dimanche 6 mars 2011

DOG POUND

                                          
                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site allocine.fr

de Kim Shapiron. 2010. France. 1h31. Avec Adam Butcher, Shane Kippel, Mateo Morales, Lawrence Bayne, Alexander Conti, Tim Turnell, Dewshane Williams, Shawn Doucette, Slim Twig, Trent McMullen...

BIO: Kim Chapiron est un réalisateur français né en 1980 à Hô-Chi-Minh-Ville.
Dog Pound est son second long-métrage après la bombe Sheitan (on aime ou on déteste !) sorti en 2005 et qui fit sensation un peu partout dans le monde.

Les nerfs à vif
A travers la description ultra réaliste d'un univers carcéral américain pour jeunes délinquants, Kim Shapiron nous embarque dans un voyage au bout de l'enfer dont personne ne sortira indemne !
C'est le parcours carcéral de trois nouveaux détenus qui nous est décrit: Davis, 16 ans, trafiquant de drogue. Angel, 15 ans, voleur de voiture et surtout Butch, 17 ans, transféré pour avoir mutilé l'oeil d'un officier dans son ancienne enceinte de détention. Dans cet établissement pour mineurs où règne la loi du plus fort, nos détenus vont rencontrer la dure réalité d'une épreuve de force, où haine et agressivité seront les maîtres morts face à l'impromptu. Surtout lorsque le leader Banks et ses deux complices s'amusent à brimer chaque nouveau détenu pour accéder à la notoriété.

Dans un âpre souci d'authenticité, le réalisateur nous immerge à travers un climat d'insécurité omniprésent au sein de cet enfer blafard. Un climat poisseux régit par la barbarie auquel nos jeunes héros vont devoir traverser pour tenter d'y survivre. Face à tant d'humiliations et de violence quotidiennes, difficile de garder son sang froid et rester de marbre par ces multiples bravades de haine. Le choix est simple: soit on subit devant l'affront de la provocation, soit on se révolte dans la plus brutale des ripostes ! Et à ce jeu là, Butch, adolescent passionné par les jeux du cirque, est une bombe à retardement prêt à imploser à tout moment dans sa révolte intrinsèque. Un jeune garçon désoeuvré, discret et loyal mais laminé par l'injustice et la dictature. Sa nouvelle condamnation à Enola Vale en est le microcosme carcéral érigé sous le principe de l'autorité punitive et du totalitarisme. A travers une narration particulièrement éprouvante pour l'intensité des règlements de compte et la déliquescence morale de l'anti-héros, Kim Shapiron emploie la radicalité, la violence rugueuse sans espoir de rédemption et ce jusqu'à l'ultime point d'orgue au paroxysme du chaos. Il dénonce avec lucidité et un réalisme documentaire l'impuissance d'une hiérarchie incapable de réhabiliter des adolescents livrés à la loi du plus fort dans un milieu hostile particulièrement insidieux.

Niveau distribution novice, ils portent le film sur leurs épaules avec une affliction humaine glaçante !!! Ils ne jouent pas leur rôle, ils le vivent, à l'instar du jeune héros Alexei Kravtchenko de l'inoubliable Requiem pour un massacre de Elem Klimov (Un rôle si difficile et traumatisant qu'après le tournage, il sombra dans une grave dépression !). Ces ados véhiculant aux spectateurs avec souci de vérité leur détresse, leur désengagement face à une société intolérante où l'amour et l'empathie en sont totalement bannis ! Dans la peau de Butch, Adam Butcher est LA révélation ! Il insuffle un jeu instinctif d'émotion primitive ! Il livre avec une stoïcité viscérale ses pulsions vindicatives de haine face à la riposte de la violence lors d'un élan de survie. Son regard meurtri et impassible, bafoué par l'iniquité, hante la mémoire du spectateur par tant de réprimandes infondées. Sans connaître son lourd passé et les raisons punitives pour lesquelles il fut interné, nous sommes bien conscients que ce jeune rebelle avait sans doute été défavorisé par une démission parentale, voire peut-être également des actes de maltraitance laissées en cicatrice.

Demain les mômes
Dans une ambiance immersive de désuétude et d'hostilité, Dog Pound est un uppercut qui met KO après le générique ! Une descente aux enfers abrupte par l'émotion qu'elle nous distille avec la volonté de nous immerger dans la déchéance humaine de détenus indomptables. La mise en scène avisée, autopsiant ces conflits d'autorité avec lucidité et refus de pathos ou de complaisance. Dès lors, il est impossible de sortir indemne d'un tel fardeau retranscrit avec autant de colère et de rancoeur par des acteurs criants de dignité !

NOTE: 2010 : Meilleur Nouveau Réalisateur (Best New Narrative Filmaker) au Festival de Tribeca (fondé par Robert De Niro) pour Dog Pound.

Dédicace à Philippe Nahon
01.09.10

BLISS (Whip It !)

                            

de Drew Barrymore. 2009. U.S.A. 1H51. Avec Ellen Page, Zoe Bell, Drew Barrymore, Sarah Habel, Alia Shawkat, Marcia Gay Harden, Eulala Scheel, Nina Kircher, Daniel Stern, Mark Boyd, Doug Minckiewicz...

BIO: Drew Blythe Barrymore (filleule de Steven Spielberg) est une actrice, productrice et réalisatrice américaine, née le 22/02/75 à Culver City, en Californie. Il s'agit de sa première réalisation.

L'ARGUMENT: Bliss est une jeune fille introverti de 17 ans qui doit subir les exigeances d'une mère autoritaire obnubilée par les concours de beauté. Mais Bliss va rapidement se découvrir une passion qu'elle ignorait : le roller derby. Un sport violent qui se voit affronter 2 clans opposés de jeunes filles déterminées à remporter la mise.

                  

ROLLERBALL FEMINISTE SANS JEU DE VILAIN.
Pour une première réalisation, notre célèbre actrice Drew Barrymore s'en tire plutôt bien dans cette évocation d'une adolescente taciturne qui va découvrir sa réelle foi intérieure grâce au sport de combat.

Dans un mélange de comédie de moeurs et d'action ludique à travers une épreuve sportive musclée, Bliss est un joli portrait attachant d'une jeune fille déterminée à se forger une personnalité. C'est cette activité extrême uniquement destinée aux femmes qui va la résoudre à se prendre en main dans cette phase d'adolescence difficile à gérer et équilibrer.
En s'opposant à des individus plus âgés qu'elle, notre héroine va pouvoir s'affirmer et se prendre en main au fur et à mesure de l'évolution de ses compétences sportives.
Par l'envie de gagner et montrer aux autres qu'elle n'est pas la petite fille docile , Bliss va bouleverser toute ton équipe pour les mener au bord de la victoire vers un final fatidique déterminant.
C'est en s'opposant aux conflits familiaux de ses parents qu'elle prendra véritablement conscience par quelle voie elle devra s'orienter, quel chemin elle pourra tracer en se livrant au sens de l'existence, ses envies intérieures, son désir d'ambition.

                   

GIRL POWER !
L'interprétation de l'attachante Bliss campée par Ellen Page est épatante de naturel et de sobriété dans sa petite taille d'adolescente, son air discret, sa bouille innocente, sa modestie fébrilement hésitante et son tempérament de battante. Non dénué de charme et de profonde tendresse quand elle s'attachera à son idylle amoureuse envers un jeune garçon ambivalent.
Dans le rôle d'une sportive expérimentée appartenant au clan opposé, Juliette Lewis délivre sans surprise un personnage tout à fait convaincant dans son arrogance, son envie d'annihiler l'ennemi et son complexe de vieillir trop vite, d'avoir perdu tant de temps à trouver sa véritable identité, passé le cap de la trentaine.
Malgré son physique quelque peu bouffi sans doute mis en cause par une dépendance à l'alcool, on retrouve avec plaisir une comédienne atypique dans son physique musclé, sexy et son regard de louve marginale.
La rayonnante et pétillante drew Barrymore n'est pas non plus en reste dans le rôle d'une girl power casse cou, souvent casse gueule sans jamais jeter l'éponge face à l'adversaire intransigeant ! elle monopolise ses apparitions à l'écran avec un tempérament extraverti et explosif dans une bonne humeur communicative !

