samedi 12 mars 2011

SEULE LA MORT PEUT M'ARRETER (I'll Sleep When I'm Dead)

                          

de Mike Hodges. 2005. U.S.A/Angleterre. 1H42. Avec Clive Owen, Jonathan Rhys-Meyers, Charlotte Rampling, Malcolm McDowell, Noel Clarke, Ross Boatman, Brian Croucher, Damian Dibben, Jamie Foreman, Paul Mohan...

L'ARGUMENT: Will Graham est un ancien caïd londonien qui a fui le milieu du crime pour échapper à la violence de ses jeunes années. Il essaie péniblement de retrouver la paix en vivant en solitaire, toujours à l'affût, dans les forêts du Pays de Galles. Mais son jeune frère, Davey va brusquement tout remettre en cause.

                              

POINT DE VUE POSITIF: Réalisateur de 10 longs-métrages mais aussi scénariste (en exemple c'est à lui que l'on doit le scénario de Damien, la malédiction 2), Mike Hodges nous aura offert une filmographie loin d'être inintéressante comme l'avait présager son premier film, le chef-d'oeuvre "La Loi du Milieu" avec Michael Cain, "Pulp", "l'Irlandais" avec Mickey Rourcke ou l'étonnant "Black Rainbow" avec Rosanna Arquette complètement ignoré à sa sortie.
Par contre on oublierai aisément son accident de parcours commis en 1985 avec "Les Débiles de l'espace" mais on applaudira aussi son joli nanar culte sci-fi qui fera l'objet d'un remake très prochainement avec l'inénarrable "Flash Gordon" à la distribution improbable !

A Londres un jeune dealer de came à la petite semaine revend sa marchandise auprès de clients mondains et en particulier aux jeunes délurées embourgeoisées loin d'être indifférentes au charme distingué du jeune escroc.
Un soir, de mystérieux inconnus décident de le kidnapper au coin d'une rue peu fréquentée pour être ensuite livré à leur patron peu scrupuleux qui décidera sans distinction de le violer sans pouvoir connaitre la véritable raison d'un acte aussi barbare.

                  

Mike Hodges aborde le drame dans un polar âpre, sec, parfois brutal, mis en scène de manière réaliste dans un climat austère en misant tout sur la caractérisation de ses personnages finement étudiés dans leur profil psychologique.
Le scénario intéressant et bien construit dans sa manière de nous livrer de plus amples détails essentiels au fur à et mesure de la progression du récit va nous amener à une possible vengeance après que Will, ancien caîd renommé se soit exilé dans une forêt, vivant reclu comme un SDF pour se faire pardonner à lui même des horribles méfaits qu'il a pû commettre dans son passé peu glorieux et meurtrier.
Mais la mort suspecte de son frère Davy l'amenera à revenir dans sa ville natale pour tenter de découvrir la vérité sur ce potentiel suicide car Davy a été retrouvé entièrement vêtu allongé dans sa baignoire, baignant dans son sang la gorge tranchée !
Au prémice d'un traumatisme psychologique pour cause d'un viol atroce fortuit, Mike Hodges va nous décrire le portrait d'une famille déchirée, tourmentée, engluée dans le banditisme mafieux, qui, à la suite de la mort de l'un des leurs va tout remettre en question sur leur sens de la moralité et de l'honneur, en particulier pour le grand frère solitaire Will, superbement campé par l'impressionnant Clive Owen dans le rôle d'un homme à la stature imposante, rongé par le remord, incapable de se pardonner une vie laminée par la déchéance du Mal.
Mais la mort de Davy, son frère de sang pourrait risquer de lui être fatale à force de vouloir découvrir l'horrible vérité surtout quand le mobile de cette agression sexuelle sera purement et bêtement une affaire de rancoeur jalousée d'une désolante banalité.

Sur un rythme lent et concis, pénétré par une tonalité musicale aux accents jazzy dans une ville londonnienne hostilement régie par des crapules arrivistes, "Seule la mort peut m'arreter" est une errance nocturne, nonchalante et désanchantée dans les états d'âme d'un homme profondément meurtri par son lourd passé qui avait réussi à entreprendre un long chemin salutaire de rédemption mais qui va devoir remettre en doute sa propre conscience, la redéfinir, réévaluer son ambition à ne pas se laisser écraser par la concurrence mafieuse après que son jeune frère en soit devenu l'innocente victime pour une simple affaire de rancoeur.

                                             

"Seule la mort peut m'arreter" est un polar noir remarquable et torturé, interprété avec force et conviction (Malcom Mc Dowell, ignoble et glaçant !), une réflexion sur la soif de vengeance et le sens de l'honneur à travers le trajet d'un homme volontairement esseulé qui va constament se décider si oui ou non il sera dans le devoir de se venger pour une bonne cause. Réparer une offense pour punir ou pire supprimer son auteur.
Le final étonnant dans sa fuyante morosité apportera une réponse amère qu'on imaginait pourtant optimiste 30 secondes auparavant. Quelques secondes qui auront suffi d'un ressentiment colérique incontrôlé, une indignation révoltée face à l'annonce d'un mobile aussi pathétique dans un faux conflit infructueux. En éprouvant la douleur insurmontable d'un deuil familial injustifié pour changer brusquement la donne et modifier à nouveau sa route rédemptrice.

05.07.10.

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