mardi 15 mars 2011

DUPONT LAJOIE

                                   

d'Yves Boisset. 1975. France. 1H43. Avec Jean Carmet, Pierre Tornade, Isabelle Huppert, Jean Bouise, Michel Peyrelon, Ginette Garcin, Pascale Roberts, Robert Castel, Victor Lanoux, Jacques Villeret.

L'ARGUMENT: Un cafetier parisien parti en vacances avec sa femme viole et tue la fille d'un couple d'amis. Afin de maquiller sa culpabilité, celui-ci décide de faire porter le chapeau de son crime par un Maghrébin employé sur un chantier voisin.

                                           

MON AVIS: Ives Boisset est un réalisateur discret et talentueux qui ne connut pas la renommée qu'il méritait, un peu à la manière d'un autre grand du cinéma social: Serge Leroy.
Il réalise plus de 17 Films (et une plétore de métrages T.V) dont les plus essentiels resteront "Le saut de l'ange", "Folle à tuer", "Un Taxi mauve", "R.A.S", "Le Juge Fayard dit le Shériff", "La Femme flic", "Allons z'enfant", "Canicule" puis "Le Prix du danger".

"Dupont Lajoie", charge sociale brutale anti-conformiste est un puissant plaidoyer contre le racisme, une dénonciation brute sans effet de style qui n'ira pas par quatre chemin pour dépeindre à travers les vacances festives ensoleillées de paisibles citoyens venus s'évader le temps de leur congé une France profonde engluée dans ses préjugés, sa haine de l'étranger et sa médiocrité morale primaire autant pour ce triste tableau évoqué que la police permissive et ces politiciens lachement laxistes. Autant dire que tout le monde en prendra ici pour son grade.

Un cafetier (l'immense jean carmet dans un rôle monstrueux) parti en vacances avec sa paisible famille dans un camping populiste profitera de l'attention accordée aux jeux populaires traditionnels du village de la région pour se balader aux environs reculés campagnards et retrouver la jeune fille allumeuse de la famille des Colin (la débutante et naturellement belle Isabelle Hupert), allongée paisiblement demi-nue dans un discret coin de verdure.
Pris d'une pulsion sexuelle incontrolée, il décide de se lacher dans ses bas instincts pervers, voyeuristes et obsessionnels pour la violer et commettre un second acte irréversible: la tuer froidement par accident.
Il décide alors de se débarrasser du corps pour le déposer dans un chantier voisin, là ou des immigrés s'y sont récemment installés.

                                           

Yves Boisset dénonce avec réalisme et sincérité le portrait pathétique d'une poignée de vacanciers racistes, qui, épris de lâcheté, colère envahissante, langues de vipères déliées et rancune tenace vont se soumettre à une chasse à l'homme démesurée pour tenter de retrouver le fameux présumé coupable de ce meurtre crapuleux. Persuadés qu'il s'agit d'un des étrangers du chantier, à leur tour ils vont commettre l'impardonnable: lyncher violemment et aveuglément d'innocents maghrébins expatriés de leur pays d'origine et tuer froidement l'un des leurs dans un déchainement de violence commise en réunion.
Le metteur en scène alarmé et sensible aux problèmes raciaux décrit avec beaucoup de vérité dans cette période estivale chaleureuse et bon enfant du "camping du soleil" d'une France du début des années 70, l'assemblée de français moyens incultes, méprisants, autoritaires envers l'étranger.
Le moindre prétexte pour tenter de les condamner (la bagarre dans le bal) n'est qu'une astuce de plus pour enrayer la venue de ces paisibles algériens incapables de se combiner, se solidariser, se familiariser avec ces voisins enracinés dans leur pays natal. Le manque de communication, l'impossibilité d'être à l'écoute de celui que l'on ignore, l'incapacité à comprendre celui qui a osé pénétrer dans un pays étranger au sien. Toute cette agitation endoctrinée par la douleur d'un deuil soudain, cette contagion aveuglée par leur besoin de violence revancharde va mener cette ignoble farce dans une terrible impasse ou personne ne sortira victorieux mais vaincu. La vengeance n'étant qu'un acte supplémentaire pour se perdre dans les méandres du Mal et ainsi noircir, souiller l'âme de l'innocence dans une conclusion nihiliste indigne et radicale.

Servi par une mise en scène ancrée dans la réalité des années 70 et d'étonnants acteurs investis qu'on a l'habitude de voir dans un registre plus léger, "Dupont Lajoie" ne perdra malheureusement jamais de son impact pour une actualité si brûlante. Il reste une oeuvre essentielle, un témoignage fort et violent sur la montée progressive du racisme au début de cette décennie qui ne mènera au bout du compte qu'à la haine et la violence déployée, purement et pitoyablement gratuite.

                                    

NOTE: Ours d'argent spécial du jury au Festival international du film de Berlin de 1975 Prix du jury des lecteurs du Morgenpost au Festival international du film de Berlin de 1975 Recommandation Interfilm au Festival international du film de Berlin de 1975
Le film s’inspire en partie de la vague de meurtres racistes commis dans le sud de la France au début des années 70, notamment à Marseille durant l’été 1973.

22.06.10

POLICE PUISSANCE 7 (The Seven-ups)

                               

de Philip d'Antoni. 1973. U.S.A. 1H46. Avec Roy Sheider, Victor Arnold, Tony Lo Bianco, Larry Haines, Richard Lynch, Bill Hickman, Joe Spinell.

L'ARGUMENT: Pour lutter contre les gangs de la mafia, Buddy Manucci a constitué une brigade de policiers en civil, les "Seven Ups", qui procèdent selon des méthodes à la limite de la légalité. Mais un duo d'autres malfrats rançonnent les mafiosos jusqu'au jour où un flic est tué par inadvertance.

                                       

MON AVIS: Par le producteur de "French Connection" et "Bullit", Philip d'Antoni décide de s'atteler à la réalisation en 1973 au domaine du polar nerveux contemporain avec "Police Puissance 7" qui décrit le quotidien de flics obstinés vêtus en civil nommés les "seven-ups" pour mieux appâter les gangs les plus réputés de New-York. Mais une mystérieuse organisation usurpatrice exerçant à leur propre compte rançonne ces malfrats en les kidnappant un à un tandis qu'une taupe proche du chef des seven-up évitera d'être démasquée. Mais la mort d'un flic infiltré va bouleverser ce petit monde corrompu davantage irrité par ses perfides traquenards.

D'entrée de jeu, on est immédiatement frappé par l'ambiance urbaine, intense et réaliste, à la manière d'un doc et cette habile science du suspense présente pendant une enquête de routine ciblant un gangster venu négocier dans un magasin. On sent irrémédiablement l'influence de l'oeuvre référence de William Friedkin "French Connection" dans son climat au souci d'authenticité imprégné dans la réalité d'une métropole urbaine, dans ces banlieues bétonnées, ses hauts immeubles environnants, ses quartiers chauds, ses larges rues spacieuses avec ses longues voitures américaines roulant à vivre allure quand il s'agira de vouloir sauver sa peau. Et à cet égard, impossible de ne pas évoquer la longue poursuite automobile qui enchaine à mi-parcours du métrage totalisant au compteur une durée de 9 minutes de bobine affolantes. Un moment jouissif proprement anthologique, digne des figurer parmi les scènes de poursuites les plus impressionnantes et intenses du genre. Pas d'effet de vitesse à plus de 250 ou 300 kms/h dans les rues de New-York comme dans la série fadasse des "Fast and Furious" mais des voitures réelles identitaires et repérables durant l'action continue, vrombissantes et crachant à perdre haleine leur fumée de pot d'échappement, crissant leur pneu en plein centre-ville dans des virages inconscients, fonçant aveuglément parmi une foule d'enfants médusés et terrifiés et devant une agglomération bruyante semi-consciente du spectacle furieux mis en valeur devant leurs yeux ! un grand moment de cinéma terriblement efficace, débridé, violent, tenace dans son combat infernal entre deux véhicules conduits par des êtres acharnés à remporter coûte que coûte la mise sans jamais interpréter l'action à outrance pour épater les yeux ! Le final à bout de course s'arrêtera net pour l'un des 2 véhicules percuté dans l'embardée frontale extrêmement brutale d'un imposant camion !