                               

Le final énergisant et musclé pour nous offrir une ultime partie définitive de Roller Derby est un joli moment d'émotion et de sagesse dans le refus de livrer naïvement un happy end idéal où les cartes étaient jouées d'avance. A ce niveau, Drew Barrymore a sû éviter la forme conventionnelle d'une narration qui est loin d'être exempt de défauts dans ces poncifs établis comme l'amourette traditionnelle semi tragique entre les deux amants à la fleur de l'âge, les parents autoritaires imbus de leur personne, le manager sympa et gentillet ou les disputes entre copines qui finiront toujours pas se retrouver.
Mais les séquences d'action nerveusement dirigées et surtout le talent de la jeune Ellen Page emporte l'adhésion dans cette attachante chronique pleine de charme et de bon sens.

JUSQU'AU BOUT DU REVE.
Malgré une réalisation pas très maitrisée et une futile maladresse dans le jeu de certains acteurs, en particulier vers les conflits parentaux manquant parfois de conviction (du moins pour certaines scènes orageuses), Bliss reste une comédie légère sans prétention, agréablement rythmée par une BO rock endiablée. Empreint de tendresse et plus intelligente que la moyenne des teens movies orthodoxes, on ne sera pas indifférent au message social que Drew Barrymore souhaite nous retranscrire. A savoir une leçon de vie pour nous soumettre qu'il faut savoir écouter son coeur, le laisser nous guider sans s'attarder sur les préjugés ou les idées préconçues.
Que le droit à la différence est un équilibre et une valeur essentielle pour tous citoyens capables de vivre en communauté.

                   

02.09.10.

VENGANZA (Sólo Quiero Caminar / je veux seulement marcher)

                           

de Agustín Díaz Yanes. 2008. Espagne. 1H50. Avec Diego Luna, Elena Anaya, Ariadna Gil, Carlos Bardem, Victoria Abril

BIO: Agustín Díaz Yanes est un réalisateur et scénariste espagnol, né en 1950 à Madrid (Espagne). Il avait fait forte impression en 1995 avec son premier film : Personne ne parlera de nous quand nous serons mortes.
Venganza est son 4è long-métrage.

L'ARGUMENT: A la suite d'un hold-up raté envers des truands, un groupe de quatre jeunes femmes vont retenter un coup faramineux avec une bande de mafiosos méxicains réunis en Espagne. L'une des 4 filles est une jeune prostituée qui a involontairement séduit le leader des gangsters.
Les 3 jeunes femmes habitées par la vengeance vont essayer de les berner en leur soutirant une énorme somme d'argent.

                    

LES ANGES DE LA VENGEANCE.
L'avantage de Agustín Díaz Yanes est de traiter à sa manière personnelle une sombre histoire de vengeance où les héros sont des femmes, bien décidées à faire payer une bande de machistes qui ont envoyés l'une des leurs à l'hopital dans un état comateux.
Mais attention à la structure narrative qui en déconcertera plus d'un à cause d'une trame bien confuse, désorganisée et complexe dans l'enchevetrement des rebondissements. Il vaudra donc mieux être bien concentré pour apprécier pleinement ce polar violent qui ne va jamais là où on l'attend.
C'est la grande qualité du film de traiter de manière singulière et insolite une histoire criminelle déjouée par des femmes fragiles mais habiles et déterminées à remporter la mise.
Les séquences de braquage à haut risque sont adroitement dirigées et ne sombrent pas dans l'académisme facile. Les situations de danger sont souvent imprévisibles et les comportements de chaque protagoniste est inhabituellement retranscrit avec un sens de vérité, accentuant le côté réaliste, crédible de chaque épisode inopiné.
On ne sait jamais de quelle manière telle situation va aboutir et comment les personnages vont réagir. Le danger n'en n'est que plus conséquent et il sera impossible de deviner la suite des évènements davantages consolidés dans une dramaturgie orientée par l'évolution de l'histoire.

                         

DROLES DE DAMES.
Nos drôles de dames charmantes aux teintes naturelles sont interprétées par de jeunes actrices convaincues, rationnelles et divinement belles dans leur physique anti bimbo.
Elles sont dôtées chacune d'une personnalité distincte dans leur blessure écornée par l'une des deux soeurs (Aurora) qui devra purger une peine de quatre années de prison à la suite du premier hold-up.
Tandis qu'une autre jeune prostituée, Anna, se retrouvera à l'hopital entre la vie et la mort après avoir été éjectée en roue libre d'une voiture par son mari, chef du gang des mexicains.
Un joli portrait de quatres femmes bien dessinées, dôté d'un vrai tempérament revanchard empruntant de véritables dangers et d'une belle humanité retransmise comme la superbe interprétation de Victoria April qui doit s'occuper de son fils entre deux braquages à haut risque. Une scène tragique est à cet égard remarquable d'émotion dans ces derniers retranchements. Dans sa manière d'interagir une situation dramatique empreint de maladresse à la limite du superflu.
La relation idyllique entre Aurora et "Baby face" interprété par Diego Luna qui s'achemine dans les derniers actes avant le levé de rideau offre également une innatendue compassion désanchantée, une affectation avouée au dernier instant avant de conclure sur le respect promis d'une réminiscence.

                    

UN FILM D'AUTEUR.
Malgré une narration alambiquée difficile à suivre dans sa première heure de métrage, VENGANZA est un excellent polar espagnol déroutant, pleinement personnalisé par une réalisation inventive, maitrisée et dôté d'une jolie photographie. Avec en sus une habile utilisation des décors urbains ainsi que le design contemporain, l'esthétisme moderne des demeures classieuses dans lequel évoluent nos personnages machistes. Violent, beau, personnel et innatendu.

03.09.10

                      

Repo Men / Repossession Mambo

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Miguel Sapochnik. 2010. U.S.A. 2h00. Avec Jude Law, Forest Whitaker, Alice Braga, Liev Schreiber, Carice van Houten, Chandler Canterbury, Joe Pingue, Liza Lapira, Tiffany Espensen, Yvette Nicole Brown...

BIO: Il s'agit du premier long-métrage de Miguel Sapochnik, adapté du roman d’Eric Garcia  intitulé  The Repossession Mambo.

L'argument: Dans un futur indéterminé, une société appelée "l'union" a réussi à fabriquer des organes artificiels pour prolonger la vie de nos concitoyens. Le problème est que leur coût est très élevé sitôt la transplantation réalisée. C'est à ce moment là qu'interviennent les Repo Men, des hommes chargés de récupérer les organes non débités et ainsi tuer sans conscience morale leur clientèle endettée.

Les Rescapés du Futur.
Attention film OVNI réalisé par le jeune premier Miguel SapochnikRepo Men n'est point le remake du film culte des années 80 avec Emilio Estevez mais un film de science-fiction pessimiste à l'instar des distopies Brazil, Blade Runner, THX 1138, Silent Running ou encore Starship Troopers. De par sa narration aussi hallucinée que débridée on ne pouvait qu'enfanter un métrage bariolé, hybride, déroutant, indicible tant il télescope à rythme intermittent divers ingrédients inhabituellement agencés. Un alliage détonnant donc d'humour noir, d'action, de gore, d'ultra violence, de mauvais goût, de poésie macabre, de science-fiction, de romance et de film noir. Le tout irrigué d'une ambiance singulière ambivalente jouant avec l'opacité d'un univers sombre déshumanisé au rythme irrégulier d'une intrigue déroutante jalonnée de séquences d'action extrêmement violentes ou sanguines, qui plus est magnifiquement chorégraphiées.

Ainsi donc, après une première partie où l'on suit le travail routinier de notre duo dénué d'humanité ou d'un soupçon de compassion envers le citoyen endetté, la seconde partie rappelera à l'ordre l'un de nos deux protagonistes qui, à la suite d'une arrestation ayant mal tourner, perdra connaissance faute d'un arrêt cardiaque. Parmi cette impression déroutante d'assister à un métrage atypique, les interprètes du film ne sont pas en reste afin d'y former un trio anti caricatural. Jude Law demeurant étonnant dans son personnage en demi-teinte soudainement épris d'une conscience émotionnelle envers sa labeur quotidienne consistant à éradiquer les mauvais payeurs d'organes. La seconde partie narrative le rendra d'ailleurs davantage empathique, pour ne pas dire amoureux envers sa charmante partenaire méditerannéenne. L'actrice Alice braga se laissant sobrement charmer et attendrir auprès de la renaissance de Rémy dans sa fonction d'androïde rebelle et solitaire, tourmentée, apeurée de survivre au sein d'une société de consommation condescendante. L'équipier de Rémi est interprété par Forrest Whitaker en protagoniste fourbe, intransigeant, mais aussi ignorant jusqu'à ce qu'il suscite en fin de parcours un revirement fortuit.
  
