mardi 21 février 2017

GLORIA. Lion d'Or, Mostra de Venise, 1980.

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Fan-de-cinema

de John Cassavetes. 1980. U.S.A. 2h01. Avec Gena Rowlands, John Adames, Julie Carmen, Tony Knesich, Buck Henry, Lupe Garnica, Jessica Castillo, Lawrence Tierney.

Sortie salles France: 31 Décembre 1980. U.S: 1er Octobre 1980

FILMOGRAPHIE: John Cassavetes est un réalisateur, scénariste et acteur américain, né le 9 Décembre 1929 à New-York, décédé le 3 Février 1989 à Los Angeles.
1959: Shadows. 1961: Too late blues. 1963: Un Enfant attend. 1968: Faces. 1970: Husbands. 1971: Minnie et Moskowitz. 1974: Une Femme sous Influence. 1976: Meurtre d'un bookmaker chinois. 1978: Opening Night. 1980: Gloria. 1984: Love Streams. 1985: Big Trouble.


Cassavetes a mis du temps avant d'accepter Gloria. Il a longtemps décrié le film, le considérant comme un "accident" à l'intérieur de sa filmographie. Il ne faut pas écouter les cinéastes: ils sont bien moins placés qu'on ne le croit pour juger de leurs oeuvres. Devant l'effet tétanisant que produit Gloria sur le spectateur, personne ne peut supputer la moindre trahison de Cassavetes envers son cinéma.
Philippe Azoury.


Thriller à suspense oppressant où se télescope le drame psychologique, Gloria constitue un grand moment de cinéma sous l'impulsion impérieuse de la divine Gena Rowlands ! Crevant l'écran à chacune de ses apparitions, l'actrice insuffle un jeu fébrile d'autorité aussi poignant que viscéral dans sa constance désespérée de protéger un jeune orphelin, témoin gênant du massacre de sa famille par la pègre mafieuse. Possédant un important calepin de son défunt père où sont répertoriés les numéros de compte et leurs identités, le gosse devient une cible capitale pour ses tueurs sans vergogne. Mais juste avant le carnage familial, la mère de Phil pu contacter une amie call-girl pour lui confier la garde. Dès lors, dans un jeu du chat et de la souris, une traque infernale s'engage entre le duo impromptu et les tueurs.


Par le biais de ce pitch simpliste toutefois original, John Cassavetes en extirpe un survival haletant d'une efficacité optimale si bien que sous couvert de divertissement grand public le cinéaste se permet d'y cultiver sa patte personnelle ! A savoir, authentifier le cadre (détaillé) de son action urbaine en magnifiant la ville de New-York telle un dédale de tous les dangers. Dans son parti-pris d'ultra réalisme hérité du documentaire, Cassavetes enrichit l'intensité dramatique des évènements et relance l'action des confrontations par la cause instable de Phil particulièrement entêté et versatile à se laisser dompter par la blonde inconnue (sa fugue dans les cités new-yorkaises puis un peu plus tard son égarement dans le métro). Sous le pilier du thriller palpitant émaillé d'éclairs de violence, Cassavetes renchérit pour transcender le portrait à la fois fragile et pugnace d'une escort-girl réfractaire à la maternité. Récit initiatique où la perte de l'innocence du bambin influera la rédemption maternelle de sa protégée, Gloria conjugue tension et bouffées de tendresse avec une pudeur détonante. Car autour de ses échanges intimistes l'intrigue ne cède jamais aux bons sentiments d'une émotion programmée et encore moins aux dérives d'une violence injustifiée grâce à son ossature narrative dédiée aux profils du duo caractériel en apprentissage amoureux et héroïque. Outre la performance très intense de Gena Rowlands en justicière stoïque, le jeune John Adames lui partage la vedette avec un naturel, une innocence et un semblant d'autorité (il joue souvent au machiste inflexible comme son père lui a préalablement conseillé !) souvent émouvants.


