivé au siège les yeux écarquillés. Au point de perdre pied avec notre réalité de spectateur confortablement assis sur son fauteuil. Noel Marshal relançant louablement l'action cintrée pour éviter la lassitude en oscillant les décors (domestiques / naturels) et les véhicules (jeep, moto, barque) que nos héros arpentent avec une appréhension (parfois paranoïde) non simulée. Bref, certain(e)s semblent même au bord de la panique face à l'omniprésence inhospitalière de ces monstres à poil ! Car il faut les voir accourir tous azimuts la mine contractée (pour ne pas dire grimaçante !) au sein de leur huis-clos délabré puis en externe (dans la jungle mais aussi sur l'eau) en s'efforçant de se fondre dans leur corps martyrisé avec un réalisme fébrile infiniment communicatif. Et c'est ce qui fait l'intérêt constant de cette improbable aventure confondant réalité et fiction depuis l'influence du mondo initié par les frères Jacopetti d'aligner en métronome des séquences anthologiques à deux doigts de sombrer dans l'incident du direct eu égard des risques disproportionnés entamés sur le tournage comme nul métrage n'osa l'envisager. 

Et si cette expérience cinématographique d'un budget de 17 millions de dollars se solda par un échec commercial retentissant (il n'en rapporta que 2), le bouche-à-oreille ahurissant qui se propagea au fil des décennies voua Roar à l'aura de culte. Tant il laisse en mémoire des séquences estomaquantes vues nulle part ailleurs faute de l'inexpérience d'une équipe transie d'irresponsabilité. En 7 mots: il faut le voir pour le croire. 

*Bruno

Ci-joint Roar en video: https://www.facebook.com/1616051879/videos/1975820812839673/

mardi 10 septembre 2024

Les 3 Fantastiques

                                           
                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Michaël Dichter. 2024. France. 1h36. Avec Diego Murgia, Emmanuelle Bercot, Raphael Quenard, Jean Devie, Benjamin Tellier, Maxime Bailleul.

Sortie salles France: 15 Mai 2024

FILMOGRAPHIE: Michaël Dichter est réalisateur et acteur. 2021: Boys Feels: I Love Trouble. 2023: Les 3 Fantastiques. 


Avant toute chose, attention à la confusion de son affiche particulièrement fallacieuse suggérant un teen movie à la fois désinhibé et frétillant alors que nous avions affaire à la gravité du drame social sur la perte de l'innocence bifurquant à mi-parcours vers le thriller à rebondissements dépendant de l'intrigue. Si bien que les 3 fantastiques (titre nullement gratuit puisque justifié auprès des ambitions des personnages) pourrait déconcerter les non avertis comme je le fus malgré moi. Première réalisation de Michael Dichter entouré du second-rôle Raphael Quenard (révélé dans le splendide Chien de la Casse), les 3 Fantastiques parvient à nous immerger dans les tourments en perdition de trois adolescents campés par de jeunes comédiens amateurs épatants de naturel, d'implication autonome auprès de leur évolution morale déclinante. Particulièrement Diego Murgia endossant le rôle de Max avec une innocence expressive à la fois empathique, pure, poignante, car sévèrement contrariée eu égard de sa condition désoeuvrée à tenter de sauver son grand frère tout juste libéré de prison. 


Il faut dire que le scénario qui se ramifie autour des agissements du trio amical surprend fréquemment quant aux circonstances d'actes frauduleux perpétrés pour le compte d'un enjeu humain désespéré. Celui de tenter de sauver une âme perdue en lui évitant à nouveau la case prison quitte à se brûler soi-même les ailes de l'illégalité auprès du sens du sacrifice fraternel. Ainsi, les 3 Fantastiques adopte une tournure dramatique davantage anxiogène, cruelle, sans échappatoire, notamment en abordant en filigrane l'épineux problème du harcèlement scolaire que l'un d'eux subit particulièrement du fait de sa fragilité timorée. Or, ce qui interpelle lors de leurs actions davantage irresponsables émane de leurs implications personnelles à tenter de s'extraire de l'infortune avec un héroïsme solidaire à la fois suicidaire, hésitant et désemparé. Le réalisateur prenant soin de ne pas prendre de sentiers balisés pour mieux nous surprendre lors d'improvisations détonantes. A l'instar de certaines répliques tellement drôles et naturelles (j'évoque la première partie autrement légère du récit) qu'elles semblent impromptues au moment du tournage (on sait d'ailleurs que Raphael Quenard est un poète qualifié pour son amour immodéré des mots d'esprit).


Le grand frère.
Nanti d'une fragilité sensible jamais démonstrative pour tenir lieu d'une crise sociale au sein de la cellule familiale (le rôle de la mère à la fois mutique et dépressive en est éloquent), les 3 Fantastiques touche au coeur et à la raison avec une amertume déconfite eu égard de la dramaturgie galopante qui se dessine autour des personnages meurtris rongés par le sentiment d'injustice, la peur de l'échec, l'absence d'estime de soi, notamment faute du tableau dérisoire imparti à la démission (mono)parentale. Une première oeuvre fort réussie donc qui sonne juste et frappe fort quant aux valeurs de l'amitié et de la famille (au passage superbe rôle sentencieux pour Emmanuelle Bercot) volant ici en éclat à la suite de revirements moraux irréversibles. Avec une judicieuse maîtrise de sa formidable BO, de sa réalisation attentive et de sa photo plutôt bien éclairée que l'on n'a point coutume de rencontrer dans le paysage du cinéma français indépendant en l'occurrence stylisé.  