Et donc, à travers ses têtes d'affiche peu recommandables on est particulièrement étonné par la radicalité de la mise en scène à aligner des scènes de violence rigoureusement brutales, impeccablement maitrisées sous l'impulsion d'une partition multi-factorielle alternant rock indépendant et mélodie lascive. 


Une production cathartique pour l'empire d'Hollywood.
Série B subversive, abstraite, jamais ennuyeuse, assez prenante et agressive entre deux scènes intimistes désenchantées, repo Men ne peut laisser indifférent. Son climat insolite sans concession le rendra d'autant plus intéressant à suivre à travers son regard pessimiste alloué à notre société de consommation perfide. Une étonnante découverte donc sortie dans l'indifférence de par son attrait clinique, austère, brutal n'ayant pas froid aux yeux.

06.09.10

LE DERNIER TRAIN DU KATANGA (The Mercenaries / Dark of the Sun)

             

de Jack Cardiff. 1968. Angleterre; U.S.A. 1H40. Avec Avec Rod Taylor, Yvette Mimieux, Peter Carsten, Jim Brown, Kenneth More.

BIO: Jack Cardiff  (18.09.14 / 22.04.09) est un directeur de la photographie et réalisateur britannique. Il possède à son actif 9 films réalisés entre 1953 et 1974 dont Les Drakkars (1963), Le Liquidateur (1965) et surtout pour les amateurs d'horreur, son dernier film sorti en 1974, The Freakmaker. Plus connu en France sous le titre de The Mutations, il n'eut même pas l'honneur de sortir en salles chez nous. C'est en vhs dans les années 80 que les amateurs auront l'opportunité de le connaitre.

Le Dernier Train du Katanga, basé sur une partie de faits réels (la décolonisation du Congo belge), est l'adaptation d'un best-seller de Wilbur Smith.

L'ARGUMENT: En 1960, en Afrique, dans un Congo en guerre, le Capitaine Curry est chargé avec son équipe de mercenaires de rapatrier en train des colons occidentaux menacés à une mort certaine dans la région du Katanga. De plus, il doivent également récupérer des diamands d'une valeur de 50 millions de dollars dans un coffre blindé d'une compagnie minière.

HEROS OU SALOPARDS.
Passé discrètement sous silence depuis des décennies, Le Dernier Train du Katanga ne bénéficia jamais des honneurs qu'il méritait ! Peut-être à cause d'une affiche explicite incitant à un combat sans merci à la tronçonneuse et du fait de sa violence rêche et brutale peu coutumière dans le genre ludique alors que le film ne vire jamais dans le racolage ou l'outrance gratuite. La violence sera avant tout ici un moteur pour mieux dénoncer toute son abominable horreur, son poison vénéneux qui s'injecte sans avertir chez nos soldats en cas de guerre des combats.

                    

La première partie du film nous entraine de plein pied dans le fameux train de tous les dangers pour sa destination du Katanga après nous avoir présenté les différents personnages (un docteur alcoolo, un ancien nazi et un sergent congolais) qui auront pour mission de sauver une poignée d'innocents avec une cargaison de diamants à la clef !
Dès le début de leur trajet nos mercenaires vont être tiraillés par un avion hostile qui ne leur laissera pas un instant de répit. Séquence d'action spectaculaire, efficace, adroitement dirigée.
Après un affront inopiné à la tronçonneuse entre notre capitaine Curry et cet ex-officier SS, la suite nous amène dans la fameuse région du Katanga et c'est là que le clou de l'action va intervenir à grand renforts de gunfights et d'explosions en tous genres.
Car le hic qui va chambouler toute l'opération c'est que le coffre fort possède une minuterie et qu'il va falloir attendre 3 heures de plus pour pouvoir s'approprier les diamants. En effet, le banquier n'avait pas prévu que nos mercenaires seraient arrivés si précipitamment.
Et la pire des situations de se produire dans un déchainement de violence commise entre les rebelles "Simbas" et nos mercenaires chevronnés.
Un combat sans merci va alors s'engager pour la survie des colons occidentaux pris en otage contre leur gré où rien ne se déroulera comme prévu.

                                           

En dosant habilement suspense, confrontation de nos personnages marginaux et action haletante, intense et brutale, Le Dernier Train du Katanga est une formidable machine de guerre qui ne relâche pas d'un yota l'intérêt du spectateur pris dans une aventure violente et barbare mise en cause par la sauvagerie d'africains impitoyables dans leur manière de combattre avec leur plus primitive bestialité.
La trame passionnante est loin d'être un film de guerre pétaradant dans le seul but ludique de distraire son spectateur à grand coup de scènes explosives anthologiques. Cette narration intelligente reste à hauteur d'homme contrebalancée dans les conflits psychologiques où ces fameux mercenaires ne sont pas aussi dignes d'éloges. Et plus la trame va s'amonceler, plus l'ambiance deviendra davantage poisseuse, aigrie, désenchantée dans la résultante d'une immoralité impertinente.

                    

Le capitaine Curry formidablement taillé sur mesure pour Rod Taylor est le personnage le plus fascinant et intéressant à examiner dans sa ligne de conduite imparable, son expérience indétrônable dans les situations de danger à haut risque et sa froide rigidité à combattre tête baissée dans les lignes ennemies imposées. La force du scénario et de l'évolution de son personnage sera qu'il devra payer un lourd tribut en fin de parcours désespéré. Un être anéanti, dissous, habité par la haine et la guise de revanche.
Son équipier c'est le Sergent Ruffo interprété par l'acteur black Jim Brown, le personnage le plus humble et loyal dans sa conscience équitable, son sens des valeurs et son humanité retranscrite avec tact et tempérence.
Quand au salopard de l'histoire, l'immonde Capitaine Henlein joué par le génial Peter Carsten est totalement abjecte en nazi sadique sans scrupule, uniquement appâté par le gain et capable de commettre les pires crimes envers ses successeurs ou ces 2 enfants du clan des Simbas venus espionner nos mercenaires. C'est lui qui affrontera à la tronçonneuse le capitaine Curry dans un combat singulier jamais vu dans un film de guerre (surtout pour l'époque !), d'autant plus que la séquence se révèle assez réaliste et intense dans les acharnements de survie. On évitera de spoiler les autres exactions dramatiques commises en sa défaveur tout en évitant aussi de dénoncer son potentiel destin.
Pour adoucir les moeurs, il y a aussi la charmante Claire campée par Yvette Mimieux, personnage féminin docile et fragile, retrouvée par notre troupe héroïque en inadvertance dans un état de choc semi conscient, en tout début de métrage. Elle compose avec frivolité une femme modeste, retenue, éprise de douceur dans son regard nonchalent par toutes les horreurs dont elle sera portée en témoignage.

                    

Le final anxiogène, acerbe et profondément tragique impose un lourd regard condamné sur l'homme devenu animal dans sa fatale intériorité, résultat lamenté d'une violence aveugle auquel aucun de nos protagonistes ne sortira vainqueur.

LEGITIME VIOLENCE.
Le Dernier Train du Katanga est un vrai classique du film de guerre totalement oublié, n'ayant jamais eu la prospérité d'être réévaluer pour ce qu'il est véritablement ! Un sombre témoignage lucide et dur, un triste constat sur l'inutilité de la guerre et cette violence instinctive enfouie en chacun de nous, capable de nous gangréner jusqu'à y perdre l'âme. A moins de trouver une rédemption permissive dans un tribunal arbitraire. La superbe partition musicale de Jacques Loussier, aux accents proches d'une mélodie atypique d'Ennio Morricone ajoute une aura supplémentaire à l'ambiance rêche qui s'évapore du film.

