mardi 15 mars 2011

ACOLYTES

                            

de Jon Hewitt. 2008. Australie. 1H31. Avec Danny Baldwin, Holly Baldwin, Harley Bennick, Michael Dorman, Sue Dwyer, Joel Edgerton, Sebastian Gregory, Isabella Heathcote, Todd Levi.

L’argument : Suite à la disparition d’une jeune camarade de classe, Mark surprend une voiture s’éloigner dans les bois, près d’un monticule de terre fraîchement remuée... Avec l’aide de ses amis James et Chasely, Mark décide de retourner sur place par souci de curiosité.

                       

MON AVIS: Après un très amateur "Bloodlust" réalisé en 1992, Jon Hewitt revient derrière la caméra 16 ans plus tard avec ce nouveau long-métrage prenant le total contre pied de ce qu'il avait entrepris comme un gros gag vampirique décomplexé bourré d'action de testostérone mais tellement brouillon et réalisé avec des moyens beaucoup trop précaires pour pouvoir s'enthousiasmer avec bonheur suprême.

Dans une maladive forêt aigrie, une jeune fille dévêtue, l'air hagard, cours à perdre haleine jusqu'à ce qu'une voiture vienne la percuter de plein fouet après s'être cognée la tête contre un tronc d'arbre.
Quelques instants plus tard, un homme décide de l'enterrer au beau milieu de cet endroit isolé.
Mais 3 adolescents témoins d'avoir entraperçu la voiture en fuite s'éloigner à vive allure décident de s'enfoncer machinalement dans les bois pour retrouver le corps enterré.

Ce qui frappe dès le départ dans "Acolytes", c'est la texture de sa photographie troublante emprunt de velours bleu, blanc immaculé et noir obscur, l'environnement hostile d'un endroit forestier à l'allure cadavérique ou les maigres feuillages restants, désséchés semblent s'être dissous d'on ne sait quelle manière plausible et cohérente.
Dans une narration classiquement agencé de prime abord, toute la singularité du métrage va s'établir et s'imposer grâce à une mise en scène extremement personnelle, consciencieusement travaillée et dôté d'une personnalité propre indéfinissable à la manière des climats baroques hors normes d'un "Darkly Noon" ou le génial "Next of Kin" d'origine australienne lui aussi.
Car ce film proprement insolite va nous balader pendant 1H30 sur un terrain que l'on pense balisé mais qui se révèlera en fin de compte rapidement imprévisible grâce une accumulation de situations désincarnées, fuyant la réalité, à la limite d'un rêve cauchemardesque commis en direct car bien réel, aux accents glauques et malsains davantage accentués dans le prolongement du récit jusqu'à un final impitoyablement violent et éprouvant dont personne ne sortira indemne !

                                      

Comme si nous nous étions retrouvés dans un "stand by me" sous acide, les jeunes interprètes tous inconnus (du moins dans notre cher pays) se révèlent plutôt surprenants dans leur attitude marginale reflétée, voire à tendance perverse pour l'un des 3 complices à tenter de provoquer, se mettre à armes égales face à un tueur inattendu, croisement direct entre le chanteur Freddy Mercury et le leader du groupe Village People sans que sa trogne dérangeante et indocile ne prête une seconde à sourire et encore moins à rire. A moins de se laisser aller à quelques interludes d'humour noir corrosif ou sarcastique selon la personnalité et le caractère du spectateur averti.

En évacuant les quelques tubes rocks entrainants, l'utilisation de la discrète musique de fond, sourde, bourdonnante, assomante et désordonnée nous emmène un peu plus dans les entrailles d'un jeu de massacre névrotique toujours inventif dans ces cadrages recherchés jouant avec les angles géométriques et une recherche esthétique raffinée, glacée, insolente pour un récit plutôt académique dans l'écriture. Mais le final hautement flippant et suffocant que l'on ne pouvait prédire va tout remettre en question sur ce que l'on a cru voir et comprendre tandis que chaque protagoniste irrité et excédé rencontrera une issue mortelle à chaque étape extrême de l'alibi scénaristique se laissant aussi parfois aller dans une poésie morbide éprise de douceur, telle l'apparence d'un frêle papillon bleu !

Avec une sortie discrète en catamini "ACOLYTE" est une métaphore sur la perversité enfouie des états-d'âme, une oeuvre atypique incontournable vue nulle pas ailleurs, une pierre angulaire précieuse venue de l'Australie à découvrir impérativement par son incroyable et imperceptible originalité restransmise avec une identité peu commune, impossible à définir.
Le genre de film horrifique subversif, déroutant, dérangeant qui fera dâte avec le temps pour devenir culte, défendu par une poignée d'afficionados dont j'en ferais irrémédiablement parti.

                                      

P.S: Ne vous fiez pas à la laideur de la jaquette complètemet éhontée et calquée sur Aviator de Scorcese !

28/06/10.

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