*Bruno

Eclosion / They nest. Prix du public lors du festival Fantastic'Arts 2001.

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de Ellory Elkayem. 2000. U.S.A. 1h30. Avec Thomas Calabro, Dean Stockwell, John Savage, Kristen Dalton, Tom McBeath, Mark Schooley 

Sortie salles U.S: 25 juillet 2000. Sortie video France: 18 avril 2001 

FILMOGRAPHIEEllory Elkayem est un réalisateur néo-zélandais né le 12 août 1970 à Christchurch. Without a Paddle: Nature's Calling. 2009. Return of the Living Dead: Rave to the Grave (2005). Return of the Living Dead: Necropolis (2005). Arac Attack, les monstres à huit pattes (2002). Éclosion (2000). 

Gentiment sympa et agréable à suivre, principalement grâce à l'attachement des personnages plutôt convaincants, Eclosion est toutefois carrément gâché par ses effets-spéciaux numérisés absolument déplorables pour nous convaincre de l'invasion de ses blattes indignes d'un mauvais dessin animé. Alors qu'à d'autres moments certains effets spéciaux mécaniques parviennent à provoquer l'effroi escompté à travers des visions morbides, sanglantes, mutantes autrement viscérales.

Prix du public lors du festival Fantastic'Arts 2001.

*Bruno
2èx

lundi 9 septembre 2024

City of Darkness

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com


de Soi Cheang Pou-soi. 2024. Hong-Kong. 2h05. Avec Louis Koo, Sammo Hung, Richie Jen, Raymond Lam, Terrance Lau, Philip Ng 

Sortie salles France: 14 Août 2024

FILMOGRAPHIE: Soi Cheang Pou-soi (chinois simplifié : 鄭保瑞 ; pinyin : Cheang Pou-soi), né le 11 juillet 1972 à Macao, est un réalisateur hongkongais. 2000 : Diamond Hill. 2001 : Horror Hotline... Big Head Monster. 2002 : New Blood. 2003 : The Death Curse. 2004 : Love Battlefield. 2004 : Hidden Heroes. 2005 : Home Sweet Home. 2006 : Dog Bite Dog. 2007 : Coq de combat. 2009 : Accident. 2012 : Motorway. 2014 : The Monkey King. 2015 : SPL 2 : A Time for Consequences. 2016 : The Monkey King. 2018 : The Monkey King 3. 2021 : Limbo. 


Top 2024.

Un modèle du film d'action hyperbolique qui accorde autant d'atouts aux fulgurances vertigineuses qu'au traitement des personnages anti-manichéens. 

Avec ses airs de fin du monde, les décors délabrés de la citadelle font office de second-rôle stylisé en exploitant notamment à merveille ses corridors et chambres tentaculaires que les adversaires arpentent avec un héroïsme stoïque suicidaire. 

En ce qui concerne son imagerie belliqueuse, tout est évidemment outré, improbable, comme le souligne d'ailleurs son final irrationnel avec ce méchant littéralement increvable. Mais c'est tellement hyper réaliste, surtout chorégraphié avec une fluidité hors pairs, que l'on adhère sans réserve à ses prouesses martiales issues d'un autre temps. 

Celle aussi d'un cinéma à l'ancienne, l'action se situant justement dans les années 80, avec ce que cela sous-entend comme parti-pris émotif pour mieux s'attacher aux personnages compromis aux enjeux compétitifs. Mélancolie, sensibilité, rancune et tendresse se télescopant auprès des valeurs de la fidélité et de l'amitié gangrenées par une vendetta de longue haleine.


*Bruno

samedi 7 septembre 2024

Underwater

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de William Eubank. 2020. U.S.A. 1h35. Avec Kristen Stewart, Vincent Cassel, T. J. Miller, Jessica Henwick, Mamoudou Athie, John Gallagher Jr.

Sortie salles France: 8 Janvier 2020

FILMOGRAPHIEWilliam Eubank est un réalisateur, scénariste et directeur de la photographie américain né le 15 novembre 1982 à Holyoke dans le Massachusetts. 2011 : Space Time : L'ultime Odyssée (Love) (également scénariste). 2014 : The Signal (également scénariste). 2020 : Underwater. 2021 : Paranormal Activity : Next of Kin. 2024 : Land of Bad. 

Il m'aura fallu 3 visionnages pour l'apprécier à sa juste valeur et ce fut un réel bonheur. 

Je remercie aussi ceux qui m'y ont incité d'y refaire un tour (youtube entre autre). 

Une valeur de modeste série B tirant parti de son charme et de son intensité auprès de sa forme flamboyante soucieuse du moindre détail technique afin de mieux nous immerger dans une station sous-marine sujette aux catastrophes les plus préjudiciables. 

