mercredi 4 mai 2016

THE HOUSE OF THE DEVIL

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site glasseyepix.com

de Ti West. 2009. U.S.A. 1h35. Avec Jocelin Donahue, Tom Noonan, Mary Woronov, Greta Gerwig,
A. J. Bowen, Dee Wallace.

Sortie DTV France: 8 septembre 2010 

FILMOGRAPHIE: Ti West (né le 5 octobre 1980 à Wilmington, Delaware) est un réalisateur, scénariste et producteur américain surtout connu pour ses films d'horreur.
2005: The Roost. 2007: Trigger Man. 2009: Cabin Fever 2. 2009: The House of the Devil. 2011: The Innkeepers. 2012: The ABCs of Death (segment M Is for Miscarriage). 2012 : V/H/S (segment Second Honeymoon). 2013: The Sacrament.


Petit artisan de la série B à qui l'on doit les épatants The Innkeepers et The Sacrament, Ti West se fit connaître aux yeux des cinéphiles avec son quatrième long passé par la trappe DTV, The House of the Devil. Pur hommage aux productions horrifiques des années 70 et 80 si bien que l'on jurerait que le film émane de cette époque charnière, cette modeste production joue la carte de la suggestion afin d'honorer ces ancêtres. Que l'on accroche ou pas à son ambiance d'inquiétude diffuse misant sur l'expectative du suspense latent, le soin conféré à sa réalisation provoque une certaine fascination dans la manière avisée du cinéaste à exploiter le cadre architecturale d'une bâtisse classique. Et ce, jusque dans la tenue obsolète des fringues auquel s'affublent chacun des protagonistes.


Croisement entre Trauma (pour l'accueil patibulaire des proprios sclérosés feignant l'identité d'une belle-mère sans visage), Terreur sur la ligne (pour la solitude anxiogène d'une baby-sitter en perte de repères dans les corridors de la demeure) et Rosemary's Baby (pour son final satanique à l'épilogue convenu), The House of the Devil provoque une irrésistible sympathie dans sa confection artisanale photogénique. D'une simplicité narrative, l'intrigue préconise le climat intimiste d'une jeune baby-sitter confinée dans une demeure gothique le temps d'une nuit d'éclipse. Par l'entremise de détails inquiétants misant également sur les hors-champs sonores (craquements de meubles et chuchotements), Tim West cultive un goût pour l'atmosphère d'inquiétude (partition monocorde à l'appui) plutôt que l'angoisse ou la terreur tangible. Dominé par la présence de la débutante Jocelin Donahue (bien qu'il s'agisse de son 3è rôle au cinéma), cette dernière parvient à donner chair à son personnage candide avec un charisme et une franchise épatants de naturel. Et si la dernière partie laissant libre court à une violence graphique emprunte certaines facilités (Spoil ! la manière banale dont l'héroïne parvient à s'extirper des griffes de ses oppresseurs ! fin du Spoil), l'énergie de la réalisation transcende ces scories parmi la vigueur d'une terreur oppressante.


Sympathique hommage au cinéma d'horreur des années 70 et 80, The House of the Devil instaure la série B d'antan dans une gestion de suspense et de mystère scrupuleusement envoûtants. Psycho-killer laconique empruntant la démarche d'une hantise satanique sous l'impulsion d'une héroïne en perdition, The House of the Devil réactulise les ficelles du genre avec une efficacité dignement modeste. 

mardi 3 mai 2016

MIRACLE SUR LA 8E RUE

                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site movieposters.2038.net

"Batteries Not Included" de Matthew Robbins. 1987. 1h46. Avec Hume Cronyn, Jessica Tandy, Frank McRae, Elizabeth Peña, Michael Carmine

Sortie salles France: 23 Mars 1988. U.S: 18 Décembre 1987

FILMOGRAPHIE: Matthew Robbins est un scénariste et réalisateur américain, occasionnellement producteur et acteur.
1978 : Corvette Summer. 1981 : Le Dragon du lac de feu. 1985 : The Legend of Billie Jean. 1987 : Miracle sur la 8e rue. 1991 : Bingo.


Produit par Steven Spielberg et réalisé par Matthew Robbins à qui l'on doit l'un des meilleurs films d'heroic fantasy des années 80 (le Dragon du Lac de Feu), Miracle sur la 8è rue fit son p'tit effet d'émerveillement lors de sa sortie en 87. Que ce soit en salles ou en location VHS. Série B aussi modeste que naïve dans sa volonté de privilégier un public infantile, l'intrigue repose sur la confrontation ardue entre un promoteur sans vergogne et une poignée de retraités délibérés à défendre leur territoire en guise de survie. Pour parfaire ses ambitions vénales et terroriser ces locataires, ce dernier recourt à l'intervention d'un délinquant porto-ricain. Mais un soir, des petits visiteurs venus d'une autre galaxie ont décidé de prêter main forte aux habitants de l'immeuble. 


Ce pitch linéaire dénué de surprises, Matthew Robbins l'exploite avec pas mal de fantaisies et d'émotions pour attendrir le spectateur, complice amusé d'une intervention altruiste d'extra-terrestres. Par le biais d'effets spéciaux artisanaux soignés, les créateurs optent pour la miniaturisation d'humanoïdes et de soucoupes volantes afin d'accentuer un sentiment candide de féerie. Grâce à leurs postures avenantes et leurs exploits techniques à consolider l'infrastructure de l'immeuble, le récit parvient par petites touches à les rendre attachants, notamment parmi la cohésion des habitants s'épaulant mutuellement afin de préserver leur autonomie. En particulier un couple de retraités dont l'épouse sénile se morfond dans une douce démence depuis la disparition accidentelle de son fils. Seul élément dramatique de l'intrigue, Matthew Robbins peine à susciter une réelle empathie car n'accordant pas assez de temps pour développer la caractérisation fragile du duo en berne. On peut également sourire de l'initiation affable du voyou de service surnommé Carlos, seul témoin externe des pyrotechnies des E.T, entamant en fin de parcours une bravoure de dernier ressort pour se racheter une conduite. Là encore, les rapports (faussement) maternels partagés entre celui-ci et la septuagénaire endeuillée (elle le confond avec l'identité de son défunt fils !) sont édulcorés afin de résider dans le registre de la comédie.