06.09.10

IRON MAN 2

                                 

de Jon Favreau. 2010. U.S.A. 2H05. Avec : Don Cheadle, Robert Downey Jr, Scarlett Johansson, Gwyneth Paltrow, Sam Rockwell, Mickey Rourke.

BIO: Jon Favreau (surnommé Favs) est un acteur, producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 19/10/66 à New-York.
Après avoir réalisé Zathura : une aventure spatiale en 2005, c'est à lui que l'on doit le premier volet d'Iron Man qui avait surpris son monde avec ce nouveau super-héros flambant neuf retransmis sur pellicule qui devait tant à la géniale interprétation de Robert Downey Junior.
Iron Man 2 est son cinquième long-métrage.

L'ARGUMENT: Après avoir divulgué au monde entier qu'Iron Man et Tony Stark ne font qu'un, son gouvernement américain qui rêve de concevoir une nouvelle armée du futur souhaite un compromis avec notre héros pour lui soumettre de dévoiler les secrets de fabrication de son armure atypique. Mais Tony Stark refuse, craignant que sa nouvelle technologie ne tombe entre de mauvaises mains.
Alors qu'à l'horizon, un nouveau partenaire épris de vengeance est fermement décidé à annihiler Iron Man.

                   

BAUME AU COEUR.
Dire que l'on attendait cette suite alléchante (aidée d'une bande annonce prometteuse) avec une réelle impatience et curiosité est un doux euphémisme tant le premier volet avait su nous surprendre. Avec cette sincère volonté, cette part de rêve de délivrer un excellent spectacle haut en couleurs dégageant un souffle d'évasion et d'émotion plutôt surprenant et trop rare dans le genre Marvelisé ciblé ados, si souvent orthodoxe, balisé et puéril (catwoman, les 4 fantastiques, daredevil, transformers, Elektra, Superman return, Punisher, Ghost Rider, Wolverine, etc...)
Le spectacle intense et énergique était aussi rehaussé par l'interprétation innée de Robert Downey Junior pour incarner ce nouveau super-héros charismatique à la carrosserie de rouge classieux. Un homme surhumain en demi-teinte, mi polissé pour sa droiture envers sa société, inventeur de génie, vendeur d'armes, playboy milliardaire et mi cynique dans son sarcasme après l'enfilement de sa combinaison, eu égard de son gouvernement imbus de pouvoir, prêt à lui accorder n'importe quelle faveur.

                   

Dès le début en fanfare pour une célébration attendue, on entre avec un bonheur retrouvé dans l'univers de Tony Stark et la séquence suivante du circuit automobile qui va intervenir furtivement nous exprimera une patine d'enfer devant le spectacle accordé à grand renfort de lassos électriques fouettés sur des automobiles sectionnées en deux ou explosées en plein vol. Pour exacerber cette séquence d'action impressionnante, il fallait bien un méchant prodigue de la trempe de Mickey Rourke pour la contenir et ainsi créer une probabilité de réalisme dans les séquences chocs délivrées, aidées par des FX en CGI bluffants.

La suite va tranquillement s'atténuer dans l'action survoltée après l'évasion du méchant de service pour nous faire partager les états de conscience de Tony Stark. Un super-héros toujours aussi humanisé, épris d'une belle épaisseur psychologique dans ses états d'âmes torturés à cause d'un souci de santé qui pourrait lui causer sa perte ainsi que l'avenir du monde en tant que sauveur de l'humanité. Penchant pour l'alcool, auto-destruction, sarcasme de son amour propre et fuite éperdue de son personnage héroïque vers une parodie de pacotille enlacé de donzelles fantasmées et éméchées.
C'est cette grosse partie psychologique, cette longue transition qui aurait un peu trop tendance à sombrer dans l'oubli du spectacle explosif auquel on s'était donné en droit d'attendre après la renommée et la grosse bouffée d'air frais du premier volet dans l'univers du super héros infaillible, seul contre tous.

C'est sans compter sur un duo hermétique interprété par Samuel L. Jackson et Scarlett Johansson qui viendront remettre dans le droit chemin notre héros tourmenté, s'apitoyant sur une lâcheté défaitiste . A moins que le souvenir de son père ambitieux lui permettra de se resituer dans une moralité spéculative.

D'autant plus qu'Ivan Vanko, le russe épaulé par un traitre du gouvernement est entrain de planifier, confectionner avec ses partenaires corrompus une imposante armée de robots ultra perfectionnés.
C'est dans cette dernière demi-heure retrouvée que nous aurons droit à notre quota de séquences vertigineuses, impeccablement réalisées dans un festival pyrotechnique sons et lumières à couper le souffle. Même si la confrontation entre Mickey Rourke et Robert Junior aurait gagné à être un peu plus étoffée dans leur ambition personnelle et leur caractère commun.

                   

On retrouve en tous cas avec bonheur égal un Robert Downey Junior toujours aussi attachant, bondissant, fantasque et plein d'humour dans son personnage héroïque rendu aujourd'hui plus fébrile dans son rôle du sauveur solitaire mis en cause par une faille technologique essentielle située au coeur derrière l'armure d'acier.
Le grand méchant loup, Ivan Vanko campé par le génial Mickey Rourke est parfaitement à l'aise dans le rôle d'un russe affirmé par sa gueule cassée et d'une bouille gonflée par l'alcool, envenimé par la vengeance à cause du décès de son père auquel il portera l'entière responsabilité à son partenaire idôlatré Iron Man. Dommage que sa prestance ne soit pas assez régulière et imposante dans ses ambitions dantesques et sa détermination à enrayer le bienfaiteur des humbles.

Samuel L. Jackson dans un court rôle de borgne vêtu de noir n'avait pas vraiment lieu d'être et se révèle plutôt terne et transparent. Tandis que son équipière de charme imposée par la séduisante Scarlett Johansson ajoute un charme certain à l'entreprise de choc dirigée par la nouvelle présidente en revue, la toute aussi charmante et doucereuse Gwyneth Paltrow, discrètement élégante.

Surtout que les talents acrobatiques de combats au corps à corps de la nouvelle veuve noire sexy se révèlent particulièrement agiles dans l'art d'appréhender l'ennemi.

                   



MI-FIGUE MI-RAISIN.

Iron Man 2 n'est pas la suite explosive annoncée et se révèle loin d'égaler le premier volet à cause d'un scénario pas assez fourni, manquant de vigueur, un peu longuet en milieu de métrage et se révélant en fin de compte sans surprise malgré une mise en scène soigneusement structurée et ses fx renversants.
De plus, certains personnages éloquents manquent de consistance comme Samuel L. Jackson ou surtout Mickey Rourke pourtant excellent mais pas assez exploité ni schématisé dans la psychologie de son personnage créé.
Paradoxalement, on ne ressort pas non plus de la projection pleinement déçu grâce à ces quelques séquences d'actions formidablement dirigées, l'interprétation toujours aussi jouissive de Robert Downey Junior et l'efficacité certaine d'un récit bien mené quoiqu'assez académique et même si l'effet de surprise ne joue plus. Un bon spectacle ludique malgré cette ambivalence, cette demi-mesure d'avoir été tout aussi déçu.
En attendant le 3è volet toujours réalisé par Jon Favreau...

08.09.10

DEVIL BLADE (Passa di danza su una lama di rasoio / Chassés croisés sur une lame de rasoir)

                

de Maurizio Pradeaux. 1972. Italie. 1H30. Avec Nieves Navarro, Robert Hoffmann, George Martin, Anuska Borova, Simon Andreu, Sal Borgese, Luciano Rossi, Serafino Profumo...

BIO: Le cinéaste italien Maurizio Pradeaux né le 16 avril 1931 aurait réalisé 8 longs-métrages durant sa carrière méconnue en France.
Ramon le Mexicain (1966), Un casse pour des clous (Venti otto minuti per tre milioni di dollari.1967), Les léopards de Churchill  (1970), Devil Blade (Passa di danza su una lama di rasoio.1972), I figli di Zanna Bianca (1974), Passi di Morte Perduti nel Buio (1976),  Death Steps in the Dark (1977) et enfin pour terminer Thrilling Love (1989).
Son métrage le plus célèbre serait le film de guerre, Les léopards de Churchill avec Klauss Kinski. Dans le domaine du Giallo, après son premier essai Devil Blade, il récidivera 5 ans plus tard avec Death Steps in the dark (1977).