                   

Le palmarès d'interprètes bien connus des années 70 allant de l'excellent Richard Lynch avec son étonnant faciès biscornu, le regretté Joe Spinell dans un excellent second rôle de racaille de bas étage, le traitre Tony Lo Bianco au regard fusionnel de renard indocile et surtout l'épatant Roy Scheider tout aussi investi que dans son interprétation enfiévrée et rancunière de "French Connection" renforce le caractère crédible de cette enquête criminelle passionnante mise en valeur grâce à un bon scénario méthodiquement structuré, fébrilement équivoque à la première entracte mais facilement indentifiable pour les suite des réparties à venir. L'accord musical sombre, immersif et haletant sorti tout droit du polar "French Connection" (encore lui !) adopte une ambiance hostile renforçant constamment l'intensité des nombreux épisodes.

Loin d'être un plagiat copie conforme de "French Connection", "Police puissance 7" possède aussi sa propre identité même s'il pourrait former une forme de suite au duo commandité par Popeye. Il fait malheureusement parti à tort de ces petits polars rapidement oubliés durant cette décennie seventie.
Il s'agit pourtant d'un des meilleurs démarquages du chef-d'oeuvre de Friedkin, un polar âpre, dense, nerveux et terriblement prenant à réhabiliter d'urgence.

                             

23.06.10. 2

SHUTTER ISLAND

                           

de Martin Scorcese. 2010. U.S.A. 2H17. Avec Leonardo DiCaprio, Mark Ruffalo, Ben Kingsley, Michelle Williams, Patricia Clarkson, Max von Sydow, Emily Mortimer, Jackie Earle Haley, Elias Koteas...

L'ARGUMENT: En 1954, les U.S. Marshals Teddy Daniels et Chuck Aule débarquent pour enquêter sur la disparition d'une patiente d'un hôpital psychiatrique « haute sécurité », sur Shutter Island.
A leur arrivée, le docteur Cawley leur explique que cette patiente, Rachel Solando, a tué ses trois enfants en les noyant.

                   

MON AVIS: Après son remake de haut niveau "les infiltrés" et "shine a light" et en attendant "silence" puis "The Invention of Hugo Cabret", le grand maitre d'origine sicilienne Martin Scorcese s'empare du roman de Dennis Lehane pour une adaptation cinématographique classieuse, déroutante aux accents hitchcockiens éprouvées dans une atmosphère lourde et oppressante, superbement photographiée.

Durant les années 50, après le traumatisme de la guerre orchestrée par Hitler, 2 agents fédéraux viennent enquêter sur la disparition d'une patiente schyzophrène du nom de Rachel, enfermée dans une forteresse psychiatrique au beau milieu d'une île surnommée "Shutter Island". Leur enquête trouble, venimeuse et inquiétante vont les mener dans la pire des réalités où la folie et la raison vont fusionner pour ne former au bout du compte qu'une sombre histoire traumatique sur fond du pire génocide ethnique de l'histoire de l'humanité.

Le grand Martin Scorcese entame pour son nouveau film la voie du thriller vertigineux aux brusques écarts horrifiques pour mieux nous berner d'un épouvantable drame psychologique.
La première partie du film plutôt équivoque et volontairement bariolée nous entraine dans une forme de labyrinthe mental d'un flic obstiné à retrouver coûte que coûte une patiente criminelle hautement dangereuse qui aurait disparue de sa cellule sans aucune explication rationnelle et plausible.
Le flic Teddy Daniels est un ancien combattant américain durant la 2è guerre mondiale, fortement éprouvé par les camps de concentration dont l'image d'une fillette morte enlaçant d'un bras désemparé le cadavre de sa mère lui reviendra régulièrement en tête pendant son investigation dans l'hôpital psychiatrique en compagnie de son collègue Chuck Aule. A peine remis du décès de sa femme brûlée vive dans un incendie il sera aussi constamment épaulé par le fantome de cette bienaimée lui suppliant de quitter l'île au plus vite au risque de perdre son âme à tout jamais.
De cette trame dense et rocailleuse, pendant la quasi majorité de durée du métrage, nous allons suivre le parcours tortueux, dérangé, hermétique d'un homme davantage persuadé qu'il est victime d'un immense complot où les malades mentaux du "Shutter Island" ne sont en faite que des cobayes lobotomisés afin de devenir des agents de la guerre froide.

                         

Par l'intermittence de séquences inattendues, opaques, irrationnelles, oniriques et cauchemardesques, Martin Scorcese ne va de cesse nous intriguer avec savoir faire, destabiliser notre version des faits, triturer nos méninges dans une successions de moments insolites, horrifiques, inexplicables ou le sens de la réalité sera constament remis en doute par le spectateur qui ne saura plus sur quel pied danser.
Jusqu'à cette dernière demi-heure hautement psychologique, dramatique et intense. Une révélation bien explicative, claire et précise offrant une délivrance au spectateur quand aux véritables raisons de cette lugubre machination. Un final terriblement poignant qui ne laissera aucune issue de secours quand à la possibilité d'une potentielle voie raisonnée.

Leonardo Di Caprio dans un rôle en demi-teinte porte littéralement le film à bout de bras, il offre par sa forte prestance et son jeu viscéral tour à tour névrotique et lucide un complément de poids face à un scénario aussi passionnant enrichi sur l'humanité désespérée de son personnage.
La prestation musicale lourde et pesante envahit tout le métrage de sons stridants, intenses et anxyogènes, de temps à autre plus langoureux sur un tempo assombri à la manière d'un battement de coeur flottant.

En évoquant au passage le traumatisme vécu de ces soldats partis au front pour affronter l'horreur absolue durant la seconde guerre mondiale, "Shutter Island" est un excellent thriller psychologique au suspense savament entretenu qui ne lache pas d'une prise l'intérêt du spectateur dans sa complexe linéarité de prime abord mais qui se révèlera par la suite des évènements tout à fait cohérent et limpide pour bifurquer vers un véritable drame glaçant et poignant sans laisser une éventuelle concession quand à la possibilité d'un happy end libérateur !

                   

25.06.10.

ACOLYTES

                            

de Jon Hewitt. 2008. Australie. 1H31. Avec Danny Baldwin, Holly Baldwin, Harley Bennick, Michael Dorman, Sue Dwyer, Joel Edgerton, Sebastian Gregory, Isabella Heathcote, Todd Levi.

L’argument : Suite à la disparition d’une jeune camarade de classe, Mark surprend une voiture s’éloigner dans les bois, près d’un monticule de terre fraîchement remuée... Avec l’aide de ses amis James et Chasely, Mark décide de retourner sur place par souci de curiosité.

                       

MON AVIS: Après un très amateur "Bloodlust" réalisé en 1992, Jon Hewitt revient derrière la caméra 16 ans plus tard avec ce nouveau long-métrage prenant le total contre pied de ce qu'il avait entrepris comme un gros gag vampirique décomplexé bourré d'action de testostérone mais tellement brouillon et réalisé avec des moyens beaucoup trop précaires pour pouvoir s'enthousiasmer avec bonheur suprême.

Dans une maladive forêt aigrie, une jeune fille dévêtue, l'air hagard, cours à perdre haleine jusqu'à ce qu'une voiture vienne la percuter de plein fouet après s'être cognée la tête contre un tronc d'arbre.
Quelques instants plus tard, un homme décide de l'enterrer au beau milieu de cet endroit isolé.
Mais 3 adolescents témoins d'avoir entraperçu la voiture en fuite s'éloigner à vive allure décident de s'enfoncer machinalement dans les bois pour retrouver le corps enterré.