Emaillé de situations pittoresques particulièrement puériles (à l'instar de l'apprentissage culinaire des E.T) et d'instants de poésie parfois touchants, Miracle sur la 8è rue comblera surtout les attentes des enfants de moins de 12 ans. L'intrigue simpliste offrant le minimum syndical à se focaliser sur les rapports de force incessants entre gentils locataires et méchants promoteurs. Reste un sympathique divertissement dont les effets spéciaux crédibles apportent leur quota d'enchantement.  

lundi 2 mai 2016

BREAKDOWN

                                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site amazon.com

de Jonathan Mostow. 1997. U.S.A. 1h35. Avec Kurt Russell, J. T. Walsh, Kathleen Quinlan, M. C. Gainey, Jack Noseworthy, Rex Linn

Sortie salles France: 8 Octobre 1997 (Int - de 12ans). U.S: 2 Mai 1997

FILMOGRAPHIE: Jonathan Mostow est un réalisateur, producteur et scénariste américain né le 28 novembre 1961 à Woodbridge, Connecticut (États-Unis). 1991: Flight of Black Angel. 1997: Breakdown. 2000: U-571. 2003: Terminator 3: Le Soulèvement des machines. 2009: Clones. 2016: Hunter's Prayer (en post-production).


Jeff Taylor, caméraman et correspondant de guerre, perturbé par les horreurs de son métier décide d'en changer. Accompagné de sa femme, Amy, il entreprend la traversée des Etats-Unis. Ils tombent en panne dans une région désertique. Un routier propose à Amy de l'ammener au prochain relais routier alors que Jeff reste auprès du véhicule. En attendant le retour de sa femme, il réussit à faire redémarrer sa voiture. Il part rejoindre sa femme au relais. Mais Amy n'est pas là et personne ne se souvient d'avoir vu ni la jeune femme ni le routier.


Bien que son schéma narratif soit prévisible et éculé (conjonction de Duel et du télé-film Ma femme a disparu), Breakdown tire parti de son efficacité dans l'intensité d'un suspense haletant et le jeu viscéral de Kurt Russel se démenant avec pugnacité contre les maîtres chanteurs d'un odieux kidnapping. Et pour parachever cette course effrénée contre la mort, de nous réserver en dernier acte une course-poursuite fertile en cascades automobiles prouvant à nouveau la rigueur du montage et l'habileté de sa réalisation.



vendredi 29 avril 2016

PANDORUM

                                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Christian Alvart. 2009. U.S.A. 1h48. Avec Ben Foster, Dennis Quaid, Cam Gigandet, Antje Traue, Cung Le, Eddie Rouse.

Sortie salles France: 30 Septembre 2009. U.S: 25 Septembre 2009

FILMOGRAPHIE: Christian Alvart est né en 1974 à Frankfurt, Germany.
2016: Tschiller: Off Duty. 2015: Halbe Brüder. 2013: Banklady. 2012: Wolff - Kampf im Revier (TV Movie). 2010: 8 Uhr 28. 2009: Pandorum. 2009: Le cas 39. 2005: Antikörper. 1999: Curiosity & the Cat.


Echec public et critique lors de sa sortie (20 635 059 $ de recettes pour un budget de 30 millions), Pandorum conjuguait pourtant efficacement horreur (fétide) et science-fiction par le biais d'un scénario en suspens multipliant rebondissements et coups de théâtre. En dépit de la complexité de son intrigue schizo semant parfois doute et confusion chez les confrontations humaines, cette série B puise sa densité dans l'atmosphère d'inquiétude régie à l'intérieur du vaisseau et dans l'intensité des séquences d'action parfois emprunts de violence primitive. Plusieurs affrontements barbares ne lésinant pas sur le gore depuis la vélocité d'antagonistes habités par une démence incontrôlée. Entièrement tourné en Allemagne au studio de Babelsberg et dans une centrale électrique berlinoise, le pitch repose sur les interrogations morales du lieutenant Payton et du caporal Bower frappés d'amnésie après avoir été plongés en hyper sommeil durant 8 ans.


Bloqué à l'intérieur du vaisseau Elysium, ils tentent de se remémorer la raison de leur mission depuis qu'ils eurent transportés parmi eux 60 000 voyageurs afin de coloniser la planète Tanis. En perte de repères dans les sombres corridors de leur dédale spatial, une menace meurtrière s'empresse également de les éradiquer. Bientôt, d'autres passagers en hyper sommeil parviennent à s'extraire de leur caisson pour les rejoindre, quand bien même ils vont communément user de vigilance et bravoure à déjouer les exactions de mutants cannibales. Enfin, pour corser les enjeux de survie, le réacteur nucléaire de leur navire doit être manuellement réactiver en un temps record. Esthétiquement soigné par son climat caverneux où chaque entrailles du vaisseau constitue un danger pour les occupants, Pandorum parvient à crédibiliser son huis-clos rubigineux sous l'impulsion d'humanoïdes affamés de chair humaine. Outre leurs attaques cinglantes perpétrées avec une agilité parfois illisible, l'intrigue ne cède jamais à une esbroufe outrancière pour nous combler. Et pour éluder cette facilité, Christian Alvart compte sur la complexité morale de ces personnages scindés en deux groupes afin de mieux gérer leur situation précaire. Au fil de leur cheminement initiatique à errer dans l'enceinte du vaisseau, le récit fonctionne également sur l'intrusion fortuite de nouveaux personnages si bien que certains d'entre eux vont pouvoir nous éclaircir sur leur obscur passé ainsi que le sort de l'humanité. Reposant également sur leurs sentiments de paranoïa d'appréhender la menace cannibale, ces derniers doivent également se prémunir contre eux même selon une potentielle trahison et la folie du syndrome de Pandorum (délire du mal de l'espace après y avoir séjourné trop longtemps).