C'est donc spectaculaire, intense et claustro en diable sans que les effets numériques n'y viennent décrédibiliser l'action en pagaille soumise à un équipage en instance de survie. 

Outre la présence inattendue de Vincent Cassel assez convenable en capitaine autoritaire dénué d'orgueil, j'ai beaucoup apprécié la présence sensuelle de Kristen Stewart d'autant plus anti-potiche car imposant sobrement une fonction héroïque digne de mérite et d'humanisme quant à la dramaturgie de son final aussi couillu que libérateur. 

Et si le scénario étique, quasi inexistant, est largement compensé par son expérience visuelle résolument fascinante (notamment auprès des apparitions monstrueuses toute à fait réalistes dont une dantesque), il y émane fructueusement en filigrane un discours écolo sur le sort de nos océans que l'homme cupide exploite de manière irresponsable. 

Un très bon spectacle du Samedi soir donc parvenant même à distiller un charme innocent dans son format de série B fastueuse.

P.S: A titre subsidiaire son budget s'évaluant entre 50 et 65 millions de dollars, il en remporte 40 pour devenir un échec. 

Box Office France: 319 390 entrées

*Bruno
3èx. Vostfr. 4K

vendredi 6 septembre 2024

Atomik Circus, le retour de James Bataille

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

de Didier Poiraud et Thierry Poiraud. 2004. France. 1h31. Avec Vanessa Paradis, Jean-Pierre Marielle, Benoît Poelvoorde, Jason Flemyng, Venantino Venantini, Vincent Tavier, Bouli Lanners, Jacky Lambert.

Sortie salles France: 21 Juillet 2004

FILMOGRAPHIE: Didier Poiraud est un réalisateur et scénariste français. Thierry Poiraud est un réalisateur et scénariste français né à Nantes. 2004 : Atomik Circus, le retour de James Bataille. 2014 : Goal of the dead. 2015 : Don't Grow Up. 2017 : Zone blanche (téléfilm), co-réalisé avec Julien Despaux. 2022 : Infiniti

Première réalisation des Frères Poiraud, Atomik Circus, le retour de James Bataille (quel titre prometteur à l'esprit BD) est une tentative jubilatoire d'y proposer un divertissement politiquement incorrect dans le paysage stérile du cinéma français. Et ce même si le mauvais goût parfois sardonique pourra probablement faire grincer des dents auprès des non initiés (les maltraitances du chien mélomane par son maître arriéré bien que l'animal n'est heureusement qu'un effet spécial mécanique afin de désamorcer la torture intolérable au profit du rire). Série B incroyablement jouasse, pour ne pas dire antidépressive par excellence, menée tambour battant autour de situations tantôt polissonnes (les avances de Poelvoorde auprès de son assistante durant leur périple routier et de Vanessa Paradis en chanteuse underground), tantôt macabres (le redneck erratique vivant reclus avec sa mère empaillée), l'intrigue simpliste mais quasi irracontable (en gros des extra-terrestres envahissent une paisible bourgade forestière quand bien même James Bataille s'évade de prison pour retrouver sa dulcinée) n'est qu'un prétexte d'aligner à rythme sans faille moult situations incongrues sous l'impulsion de personnages lunaires évacués d'une dimension parallèle. Tant l'ambiance insolite, à la lisière d'un onirisme fantastico-écolo se prête naturellement à l'évolution des personnages vivant en communauté au sein de cet havre tranquille bientôt malmené d'une présence meurtrière sans pitié ! Autant dire que les têtes tranchées vont tomber à renfort d'FX réalistes aussi spectaculaires que formellement stylisés. Du vrai plaisir régressif. 

Les Frères Poiraud bougrement inspirés par leur vilain petit canard misant avant tout sur l'extravagance de ces personnages déjantés s'en donnant à coeur joie dans les postures saugrenues, et sur la photogénie herbeuse de cet environnement bucolique (on se croirait pour un peu en Louisiane) au grand dam du scénario somme toute modeste. Ainsi, on prend énormément de plaisir d'y côtoyer d'illustres seconds-rôles parmi lesquels s'y bousculent la présence amiteuse de Jean-Pierre Mariel en tenancier bourru (qui remplaça Jean Yanne suite à son décès prématuré), la participation machiste de Benoit Poelvoorde en imprésario égrillard pétri d'orgueil et le charme ultra sexy (mais nullement provocant) d'une délicieuse  Vanessa Paradis aussi sémillante que lascive en chanteuse en herbe d'un naturel inné tant elle prend plaisir à participer à l'aventure en faisant fi de la caméra. Si bien qu'elle crève l'écran en espérant la retrouver dans la prochaine action prédisposée aux rebondissements davantage inquiétants, pour ne pas dire alarmistes. Ce qui nous amène à son final vrillé aussi fun que cocasse de par son invention visuelle homérique (le carnage festif d'un assaut extra-terrestre au sein d'un bar en plein concert), à l'instar de ce gore festoyant éclaboussant les personnages tous azimuts. Quand bien même sa conclusion déroutante, sciemment nonsensique nous émerveille la vue auprès d'un décorum baroque probablement influencé de la Planète des Singes, toutes proportions gardées, avec toutefois une vision personnelle agréablement contradictoire.