L'ARGUMENT: Kitty, une jeune photographe se promène dans un parc, tout en observant au téléscope la ville de Rome. Brusquement, elle va être le témoin involontaire d'un horrible meurtre commis sous ses yeux à travers l'objectif.
A cause d'une impuissance des forces de l'ordre, elle décide avec l'aide de son ami Alberto d'enquêter pour son propre compte.
 
                                            

LA CHAIR SENSUELLE DU RASOIR SUR LA GORGE.
Giallo méconnu plutôt rare qui aura fait les beaux jours de certains rayons des vidéos-clubs des années 80, Chassés croisés sur une lame de rasoir (quel joli titre d'origine !), plus connu chez nous sous le nom américain de Devil Blade est un thriller transalpin mineur et maladroit mais oh combien attachant et mené sur rythme alerte.

Un mystérieux tueur boiteux, se déplaçant avec une canne, s'en prend à de jolies danseuses ou autres témoins gênants pour les égorger de manière sadique avec l'élégance d'un rasoir vétuste et classieux.
Pendant que l'enquête policière piétine et tourne en rond, notre couple héroïque uniforme décide de prendre les rênes en main pour tenter de soustraire le mystérieux tueur ganté, vêtu de noir et d'un sinistre chapeau.
 
                                             

SEUL(E) DANS LA NUIT.
La narration rudimentaire ne risque pas de vous donner le tournis mais l'enquête est suffisamment rythmée pour ne jamais nous ennuyer, surtout que les nombreux meurtres sanglants à base de tranchage de gorges filmées en gros plan ne pourront que contenter l'amateur pervers d'effet frissonnant et juteux. C'est en priorité du côté de l'esthétisme de ces meurtres soigneusement fignolés et d'une ambiance oppressante savamment orchestrée que Devil Blade va tirer son épingle du jeu.
Il faudra compter en moyenne un meurtre toutes les quinze minutes ! Comme la mort représentative du vendeur de châtaignes insalubre, réfugié seul chez lui dans une maison délabrée. La vieille dame solitaire, sournoise et désinvolte, seule dans le noir osbcur de son foyer, en dehors d'une bougie éclairée (ambiance lugubre garantie !). Et enfin nos charmantes jeunes filles souvent dénudées, totalement impuissantes face aux sauvages exactions commises sans compromis de notre diabolique tueur en série.
  
                                           

NUES POUR L'ASSASSIN.
Malheureusement, la maladresse de la mise en scène peu aidée par un scénario linéaire et routinier offre peu de surprises innatendues pour le spectateur, en dehors de l'identité meurtrière du coupable plutôt surprenante. Les comédiens se révèlent pourtant attachants et les femmes sont toutes plus belles et sensuelles les unes que les autres mais ils ne parviennent pas à convaincre dans l'enchainement des évènements de l'intrigue. La mise en cause en revient surtout à une réalisation peu affirmée et ses interprètes mal dirigés malgré un évident savoir faire dans les scènes de meurtres et son ambiance angoissante bien restituée.
De plus, les séquences érotiques softs purement gratuites prouvent bien la banalité d'une intrigue inconsistante qui essaie de compenser la maigreur de son script entre deux jolies scènes de meurtres à l'italienne.

Le final haletant, que ce soit la poursuite en voiture sous la pluie ou la dernière traque nocturne d'une jeune femme refugiée dans un abris de jardin est plutôt bien tempéré, palpitant, captivant. Le sentiment d'angoisse et de terreur oppressante exprimé aux victimes est parfaitement retranscrit et ne cède jamais dans le ridicule balisé.
  
                                             

GIALLO BIS.
Devil Blade est un Giallo mineur peu ambitieux, sans grande surprise mais le suspense aussi faible soit-il est pourtant assez bien rendu et entretenu et l'audace des nombreux meurtres disposés dans une ambiance angoissante restent les vrais points positifs d'un film sympathique, ludique qui ne prête jamais à l'ennui. De plus la partition musicale mélodieuse composée au piano, que l'on croirait sortie d'un Bava gothique ajoute un charme supplémentaire nonchalant.
Une curiosité sans prétention qui vaut tout de même le détour pour les aficionados de thrillers transalpins d'une époque révolue (en dehors du dernier coup d'éclat récemment commis par deux belges inconnus : l'expérimental AMER !)

DEDICACE A CHRISTOPHE DE LA GORGONE !
10.09.10

samedi 5 mars 2011

BURNING BRIGHT

                        

de Carlos Brooks. 2010. U.S.A. 1H25. Avec Briana Evigan, Garrett Dillahunt, Charlie Tahan et Meat Loaf .

BIO: Burning Bright est le second film d'un réalisateur et scénariste américain qui avait deux ans auparavant mis en scène un thriller nommé Quid Pro Quo.

Zé CRU VOIR UN GROSMINET !
D'une trame niaise aussi risible, digne d'une série Z de comptoir, Carlos Brooks a réussi avec une certaine intelligence à contenir une série B adroite, efficace et bien troussée, renforcée par le tempérament de son actrice principale: Briana Evigan.
  
                   

Un homme peu scrupuleux décide d'acheter à bon compte un tigre de cirque pour l'excursion de son prochain safari.
Tandis que sa belle-fille en deuil qui vient de perdre sa mère aura la lourde tache d'élever seule son jeune frère autiste.
Durant une nuit agitée au climat pluvieux, Kelly et Tom vont s'apercevoir qu'un intrus vient d'entrer dans la maison !
Un tigre enragé à qui on a volontairement omis de nourrir durant deux semaines !

Après une scène d'intro accrocheuse qui annonce la couleur de la dangerosité, à savoir le tempérament hostile du prédateur carnivore en question, nous allons faire la connaissance furtive de nos deux jeunes interprètes principaux sans s'attarder sur leur quotidien habituel. Une jeune fille et un garçon qui vont devoir quelques instants plus tard user de leur compétence physique et intellectuelle durant une nuit de frayeur au prix de leur survie.
Dès lors le huis-clos installé, la tension et le suspense nerveusement compromis n'auront pas le temps de s'atténuer en offrant à nos protagonistes une multitude de possibilités assez bien amenées pour tenter d'échapper au monstre carnivore.
Les tentatives d'essayer de sortir de la maison seront nombreuses car toutes les portes barricadées ont été condamnées sans en connaitre la véritable raison et cela jusqu'au moment opportun.
Heureusement, un téléphone portable et un revolver chargé viendront en aide à nos deux victimes mais pour un court laps de temps car des idées scénaristiques viendront sérieusement remettre en jeu ces deux éléments essentiels pour s'en sortir vivant.
  
                    

Dans un climat d'angoisse et d'inconfort, une multitude de scènes haletantes et spectaculaires vont intervenir à un rythme régulier, dans un souci de rendre le plus crédible possible une histoire improbable frisant le ridicule.
A contrario des séries B et autres DTV futilement torchées avec une pelletée de clichés et d'instruments balisés, Burning Bright sort la tête de l'eau pour nous livrer un petit moment attrayant, palpitant, spectaculaire, renforcé par la conviction de nos deux interprètes principaux dont le jeune frère souffrant d'autisme. Une bonne idée de scénario qui va rigoureusement alourdir les difficultés psychologiques rencontrées avec sa soeur qui ira jusqu'à imaginer la mort de son frère qu'elle étouffera elle même dans un cauchemar perturbant.

L'OEIL DU TIGRE.
C'est Briana Evigan (Sorority row) qui campe une séduisante jeune fille parfaitement crédible et réfléchie dans ces potentielles tentatives de se mesurer contre l'animal, ses défis adressés contre lui comme ouvrir le gaz de la cuisine, s'enfermer dans un réfrigérateur éteint, grimper dans une chute à linge ou fabriquer une torche enflammée pour l'intimider. Elle se révèle une femme de caractère, doté d'un joli sang froid, mais tout aussi attachante et humaine surtout quand elle décide de prendre la fuite en voiture alors que son jeune frère handicapé est encore à l'intérieur de la maison. Prise de remord et de lâcheté, elle n'aura pas d'autre choix que de revenir sur ses pas et combattre la bête cloitrée dans une éventuelle pièce de la demeure.
La bonne nouvelle qui va authentifier la menace omniprésente du fameux intrus carnivore viendra du faite que les FX ne seront pas numérisés (ou si peu) et qu'il s'agira durant tout le métrage d'un véritable tigre en chair et en os. Autant dire que la bête photogénique se révèle impressionnante dans son immense regard indocile, avide de chair humaine bien tendre, juteuse et vivante.