Série B rondement menée par son action belliqueuse escarpée instaurée au sein d'un repère glauque, Pandorum ne manque pas de trouvailles pour motiver l'intérêt des enjeux sous l'impulsion de comédiens d'une spontanéité viscérale (Dennis Quaid en tête de peloton !). Un excellent divertissement aussi dynamique qu'envoûtant malgré l'aspect décousu d'une narration (volontairement) schizophrène.   

mercredi 27 avril 2016

MIDNIGHT SPECIAL

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Jeff Nichols. 2016. U.S.A. 1h54. Avec Michael Shannon, Kirsten Dunst, Joel Edgerton, Adam Driver, Sam Shepard, Dana Gourrier

Sortie salles France: 16 Mars 2016. U.S: 18 Mars 2016

FILMOGRAPHIE: Jeff Nichols est un réalisateur et scénariste américain, né le 7 décembre 1978 à Little Rock, Arkansas (Etats-Unis).
2007: Shotgun Stories. 2011: Take Shelter. 2012: Mud. 2016: Midnight Special. 2016: Loving.


Révélé par Take Shelter et Mud, Jeff Nichols n'en finit plus de nous surprendre et continue de démontrer (sans prétention) l'étendue de son talent avec Midnight Spécial. Un divertissement adulte renouant avec la sincérité d'un spectacle familial aussi crédible que stimulant. Et ce, sans céder à la facilité d'une festivité convenue en dépit d'une dernière partie prévisible. Abordant pour la première fois la science-fiction d'un point de vue intimiste, le réalisateur parvient à renouveler les codes par le biais d'une habile structure narrative reposant de prime abord sur l'interrogation d'éléments sans réponse et le comportement équivoque des seconds-rôles avant de nous révéler au compte goutte des infos sur le profil psychologique d'un enfant doué de pouvoirs surnaturels. Chasse à l'homme menée tambour battant sous le ressort d'un suspense ciselé, l'intrigue cultive un thème cher à la science-fiction dont je tairais ici le nom afin de préserver la surprise, même si à mi-parcours le secret nous est facilement éventé !


Grâce à la présence aussi sobre qu'attachante d'un trio de personnages altruistes, délibérés à protéger leur rejeton diabolisé par le FBI et la NASA, Midnight Special nous immerge dans leur motivation marginale avec une intensité dramatique en crescendo. Emaillé de saisissantes images oniriques souvent épiques lorsque Alton nous démontre l'étendue de ses pouvoirs parmi la complicité du déchaînement de la nature, Jeff Nichols réinvente le genre avec une dimension lyrique pas très éloignée de Spielberg (la tagline de son affiche française n'est d'ailleurs aucunement fallacieuse). A l'instar de son final majestueux baignant dans une féerie placide afin de mettre en exergue un univers parallèle. Et malgré l'air de déjà vu de l'ossature narrative, Midnight Special parvient miraculeusement à réinterpréter le genre par la fragilité des enjeux dramatiques quand un ado prodige se confronte au lynchage de masse. Tant par l'intolérance d'une police fédérale délibérée à en exploiter une arme de guerre que le fanatisme religieux d'une communauté sectaire.


Jalonné de séquences surnaturelles d'une puissance visuelle métaphorique et d'affrontements haletants entre les forces de l'ordre, Midnight Special puise notamment sa force dans l'art de conter efficacement une romance parentale sous l'impulsion filiale. Grâce à sa densité dramatique animée par une poignée de comédiens charismatiques, Midnight Special parvient à captiver parmi la réflexion d'une anticipation optimiste (la foi en une idéologie pacifiste au-delà de nos frontières terrestres). 

mardi 26 avril 2016

COP CAR

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmosphere.com

de Jon Watts. 2015. U.S.A. 1h30. Avec Kevin Bacon, Kevin Bacon, Shea Whigham, Camryn Manheim, James Freedson-Jackson, Hays Wellford, Kyra Sedgwick

Sortie DTV en France: 20 Avril 2016. U.S: 7 Août 2015

FILMOGRAPHIE: Jon Watts est un réalisateur et producteur américain de cinéma.2008 : The Scariest Show on Television (téléfilm). 2011: The Fuzz (téléfilm). 2012: Eugene ! (téléfilm). 2014: Clown. 2015: Cop Car. 2017: Spider-Man: Homecoming.


Malencontreusement passé par la case DTV chez nous, Cop Car emprunte le schéma de la série B par le biais d'une astucieuse idée de départ. Deux enfants en fugue parviennent à dérober un véhicule de police au sein d'une campagne isolée. Shérif ripoux impliqué dans un trafic de drogue, Kretzer doit tout en mettre en oeuvre pour récupérer sa voiture depuis qu'il eut laissé une preuve dans le coffre. Thriller à suspense rondement mené dans son lot de circonstances délétères que deux marmots en mal de sensations vont devoir déjouer afin de préserver leur peau, Cop Car constitue un croisement entre Stand by me (pour la fugue et l'initiation morbide des ados), la Nuit du Chasseur (pour leur traque inlassable et le profil sans vergogne d'un anti-héros capable d'y sacrifier l'innocence ) et à moindre échelle Hitcher (pour son côté "road movie" ténébreux entremêlé d'humour noir).