Ce qui frappe dès le départ dans "Acolytes", c'est la texture de sa photographie troublante emprunt de velours bleu, blanc immaculé et noir obscur, l'environnement hostile d'un endroit forestier à l'allure cadavérique ou les maigres feuillages restants, désséchés semblent s'être dissous d'on ne sait quelle manière plausible et cohérente.
Dans une narration classiquement agencé de prime abord, toute la singularité du métrage va s'établir et s'imposer grâce à une mise en scène extremement personnelle, consciencieusement travaillée et dôté d'une personnalité propre indéfinissable à la manière des climats baroques hors normes d'un "Darkly Noon" ou le génial "Next of Kin" d'origine australienne lui aussi.
Car ce film proprement insolite va nous balader pendant 1H30 sur un terrain que l'on pense balisé mais qui se révèlera en fin de compte rapidement imprévisible grâce une accumulation de situations désincarnées, fuyant la réalité, à la limite d'un rêve cauchemardesque commis en direct car bien réel, aux accents glauques et malsains davantage accentués dans le prolongement du récit jusqu'à un final impitoyablement violent et éprouvant dont personne ne sortira indemne !

                                      

Comme si nous nous étions retrouvés dans un "stand by me" sous acide, les jeunes interprètes tous inconnus (du moins dans notre cher pays) se révèlent plutôt surprenants dans leur attitude marginale reflétée, voire à tendance perverse pour l'un des 3 complices à tenter de provoquer, se mettre à armes égales face à un tueur inattendu, croisement direct entre le chanteur Freddy Mercury et le leader du groupe Village People sans que sa trogne dérangeante et indocile ne prête une seconde à sourire et encore moins à rire. A moins de se laisser aller à quelques interludes d'humour noir corrosif ou sarcastique selon la personnalité et le caractère du spectateur averti.

En évacuant les quelques tubes rocks entrainants, l'utilisation de la discrète musique de fond, sourde, bourdonnante, assomante et désordonnée nous emmène un peu plus dans les entrailles d'un jeu de massacre névrotique toujours inventif dans ces cadrages recherchés jouant avec les angles géométriques et une recherche esthétique raffinée, glacée, insolente pour un récit plutôt académique dans l'écriture. Mais le final hautement flippant et suffocant que l'on ne pouvait prédire va tout remettre en question sur ce que l'on a cru voir et comprendre tandis que chaque protagoniste irrité et excédé rencontrera une issue mortelle à chaque étape extrême de l'alibi scénaristique se laissant aussi parfois aller dans une poésie morbide éprise de douceur, telle l'apparence d'un frêle papillon bleu !

Avec une sortie discrète en catamini "ACOLYTE" est une métaphore sur la perversité enfouie des états-d'âme, une oeuvre atypique incontournable vue nulle pas ailleurs, une pierre angulaire précieuse venue de l'Australie à découvrir impérativement par son incroyable et imperceptible originalité restransmise avec une identité peu commune, impossible à définir.
Le genre de film horrifique subversif, déroutant, dérangeant qui fera dâte avec le temps pour devenir culte, défendu par une poignée d'afficionados dont j'en ferais irrémédiablement parti.

                                      

P.S: Ne vous fiez pas à la laideur de la jaquette complètemet éhontée et calquée sur Aviator de Scorcese !

28/06/10.

SOLOMON KANE

                            

de Michael J. Bassett. 2009. France, Angleterre, République Tchèque. 1H44. Avec James Babson, Laura Baranik, Geoff Bell, Matthew Blood-Smyth, Brian Caspe, John Comer, Mackenzie Crook, Christian Dunckley Clark, Jason Flemyng.

L'ARGUMENT: Dans un XVIe siècle ravagé par les guerres, le capitaine Solomon Kane est une redoutable machine à tuer, aussi brutale qu'efficace. Lorsque Kane décide d'attaquer une mystérieuse forteresse quelque part en Afrique du Nord, sa mission va prendre un tournant fatal..

                               

Le réalisateur anglais de "la Tranchée" et de l'excellent "Wilderness" s'empare de l'aventure bondissante chevaleresque à la manière de l'héroic fantasy musclée avec son 3è film: "Solomon Kane", personnage de fiction créé par Robert E. Howard.

En 1600, le capitaine Kane, damné de la terre par ses méthodes brutales, sauvages et meurtrières est condamné à attendre une mort certaine pour rejoindre les limbes de l'enfer promises par un envoyé du diable. Lassé et pris de conscience de son épouvantable noirceur, le capitaine Kane réussissant in extremis à se soustraire aux forces surnaturelles décide de s'exiler dans un monastère pour tenter de retrouver la paix et la sagesse dans la rédemption. Mais la rencontre imprévue d'une paisible famille puritaine va tout remettre en question sur son éventuelle détermination à ne plus combattre et tuer l'adversaire.

Ca commence plutôt bien, on se sent en terrain connu, un héros charismatique à double tranchant va faire la rencontre impromptue de quelques paysans après avoir été banni de son monastère.
Torturé et revanchard, il va devoir revenir à ses bas instincts meurtriers pour sauver d'une mort certaine une jeune fille, seule rescapée d'un horrible massacre commis devant ses yeux !

On sent indubitablement l'influence du fleuron du genre: "Conan le barbare" ou à échelle moindre "Dar l'invincible" pour les grands nostalgiques des années 80. Tandis que la nouvelle génération pourra évoquer la bonne surprise que personne n'attendait "Outlander" puis les pathétiques "Underworld 3" et "le Choc des Titans".
Dans de superbes décors gothiques ou fantastiques harmonisés par des paysages picturaux enneigés ou rayonnés par un feu nocturne aux teintes orangers, les batailles homériques à coup de hache, sabres et épées de forgeron s'entrecroisent dans le fracas des lames aiguisées pour y déverser des giclées de sang chorégraphiées entre deux têtes tranchées face à l'ennemi patibulaire rendu défiguré par les forces impénétrables du mal.

                               

Une bonne demi-heure plutôt réussie à installer l'action dans un univers assez photogénique et bien rendu, attachante par la présentation de ses personnages humains, voir même fébrilement émouvante devant la barbarie d'un acte odieux pour un gamin pris en otage qui succombera la gorge tranchée ! (référence à Conan et son anthologique séquence du jeune fils témoin de la décapitation de sa mère face à l'extrême rigidité d'un bourreau ne laissant transparaitre aucune once de remord et encore moins d'indulgence)
Vient ensuite l'heure de la revanche qui empoigne le reste du métrage et c'est la que le bas blesse !
Simplement à cause d'une narration académique que l'on connait par coeur car Kane a juré juste avant la mort du père agonisant de retrouver vivante sa fille retenue prisonnière dans un chateau maudit. Tandis que le final sombrera dans le ridicule sur un air connu avec une révélation identitaire familiale d'un sombre ennemi masqué ou l'on devrait censer éprouver une certaine pitié ! (l'Empire contre-attaque, vous m'suivez !)
Et même si le récit entremêlé de scènes d'action violentes plutôt plaisantes et surtout de monstres parfois impressionnants (la sorcière camouflée, les ghoules dans la cave de l'église et l'immense créature finale de feu assez attrayante) rendent l'aventure sympathiquement regardable voire furtivement efficace, elle ne se révèle jamais jouissive ou passionnante à cause aussi d'un manque flagrant de souffle épique (en dehors du début prometteur et généreux), d'enjeux dramatiques plus imposants et surtout d'une absence de dimension psychologique, un manque de jeu intensif pour le personnage héroique principal rongé par le remord et la haine envers lui même.
C'est fort dommage car "Salomon Kane" ne manquait pas d'atout dans sa bonne volonté de rendre un petit spectacle soigné et riche en action où le personnage du capitaine Kane interprété par James Babson ne manque pas non plus d'attrait en se donnant les moyens adéquats pour le composer et de surcroit physiquement il nous rend aussi une nouvelle figure héroique assez séduisante dans son accoutrement vestimentaire classieusement opâque accompagné d'un chapeau effilé distingué.

                   

Reste un petit spectacle B juste sympathique, agréable mais qui a tendance à se morfondre dans la demi-mesure, à voir de préférence un samedi soir en rendez-vous annulé.
C'est en tous cas beaucoup mieux que le pudding sans saveur sorti récemment sur nos écrans, dôté d'un budget 10 fois plus conséquent, j'ai nommé le tristounet "Choc des Titans" de Louis Letterrier !
Pour les trentenaires, je vous conseillerai de plutôt revoir "Dar l'Invincible" réduit au même budget et à la saveur kitch de série B imbibée de charme complice. Tout en étant pleinement conscient que le seul, l'unique restera à tout jamais l'immense "Conan le Barbare" de John Milius.