Ofni musical télescopant les genres disparates avec une bonne humeur à la fois exaltante et gentiment décomplexée, Atomik Circus provoque un bonheur si galvanisant auprès de l'attachement de ces personnages bonnards se combinant à l'intrigue entre fraîcheur et insolence (qui frétille) eu égard de l'empreinte qu'ils laissent dans notre coeur parmi ce plaisir incontrôlé d'y répéter leur délire singulier en rembobinant la pellicule. A revoir d'urgence donc sans modération aucune, même si de toute évidence le spectacle éclaté ne pourrait convenir à toute la populace. 

*Bruno
3èx. 05.09.2024.
28.03.17

mercredi 4 septembre 2024

Magdalena l'exorcisée / Le cadeau du diable / Beyond the Darkness / Magdalena, Possessed by the Devil

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Walter Boos. 1974. Allemagne de l'Ouest. 1h22. Avec Dagmar Hedrich, Werner Bruhns, Rudolf Schündler, Elisabeth Volkmann...

Sortie salles France: 3 Septembre 1975 (Int - 18 ans). Allemagne: 22 Mai 1974

FILMOGRAPHIE: Walter Boos est né le 22 novembre 1928. Il était assistant réalisateur et monteur.. Il est mort le 22 novembre 1996. 1980: Suédoises dans l'île aux mille plaisirs, Collégiennes expertes (1980), Jeux d'amour à Alicante (1979); Die Schulmädchen vom Treffpunkt Zoo (1979), L'auberge des petites polissonnes (1978); Schulmädchen-Report 12. Teil - Wenn das die Mammi wüßte (1978); Schulmädchen-Report 10. Teil - Irgendwann fängt jede an (1976), Les collégiennes en folie (1975), Die Rache der Ostfriesen (1974), Dagmar Hedrich in Magdalena la Sexorcisée (1974), Charlys Nichten (1974); Slips en vadrouille (1973), Der Ostfriesen-Report (1973), Les contes galants du trou de la serrure (1973), Les voluptueuses (1973), Chaleurs profondes (1973), Les indécentes (1973), Les Savoureuses (1972), Bons baisers de Munich (1972), Pour vivre heureuses, vivons couchées (1972), Les provocatrices ou le sexe à l'école (1972).


Produit par l'Allemagne, cet ersatz de l'Exorciste sorti la même année est une semi-parodie involontaire à voir goulument pour tous les amateurs de comédie horrifique putassière beaucoup plus impayables qu'un Scary Movie irrespectueux du genre. Truffé de séquences érotiques où l'héroïne s'exhibe à tout va dans des postures obscènes involontairement hilarantes (certaines séquences anthologiques dépassant l'entendement !), Magdalena l'exorcisée doit beaucoup à la prestance de Dagmar Hedrich littéralement décomplexée car effrontée à endosser une possédée viciée affichant par la même occasion une aversion pour les mâles érotomanes. Regorgeant d'incohérences, notamment faute d'un montage elliptique se fichant éperdument de la psychologie perplexe des protagonistes (l'amant de la possédée totalement à côté de la plaque de témoigner sans broncher d'un cil des agissements menaçants de celle-ci à son égard éberlué !), Magdalena se clôture qui plus est de manière sciemment bâclée en illustrant une séquence horrifique aussi réaliste que surprenante. 

                                        

Et ce même si les fervents défenseurs de la cause animale risquent de se scandaliser d'avoir sacrifier gratuitement face écran un reptile écrasé par le pied d'un des protagonistes lorsque notre possédée semble se libérer de la mainmise du diable. Mais l'aspect constamment ludique (à 1 ou 2 redondances près) de cette improbable ersatz germanique de l'Exorciste émane également de la conviction des comédiens prenant leur rôle tant au sérieux qu'ils demeurent pour la plupart convaincants, à contre emploi de n'importe quelle série Z transalpine (en écartant toutefois la perle du genre l'Antéchrist de Martino) au jeu souvent risible, amateur, maladroit, inexpressif. Or, ici la plupart des interprètes se fondent dans le corps de leur personnage gogo avec une fraîcheur spontanée inédite pour le genre bisseux quant aux séries Z les plus alimentaires. A découvrir donc parmi la curiosité d'un oeil jouasse aussi voyeur que badin. Il faut le voir pour le croire.


Remerciement chaleureux à Patrick Fredj Haouzi

*Bruno
vf.

vendredi 30 août 2024

Un p'tit truc en plus

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Artus. 2024. France. 1h39. Avec Artus, Clovis Cornillac, Alice Belaïdi, Marc Riso, Céline Groussard, Gad Abecassis, Ludovic Boul.

Sortie salles France: 1er Mai 2024.

FILMOGRAPHIE: Victor-Artus Solaroa, dit Artus, est un humoriste, acteur, scénariste et réalisateur français, né le 17 août 1987 au Chesnay (Yvelines). 2024 : Un p'tit truc en plus. Prochainement : Duels à Davidéjonatown. 