Réalisé en toute modestie mais avec un indéniable savoir-faire, Jon Watts exploite habilement le cadre environnemental d'une nature solaire et de ses routes de bitume que les personnages parcourent isolément. Privilégiant les principaux rôles à nos deux héros en culotte courte, Cop Car fait naître une tension graduelle au fil de leurs vicissitudes marginalisées. Ces derniers multipliant notamment les risques couillus lorsqu'ils s'empressent de conduire le véhicule de fonction (en taillant des pointes !) et lorsqu'ils utilisent inconsciemment armes et matériel de police pour se provoquer en cow-boys. Par le principe du survival, le réalisateur ne manque ni d'idées caustiques ni d'audaces à infliger à ses fugueurs juvéniles une épreuve de force par l'entremise Spoil ! d'un nouveau personnage aussi perfide fin du Spoil. Outre la prestance spontanée des gamins désinvoltes insufflant une indéniable empathie par leur insouciance candide et leur appréhension du danger létal, Kevin Bacon leur prête la vedette dans une posture de renard futé. Affublé d'une moustache et de lunettes noires, ce dernier se taille une caricature de flic vénal au sang-froid intarissable. En dépit de l'ossature ciselée de son suspense progressif, Jon Watts inclue également en dernière ligne droite une action sanglante plutôt impitoyable, notamment pour le sort précaire réservé aux gamins.


Avec peu de moyens mais une construction narrative acerbe, la photogénie de son cadre naturel et le jeu équilibré des comédiens, Jon Watts avive le B movie par l'alibi du thriller oppressant efficacement troussé. 

B.M

Le p'tit mot de Jean Marc Micciche
Séance découverte avec la très bonne surprise de Cop Car qui montre qu'il suffit d'avoir une histoire simple mais bien développée pour être efficace...5 personnages, un décor simple la campagne plouc américaine, un objet de toute les convoitises (cette fameuse voiture Cop Car) qui confine à une sorte d'abstraction métaphorique, un savant dosage entre description polar réaliste et échappée burlesque et ironique....Tout ça participe à l'indéniable originalité du film qui propose un ton vraiment audacieux et des partis pris culottés. Mais plus que ça, c'est avant tout ce sens du cadre et découpage qui permet à certaines de faire mouche convoquant Hitcher à une époque où le polar se muait en conte cauchemardesque....

lundi 25 avril 2016

SOUTHBOUND. Prix du Jury Jeunes, Gérardmer 2016.

                                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Radio Silence, Roxanne Benjamin, David Bruckner et Patrick Horvath. 2015. U.S.A. 1h29. Avec Kate Beahan, Matt Bettinelli-Olpin, Susan Burke, Zoe Cooper, Gerald Downey, Karla Droege, Larry Fessenden.

Sortie en salles en France uniquement au Festival de Gérardmer. Sortie salles U.S: 5 Février 2016

Récompense: Prix du jury jeunes au Festival international du film fantastique de Gérardmer 2016


Déjà réunis à l'occasion du film à sketchs, V/H/S, Radio Silence, Roxanne Benjamin, David Bruckner et Patrick Horvath renouent avec un format plus cinégénique pour façonner Southbound. Sur une route de Californie, deux hommes en véhicule sont poursuivis par une mystérieuse présence. Trouvant refuge dans un motel, l'un d'eux se fait agresser dans les toilettes par la même entité. Ils s'empressent de fuir l'endroit mais se retrouvent également piégés dehors sur une destination sans fin. A partir de ce pitch intriguant où l'ombre démoniaque ne cessera de planer sur les épaules des protagonistes, notre quatuor de cinéastes exploite moult situations cauchemardesques parmi le thème du satanisme. C'est ce que nous révélait déjà le contenu visuel de l'affiche avec un souci esthétique plutôt attirant. Si le premier quart d'heure ne fait pas preuve d'originalité à mettre en appui plusieurs clichés usuels (panne d'essence des victimes, assistance d'un couple faussement affable, rituel de messe noire), la seconde partie fait subitement preuve de tension et d'inventivité si bien que le spectateur se laisse facilement envoûter par son climat insolite digne d'un épisode de la 4è Dimension. Qui plus est, son score électro entêtant séduit l'ouïe pour nous remémorer les mélodies métronomiques de Carpenter !


A partir du moment où le conducteur renverse incidemment une jeune fille en fuite sur sa route, Southbound embraye sur un rythme alerte fertile en rebondissements et humour sardonique. Sa réussite et son originalité émanant également du parti-pris des auteurs à narrer ses diverses histoires sous l'impulsion de personnages s'entrecroisant durant une épreuve de survie. Issus du même décor désertique de la Californie et incessamment agressés par une confrérie démoniaque, ces derniers ont comme point commun de se confondre dans cet univers immatériel hérité de l'enfer. La voix-off d'un animateur radio nous confirmera d'ailleurs que la contrée dans lequel ils évoluent est une forme de purgatoire où la culpabilité des personnages est mise à épreuve afin d'escompter une éventuelle rédemption. On serait même tenter à dire au final que Southbound est un film choral tant les intrigues et les personnages (victimes et vengeurs) se rejoignent dans leur état d'âme meurtri quand bien même sa dernière partie vient boucler la réponse de son prologue. Outre le caractère ludique des situations débridées efficacement structurées, Southbound fait aussi preuve de fantaisie gore si bien que certains effets sanglants nous révulsent parfois l'estomac par son réalisme cru (l'accident de la route et la séquence de réanimation dans l'hôpital).


Réalisé avec motivation dans sa facture modeste de B movie du samedi soir et incarné par des comédiens plutôt convaincants, Southbound créé la surprise malgré l'aspect décousu du scénario. Grâce à son habile construction narrative auquel les personnages dépendent communément et la photogénie de son onirisme cauchemardesque, les auteurs parviennent à nous surprendre pour renouveler le thème satanique par le biais de segments alertes.  