                    

Burning Bright est une sympathique série B assez habile, moins téléphonée que la traditionnelle des productions horrifiques mettant en avant  une agression animale, même s'il se laisse parfois aller à quelques facilités éculées (la voiture en panne impossible à démarrer).
Porté à bout de bras par le talent de sa jeune élégante actrice, il vous fera passer un moment agréable dans un récit efficace, bien rythmé qui multiplie les revirements spectaculaires et haletants. A ce titre, la séquence où l'héroïne grimpera dans une chute à linge est un joli moment de suspense, habilement monté à la manière d'Hitchcock dans l'art de créer l'angoisse de façon insinueuse avec l'attente de l'impromptu.
  
                    

13.09.10

COMME UNE ETOILE DANS LA NUIT

                                             

de René feret. 2007. France. 1H30. Avec Salomé Stévenin, Nicolas Giraud, Jean-François Stévenin, Marilyne Canto, Guillaume Verdier ...

BIO: René Féret est un cinéaste et acteur français, (26/05/45 à La Bassée, Nord) qui a réalisé 15 longs-métrages (La Communion solennelle, L'Homme qui n'était pas là, La Place d'un autre, Promenades d'été).

L'ARGUMENT: Marc et Anne vivent d'un amour passionnel qui vient à peine de démarrer. Mais le jeune homme va apprendre qu'il est atteint de la maladie de Hodgkin. Leur rêve d'avoir un enfant et de se marier sera inévitablement compromis.

                    

A travers l'histoire poignante d'un homme atteint d'une grave pathologie, René Féret va nous dresser sans pathos ni grandiloquence le portrait d'un couple exemplaire engagé dans l'optimisme pour la liberté d'espérer et d'aimer coûte que coûte. Deux amants amoureux qui vont s'unifier dans leur sentiment pour combattre la maladie et la mort.

Avec une narration aussi éculée se fourvoyant fréquemment dans la mièvrerie et les larmes faciles, Comme une Etoile dans la nuit tire sa distinction, sa force et son éclat dans son refus d'apitoiement sur les personnes au seuil de la mort. Ou tout du moins qu'il sera évitable de se lamenter, se complaindre de manière exacerbée sur la gravité d'une situation aussi dramatique.
Ce qui intéresse en priorité le réalisateur c'est ce combat de la vie contre la mort qui sait ici rester humble et digne de foi pour accéder à une forme de victoire personnelle autant que fusionnelle dans l'épanouissement de l'amour à travers un couple idyllique écorné.
On suit alors la vie quotidienne en demi-teinte, nonchalante et pleine d'espoir de ce jeune couple enrayé par le cancer de la maladie.
C'est leur cheminement que nous allons suivre et perdurer en suivant leur parcours lourdement affecté à travers les va et vient de différents examens pathologiques prescrits pour Marc dans les diverses cliniques spécialisées. Les lourds traitements qu'il doit subir, ses espoirs, ses craintes, ses angoisses, ses interrogations qu'il fera tout autant partager à son amie Anne constamment à ses côtés.
C'est tout autant le point de vue de cette femme amoureuse au courage exemplaire dans sa nouvelle vie pesante que nous allons également côtoyer et analyser.
Sa lucidité devant le fait accompli, sa foi alimentée par l'optimisme, sa force imparable d'aimer jusqu'au bout de la route et offrir avec toute sa vigueur l'immensité de son coeur à l'être aimé.

                    

Tandis que les autres témoins, les réactions exclamées de l'entourage de Marc ou du point de vue de Anne, leurs amies, les attitudes des différents acolytes ou des membres de la famille auront tendance à se mouvoir dans une plainte lamentée, une compassion tragédienne, un excès d'empathie envers l'état physique et la déliquescence du mourant.
Comme les parents de Anne qui refusent à admettre cette tragédie contemplative, n'acceptant pas que leur fille soit sur le fil du rasoir pour son équilibre vital, son avenir dénaturé, son épanouissement à vivre sa liberté lourdement remis en cause du haut de ses 25 ans.
Un père lâche, apathique et défaitiste qui refuse d'accepter que Marc soit potentiellement condamné par la maladie.
Tandis que les amis chers du malade, sa soeur ou ses parents s'apitoieront de manière pathétique sur son sort plutôt que de lui administrer un regain de chaleur, un optimisme rigoureux et une vivacité clairvoyante pour lui permettre de raviver son esprit et son éthique.

LES AMANTS ETERNELS.
Notre couple interprété par la très jolie Samuel Stevenin dans le rôle de Anne et Nicolas Giraud dans celui de Marc sont étonnants de justesse et d'humilité dans leur trajectoire périlleuse, pleine de doute, de craintes, d'espoir mais surtout leur force implacable de vivre jusqu'à la dernière seconde leur passion amoureusement ardente. Combattre le mal par une communion spirituelle promise dans la chair de l'autre.
La lettre bouleversante dans sa morale existentielle que Anne lira à la fin de leur parcours est un florilège de valeurs essentielles contre l'horreur de la mort, une leçon de vie pour y faire face et mieux affronter sa douleur vertueuse ou physique. Un hymne, une victoire de l'amour sur la mort quelqu'en sera notre destin et l'issue invoquée.

                    

LA MELODIE DE L'AMOUR.
Dans une mise en scène épurée sans aucun artifice, pleine de retenue et de candeur, Comme une étoile dans la nuit est un très beau témoignage tout en modestie et pudeur sur un couple alimenté par la confiance et l'uniformisation de deux coeurs confrontés à l'abîme mais confortés dans le culte de l'altruisme. A travers cette expérience douloureuse du combat implacable contre la maladie, le film se veut un vibrant hommage à l'amour dans sa forme la plus expansive, authentifiée dans le reflet de ces âmes éternelles.
Exactement de la même manière que de verser des cendres dans un océan matinal laissant pointé à l'horizon un soleil serein et contemplatif.

A Pina...

                    

vendredi 4 mars 2011

Freeway

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Matthew Bright. 1996. U.S.A. 1h38. Avec Kiefer Sutherland, Reese Witherspoon, Wolfgang Bodison, Dan Hedaya, Amanda Plummer, Brooke Shields, Michael T. Weiss.

BIO: Matthew Bright est un réalisateur et scénariste américain, né le 8 juin 1952 aux États-Unis, responsable de quatres longs-métrages dont l'excellent Ted Bundy directement sorti en vidéo en 2001. Freeway est sa première réalisation. Il y tournera enfin sa suite 3 ans plus tard, restée inédite en salles en France.


Le pitch : Pendant que sa mère prostituée et son beau-père drogué sont arrêtés par la police, Vanessa, jeune fille rebelle, décide de s'enfuir de la région pour aller rejoindre sa grand-mère en dérobant la voiture de son assistante sociale. Sur l'autoroute, son véhicule tombe en panne, mais un aimable pèlerin, psychologue pour enfants, lui prête main forte pour l'amener à son rendez-vous. Vanessa accepte mais se retrouve embarquée dans une descente aux enfers où les rôles vont finalement s'inverser: d'innocente victime, elle accédera au rang de meurtrière vindicative ! 
Méfiez vous des apparences ! Car à l'annonce du pitch convenu, Matthew Bright accouche d'un film monstre aussi bâtard que débridé. Entre violence incisive et délire sardonique mâtiné de grand-guignol, à situer quelque part entre un Tex Avery vitriolé et le conte de Perrault, Le Petit Chaperon Rouge. Le tout assaisonné du tempérament explosif de son actrice néophyte, Reese Witherspoon !  Porté par l'incroyable talent d'une jeune comédienne en roue libre à l'orée d'une riche carrière (Freeway est déjà son 6è rôle !), la pin-up Reese Witherspoon endosse son rôle effronté avec une spontanéité, une incontinence et un naturel imparables ! Un personnage haut en couleur de diva sexy, une adolescente fragile mais débordante d'impertinence de par son caractère irresponsable !