Le p'tit truc en plus qu'ont les handicapés réside dans cette fraîche innocence de vivre le plus gaiement l'instant présent. Voilà le message gratifiant de cette comédie sémillante que personne n'escomptait. Ben oui, une affiche solaire bankable, des têtes d'affiche pour la plupart méconnues regroupées en photo d'album (éculé), un titre standard un brin formaté quant à nos toutes premières impressions bâties sur le préjugé. Alors qu'au bout du chemin de la reconnaissance plus de 10 millions de spectateurs se sont bousculés dans les salles pour en sortir transformés passées 1h30 de villégiature. Si bien que son message de tolérance, d'apprentissage avec la différence, irrigué d'amour, de tendresse, de bonheur exaltant que communiquent handicapés / éducateurs nous bouleverse à point nommé bien au-delà de la projo sans se morfondre dans le misérabilisme de comptoir. Artus, réalisateur et acteur, parvenant à nous familiariser parmi eux le temps d'une semaine de vacances estivales comme si nous étions véritablement conviés chez eux au sein de leur chalet afin de participer à leur festivité, sans modération ni malaise. Les décors naturels, les splendides paysages verdoyants d'Auvergne qu'arpentent nos héros décomplexés suscitant un dépaysement solaire littéralement sensoriel. 

Mais le p'tit truc en plus qu'amorce en prime ce divertissement populaire est d'avoir offert la chance à de véritables handicapés d'y jouer l'acteur lors d'une improvisation candide et naturelle au point d'en omettre la caméra nullement voyeuriste, complaisante, mielleuse, racoleuse. Tant et si bien que l'énorme succès que cette pépite indépendante a su générer émane surtout de la joie expansive qu'ont pu retransmettre ces talents hors norme auprès de leur humanisme inné fondé sur l'amitié la plus authentique. Exit donc les réseaux sociaux et smartphones qui polluent tant nos relations amicales et familiales, vous n'en trouverez nullement ici pour son retour aux sources de la communicabilité, le partage des valeurs les plus essentielles que forment mutuellement amour et amitié au sein d'une communion humaine impossible à dissocier.  Et si le scénario simpliste, abracadabrantesque, émaillé de situations aussi improbables (la séquence du tribunal) n'est qu'un prétexte pour magnifier ses généreux portraits d'enfants adultes (parfois pointés du doigt par des quidams médisants - la scène du supermarché -), il est également une sorte de pilier, une plus-value pour renforcer le charme de ce conte humaniste où l'ironie des situations débridées parvient finalement à nous faire tolérer ses extravagances si spontanées. 


Qui préserve son âme d'enfant ne vieillit jamais. 
Bain de jouvence bourré d'humour et tendresse sans modération aucune en distillant sans ambages une émotion pure parfois déchirante (son final exutoire est un feu d'artifice fusionnel auprès de ses regards stimulants), Un p'tit truc en plus renoue avec l'innocence (primale) de nos sentiments sous l'impulsion d'une troupe d'handicapés nous rappelant à la raison de vivre l'instant présent sans se soucier du regard (médisant, intolérant, autoritaire) de l'autre. Vivre en toute autonomie auprès de ceux qui parviennent à nous faire rêver en renouant avec notre instinct majeur, notre âme d'enfant. 

*Bruno

Box Office France au 30.08.2024: 10 320 985 entrées

jeudi 29 août 2024

The Jacket

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de John Maybury. 2005. U.S.A./Allemagne1h43. Adrien Brody, Keira Knightley, Kris Kristofferson, Jennifer Jason Leigh, Daniel Craig, Brendan Coyle, Steven Mackintosh, Kelly Lynch.

Sortie salles France: 24 Août 2005

FILMOGRAPHIE: John Maybury (né le 25 mars 1958 à Londres) est un réalisateur britannique. 1986 : Max Little Ghost. 1986 : Ecce Homo Promo. 1987 : The Lion and the Cobra. 1990 : You Do Something to Me. 1992 : Screenplay (série télévisée). 1994 : Remembrance of things fast: true stories visual lies. 1996 : Maledicta Electronica. 1996 : Genetron. 1998 : Love Is the Devil: Study for a Portrait of Francis Bacon (+ scénariste). 2005 : The Jacket. 2007 : Rome (série télévisée, épisodes 7 et 10). 2008 : The Edge of Love. 

"J'avais 27 ans la première fois que je suis mort. Il y avait du blanc partout. C'était la guerre, je me sentais vivant. Mais j'étais mort. Parfois, je crois qu'on vit des choses juste pour pouvoir dire qu'elles sont arrivées. Pas à quelqu'un d'autre mais à moi. Parfois on vit pour défier le destin. Je ne suis pas fou. Même s'ils ont cru que je l'étais. Je vis dans le même monde que tous. Mais j'en ai vu davantage. Et je suis sûr que vous aussi. Ils trouveront mon corps demain. Vérifiez si vous ne me croyez pas. J'ai vu la vie après ma mort. Je vous dit cela, car c'est le seul moyen de vous aider, vous et votre fille, à vivre mieux, à avoir une vie meilleure. Jean, un jour vous tomberez ivre morte en fumant et vous mourrez brûlée. Votre fille mènera la même vie triste que vous. Et vous lui manquerez tellement. Parfois, la vie ne commence vraiment que lorsqu'on sait qu'on va mourir. Que tout peut s'arrêter, même quand on en a le moins envie. L'important dans la vie c'est de croire que tant qu'on vit, il n'est jamais trop tard. Croyez moi Jean, je vous promets, il vaut mieux affronter les cauchemars éveillés qu'endormie. Et quand vous mourrez, vous n'aspirez qu'à une chose : revenir."