B.M

La note d'intention de Jean Marc Micciche
Cycle festival et fantastique 5 avec la bonne surprise Southbound, présenté à Gérardmer (avec à la clé le prix du jury jeunes il me semble), curieuse variation du film à sketches qui rebondit d'une histoire à l'autre grâce à un subtile jeu sur l'ironie du destin....un peu à la manière de Pulp Fiction...difficile de résumer le film sans rentrer dans les détails des récits qui brasse avec une indéniable efficacité voire avec beaucoup d'habilité sur certains thèmes du genre, personnage damnés par des entités maléfiques incarnant leurs culpabilité, groupe de copines tombant dans une communauté....(j'en dis pas plus)...un accident de la route devient un cauchemar horrible, la lutte illusoire d'un homme qui désire arraché sa sœur à des démons, home invasion qui tourne au carnage...Tout se passe à Southbound, rythmé par un score electro isant (lol) à travers des récits qui s'enchaînent sans accro et procurant son lot de scène gore hardcore mais aussi un doux frisson bienvenue ! C'est clairement le meilleur film à sketchs vu depuis Trick or treat !!!
Cerise sur le gâteau : la voix off ironique de la radio ouvre et ferme le film....et dans le genre incantatoire.....c'est youpi !

vendredi 22 avril 2016

THE INVITATION

                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site shocktillyoudrop.com

de Karyn Kusama. 2015. U.S.A. 1h44. Avec Logan Marshall-Green, Tammy Blanchard, Michiel Huisman, Emayatzy Corinealdi, Lindsay Burdge, Mike Doyle

Inédite en salles en France. Sortie salles U.S: 8 Avril 2016 

FILMOGRAPHIE: Karyn Kusama est une réalisatrice et scénariste américaine, née le 21 Mars 1968 à Brooklyn, New-York. 2000: Girlfight. 2005: Æon Flux. 2009: Jennifer's Body. 2015: The Invitation. 


Révélée par l'excellent Girlfight mais décriée ensuite avec deux produits convenus, Aeon Flux et Jennifer's Body, la réalisatrice Karyn Kusama amorce un brillant retour avec The Invitation. Un thriller horrifico-psychologique lestement structuré dans l'art de distiller un malaise vénéneux au sein d'une chaleureuse convive. Divorcé depuis 2 ans, Will et sa nouvelle amie sont invités à dîner chez son ex-femme en compagnie d'autres inconnus. Au fil des discussions parfois crues et désinvoltes, Will suspecte un dangereux traquenard quand bien même l'absentéisme d'un des hôtes le laisse perplexe. Mais profondément éprouvé par la mort de son fils et de son échec conjugal, Will serait peut-être en proie à la paranoïa. Oeuvre choc d'une intensité dramatique latente avant d'embrayer un virage autrement horrifique en dernier acte, The Invitation repose sur l'élaboration d'une aura malsaine par le principe du huis-clos domestique. L'ambiance amicale régie à l'intérieur de la réception imposant une atmosphère futilement tendue lorsque certains des invités osent aborder sans réserve les sujets tabous comme la mort, la violence conjugale et la délivrance.


Dès les 3 premières minutes, Karyn Kusama dérange déjà le spectateur lorsque Will et sa compagne viennent de commettre un accident sur la route de leur destination. Si bien que le comportement étrangement expéditif de ce dernier nous laisse dans un questionnement amer. Dès que le couple s'installe chez la demeure des réceptionnistes, la réalisatrice s'appuie sur les états d'âmes contrariés de Will, suspicieux du comportement trop affable de ces étrangers. Auscultant ses sentiments d'angoisse, de paranoïa et de suspicion, l'intrigue repose sur sa caractérisation fragile parmi le désir tacite de nous faire douter de sa foi à démasquer une éventuelle supercherie. C'est ce qu'un habile rebondissement instauré au centre des discussions orageuses nous confirmera afin de nous faire douter de sa conviction. Ce sentiment anxiogène de climat pesant, ces rapports humains trop inscrits dans la franchise et l'intégrité ne cessant d'influer sur le comportement démuni de Will observant l'assemblée avec un désespoir fébrile. Par la solidité de sa mise en scène, le jeu insidieux des comédiens et la subtilité du pouvoir de suggestion, The Invitation insuffle un climat d'inconfort et de malaise avant l'effroi d'une dernière partie rigoureusement cinglante.


En abordant de manière originale les thèmes du malaise existentiel, de la perte de l'être aimé et du désir de rédemption par le biais d'une idéologie extrémiste, Karyn Kusama cristallise un thriller cérébral à couper au rasoir. De par le magnétisme conféré à son atmosphère délétère et son portrait d'une confrérie à l'identité interlope. Glacial et terriblement anxiogène, on sort éprouvé de ces rapports de force en déliquescence morale si bien que l'épilogue tragique en rajoute une louche dans le nihilisme auprès de l'influence de masse.  

P.S: Afin de préserver tout effet de surprise, évitez de jeter un oeil sur sa bande-annonce beaucoup trop manifeste.


Le p'tit mot de Jean Marc Micciche:
Séance festival et fantastique avec The Invitation, énorme film clinique, digne des plus suspense de Polanski. Œuvre d'une noirceur ténébreuse absolue où un couple est invité avec d'autres amis à un repas mystérieux. Par petite touche, le film amorce ce qui apparaît de prime abord comme un drame intimiste, un voyage bouleversant et d'une angoisse sidérante sur la gestion de la douleur...Terriblement incommodant, d'un malaise terrifiant, le film va jusqu'au bout de son implacable horreur funeste et finit par un plan final aussi évocateur et terrifiant que bon nombres de classiques. Un voyage au bout de la nuit qui surprend par sa gestion des temps faibles et des temps fort, par des ralentis d'un beauté funéraires, par une gestion du cadre et de l'espace d'une précision machiavélique....Bref, The invitation est un chef d'œuvre d'autant plus savoureux qu'il est inattendu et semble sortir de nulle part...le genre de film qu'on se tapait dans les années 70 et 80.
 Et putain quel score !


jeudi 21 avril 2016

THE WITCH. Prix de la mise en scène, Sundance 2015. Prix du Jury, Gerardmer 2016.

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site imdb.com 

de Robert Eggers. 2015. U.S.A/Canada. 1h32. Avec Anya Taylor-Joy, Ralph Ineson, Kate Dickie,
Harvey Scrimshaw, Ellie Grainger, Lucas Dawson.