30/06/10.

RUBBER

                                  

de Quentin Dupieux. 2010. France. 1h25. Avec Stephen Spinella, Roxane Mesquida, Jack Plotnick, Wings Hauser, Tara Jean O'Brien, Haley Ramm, Daniel Quinn, Pete Dicecco, Hayley Holmes, Remy Thorne...

Date de sortie France: 10 Novembre 2010, U.S.A: 01 Avril 2011.

FILMOGRAPHIE: Mr. Oizo (prononcer [ˈməsjø ˈwazo]), de son vrai nom Quentin Dupieux (né le 14 avril 1974), est un artiste français de musique électronique, réalisateur et scénariste de films.
2001 : Non-film
2007 : Steak
2010 : Rubber
Realite (en attente de tournage)

Dans le désert californien, des spectateurs incrédules assistent aux aventures d'un pneu tueur et télépathe, mystérieusement attiré par une jolie jeune fille. Une enquête commence...

Mon avis: arrêté au bout de 27'10" ! Je ne pouvais pas aller plus loin.









lundi 14 mars 2011

FIGHTER (The Fighter)


de David O'Russel. 2010. U.S.A. 1H59. Avec Mark Wahlberg, Christian Bale, Amy Adams, Melissa Leo, Mickey O'Keefe, Jack McGee, Melissa McMeekin, Bianca Hunter, Erica McDermott, Jill Quigg, Dendrie Taylor...

Date de sortie France: 9 Mars 2011, U.S.A.: 10 Décembre 2010.

Oscar du meilleur second rôle Féminin pour Marissa Leo.
Oscar du meilleur second rôle Masculin pour Christian Bale.

FILMOGRAPHIE: David Owen Russell est un scénariste, producteur de cinéma, acteur et réalisateur américain né le 20 août 1958 à New York.
1994 : Spanking the Monkey. 1996 : Flirter avec les embrouilles (Flirting with Disaster) . 1999 : Les Rois du désert (Three Kings). 2004 : J'adore Huckabees (I Heart Huckabees) . 2004 : Soldiers Pay (documentaire) . 2010 : The Fighter
                                        

Par le réalisateur de Flirter avec les Embrouilles et des Rois du désert, Fighter empreinte la voie d'une succès story dans sa thématique du rêve américain et son évolution personnelle octroyée à l'ambition de la réussite, via le sport professionnel de combat engagé dans la violence des coups portés. Micky Ward est un jeune boxeur qui vient de perdre un nouveau combat de boxe contre un adversaire inéquitable. Son frère est un vétuste champion du ring qui aura depuis quelques années raccroché les gants suite à sa dernière victoire mésestimée. Depuis, il s'occupe à entraîner son cadet entre deux prises de crack dont il est malheureusement tributaire. Mais Micky ne trouve plus l'équilibre mental et la force nécessaire pour pouvoir remonter sur le haut du podium à cause d'un climat familial trop envahissant, orgueilleux et possessif.

                                          

Fighter (titre un peu trop conventionnel) s'inscrit dans la mouvance de Rocky pour son esprit fraternel et humaniste compromis aux liens familiaux mais avec un ton plus authentique dans la teneur des combats filmés avec crudité, réfutant le caractère purement spectaculaire afin de mieux créditer la véritable biographie d'un boxeur sur le déclin qui va tenter de se relever et transcender sa peur de la défaite pour regagner son honneur et sa fierté. Avec une incroyable vigueur dans chaque évènement décrit à la manière du documentaire et une énergie débordante de vérité humaine, Fighter retrace dans un souci de réalisme tangible l'incroyable destinée de ce boxeur soucieux de prime abord de ses compétences physiques remis en cause par un milieu familial extraverti fracturé par la toxicomanie d'un ancien champion retiré du ring. C'est l'histoire de deux frères soudés par ces liens de parenté que David O'Russel retrace avec une humble émotion, exacerbée par l'interprétation prégnante de deux comédiens innés pour ces rôles valeureux. L'un qui a sombré dans la drogue par guise de culpabilité veut impérativement racheter sa rédemption intérieure en tentant de faire accéder au plus haut échelon ce qu'il n'a pu entreprendre lui même par la grâce de son jeune frère prometteur mais perplexe d'un climat environnant malsain peu reluisant. C'est l'idylle amoureuse que Micky va rencontrer avec une jeune serveuse de bar et l'arrestation de son frère marginal qui vont permettre de remettre en jeu les rêves désillusionnés mais également destructurer les liens familiaux. Avant que l'amour fraternel ne reprenne ses droits et s'impose à une prise de conscience salvatrice pour renouer avec le sens de l'autonomie épanouie et méritante.
                                        

Christian Bale incarnant le rôle du frère aîné possessif est une fois de plus époustouflant dans celui d'un ancien boxeur retraité dubitatif de son ancienne compétence victorieuse lorsqu'il aura mis au tapis un ancien champion renommé. Il excelle à se glisser dans la peau décharnée d'un drogué addicte aux drogues dures mais néanmoins vaillant à vouloir en dernier recours racheter ses fautes et pardonner ses erreurs. Pour son exutoire, il va tenter en ultime recours d'élever au rang de star notoire son cadet dépité de ses propres défaites maladroitement accumulées. C'est Mark Wahlberg qui apporte autant de crédit et de souffle épique face à sa prestance de jeune boxeur partagé entre la quête de la victoire personnelle, l'amour de sa dulcinée et celle de sa famille commanditée par son frère manager présomptueux.
Hymne à la persévérance, au courage et à l'estime de soi tout en épurant en filigrane la profonde histoire d'amour entre deux frères qui vont s'unir une ultime fois pour renouer avec la gloire et la fierté, Fighter se vit et se ressent de plein fouet, tel un uppercut sauvagement asséné au spectateur immergé dans une aventure humaine dont les protagonistes se livrent avec une autorité viscérale. Alors que l'impact brutal des combats peu nombreux mais incroyablement percutants affolent et déstabilisent les nerfs mis à rude épreuve ! Habité par l'interprétation de deux acteurs notoires qui n'ont plus rien à prouver, sans compter les seconds rôles épatant de conviction et de justesse dépouillée, le film de David O'Russel se proclame comme une folle équipée familiale riche de valeurs existentielles. Fighter résumant au bout du compte l'épreuve intense et effrénée de deux frères de sang en quête désespérée de reconquérir leurs rêves déchus.

14.03.11.
Bruno Matéï.

dimanche 13 mars 2011

BEDEVILLED (Blood Island) GRAND PRIX DU JURY A GERARDMER 2011

                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site en.wikipedia.org

de Jang Cheol-So. 2011. Corée du Sud. 1h55. Avec Seo Yeon-Hee, Ji Sung-won, Min-ho Hwang, Min Je, Lee Ji-eun-i, Jeong-hak Park, Yeong-hie Seo.

GRAND PRIX DU JURY AU FESTIVAL DE GERARDMER 2011.

Sortie en France le 3 Mai 2011.

FILMOGRAPHIE: Jan Cheol-So est un réalisateur né 1974 en Corée du Sud.
Bedevilled est son premier long-métrage.

                                       

Première mise en scène de Jang Cheol-Soun, jeune coréen novice, Bedevilled, grand vainqueur du Festival de Gérardmer, est un mélange inhabituel des genres combinant le drame psychologique et l'horreur réaliste. Une narration dense et rigoureuse dédiée à ses personnages, subtilement structurée de manière à élever le genre horrifique vers une portée psychologique à la fois poignante et intense dans cette délicate et douloureuse histoire d'amitié entre deux jeunes femmes. Ce récit abrupt culmine son cheminement dans une lente descente aux enfers alors que l'une d'entre elles est déjà contrainte depuis trop longtemps d'accepter les pires sévices infligés à un mari ultra violent et putassier dans sa sexualité éhontée. Hae-won est une jeune célibataire irascible et égoïste, exerçant la profession de banquière à Seoul en toute autonomie. Un soir, elle est témoin d'une agression d'une jeune fille sans vouloir tenter de lui porter assistance. Alors que l'ambiance irritable avec ses collègues de travail se détériore davantage, elle est contrainte de prendre quelques jours de vacances sur une île qu'elle eut connu durant son enfance quand elle rendait visite à ses grands parents. C'est durant cette période infantile qu'elle fit la rencontre de Bok-nam, une fillette avec qui elle noua de solides liens d'amitié. Aujourd'hui, les deux anciennes amies vont pouvoir à nouveau se réunir mais un lourd secret enfoui dans leur passé et la vie martyre de Bok-nam vont sérieusement dissoudre leur amitié.