Il faut la voir affronter courageusement son violeur avec une haine disproportionnée ou affronter les provocations gratuites d'une prisonnière impérieuse dans un pénitencier pour femmes ! Un pugilat féminin bougrement extraverti car culminant au déchaînement de violence désaxée ! Ou lorsque la haine de l'iniquité pousse à la révolte criminelle. Ainsi, Matthew Bright nous transfigure l'attachant  portrait d'un chaperon rouge marginalisé d'une société urbaine en déliquescence, là où la justice et les forces de l'ordre sont devenues des parodies de leur corruption. Vanessa déambulant au hasard de ces rencontres autoritaires, telle l'enfant égaré dans une forêt hostile, pour retrouver un semblant de patrimoine familial, l'ultime espoir d'une retrouvaille salvatrice (celle de sa grand-mère !) au sein d'une métropole aliénée. Secondé par Kiefer Sutherland il caractérise à merveille l'emprise du violeur sadique, un tueur d'adolescent odieusement pervers dans son jeu de rôle cynique de questions-réponses éhontées. Rendu défiguré par sa diva hilare, ce renversement de situation ajoute du piment corrosif à cette traque meurtrière jamais avare de revirements impromptus ! Enfin, les apparitions furtives des seconds rôles ne laissent pas non plus indifférents. Que ce soit l'épatante et trop rare Amanda Plummer dans le rôle déchu d'une prostituée au grand coeur, Michael T. Weiss dans celui d'un drogué violeur aussi désopilant que pathétique, ou encore le duo imbu de flics obtus, campés successivement par Wolfgang Bodison et Dan Hedaya. Je termine avec la surprenante apparition de Brooke Shield interprétant la femme de Bob, une potiche de service aguicheuse au QI déficient, car incapable de déceler la moindre ambiguïté sur la double vie de son amant sociopathe.


La Revanche d'une blonde
Pour emprunter le cheminement d'un conte enfantin, Freeway adopte brillamment la démarche insolente de la farce à la fois cynique et sardonique. De remake trash à cartoon hilare, le cinéaste ayant su agencer climat insolent de rires nerveux et bouffées oxygénées d'ultra violence. Toutes les situations farfelues ou dramatiques s'exacerbant au rythme d'un ton goguenard, notamment par l'attitude erratique des personnages impudents. Enfin, la posture survitaminée de Reese Whiterspoon  et l'arrogance déloyale de Kiefer Sutherland doivent beaucoup au caractère débridé de cette traque infernale ultra jubilatoire. 

Bruno 
18.09.10. 3èx

Récompenses: GRAND PRIX DU JURY AU FESTIVAL DU FILM POLICIER A COGNAC 1997
                        PRIX DE LA CRITIQUE
                        PRIX D'INTERPRETATION FEMININE

NOTE: La durée du film varie selon certains pays !
France : 102 minutes ; Australie : 97 minutes ; Etats-Unis : 97 minutes (cut version)


jeudi 3 mars 2011

THE LAST LITTLE HOUSE ON THE LEFT IN THE PRAIRIE

                                     

de Otto Rivers. 2010. Durée: 7'44".

La vidéo ci-dessous !




HOUSE

             

de Nobuhiko Obayashi. 1977. Japon. 1H32. Avec Kimiko Ikegami, Kumiko Ohba, Yôko Minamida

BIO: Nobuhiko Obayashi (Obayashi Nobuhiko, né le 9 janvier 1938) est un réalisateur japonais, scénariste et monteur de films et de publicités pour la télévision qui est bien connu pour son style visuel surréaliste.
Il fut particulièrement reconnu pour ses films sur le passage à l'age adulte. Des films tels que Exchange Students (1982) et Futari (1991) développent ce thème tout en conservant les éléments de fantaisie surréaliste propre à son univers visuel.
House est son premier long-métrage.
 
                         

L'ARGUMENT: Une jeune fille contrariée fuit le cocon familial après que son père veuf se soit remis avec une nouvelle dulcinée.
Elle décide alors de partir en voyage chez sa tante, en compagnie de quelques amies. Arrivées dans la demeure, d'étranges phénomènes ne vont pas tarder à sa manifester.

MAGICAL MISTERY TOUR !!!
Attention film ovni ne ressemblant à rien de connu, au risque de donner une migraine pour les non avertis !
Dire que le film dâte de 1977 et que Sam Raimi a dû s'en inspirer pour son fameux Evil-Dead, il n'y a qu'un pas à franchir !
 
                    

La première demi-heure du film chatoyante et folichonne sera digne d'un épisode de Candy ! Sept jeunes filles partent en autobus dans une campagne retirée pour retrouver la demeure esseulée d'une tante solitaire introvertie, vivant seule avec son chat siamois.
Cette première partie rose bonbon mélange allégrement scènes niaises et enfantines avec en arrière plan visuel des planches animées, des paysages dessinés à la main dans des couleurs festives arc en ciel. Pour un peu on se croirait renouer avec l'univers du Magicien d'Oz au pays du soleil levant !
La suite vire de bord tout en restant dans le même esprit visuel avec un florilège de séquences chocs macabros humoristiques d'une inventivité hallucinée !
Imaginez un peu sa singularité foisonnante dans sa folie visuelle contagieuse ! Une jeune fille part chercher un pichet d'eau dans un puits pour en sortir une tête tranchée joyeusement égayée de son traitement morbide, valdinguer dans les airs, rebondir de bas en haut et s'en aller taquiner notre camarade éberluée ! Une autre protagoniste se fera gentiment dévorée par son piano pendant que le restant de ses doigts coupées continuera à interpréter une mélodie inspirée ! Des matelas et des draps survoltés vont recouvrir une fille subitement étouffée dans un nuage de plumes démultipliées ! Des lampadaires vivants s'empressent de kidnapper deux de nos héroïnes funambules et lunatiques ! Une tête et une bouche géante traversent la pièce devant nos charmantes invitées stupéfaites des tailles pharaoniques ! Une vitre se brise et se laisse dégouliner des lambeaux de sang fluides et clairs comme de l'eau colorée ! Comme la tête d'une demoiselle se fissurant, telle des bouts de verre déliés pour laisser place aux flammes de l'enfer !
 
                           

Dans un mélange atypique de fantastique onirique, féérie, poésie et terreur parodique, nos sept fidèles japonaises déconcertées mais tout aussi amusées de cet incroyable spectacle infatigable vont facilement se laisser entrainer pour être happées par des forces diaboliques qui se permettent le contrôle absolu sur la réalité des faits.
Les effets spéciaux cheaps, amusants, débridés et désuets ajoutent un charme kitch qui concorde parfaitement à l'esprit cartoonesque du film. Les idées toutes plus frappadingues les unes que les autres pleuvent à foison jusqu'à un final raisonné, tout en calme contenu, d'une philosophie cristalline sur le sens de l'amour.
La partition musicale en demi-teinte souvent mélodieuse et doucereuse tandis que de temps à autre pop et jazzy accusent bien cette ambivalence d'un univers indéfinissable, mis en scène dans des moyens techniques divers et variés comme l'effet d'animation cartoonesque, les scènes vétustes en noir et blanc, l'emploi du ralenti saccadé, les arrêts sur image ou les planches dessinées à la main.
 
                    

LA MAISON DES 1000 TOURS.
House est un film fantastique hors du commun qui ne pourra pas plaire à tout le monde du fait de son climat insolent vraiment particulier, psychédélique et insolite, totalement livré à l'abandon d'un imaginaire expansif et déchainé, entre un Tsui Hark sous ecstasies et un Sam Raimi filmant son film la tête à l'envers avec une affection pour le merveilleux et le kitch criard assumé.
  
                    

22.09.10.

LE SPECTRE DU PROFESSEUR HICHCOCK (The Ghoul / Lo Spettro)

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemapassion.com

de Riccardo Freda. 1963. Italie. 1h38. Avec Barbara Steele, Peter Baldwin , Elio Jotta, Harriet Medin, Carol Bennet, Carlo Kechler, Reginald Price Anderson.