Thriller à suspense d'un réalisme inopinément documenté, portrait fulgurant de femme désenchantée mais redoutablement impérieuse, Gloria dilue une intensité émotionnelle bouleversante sous l'impulsion galvanisante du duo marginal à bout de souffle. Un chef-d'oeuvre hybride d'une grande sensibilité (à l'instar de la mélodie fragile de Bill Conti aux accents lyriques proches de Rocky !) où la passion des sentiments se mêle à une révolte fielleuse. 

Bruno Dussart. 4èx

lundi 20 février 2017

STRYKER

                                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ohmygore

de Cirio H. Santiago. 1983. Philippines. 1h24. Avec Steve Sandor, Andrea Savio, William Ostrander
Julie Gray, Monique St. Pierre, Mike Lane.

Sortie salles France: 9 Mai 1984. U.S: 9 Février 1983


Surfant sur la vague du western post-nuke initié par Mad-Max 2, Stryker est une production Z native des philippines. Réalisateur prolifique (jetez un oeil sur son incroyable filmographie au terme de l'article), Cirio H. Santiago pompe allègrement le scénario de Mad-Max 2 (la quête de l'essence étant substituée par l'eau) avec une paresse impayable. Après la 3è guerre mondiale, divers clans s'affrontent pour la denrée de l'eau. Surgit de nulle part, le ranger solitaire Stryker vient en aide à un groupe de survivants pacifistes propriétaires d'une source. Série Z au rabais comme il en pullulait à l'orée des années 80 depuis la référence inégalée de George Miller, Stryker tente avec un minimum d'efficacité de façonner un film d'action moderne émaillé de traditionnelles poursuites et cascades de pacotille. Avec sa réalisation scolaire, ses dialogues risibles, ses trognes inexpressives et son héros taiseux aseptique dont on éprouve aucune sympathie, Stryker affiche un esprit Bis typiquement transalpin si bien que le philippin Cirio H. Santiago a bien du mal à insuffler une quelconque vigueur aux enjeux humains et héroïques en dépit d'un final belliciste. Mais au-delà de ses défauts précités et d'un manque évident de moyens (l'unité de l'action se déroulant dans des carrières en plein désert), cet épigone s'avère gentiment bonnard si on sait faire preuve d'indulgence et que l'on soit un inconditionnel du sous-genre. Certains personnages dans leur défroque excentrique (les nains badins, le "méchant" tyran aussi impassible et concis que notre héros, les amazones guerrières échappées de Mad-Max 2 !) et certaines réparties involontairement drôles valant notamment le détour par leur aspect premier degré aussi grotesque que (futilement) attachant. A voir de préférence entre amis un samedi soir arrosé ! ^^