Avec une trame intelligente entièrement bâtie sur l'humanité de ces deux personnages, Bedevilled décrit dans sa première partie, et avec empathie, une évocation sordide de la vie d'une mère de famille contrainte de subir les pires offenses d'un mari ultra violent et ordurier, alors que sa propre petite fille doit subir des actes pédophiles engendrant de lourdes séquelles psychologiques. Sur un mode réaliste, brute, entaché d'une ambiance insulaire, Bedevilled dresse le portrait de cette femme battue et sexuellement violentée alors que la petite population locale, condescendante, et arriérée accepte facilement son fardeau sordide. Le retour sur l'île de son ancienne amie Hae Won ne va qu'exacerber l'accomplissement vindicatif de la femme soumise alors qu'un terrible évènement tragique va la faire basculer dans une horreur expéditive. Cette seconde partie revenge sombrer dans le pur concentré d'horreur ultra sanglante, fruit des conséquences crapuleuses commises sur une innocente victime condamnée à endurer l'humiliation physique et morale dans son implacable quotidienneté.

                                        

Le réalisateur juxtapose également le profil identitaire de cette séduisante bureaucrate lâche et irresponsable, Hae Wong (interprétée par la ravissante Ji Sung-won), jeune femme refoulée rendue solitaire et égocentrique par la remise en cause d'un passé répréhensible, car rongée par la culpabilité et le remord, incapable d'avoir su faire preuve de courage face à ses responsabilités et entreprendre un ultime baroud d'honneur à une époque où elle fut témoin d'un acte frauduleux impardonnable. Seo Yeon-Hee se révèle souvent bouleversante dans son personnage en demi-teinte de mère suppliciée, éreintée de tant de tortures et sévices sexuels avant que l'instinct meurtrier ne l'entraîne dans un effroyable châtiment punitif. Dans une réalisation maîtrisée multipliant les anges de caméra inventifs et baignant dans une atmosphère idyllique souillée par l'emprise de la mort (les FX sanglants sont particulièrement crus et cinglants), Debevilled oppose donc le drame hybride avec une horreur inéluctable. Un douloureux portrait d'une fragile intensité émotionnelle dans le caractère élucidé de deux jeunes femmes à jamais condamnées dans leur errance mentale réprouvée.


Un très beau premier film personnel, rigide, dur et émouvant, portrait fragile d'une ange déchue élevant le cinéma d'horreur à un échelon autrement ambitieux que les produits lambdas. Preuve éloquente avec son Grand Prix justement mérité à Gérardmer 2011 !

14.03.11.
Dédicace à Jérome.
Bruno

samedi 12 mars 2011

La Nurse / The Guardian

   Photo empruntée sur Google, appartenant au site hollywood90.com

de William Friedkin. 1990. 1h32. U.S.A. Avec Jenny Seagrove, Dwier Brown, Carey Lowell, Brad Hall, Miguel Ferrer, Natalia Nogulich, Pamela Brull, Gary Swanson, Jack David Walker, Willy Parsons, Frank Noon...

Sortie salles France: 25 Juillet 1990

FILMOGRAPHIE: William Friedkin est un réalisateur, scénariste et producteur de film américain, né le 29 août 1935 à Chicago (Illinois, États-Unis). Il débute sa carrière en 1967 avec une comédie musicale, Good Times. C'est en 1971 et 1973 qu'il connaîtra la consécration du public et de la critique avec French Connection et L'Exorciste, tous deux récompensés à la cérémonie des Oscars d'Hollywood. 1967: Good Times. 1968: l'Anniversaire. 1968: The Night they Raided Minsky's. 1970: Les Garçons de la bande. 1971: French Connection. 1973: l'Exorciste. 1977: Le Convoi de la peur. 1978: Têtes vides cherchent coffres pleins. 1980: The Cruising. 1983: Le Coup du Siècle. 1985: Police Fédérale Los Angeles. 1988: Le Sang du Châtiment. 1990: La Nurse. 1994: Blue Chips. 1995: Jade. 2000: l'Enfer du Devoir. 2003: Traqué. 2006: Bug. 2012: Killer Joe.

                               
Démolie par la critique et boudée par le public de l'époque, cette formidable incursion aux sortilèges maternels est à réhabiliter sans l'ombre d'une hésitation.
Deux ans après Le Sang du Chatiment et juste avant d'enchaîner avec Jade (à réhabiliter !) et les décevants Blue Ship et l'enfer du devoir, William Friedkin réaborde en 1990 le registre de l'épouvante, genre qu'il n'avait plus côtoyé depuis 1973 avec son mythique l'Exorciste ! Le Pitch: Un couple récemment installé dans une bourgade de Los-Angeles engage une nurse pour la naissance de leur bébé. Mais cette dernière de prime abord séduisante, avenante et rassurante s'avère une adoratrice des forces du mal pour le compte d'un arbre maléfique adepte de nouveaux-nés. Avec une trame aussi troublante renvoyant aux contes d'antan comme le précisera un des enfants à l'orée du métrage pour sa lecture de Hansel et Cretel, William Friedkin nous concocte une série B horrifique sans d'autres ambitions que de tenter de nous inquiéter efficacement par le biais d'un scénario linéaire sans revirement il faut avouer. Si bien qu'à cause d'une filmographie exceptionnelle en proies aux thématique du Bien et du Mal, peu de critiques et de spectateurs lui pardonneront ce petit film largement sous-estimé lors de sa sortie. A tort, car aussi mineur soit-il, La Nurse parvient à distiller l'inquiétude, l'angoisse, la peur et la fascination à travers ce personnage de Gardienne férue d'un arbre maléfique pour lui offrir le sacrifice de nourrissons en guise de vie éternelle. Et ce à travers le parti-pris plutôt étonnant dans son format de série B sans prétention d'y préconiser un vérisme documenté, notamment grâce à la prestance particulièrement expressive de l'attachante interprétation, méconnue, mais irréprochable. Et sur ce dernier point, La Nurse ne déçoit pas quant à la progression dramatique de la psychologie parentale mise à épreuve d'une suite d'évènements et révélations improbables que le spectateur observe avec une attention sensiblement tendue.  


Jenny Seagrove incarnant le rôle de Camilla avec une beauté aussi sensuelle que reptilienne comme le prouve son immoralité insidieuse vouée aux causes du Mal. Une figure féminine dérangeante donc qui pourrait également évoquer la gouvernante de La Malédiction de Richard Donner ou de manière plus factuelle la tentatrice de The Kiss qu'eut endossé la toute aussi sublime Joanna Pacula. Son regard bleu attirant et son allure concupiscente attirant le spectateur comme le souligne cette séquence où Camilla sort dévêtue de son bain sous l'oeil timoré du mari épris de voyeurisme. Le couple vedette interprété par les méconnus Dwier Brown et Carey Lowell demeure aussi convaincant que d'imprimer sans ambages ce portrait insouciant de jeunes parents débordant d'amour et d'attention pour leur nouvelle progéniture mais qui, par la somme d'évènements troubles et de révélations audios insensées (les messages téléphoniques), vont ensuite redouter l'horrible machination qui se dessine lentement autour d'eux. Et si Friedkin se contente de livrer un récit limpide sans aborder de réflexion, il se rattrape également au niveau de son esthétisme à filmer les éléments d'une nature onirique. A l'instar de superbes séquences picturales sorties tout droit d'un conte pour adultes (Camilla nue au creux de l'arbre, ses promenades nocturnes fantasmagoriques, les rêves insolites du père de famille et ce dernier plan final où, d'un abord de fenêtre, un hibou nous observe sur un bosquet). Quant au final, oppressant et terrifiant, il adopte la tournure d'un cauchemar furibond où l'on retrouve la maestria du maître dans sa manière véloce de filmer des scènes chocs détonantes sans sombrer dans le ridicule (Camilla volant subitement dans les airs, l'intense séquence du type apeuré recroquevillé chez lui par la cause d'une meute de loups et enfin ce final complètement fou donc avec ce combat à la tronçonneuse contre un arbre tentaculaire que n'aurait renié Ashley, clin d'oeil à la saga Evil-Dead).