FILMOGRAPHIE: Riccardo Freda (24.02.09 - 20/12/99) est un réalisateur, scénariste et acteur italien à l'origine de 27 longs-métrages réalisés entre 1942 et 1989. Il sera surtout reconnu auprès des amateurs de cinéma fantastique avec Les Vampires, Caltiki, le monstre immortel, Maciste en Enfer ainsi que ses fausses suites l'Effroyable secret du Dr Hichcock, le Spectre du professeur Hichcock.
L'un de ses plus beaux fleurons qui aura marqué toute une génération de cinéphiles restera également Le Chateau des amants maudits (Béatrice Cenci), fresque historique romantique dont Argento s'en serait particulièrement inspiré pour Suspiria (ex: la fille accourant dans les bois sous une pluie battante en scène d'intro).
                
Le Château des amants maudits
Un an après le succès de son chef-d'oeuvre L'Effroyable secret du Dr Hichcock, Riccardo Freda reprend sous son aile son actrice fétiche Barbara Steele pour parfaire un second bijou d'épouvante. Cette fausse séquelle se réapproprie d'une ambiance gothique raffinée qui comblera les amateurs à travers une narration machiavélique mettant en exergue des personnages perfides sans vergogne. Deux amants vont comploter un stratagème criminel pour supprimer le mari moribond et s'approprier sa fortune en guise d'héritage. Mais les sinistres amants ne sont pas au bout de leur peine et de leur surprise lorsqu'ils seront témoins du spectre du professeur hantant les nuits de la demeure maudite. Au sein d'une bâtisse gothique d'une beauté sépulcrale ornée d'éclairages bleutés, Riccardo Freda nous entraîne dans un huis-clos malsain où les nombreux revirements se soumettent à narration charpentée au rythme d'un suspense latent. En dehors de son aspect visuel flamboyant qui ne pourra que pâmer de bonheur les amateurs d'ambiance gothique (candélabres dégoulinants de cire, crane humain, costumes victoriens, caveau vétuste, tableaux picturaux), Le Spectre... s'édifie en passionnant jeu de pouvoir entre des personnages insidieux communément cupides.                

Niveau distribution, la divine Barbara Steele nous magnétise le regard de sa posture de maîtresse complotiste à la fois orgueilleuse et impassible. Vénéneuse en diable, elle magnétise l'écran de ses yeux noirs habités par la soif du Mal. Peter Baldwin lui prête la vedette avec l'autorité d'un séduisant dandy aussi pernicieux et autrement mesquin dans sa manoeuvre criminelle. Dans un jeu en demi-teinte épris d'aigreur et de pulsions vengeresses, Ellio Jotta endosse le Dr Hichcok sous un physique famélique, notamment de par son teint blafard et sa mine anxiogène. Dans une silhouette froide et mortuaire, Harriet Madin campe l'indocile gouvernante sous une sinistre robe noire et un chignon étriqué.   
                  
Le Fantôme vivant
Même s'il n'égale pas son premier coup de maître tourné un an au préalable, le Spectre du professeur Hichcock constitue une formidable contribution au genre gothique autour d'un jeu de massacre sans échappatoire. Nanti d'une fulgurance visuelle traditionnellement raffinée, d'une science du suspense savamment planifié  et surtout d'une galerie pathétique d'antagonistes couards, Le Spectre... épouse un climat malsain d'autant plus audacieux si je me réfère à sa séquence de meurtre particulièrement sanguine. Pour parachever, on finit d'évoquer cette magnifique comptine musicale inscrite dans l'amertume qu'une boite à musique amorce dans une intonation lancinante, étrange et mélancolique. 

24.09.10
Bruno Matéï 

L'ATTAQUE DE LA FEMME A 50 PIEDS (Attack of the 50 Foot Woman)

                          

de Nathan Juran. 1958. U.S.A. 1H08. Avec allisson Hayes, William Hudson, Yvette Vickers, Roy Gordon, Georges Douglas, Ken Terrell, Otto Waldis.

BIO: Nathan Juran est un réalisateur, scénariste et directeur artistique américain, (01.09.1907 / 23.10.2002) totalisant une filmographie de 27 longs-métrages réalisés entre 1947 et 1973.
On lui doit d'excellents westerns de série B mais surtout des classiques et autres chefs-d'oeuvre du fantastique comme La Chose surgie des ténèbres, A des millions de kms de la Terre, le Cerveau de la planète Arous, Jack le tueur de géants et Les Premiers Hommes dans la Lune.
Son chef-d'oeuvre absolu reste Le 7è Voyage de Sinbad, réalisé en 1958.

                                   

L'ARGUMENT: A la suite d'une violente dispute avec son mari, Nancy Archer décide de s'enfuir en voiture dans le désert californien quand une sphère rouge lui illumine les yeux ! Un homme géant en sort pour lui barrer la route ! Paniquée, elle prend la fuite et se réfugie au commissariat du coin raconter son impropable expérience avec cet extra-terrestre éberlué !

                             

LA BLONDE CONTRE-ATTAQUE !
Bienvenu dans un nanar célèbre des années 50 qui vaut plus par la texture de sa magnifique et prometteuse affiche que son contenu maigrelet et vain à cause d'une narration aussi dérisoire que risible.
La trame est à elle seul un sommet d'ineptie et de niaiserie absolue !!! Voyez le topo !
Pendant qu'on annonce à la radio la potentielle apparition d'un mystérieux satellite aperçu par des témoins dans un désert californien, un riche couple accumule les violentes rixes interposées à cause du mari volage qui passe son temps à roucouler dans le bar du coin avec une jeune décervelée affriolante. Tandis que la femme jalouse et impuissante face à cette coutumière infidélité se noie dans l'alcool en attendant des jours meilleurs.
Ces séquences conventionnelles aussi banales que maladroitement mises en scène vont s'étirer durant 40 minutes (le film totalise 1H05 en dvd !) avant que ne surgisse le fameux coup de théâtre tant promis sur l'affiche kitch faramineuse: la taille devenue gigantesque d'une femme vindicative élevée à 50 pieds, bien décidée à faire payer à son mari ses mensonges et son irrévérence envers son infidélité.
Et ne me demandez pas de quelle manière et pourquoi cette femme atteint une taille subitement anormale car nous ne le serons jamais ! Mis à part le fait qu'elle se soit fait enlever quelques heures auparavant par un extra-terrestre géant vêtu comme un lutteur romain chauve en jupette de carnaval ! (là aussi, rire garanti à chacune de ses apparitions !)

                                 

L'idiotie du récit totalement dénuée d'épaisseur psychologique pour un aussi faible enjeu dramatique, les dialogues involontairement drôles, les comédiens caricaturaux mais attachants dans leur véracité à vouloir convaincre, les FX peu nombreux, cheaps et plutôt risibles de manière générale concluent à rendre un nanar amusant qui ne cède pourtant jamais à l'ennui.

Le final bordélique qui fait intervenir la revanche de Nancy rendue physiquement géante vaut son pesant de situations farfelues, de poésie surranée quand elle traverse en petite tenue sexy la ville pour s'en aller retrouver son mari dénigré. De son impressionnante taille et masse musculaire, Nancy, telle un king-kong féminin sans poil (ou si peu !) fracassera de ses mains une toiture et autre fenêtre d'un hôtel, cherchant pertinemment son époux modèle pour l'écraser de ses propres mains !
La conclusion étonnement dramatique que drolatique n'avait pas lieu d'être et si le souhait du réal était de fébrilement nous émouvoir, l'effet est totalement inversé à cause de sa morale neuneu à peine injustifiée.

BIKINI MAD WOMAN.
Réalisé avec un budget dérisoire par des acteurs rigolos, L'attaque de la Femme à 50 pieds  n'est surement pas ce que nous a offert de mieux le maitre de la série B, Nathan Juran, mais il reste malgré tout un bon petit nanar distrayant au charme vintage jamais ennuyeux. D'ailleurs, sa réputation est telle qu'un remake réalisé par Christopher Guest avec Daryl Hannah dans le rôle titre (en faite, il s'agit d'un télé-film déguisé) fut entrepris en 1993.

                   

26.09.10