Sortie salles France: Janvier 2016 (Gerardmer). U.S: 19 Février 2016

FILMOGRAPHIE: Robert Eggers est un réalisateur américain. 2015: The Witch


Réinterprétation d'une citation de Mohammed Moulessehoul, dit Yasmina Khadra:
"Le mal est une effroyable sorcellerie, une possession démoniaque, une folie à l'état pur. Une fois contaminé, vous ne pouvez plus vous en défaire. C'est tellement enivrant."

Sommet d'ambiance mortifère dans le sens le plus éthéré du terme, The Witch renoue avec une horreur sans fard comme on en voit rarement dans le paysage contemporain. Véritable coup de maître d'un cinéaste novice comme le révèle son Prix de la Mise en scène à Sundance, The Witch est une angoisse réfrigérante supervisée par le Mal en personne ! Son ombre aussi indicible que palpable planant sur les épaules des protagonistes avec une force de persuasion impavide. Le malaise psychologique dans lequel le spectateur se morfond insufflant chez lui un sentiment d'angoisse vertigineux. Cette invitation au cauchemar s'avère d'autant plus feutrée, hermétique et diaphane qu'il nous ait impossible de lâcher prise par son impact visuel, notamment avec l'appui hostile d'une posture animalière.


Cette atmosphère délétère, Robert Eggers parvient à la transcender par le biais d'une splendide photo monochrome afin de mettre en relief la tiédeur de sa végétation oppressante. La connivence de la flore et de la faune faisant parti du cadre naturel afin de transmettre chez nos héros un désarroi moral en perdition. Prenant pour thèmes le fanatisme religieux, la sorcellerie et la superstition au sein de la Nouvelle-Angleterre du 17è siècle, le réalisateur explore le folklore des contes et légendes sataniques sous l'impulsion d'un cheminement narratif toujours plus dépressif. L'intrigue linéaire n'accordant aucune faveur à la condition infortunée d'une famille de dévots confinés dans un terrain rural depuis leur bannissement du village local. Par la cause d'exactions d'une présence invisible, ils vont être amenés à s'entre-déchirer pour tenter de dénicher l'éventuel coupable de disparitions en règle. Cette montée en puissance dramatique, Robert Eggers parvient à l'inscrire sur image avec un brio viscéral. Ce dernier privilégiant l'étude comportementale d'une famille dysfonctionnelle affligée par la suspicion, l'appréhension et la famine depuis les conséquences tragiques de situations inexpliquées. Diatribes sur l'obscurantisme et le sectarisme lorsque le fanatisme converge à la folie et la paranoïa collectives, The Witch avive brillamment le drame psychologique pour dénoncer les états d'âme galvaudés de métayers prisonniers de leur piété.


Emaillé de séquences fortes (le sort de Caleb, sa conclusion escarpée) où l'horreur des situations engendre une caractérisation humaine en dégénérescence morale, The Witch inscrit sur pellicule une descente aux enfers dépressive parmi la puissance de suggestion. Par son intensité dramatique désaxée et ses images saisissantes de visions d'effroi (notamment sa symbolique impartie à la sorcellerie animalière), The Witch prodigue la noblesse d'une horreur subtile avec un magnétisme ensorcelant. Futur classique.

B.M

La note d'intention de Jean Marc Micciche:
Cycle Festival fantastique 3 (apres Frankenstein et the The survivalist) avec l'énorme et je pèse mes mots The witch.....Voilà exactement, une œuvre aux antipodes des productions cinématographiques actuels, un cinéma qui s'oppose à la gangrène du cinéma actuel et me rappelle un peu un ancien article de Vincent Guignebert dans Mad Movies à propos de Simetière...à force de trop montrer, de tout raconter, de tout expliquer, on avait oublié la force d'un cinéma de l'évocation où le non dit, le mystère, le trouble à cette puissance tranquille de vous hérisser les cheveux, de vous envahir, de vous faire sentir, voir vous faire croire littéralement l'existence du mal (présents aux quatre coins de l'écran) sans jamais être capable de définir sa localisation....Filmé à la Dreyer, évoquant par sa poésie plastique aussi bien le muet Haxan ou le Navigator de Vincent Ward, The witch est une tragédie sinistre dont on se sait pas si le plan final est une damnation ou une libération....

Récompenses:
Festival du film de Londres 2015 : Sutherland Trophy du meilleur premier film
Festival du film de Sundance 2015 : Prix de la mise en scène
Festival international du film fantastique de Gérardmer 2016 : Prix du jury SyFy1

mercredi 20 avril 2016

LE CERCLE 2

                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemotions.com

"The Ring 2" de Hideo Nakata. 2005. U.S.A/Japon. 1h50. Avec Naomi Watts, David Dorfman, Daveigh Chase, Simon Baker, Elizabeth Perkins, Gary Cole, Sissy Spacek.

Sortie salles France: 10 Décembre 2005. U.S: 18 Octobre 2005

FILMOGRAPHIE: Hideo Nakata est un réalisateur et un scénariste japonais né le 19 juillet 1961 à Okayama (Japon). 1996 : Le Spectre de l'actrice. 1998 : Joseph Losey: The Man with Four Names. 1998: Ring. 1998: Ring 2. 1999: Chaos. 1999 : Sleeping Bride. 2000: Sadistic and Masochistic. 2002: Dark Water. 2002: Last Scene. 2005: Le Cercle 2. 2007: Kaidan. 2008: L: Change the World. 2010: Chatroom. 2010 : Incite Mill (TV Show). 2013: The Complex. 2014: Monsterz. 2015: Ghost Theatre.