Oeuvre à la fois étrange, ombrageuse et angoissante pâtissant d'un scénario prévisible mais rehaussée d'une efficacité pour son déroulement narratif, son réalisme vérité et sa distribution infaillible, La Nurse mérite le détour au gré d'images singulières filmées en caméra mobile, voire parfois même agressives, pour nous captiver sans l'ombre de dérision (ou alors si peu si je me réfère au trio de violeurs crapuleux). Et c'est ce qui fait tout le charme de cette série B horrifique finalement crédible à mettre en exergue les odieuses stratégies d'une sorcière maternelle adepte d'une obsession écolo. 

P.S: A privilégier la VOSTFR par son saisissant degré de réalisme. 

*Bruno
04.07.10.
13.09.22

SEULE LA MORT PEUT M'ARRETER (I'll Sleep When I'm Dead)

                          

de Mike Hodges. 2005. U.S.A/Angleterre. 1H42. Avec Clive Owen, Jonathan Rhys-Meyers, Charlotte Rampling, Malcolm McDowell, Noel Clarke, Ross Boatman, Brian Croucher, Damian Dibben, Jamie Foreman, Paul Mohan...

L'ARGUMENT: Will Graham est un ancien caïd londonien qui a fui le milieu du crime pour échapper à la violence de ses jeunes années. Il essaie péniblement de retrouver la paix en vivant en solitaire, toujours à l'affût, dans les forêts du Pays de Galles. Mais son jeune frère, Davey va brusquement tout remettre en cause.

                              

POINT DE VUE POSITIF: Réalisateur de 10 longs-métrages mais aussi scénariste (en exemple c'est à lui que l'on doit le scénario de Damien, la malédiction 2), Mike Hodges nous aura offert une filmographie loin d'être inintéressante comme l'avait présager son premier film, le chef-d'oeuvre "La Loi du Milieu" avec Michael Cain, "Pulp", "l'Irlandais" avec Mickey Rourcke ou l'étonnant "Black Rainbow" avec Rosanna Arquette complètement ignoré à sa sortie.
Par contre on oublierai aisément son accident de parcours commis en 1985 avec "Les Débiles de l'espace" mais on applaudira aussi son joli nanar culte sci-fi qui fera l'objet d'un remake très prochainement avec l'inénarrable "Flash Gordon" à la distribution improbable !

A Londres un jeune dealer de came à la petite semaine revend sa marchandise auprès de clients mondains et en particulier aux jeunes délurées embourgeoisées loin d'être indifférentes au charme distingué du jeune escroc.
Un soir, de mystérieux inconnus décident de le kidnapper au coin d'une rue peu fréquentée pour être ensuite livré à leur patron peu scrupuleux qui décidera sans distinction de le violer sans pouvoir connaitre la véritable raison d'un acte aussi barbare.

                  

Mike Hodges aborde le drame dans un polar âpre, sec, parfois brutal, mis en scène de manière réaliste dans un climat austère en misant tout sur la caractérisation de ses personnages finement étudiés dans leur profil psychologique.
Le scénario intéressant et bien construit dans sa manière de nous livrer de plus amples détails essentiels au fur à et mesure de la progression du récit va nous amener à une possible vengeance après que Will, ancien caîd renommé se soit exilé dans une forêt, vivant reclu comme un SDF pour se faire pardonner à lui même des horribles méfaits qu'il a pû commettre dans son passé peu glorieux et meurtrier.
Mais la mort suspecte de son frère Davy l'amenera à revenir dans sa ville natale pour tenter de découvrir la vérité sur ce potentiel suicide car Davy a été retrouvé entièrement vêtu allongé dans sa baignoire, baignant dans son sang la gorge tranchée !
Au prémice d'un traumatisme psychologique pour cause d'un viol atroce fortuit, Mike Hodges va nous décrire le portrait d'une famille déchirée, tourmentée, engluée dans le banditisme mafieux, qui, à la suite de la mort de l'un des leurs va tout remettre en question sur leur sens de la moralité et de l'honneur, en particulier pour le grand frère solitaire Will, superbement campé par l'impressionnant Clive Owen dans le rôle d'un homme à la stature imposante, rongé par le remord, incapable de se pardonner une vie laminée par la déchéance du Mal.
Mais la mort de Davy, son frère de sang pourrait risquer de lui être fatale à force de vouloir découvrir l'horrible vérité surtout quand le mobile de cette agression sexuelle sera purement et bêtement une affaire de rancoeur jalousée d'une désolante banalité.

Sur un rythme lent et concis, pénétré par une tonalité musicale aux accents jazzy dans une ville londonnienne hostilement régie par des crapules arrivistes, "Seule la mort peut m'arreter" est une errance nocturne, nonchalante et désanchantée dans les états d'âme d'un homme profondément meurtri par son lourd passé qui avait réussi à entreprendre un long chemin salutaire de rédemption mais qui va devoir remettre en doute sa propre conscience, la redéfinir, réévaluer son ambition à ne pas se laisser écraser par la concurrence mafieuse après que son jeune frère en soit devenu l'innocente victime pour une simple affaire de rancoeur.

                                             

"Seule la mort peut m'arreter" est un polar noir remarquable et torturé, interprété avec force et conviction (Malcom Mc Dowell, ignoble et glaçant !), une réflexion sur la soif de vengeance et le sens de l'honneur à travers le trajet d'un homme volontairement esseulé qui va constament se décider si oui ou non il sera dans le devoir de se venger pour une bonne cause. Réparer une offense pour punir ou pire supprimer son auteur.
Le final étonnant dans sa fuyante morosité apportera une réponse amère qu'on imaginait pourtant optimiste 30 secondes auparavant. Quelques secondes qui auront suffi d'un ressentiment colérique incontrôlé, une indignation révoltée face à l'annonce d'un mobile aussi pathétique dans un faux conflit infructueux. En éprouvant la douleur insurmontable d'un deuil familial injustifié pour changer brusquement la donne et modifier à nouveau sa route rédemptrice.

05.07.10.

Rob Roy

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Michael Caton-Jones. 1995. U.S.A. 2H19. Avec Liam Neeson, Jessica Lange, John Hurt, Tim Roth, Eric Stoltz, Andrew Keir, Brian Cox, Brian McCardie, Gilbert Martin, Vicki Masson, Gilly Gilchrist...

Réalisateur, acteur et producteur Britannique responsable de huit longs inégaux capable, "Rob Roy" est sans hésitation possible le haut du panier, voir même le meilleur film de son auteur pour un vibrant récit d'aventures historiques tiré d'une histoire vraie. L'action se déroule en Ecosse durant le 17è siècle pour nous narrer la vie de Robert Roy Mc Gregor, maitre d'un clan villageois qui, à cause d'un vol de bétail sollicitera l'aide d'un marquis pour lui prêter 1000 livres et ainsi subvenir aux besoins de centaines de villageois réduits à la famine. Mais à cause d'un complot concocté par deux dirigeants sans scrupule pour voler l'argent emprunté, Rob devra se rebeller, se battre contre l'autorité aristocrate au risque de perdre une bataille sans armes égales. Ainsi, à travers ses superbes paysages de vastes plaines écossaises, Michael Caton Jones nous cultive un récit d'aventures trépidant au souffle romanesque majestueux rappelant les plus grandes épopées guerrières de la belle époque teintées de lyrisme. La grande force de cette belle aventure passionnelle tenant prioritairement de l'affrontement particulièrement intense entre Cunningham, l'écuyer félon du marquis, et Rob Roy, défenseur des opprimés, robin des bois écossais sans peur et sans reproche où les enfants réunis autour d'un cercle amical écoutent avec attention ces récits contés, Et pour cet affrontement au sommet, il aura fallu deux interprètes taillés sur mesure pour rendre crédible leur rôle respectif. Si bien que comme le précisait Hitchcock, "plus le méchant est réussi, meilleur sera le film !"