                                         

Il y a des films comme ça aptes à cueillir notre coeur sans prévenir. Comme on aime quelqu'un à un moment aléatoire de notre fil de la vie. The Jacket en fait parti, aussi modeste soit son contenu dénué de fard car inscrit dans une solide structure temporelle culminant vers une romance impossible à la fois bouleversante mais rédemptrice. Peut-être aussi à cause et grâce à son oubli, ce thriller à la croisée de la romance et de la science-fiction dégage rapidement une ambiance feutrée dépouillée redoutablement séduisante, pour ne pas dire magnétique au fil d'un cheminement aussi simpliste que surprenant quant aux rebondissements impartis aux valeurs de l'altruisme, du sens du sacrifice, de la maternité. Si bien que l'intensité dramatique qui en émane s'instaure de manière improvisée afin de mieux nous surprendre, nous émouvoir au coeur d'une sincérité mutuelle forçant le respect au grand dam des blessures des personnages fragiles écorchés par la marginalité. 

Formidablement interprété par une poignée de comédiens bien connus de l'amateur éclairé (Keira Knightley, Kris Kristofferson, Jennifer Jason Leigh, Daniel Craig, Kelly Lynch), si bien qu'ils ne débordent jamais, The Jacket est toutefois dominé de la présence à la fois tranquille et apeurée d'Adrien Brody tentant de remonter le fil de sa destinée par le biais d'un espace temporel extériorisé de circonstances aussi obscures (une balle dans la tête en temps de guerre, un centre psychiatrique sujet aux expériences d'un apprenti sorcier) que fructueuses afin d'y modifier la destinée de tout un chacun. The Jacket générant avec humilité une réflexion à la fois existentielle, identitaire, spirituelle afin de prendre en considération ceux que nous chérissons pour modifier leur destinée et rendre leur vie meilleur. Finalement doué d'une sensibilité épurée que l'on ne voit pas arriver, The Jacket alterne le suspense inquiétant au sein d'une ambiance claustro assez perturbante avec la quête de vérité auprès d'une investigation spatio-temporelle aussi fascinante que l'Effet Papillon


Il nous reste combien de temps ?
Une oeuvre sobrement ludique donc, toute à la fois sombre, cauchemardesque, délicate, fragile, dont l'intelligence du traitement et du propos, le parti-pris de sa photo désaturée, son ambiance étrangement intime, désincarnée et sa direction d'acteurs expressifs confinent à l'élégie d'un dévouement singulier. En nous laissant une petite marque indélébile dans l'encéphale.  

*Bruno
2èx. Vostfr

Budget : 29 millions de dollars

mardi 27 août 2024

La salle des Profs / Das Lehrerzimmer / The teachers' Lounge

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de İlker Çatak. 2023. Allemagne. 1h37. Avec Leonie Benesch, Michael Klammer, Rafael Stachowiak, Anne-Kathrin Gummich, Eva Löbau, Kathrin Wehlisch, Sarah Bauerett, Leonard Stettnisch.

Sortie salles France: 6 Mars 2024. Allemagne: 4 Mai 2023

FILMOGRAPHIE: İlker Çatak, né le 11 janvier 1984 à Berlin-Ouest (Allemagne de l'Ouest), est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma allemand. 2017 : Dans la cour des grands (Es war einmal Indianerland). 2019 : Parole donnée (Es gilt das gesprochene Wort). 2021 : Au bout du voyage (de) (Räuberhände). 2021 : Tatort (série télévisée), épisode no 1173 : Borowski und der gute Mensch. 2023 : La Salle des profs (Das Lehrerzimmer). 

Une claque cette salle des profs, d'utilité publique que d'y dénoncer en filigrane l'hypocrisie du journalisme biaisant à leur sauce (racoleuse) une vérité exposée sans preuves infaillibles. 

Réalisé avec souci documenté on est d'autant plus immergé dans ce huis-clos sous tension qu'il est magnifiquement incarné par des comédiens allemands inconnus chez nous. L'immersion est donc au diapason sachant que le réalisateur nous radiographie le portrait vibrant d'humanité (et de lucidité) d'une prof légitime (elle n'a pas volé son prix d'interprétation) auprès de ses valeurs morales fondées sur le respect d'autrui, le civisme, la tolérance religieuse, l'amour de son prochain quelque soit sa race, l'acceptation des cultures étrangères. On reste enfin pantois par sa résilience, son flegme à ne pas céder à la colère, l'abandon, la panique pouvant lui entraîner des actes irréfléchies (tant pour elle que pour la présumée coupable) auprès de sa fragilité démunie. 