Six mois après les horribles événements qui leur avaient fait fuir Seattle, Rachel Keller et son jeune fils Aidan se sont réfugiés à Astoria, dans l'Oregon. La journaliste espère oublier ses épreuves dans cette paisible bourgade côtière, mais de nouvelles menaces ne tardent pas à planer sur sa vie. Un crime énigmatique, commis à l'aide d'une cassette trop familière, donne l'alerte : l'esprit de Samara n'a pas renoncé à sa vengeance et Rachel va devoir enquêter sur le lointain passé de la fillette pour arrêter le cycle infernal de ses violences maléfiques...


En dépit de la bonne volonté du duo Naomi Watts / David Dorfman, une suite poussive à court de suspense, faute d'un scénario superficiel aux enjeux dramatiques dénués de tension, quand bien même les quelques visions d'effroi qui irriguent maladroitement l'intrigue tournent à vide.

mardi 19 avril 2016

THE BOY

                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de William Brent Bell. 2016. U.S.A. 1h37. Avec Lauren Cohan, Rupert Evans, Jim Norton, Diana Hardcastle, Ben Robson, James Russell

Sortie salles France: 27 Janvier 2016. U.S: 22 Janvier 2016

FILMOGRAPHIE: William Brent Bell est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2016: The Boy. 2013: Wer. 2012: Devil Inside. 2006: Stay Alive. 1997: Sparkle and Charm.


Surfant sur le succès (éhonté) d'AnnabelleWilliam Brent Bell exploite les thématiques de la poupée diabolique et du deuil infantile de manière étonnamment sobre et déférente. The Boy jouant la carte du premier degré dans sa volonté de renouer avec une épouvante à l'ancienne. Fraîchement débarquée dans un manoir anglais pour y occuper le poste de Baby-sitter, une jeune américaine est contrainte de subir les caprices d'un couple de retraités depuis que leur défunt rejeton est substitué en poupée de porcelaine. Au fil des jours, Greta entretient une étrange relation avec le mannequin si bien qu'elle se persuade d'être en présence du fantôme du fils des Heelshire.


Série B ludique conçue sur l'efficacité d'un suspense latent irrésistiblement envoûtant, The Boy surprend par son parti-pris modeste à préconiser une atmosphère d'inquiétude plutôt que la facilité de la surenchère. Formellement soigné, tant par la beauté de sa photo aux couleurs pétulantes que des décors gothiques raffinés, l'intrigue se concentre sur les rapports intimistes partagés entre la baby-sitter et sa poupée. Sans chercher à provoquer le spectateur par des procédés spectaculaires que l'on connait par coeur, The Boy repose surtout sur l'interrogation d'une poupée potentiellement diabolique et l'aura feutrée d'une demeure vétuste occultant un sombre passé. Rehaussé du jeu nuancé de la fringante Lauren Cohan, sa présence maternelle doit beaucoup à la crédibilité des situations anxiogènes lorsque son personnage finit par céder à une foi occulte. Et parmi son obstination, le spectateur de croire à l'improbable, notamment par le biais d'une mise en scène scrupuleuse observant leurs rapports avec une empathie trouble. Emaillé d'idées parfois astucieuses (la larme sur la joue de Brahms), on sent que le réalisateur s'efforce soigneusement de narrer son histoire avec l'appui du simulacre et parmi l'expectative d'une révélation détonante. Bien que quelques clichés viennent futilement desservir la véracité des évènements en fin de parcours, The Boy s'avère suffisamment intriguant, persuasif et atmosphérique pour se laisser notamment surprendre par son twist en dépit d'une dernière image superfétatoire.


Série B horrifique inopinément adulte dans sa volonté de bâtir une histoire surnaturelle plus finaude que le tout venant mainstream, The Boy séduit agréablement grâce à la sincérité modeste du réalisateur soucieux de développer l'évolution morale de ses personnages tourmentés. 

lundi 18 avril 2016

BUG. Prix FIPRESCI, Quinzaine des réalisateurs, Cannes 2006

                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site cineparade.eklablog.com

de William Friedkin. 2006. U.S.A. 1h42. Avec Ashley Judd, Michael Shannon, Harry Connick Jr., Lynn Collins, Brian F. O'Byrne.

Sortie salles France: 21 février 2007. U.S: 25 Mai 2007. Interdit aux - de 12 ans.

FILMOGRAPHIE: William Friedkin est un réalisateur, scénariste et producteur de film américain, né le 29 août 1935 à Chicago (Illinois, États-Unis). Il débute sa carrière en 1967 avec une comédie musicale, Good Times. C'est en 1971 et 1973 qu'il connaîtra la consécration du public et de la critique avec French Connection et L'Exorciste, tous deux récompensés à la cérémonie des Oscars d'Hollywood. 1967: Good Times. 1968: l'Anniversaire. 1968: The Night they Raided Minsky's. 1970: Les Garçons de la bande. 1971: French Connection. 1973: l'Exorciste. 1977: Le Convoi de la peur. 1978: Têtes vides cherchent coffres pleins. 1980: The Cruising. 1983: Le Coup du Siècle. 1985: Police Fédérale Los Angeles. 1988: Le Sang du Châtiment. 1990: La Nurse. 1994: Blue Chips. 1995: Jade. 2000: l'Enfer du Devoir. 2003: Traqué. 2006: Bug. 2012: Killer Joe.


Expérience paranoïde contagieuse, Bug s'inspire d'une pièce de théâtre de Tracy Letts jouée en 2004. S'appuyant sur le principe du huis-clos suffocant, William Friedkin prend un malin plaisir à immerger le spectateur dans une descente aux enfers schizophrène. La cause incombant à un ex militaire d'apparence affable et timoré qu'Agnès aura rencontré dans un bar par l'intermédiaire de sa meilleure amie. Solitaire, droguée, marginale, cette dernière se remet difficilement de la disparition inexpliquée de son fils et de son échec conjugal, faute d'un mari abusif. Harcelée par son ex, elle se réconforte auprès de son hôte avant que celui-ci ne lui déclare qu'il est le cobaye d'une horrible machination perpétrée par le gouvernement. Des insectes se seraient alors infiltrés dans son corps afin de transmettre la maladie à autrui et anéantir nos cerveaux. Sous couvert de thriller au suspense latent (la première partie prend son temps à caractériser les rapports du couple), William Friedkin en extirpe un drame psychologique d'une intensité dramatique en chute libre. Le film décrivant avec réalisme cinglant les rapports équivoques d'un couple en renaissance amoureuse convaincu d'être le fruit d'un odieux complot.