Cunningham étant endossé par l'étonnant Tim Roth habité de naturel en personnage perfide, insidieux, ignoble, violeur, traitre et arrogant pour ne laisser transparaitre aucune émotion auprès de ces comparses et encore moins l'amour d'une femme aveuglément amoureuse de son emprise diabolique voué à la perversité. Tim Roth nous offre d'ailleurs ici l'un de ces meilleurs rôle, un être condescendant dénué de vergogne d'après ces airs hautains épaulés d'une posture efféminée teintée de provocation. Face à ce "méchant" aussi charismatique, authentique et excécrable, le tout aussi imposant Liam Neeson nous offre un rôle taillé sur mesure pour son personnage altruiste entièrement voué à la cause des plus faibles, à leur dignité humaine, au sens de l'honneur et à la force de courage à ne pas se laisser duper par un gouvernement corrupteur. Quant à la superbe Jessica Lange incarnant dans sa douceur nature l'épouse de Rob, elle demeure d'une beauté sans commune mesure auprès de son physique solaire, reflet de l'harmonie amoureuse portée à son fidèle compagnon. Elle prouvera également par son évolution qu'elle possède un tempérament ferme, une résilience déterminée à ne pas se rabaisser face à l'horrible lacheté d'un évènement d'une rigueur dramatique. Ainsi, à travers un récit dense, épique et puissant pour son éventail de conflits psychologiques et politiques rehaussé d'un trio de comédiens au sommet, parsemé de moments d'une violence brutale assez crue, "Rob Roy" constitue un magnifique spectacle historique à la fois passionnant, superbement mis en scène et doublé d'une histoire d'amour pure au fort pouvoir romanesque. Le final attendu et si redouté se clôturant sur un duel mémorable où la pugnacité des adversaires est pour une fois anti conforme (plutôt rare pour le souligner) jusqu'au légitime coup de grâce d'une incroyable sauvagerie !

Note:
Tim Roth remporta le BAFTA Award pour son role.

05.07.10. 2

REALITE HISTORIQUE.
LA VERITABLE BIOGRAPHIE DE ROBERT ROY McGREGOR.

Robert Roy MacGregor (baptisé le 7 mars 1671, mort le 28 décembre 1734), communément appelé Rob Roy ou Red MacGregor, est un hors-la-loi et un héros populaire écossais du début du XVIIIe siècle.
Rob Roy est né à Glengyle, au bord du Loch Katrine, comme le certifie un extrait des registres du baptême de la paroisse de Buchanan. Son père était Donald MacGregor et sa mère Margaret Campbell. Rob Roy se maria à Glenarklet, en janvier 1693, avec Mary Helen MacGregor, née à Leny Farm (Strathyre). Par la suite, ils eurent quatre enfants: James (également appelé Mor ou Tall), Ranald, Coll et Robert (connu sous le nom de Robin Oig ou Young Rob, en français « Rob le Jeune »). Un cousin, Duncan fut également adopté.
Rob Roy est le nom anglais du gaélique Raibeart Ruadh, ou Robert le Rouge, en raison de sa chevelure rousse et bien que celle-ci ait bruni vers la fin de sa vie.
Il fut un brigand des Highlands, connu comme le Robin des Bois écossais. D’abord trafiquant de bétail, il devint lui même éleveur et vendait sa protection à ses voisins contre les autres voleurs de bétail. Un de ses clients n’était nul autre que James Graham (1682-1742), 4e marquis de Montrose, 1er duc de Montrose (en 1707). Il semble qu’il y ait eu une mésentente entre les deux hommes qui eut pour conséquence l’expropriation des MacGregor. Après la saisie de ses terres par le Duc, Rob Roy le combattit jusqu’en 1722, où il fut obligé de se rendre. Emprisonné, il fut finalement pardonné, en 1727. Il mourut le 28 décembre 1734 dans sa maison à Inverlochlarig Beg, Balquhidder. Sa tombe se trouve dans le cimetière de Balquhidder.
La légende de Robert Roy MacGregor a inspiré le roman Rob Roy de Sir Walter Scott. Plusieurs adaptations de son histoire ont également été portées à l’écran, la plus récente étant Rob Roy, de Michael Caton-Jones en 1995.
La maison de Glengyle sur les rives du Loch Katrine, qui date du début du XVIIIe siècle, est construite sur le site de la maison de pierre dans laquelle Robert MacGregor serait né. En novembre 2004, elle a été vendue aux enchères malgré les objections du Scottish National Party (SNP - Parti national écossais).

CANINE (Dogtooth)

                           

de Yorgos Lanthimos. 2009. Grèce. 1H34. Avec : Christos Stergioglou, Michelle Valley, Aggeliki Papoulia, Mary Tsoni, Hristos Passalis, Anna Kalaitzidou, Alexander Voulgaris.

L'ARGUMENT: Le père, la mère et leurs trois enfants vivent dans les faubourgs d'une ville. Leur maison est bordée d'une haute clôture. Les enfants n'ont jamais franchi la clôture. Leur éducation, leurs loisirs, leurs amusements, leur ennui, leur entraînement physique se conforment au modèle imposé par les parents, en l'absence de toute empreinte du monde extérieur.

POINT DE VUE NEUTRE: ATTENTION SPOILER !!!!!! 
3è long-métrage d'un réalisateur, scénariste et producteur d'origine Grec ignoré chez nous, Yorgos Lanthimos aurait-il trop vu "Eraserhead" de David Lynch en réalisant cet OVNI dénué de sens et de raison à moins d'avoir trop visionné en boucle "Salo et les 120 jours de Sodome" ?

                                       

Une famille d'attardés échappés d'un asile psychiatrique (à moins que ce soit des extra-terrestres fuyants de leur planète Vexius ou des politiciens déguisés en famille modèle ??? on t'a r'connu Sarko !!! saligaud !!! ah ah ah !!!) essaie tant bien que mal de vivre le plus harmonieusement possible entre attouchements sexuels incestueux, baignades dans une piscine, plaisirs sexuels préliminaires, fête d'anniversaire improbable, aboiements intempestifs et suicide final de l'une des 2 soeurs en se soutirant une canine et s'enfermer dans le coffre d'une voiture. FIN.

Comment établir une critique cohérente et sérieuse après avoir vu un tel débordement divin de délires successifs ininterrompus aussi atypiques qu'irritants, en même temps que l'ambiance glaciale et impénétrable prête doucereusement à un état de fascination dans un climat clinique dérangeant, déroutant, malsain, déconcertant mais constamment agaçant !
On aime un peu, beaucoup ou on déteste et on rejette en bloc ! tout est question de personnalité de chacun et d'une éducation fondamentalement établie dans le puritanisme ou la marginalité ! à moins que ce soit les 2 à la fois !
A moins que "Canine" soit une métaphore, une réflexion sur le sens de la vie, une thèse sur l'alliénation humaine et/ou mentale, une dissertation sur l'éducation parentale et son excès de pouvoir autoritaire fascisant si le père n'est pas un psychopathe !