Davantage tendu sous l'impulsion d'un score monocorde subtilement inquiétant, la classe des profs nous laisse craindre le pire à mi-parcours auprès de la rebellion de l'élève incriminé alors que son final inopiné demeure autrement trouble, sciemment équivoque, interrogatif à se forger sa propre réflexion sur la notion de culpabilité et surtout sur les conséquences dramatiques que cela puisse entraîner quand on brave un peu la légalité (filmer quelqu'un à son insu) et que l'entourage (étudiant / parents / corps enseignant) s'efforce d'y découvrir la vérité selon leur propre personnalité (indulgente, empathique, rancunière, frondeuse ou suspicieuse), leur condition sociale et leurs théories branlantes bâties sur le préjugé. 

Un témoignage puissant donc, accablant sur les rapports vénéneux qu'entretiennent de nos jours victime / présumé coupable notamment compromis par les commérages des réseaux sociaux, cathaliseurs de conséquences vindicatives pouvant entrainer l'irréparable. 

*Bruno

Merci Jean-Marc Micciche pour l'influence.

Récompenses: Deutscher Filmpreis 2023 : meilleur film, meilleure réalisation, meilleur scénario, meilleure actrice pour Leonie Benesch et meilleur montage

lundi 26 août 2024

La folle histoire du monde / History of the World: Part I

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Mel Brooks. 1981. U.S.A. 1h32. Avec Mel Brooks, Dom DeLuise, Madeline Kahn, Harvey Korman, Cloris Leachman, Ron Carey, Gregory Hines, Pamela Stephenson.

Sortie salles France: 3 Février 1982. U.S: 12 Juin 1981

FILMOGRAPHIE: Mel Brooks (Melvin Kaminsky) est réalisateur, acteur, scénariste, compositeur et producteur américain, né le 28 Juin 1926 à New-York. 1968: Les Producteurs. 1970: Le Mystère des 12 Chaises. 1974: Frankenstein Junior. 1974: Le Shérif est en prison. 1976: La Dernière folie de Mel Brooks. 1977: Le Grand Frisson. 1981: La Folle Histoire du monde. 1987: La Folle Histoire de l'Espace. 1991: Chienne de vie. 1993: Sacré Robin des Bois. 1995: Dracula, mort et heureux de l'être.


Même si moins réussi que le Shérif est en prison, La Folle histoire du monde reste une formidable parodie historique où Mel Brooks se permet à nouveau tout et n'importe quoi en terme de comique ubuesque imparti à la mise en abyme au sein d'une succession de sketchs plus ou moins drôles. Les décors très soignés (même ceux en matte-painting) participant au charme visuel de cette fantaisie menée tambour battant par une troupe de comédiens toujours aussi impliqués (avec toujours sa même équipe fétiche prenant tant plaisir à participer au spectacle de l'intérieur). D'ailleurs, de la même façon hybride, éclatée que le Shérif est en prison, il se permet en outre de rendre à nouveau hommage à la comédie musicale lors de son segment sur l'inquisition espagnole, véritable feu d'artifice d'émotions jouasses à travers ses ballets dansées de manière enchanteresse.


La folle histoire du monde me semble d'ailleurs encore plus charmant et frétillant que lors de sa sortie faute de notre époque imberbe trop souvent à court de créativité, d'audaces (alors qu'ici on se moque à nouveau des juifs et des nègres sans vulgarité ni complexe), d'ambition, d'inspiration.

Mel Brooks aimait tout simplement ce qu'il filme car il était amoureux du cinéma à part entière, entre sincérité, amour et tendresse pour la fiction qu'il détournait au profit d'une mise en abyme dénuée de repère afin de mieux nous faire rêver.

*Bruno.
3èx. VF

Budget : 11 000 000 $

Box-Office France: 2 286 783 entrées

vendredi 23 août 2024

Longlegs

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Oz Perkins. 2024. U.S.A. 1h41. Avec Maika Monroe, Lauren Acala, Nicolas Cage, Blair Underwood, Alicia Witt, Michelle Choi-Lee, Dakota Daulby, Kiernan Shipka 

Sortie salles France: 10 Juillet 2024 (Int - 12 ans). U.S: 12 Juillet 2024 (Int - 17 ans)

FILMOGRAPHIEOz Perkins est un acteur, scénariste et réalisateur américain né le 2 février 1974 à New York, New York (États-Unis). Il est le fils de l'acteur Anthony Perkins et de la photographe Berry Berenson et le frère du chanteur Elvis Perkins. 2015 : February. 2016 : I Am the Pretty Thing That Lives in the House. 2020 : Gretel et Hansel. 2024 : Longlegs. 2025 : The Monkey. 