Outre la maîtrise de sa mise en scène accordant beaucoup d'intérêt à la bande-son afin d'aviver l'angoisse morale de nos héros, Bug est transcendé par un jeu d'acteurs au diapason ! Michael Shannon endossant avec spontanéité viscérale la carrure du dangereux schizophrène (sans doute) traumatisé par la guerre. Dans un jeu de fragilité aiguë, Ashley Judd lui prête la vedette avec une dimension humaine névralgique, faute de ses tourments dépressifs facilement manipulables. Le duo se déchirant au rythme de la passion amoureuse et de la hantise de persécution. D'une violence rigoureuse dans les comportements erratiques en roue libre, les joutes verbales et les exactions sanglantes (notamment une torture dentaire proprement horrifique !), Bug dérange pour provoquer un malaise tangible auprès des agissements du couple compromis par l'autosuggestion. Par le biais de cet imposteur victime d'une pathologie mentale et de cette marginale dépressive en quête éperdue d'amour, William Friedkin en extrait une réflexion sur l'influence de la paranoïa et la manipulation de celui qui l'extériorise.


Baignant dans un climat névrosé progressif au fil d'une dégénérescence morale, Bug aborde les thèmes de la paranoïa et du complot politique sous l'impulsion d'un dangereux psychopathe. Par son intensité émotionnelle perturbante, il en émane une expérience viscérale éprouvante où l'impact des images cauchemardesques (les mutilations corporelles échangées entre le couple par la cause des insectes) se disputent au désarroi d'un drame de la solitude. 

Récompense: Prix FIPRESCI lors de la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 2006

vendredi 15 avril 2016

LE CERCLE

                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"The Ring" de Gore Verbinski. 2002. U.S.A. 1h55. Avec Naomi Watts, Brian Cox, Martin Henderson, David Dorfman, Rachael Bella, Daveigh Chase

Sortie salles France: 5 Février 2003. U.S: 18 Octobre 2002

FILMOGRAPHIE: Gregor « Gore » Verbinski, né le 16 mars 1964, est un réalisateur et producteur américain. 1997 : La Souris. 2001 : Le Mexicain. 2002 : Le Cercle. 2003 : Pirates des Caraïbes: La Malédiction du Black Pearl . 2005 : The Weather Man. 2006 : Pirates des Caraïbes: Le Secret du Coffre maudit. 2007 : Pirates des Caraïbes: Jusqu'au bout du Monde. 2011 : Rango. 2013 : Lone Ranger, naissance d'un héros.


"Je déteste la télé, ça me file la migraine. Il y a tellement d'ondes dans l'air à cause de ça et des téléphones, qu'on perd dix fois plus de neurones qu'on le devrait. Les molécules du cerveau deviennent instables. Les fabricants le savent, mais ils font rien. C'est un vrai complot. 
Tu sais combien d'ondes traversent notre tête chaque seconde ?"

Remake du célèbre Ring, classique japonais de Hideo Nakata réalisé en 1998, le Cercle reprend avec habileté le concept de la Vhs maudite pour renouveler la peur parmi l'appui d'une narration dramatique en crescendo. Sans se laisser influencer par la facilité du copier-coller, Gore Verbinski ré-exploite la malédiction de Samara avec une science du suspense affûté et le joug d'un climat de malaise. Une jeune journaliste, Rachel Keller, décide d'enquêter sur une série de meurtres inexpliqués après que les victimes eurent visionné le contenu d'une cassette video leur augurant leur mort 7 jours après sa diffusion. Un appel téléphonique les avertissant au moment propice. 


Dominé par l'interprétation obstinée de Naomi Watts compromise entre ses sentiments d'émoi, de doute et de paranoïa, Le Cercle repose sur une investigation de longue haleine pour immerger le spectateur vers une troublante descente aux enfers. L'intrigue soigneusement structurée délivrant au compte goutte indices et révélations macabres avec un sens du détail dérangeant. Outre l'art de conter un récit malsain terriblement inquiétant, il faut également souligner le soin formel apporté à sa photographie désaturée si bien que certaines images poétiques nous magnétisent l'esprit par sa puissance évocatrice. Particulièrement l'environnement clairsemé d'une nature en clair obscur comme le symbolise à plusieurs reprises l'arbre décharné étroitement lié au secret de Samara. Quant à la présence candide des chevaux, elle fait office de ressort dramatique parfois éprouvant (le comportement erratique de l'étalon embarqué sur le bateau et poursuivant Rachel s'avère l'un des moments les plus rigoureux !) lorsque ces derniers sont soumis à une force diabolique. Parmi les archétypes de la légende urbaine, de l'enfance diabolique, de la superstition et de la malédiction, Gore Verbinski s'efforce de crédibiliser une douloureuse histoire de relation maternelle par l'entremise de la famille dysfonctionnelle et avec l'appui de Rachel éprise de compassion pour la condition équivoque de Samara. Ne cédant jamais à l'esbroufe horrifique car s'efforçant de mettre en valeur une épouvante premier degré, le cinéaste parvient brillamment à exacerber quelques brefs instants d'effroi par l'habileté de la suggestion.


Redoutablement efficace comme le souligne son ossature narrative d'une riche intensité dramatique et l'aura perméable de son angoisse malsaine, Le Cercle honore dignement l'entreprise commerciale du remake si bien que Gore Verbinski y apporte sa marque et son identité avec brio inattendu. La peur, subtile et diffuse, s'avère donc à nouveau au rendez-vous sous l'impulsion d'une satire des médias, et pourrait même prétendre à émuler son modèle !

3èx