                               

Imaginez une famille inclassable jamais vue nulle part ailleurs du genre: plus timbrée la vie !
Où les enfants lèchent leur parents pour leur adresser un bonjour matinal, où des gros poissons sont volontairement déposés dans leur piscine pour ensuite pouvoir les pêcher, où un chat carnivore et meurtrier se baladerait avec un marteau en pleine nuit pour s'en aller frapper sur la tête des enfants ! où les enfants pensent que les avions qui volent au-dessus de la maison sont des jouets et les zombies des fleurs jaunes ! où des attouchements et rapports sexuels (avec inserts pornos filmés sans complaisances cependant !!!) entre filles et frère en manque d'épanouissement sont pratiqués quotidiennement en guise de récompense, où l'on assiste à un anniversaire de mariage aigri où les filles dansent comme des pinbèches délurées et schizophrènes, où le père observe un porno à la TV comme s'il regardait une émission culturelle d'Arte sans y éprouver le moindre plaisir coupable, où l'on pratique une punition radicale à base de cassette vhs claquée en pleine gueule sur l'une des 2 soeurs ou pire un lecteur vhs claqué en pleine tête sur une fille étrangère au cocon familial ! sans oublier le massacre au sécateur d'un chat subitement découvert dans le jardin !
Bienvenu chez les fous me direz vous ! à moins que ce soit nous les véritables alliénés de la bienfaisance et du politiquement cultivé et éduqué !
La réponse je vous laisse seul juge de ce fantasme collectif hallucinogène à l'ambiance anxyogène désincarnée qui imprègne la rétine du spectateur successivement au bord d'une migraine inconfortable ou d'un semblant de folie rendu contagieuse par la transmission d'une pellicule baignée dans l'acide sulfurique !

"Canine" reste pourtant un film asphyxiant à revoir absolument comme si l'on était irrésistiblement attiré par son pouvoir transgressif anticonformiste et radicalement autre mais sans savoir s'il faut s'inquiéter de son ressentiment totalement neutre, voir inexpressif ! du moins pour mon cas !

                                       

06.07.10.

NOTE: Prix Un Certain Regard, 2009 Cannes Film Festival)

JACK BROOKS MONSTER SLAYER

                                     

de Jon Knautz. 2007. Canada. 1H29. Avec Robert Englund, Trevor Matthews, Rachel Skarsten, David Fox, Daniel Kash, James A. Woods, Stefanie Drummond.

L'ARGUMENT: Jack, plombier vivant dans un perpétuel état de rage depuis que sa famille a été massacrée, devra affronter des créatures surgies d’un univers parallèle lorsqu’il ira dépanner la tuyauterie du professeur Crowley.

POINT DE VUE POSITIF: Premier réalisation de Jon Knautz également scénariste, "Jack Brooks" est un mirage dans notre paysage fantastique contemporain tant il reprend les composants et les clichés avec hommage et affection à la fameuse décennie bênnie des années 80.

                         

Jack, jeune plombier discret mais impulsif a perdu ses parents quand il était enfant, massacrés devant ses yeux par un monstre cloitré au fin fond d'une forêt. Traumatisé par cet évènement si tragique, il se fait suivre par un psycholoque de renom pour entreprendre une thérapie et ainsi gérer ses émotions véhiculées par un tempérament susceptible, une attitude violente impromptue pour son entourage et ses témoins anonymes portés victimes malgré eux.
Alors qu'il répare une tuyauterie chez le Dr Crowley, il ne s'imagine pas qu'à cet instant sa vie va prendre une tournure différente quand il fera face aux forces démoniaques délivrées par un mystérieux coeur noir épousant peu à peu l'aspect de monstres peu ragoutants en possédant les esprits des êtres humains !


Après un début en fanfare faisant intervenir 2 monstres alléchants, l'un délirant et l'autre terrifiant, la suite va prendre son temps à installer ses quelques personnages, concocter une intrigue amusante pour justifier l'existence de la venue de ces monstres sur notre Terre, clairsemée entre autre de scènettes farfelues bienvenues qui n'enlèvera rien au charme constant que l'on éprouve durant tout le métrage avant que n'arrive une dernière demi-heure fougueuse et endiablée !

Tout d'abord autant prévenir les ardents amoureux de films de monstres décuplés car la jaquette très BD semble affirmer une grande aventure débridée à la manière d'un "Monster Club" matiné de "Jack Burton" et finement relevé d'"indiana Jones" !
Ce qui ne sera pas vraiment le cas car nous n'allons pas être en présence d'un florilège généreux de monstres tous plus affriolants les uns que les autres, non, car dans Jack Brooks vous ne verrez en fin de compte que 3 grands monstres difformes mais de belles créatures démoniaques réalisées avec amour et beaucoup d'attention !
A cause de moyens peu conséquents car doté d'un faible budget, "Jack Brooks" ne pourra pas se vanter de rivaliser avec les classiques du genre qui ont joyeusement bercé nos années 80 mais il possède malgré tout suffisamment d'atouts dans son sac à malice pour nous faire passer un bien agréable moment en compagnie d'un plombier qui va devoir faire face et finir par se battre contre les forces obscures du Mal.
Cette comédie horrifique qui ne cible pas un public familial (et c'est tant mieux) alors que l'affiche du film pourrait faire naitre le contraire séduit avant tout par son esprit léger et chaleureux, sa sincérité à nous faire partager un vrai film d'horreur fun fusionné au délire absurde du second degré. Les personnages primaires et parfois fébrilement bêtas ne sont pas en reste et surtout les fameux monstres seront entièrement réalisés à la main, à l'ancienne, à l'artisanal, c'est à dire sans aucun effet numérique et à ce niveau là c'est du bonheur beaucoup trop rare pour ne pas le souligner. Le côté jouissif des situations et des séquences d'action valent leur pesant d'or à travers un bestiaire monstrueux jouissif, tentaculaire qui bifurque en fin de parcours sanglant et survitaminé vers le film de possédés à la manière de "Evil Dead" et de "Brain Dead".

                     

Ce qui rappelera avec nostalgie au spectateur fanatique de ce genre de spectacle décomplexé les perles des années 80 qu'auront été antérieurement "Atomic College"', "Bad Taste", "Monster Club", "Mausoleum"', "House" et aussi plus récemment pour la nouvelle génération "le Couvent" et "Horribilis".

Au niveau des comédiens il y a fort longtemps que l'on n'avait pas vu un Robert Englund aussi en forme pour son personnage de Docteur (rendu) Maboul qui va progressivement se laisser happer par les forces surnaturelles de son jardin maudit pour ensuite s'en aller retrouver ses élèves de classe et se transformer en plein cours de fac en monstre verdatre glouton, belliqueux et bedonnant !
Il s'en donne à coeur joie dans les expressions idiotes et ridicules, dénuées de sens et de raison dans ses tics délurés avant d'aboutir à sa métamorphose accomplie gargantuesque !
Dans le role du anti-héros Jack Brooks, Trevor Matthews surprend aussi pas son physique anodin d'anti bellâtre, peu musclé et dénué d'ambition. Sorte de plombier en casquette paumé sans identité mais possédant malgré tout une certaine trogne attachante, condamné à consulter inlassablement son psychologue de service sans jamais bénéficier d'une potentielle guérison pour son net penchant à la rancune violence injustifiée, reflet d'un choc traumatique infantile irréversible.
A moins qu'un tube des années 50 lui offrira le déclic de combattre ses démons intérieurs et affronter pour de bon les pires créatures voraces de la Terre !

"Jack Brooks" est une petite série B ludique et communicative pêchant parfois d'un manque de rythme dans sa première partie mais sans jamais céder à l'ennui, l'idéal divertissement du samedi soir à voir entre potes, qui, malgré son manque flagrant de moyens et d'une réalisation sans gênie néanmoins appliquée réussi à séduire, amuser, voir enthousiasmer (surtout dans sa dernière partie) par sa sincérité, son respect du genre et son amour immodéré pour les monstres méchants cartoonesques du cinéma Bis à base de gore et de burlesque volontairement bêtifiant mais finalement drôle.

                                 

Il faudra impérativement entreprendre une suite car on sent que cette première tentative à vouloir créer un nouvel icone du tueur de monstre à la manière d'un Ash ou Jack Burton n'était qu'une possible mise en bouche et qu'avec des moyens plus adéquats et une réalisation plus solide nous pourrions avoir la possibilité de fantasmer notre "Evil-Dead 2" du film de Monstres !
Surtout quand on apprend qu'à la fin Jack Brooks n'aura plus qu'un seul et unique but dans sa nouvelle vie ardente ! parcourir le monde et débusquer le moindre monstre qui pourrait s'y planquer !
Avant d'embarquer dans de nouvelles promises aventures, vous pouvez déjà sans prétention jeter un oeil distrait et amusé sur ce p'tit film bougrement sympathique, affectueux et vivifiant.

07.07.10.