Un thriller sépulcral habité par le diable en personne. 
Précédé d'une réputation élogieuse, (en dépit des rageux, haineux, envieux, prenant malin plaisir comme de coutume à s'en railler pour le plaisir de discréditer une nouvelle sommité - plus t'es adulé, plus t'es détesté sur un air connu -), Longlegs est une claque émotionnante comme on en voit peu dans le paysage mortifère. Car thriller horrifique à la mise en scène stylisée proche de la perfection (on se croirait un peu dans un Carpenter conjugué à du Argento en mode épuré, toutes proportions gardées), Longlegs parvient à distiller dès son prologue blafard un climat malaisant comme on en voit rarement dans le genre conçu à la base pour nous foutre les pétoches. Il est bon de le rappeler tant la peur est devenue une denrée en dépit de louables exceptions qui retiennent notre amour pour la flippe. Si bien que la pellicule (ici magnifiquement sépia) semble littéralement imprégnée d'une aura fétide / glauque / poisseuse qui ne nous lâchera pas d'une semelle jusqu'au générique de par son climat rural étrangement flegme mais terriblement inconfortable. Et si certains spectateurs ont effectivement ressenti une peur viscérale infiniment tangible (parmi le témoignage d'amis et d'inconnus), ce ne fut pas vraiment mon cas puisque j'y ai plutôt perçu une angoisse anxiogène aussi hypnotique que fascinante (en dépit de 2 accalmies à mi-parcours du récit lorsque l'héroïne vient rendre visite à sa mère). Pour autant, et avec une pointe de contradiction, je rejoins toutefois aisément ceux qui ont éprouvé avec autant de bonheur cette fameuse peur "inusitée" lors des 20 ultimes minutes si dérangeantes, tétanisantes de tension et épeurantes (au sens large j'entends) qu'un malaise CORPOREL (déjà bien asphyxiant tout le long de l'intrigue) est parvenu à m'agripper l'échine comme rarement une oeuvre n'était parvenue à le parfaire. 


Par conséquent, pour ma part entièrement subjective, je dois remonter aux plus fortes séquences démoniales de l'exorciste 1 et 3 ainsi qu'Amityville 2 (ou encore le téléfilm Les Envoûtés) pour renouer avec ce similaire sentiment d'insécurité viscérale aux confins de l'étourdissement. Sans exagération aucune. Car la manière lestement vertigineuse dont Oz Perkins parvient à maîtriser sa réalisation circonspecte (il prend son temps sans jamais ennuyer auprès d'une scénographie vénéneuse contemplative), son atmosphère occulte (sous-jacente mais davantage palpable) et la raideur des acteurs habités par la contrariété, le blues, la peur de trépasser ou d'être possédés tient du coup de maître alchimiste. Et si l'intrigue ne révolutionne rien sans faire preuve de subtilité et que certains rebondissements sont facilement devinables (raison pour laquelle il faut éviter de trop réfléchir afin de préserver son plaisir cinéphile ici au diapason, tout du moins pour l'amateur éclairé friand d'ambiance faisandée à damner un saint), les nombreux détails impartis à l'apparence trouble et inerte d'une poupée de porcelaine, la vision violemment dérangeante d'un macchabé (on est sincèrement carrément chez Fulci !), ces rébus à déchiffrer, son triangle à démêler et surtout la posture proprement terrifiante de Nicolas Cage en gourou goguenard transi de douce démence en serial-killer à la fois insidieux, rapace et délétère (offrez lui un Oscar, notamment tant il est méconnaissable !) nous plongent avec (une certaine) originalité dans le désarroi d'une enquête laborieuse contaminé par le Mal en personne. Et puis que dire de la prestance éthérée de Maika Monroe révélée dans le génial It Follows en agent du FBI intuitive hantée par un passé aussi secret que galvaudé si bien qu'elle crève l'écran auprès de sa pudeur, sa réserve contenue difficilement dicernable, ses angoisses introverties explosant lors d'un final exutoire. Un physique tout à la fois naturel et ordinaire pour une performance digne des plus grandes. 


Si bien que l'on s'extirpe de l'épreuve sataniste de Longlegs avec le sentiment prégnant d'avoir été brutalement éprouvé par un ectoplasme redoutable dans son art d'avoir su manipuler nos nerfs et nos émotions avec une rigueur fétichiste à la limite du soutenable (je fais surtout référence à son dernier quart-d'heure anthologique d'une terreur propre peu commune). Fascinant de la 1ère à la dernière bobine à travers son climat horrifico-dépressif-déstabilisant, Longlegs renoue finalement avec une peur universelle, spirituelle, innée, infantile aussi. Celle de se confronter au Mal, ou plutôt au diable en personne délibéré à posséder notre âme pour le plaisir de nous soumettre à ses désirs sadiques. Ad vitam aeternam...

*Bruno

Budget : 9 millions de dollars

Ci-joint le p'tit mot d'amour de Thierry Savastano

Top 2024
♥️Coup de Coeur❤️
Longlegs ⭐⭐⭐⭐
Directed by Osgood Perkins
2024 1h40 VOSTFR 4K
🟢 Une proposition occultiste oppressante et dérangeante dans son ensemble.
🟢 Osgood Perkins nous envoûte et nous tient en haleine à la fois en combinant le familier (déjà vue) avec l'inattendu, il arrive à nous pousser dans un état d'idée préconçue et de malaise et bifurquer dans de surprise en surprise.
🟢 Maika Monroe ma soufflé, elle est absolument exceptionnelle.
Évidemment Cage est flippant même si on le voit peu, mais chaque apparition est un régal.
J'ai bien aimé Blair Underwood en chef du FBI.
🟢 Longlegs est un thriller fantastique d'horreur superbement réalisé par Osgood Perkins, ce fils d'Anthony Perkins est a surveiller de près.
"Gloire a Satan"