Eric Binford. 3èx


FILMOGRAPHIE: Cirio H. Santiago est un réalisateur, producteur et scénariste né le 18 Janvier 1936 à Manila, Philippines, décédé le 26 Septembre 2008 à Makati City, Philippines.
2014: Water Wars. 2005 Bloodfist 2050 (TV Movie).  2003 When Eagles Strike.  2000 Aladdin and the Adventure of All Time (Video).  1997 Nagmumurang kamatis (as Cirio Santiago).  1997 Vulcan
1997 Anak ng bulkan. 1994 Stranglehold. 1994 Caged Heat II: Stripped of Freedom. 1994: Ultimatum. 1994 One Man Army.  1993 Live by the Fist .  1993 Kickangels .  1993 Kill Zone .  1993 Firehawk (Video).  1992 Beyond the Call of Duty .  1992 Raiders of the Sun .  1991 Field of Fire
 1991 Dune Warriors .  1989 Silk 2 .  1989 Les damnés de Lang Mei .  1989 Nam Angels .  1988 The Expendables .  1988 Fast Gun .  1988 The Sisterhood .  1987 Killer Instinct .  1987 Demon of Paradise .  1987 Apocalypse Warriors .  1987 Eye of the Eagle .  1986 Future Hunters .  1986 Silk . 1986 The Destroyers .  1985 Vengeance .  1985 Les guerriers du futur .  1984 Mission finale .  1983 Caged Fury .  1983 Stryker .  1981 Attaque à mains nues .  1980 Ang galing-galing mo, Mrs. Jones
 1980 Gabi ng lagim ngayon .  1979 Modelong tanso .  1978 Hell Hole .  1978 Le samouraï noir
 1978 Vampire Hookers .  1978 Doble kara .  1976 The Muthers .  1976 3 panthères au combat
 1976 Call Me Direnz! .  1975 Cover Girl Models .  1974 Happy Days Are Here Again .  1974 Carnival Song .  1974 TNT Jackson (as Cirio Santiago) .  1974 Fe, Esperanza, Caridad (segment "Fe") .  1974 El negro .  1973 Savage! .  1973 Impossible Dream .  1973 Fly Me (as Cirio Santiago)
 1971 Once Upon a Time   1969 Panagupa .  1967 Ang limbas at ang lawin .  1967 Alamid .  1967 Bravados .  1967 Marko aintado .  1967 Operation Impossible  . 1966 Tiagong Lundag .  1966 Room 69 .  1966 Wanted: Johnny L .  1966 Kardong Kaliwa .  1966 Pistolero .  1965 Hanapin si Leo Baron
 1965 7 Mukha ni Dr. Ivan .  1965 Darna at ang Babaing Tuod .  1965 Kaaway Bilang Uno .  1964 Scorpio.  1964 Saan Mang Sulok ng Daigdig .  1964 Bakas ng dragon .  1964 Lagalag .  1964 Ging
1963 Magnong Mandurukot .  1963 Los palikeros .  1962 Leon Marahas .  1962 Masikip ang  1962 Walang Susuko .  1961 Mga yapak na walang bakas .  1961 Nagbabagang Lupa .  1961 Konsiyerto ng kamatayan (segment "Lumuluhang Bangkay") .  1960 Sa Ibabaw ng aking Bangkay .  1960 Pagsapit ng Hatinggabi .  1960 Pautang ng Langit .  1960 Sandakot na Alabok .  1959 Hawaiian Boy .  1959 Ultimatum .  1958 Pusang itim .  1958 Laban sa lahat .  1958 Water Lily .  1958 Pepeng Kaliwete
 1957 Pusakal .  1957 Bicol Express . . 1956 Apat na Kasaysayang Ginto (30 Sandali) . 1955 Paltik

vendredi 17 février 2017

DETOUR

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmosphere.com

de Christopher Smith. 2016. U.S.A. 1h41. Tye Sheridan, Emory Cohen, Stephen Moyer, Bel Powley,
Gbenga Akinnagbe, John Lynch, Jenna Saras.

Sortie salles U.S: 20 Janvier 2017. VOD France: 17/02/2017

FILMOGRAPHIE: Christopher Smith est un réalisateur et scénariste britannique, né le 16 Août 1970 à Bristol. 2004: Creep. 2006: Severance. 2009: Triangle. 2010: Black Death. 2011: Paris I'll Kill You. 2014: Get Santa. 2016: Détour.


"Quand un homme a un meurtre sur la conscience, il doit creuser deux tombes. Une pour la victime et une pour lui".

VOD honteusement banni de nos salles obscures, Détour est un thriller vitriolé redoutablement efficace sous le pilier d'une narration déstructurée truffée de fausses pistes et rebondissements. Quasi irracontable, le pitch se focalise sur la virée sauvage d'un couple de marginaux embarquant parmi eux un jeune étudiant indécis d'assassiner son beau-père, faute d'une adultère et du coma de sa mère gravement accidentée par ce dernier. Alternant continuellement flash-back et moment présent afin de confondre deux intrigues en une, Christopher Smith prend malin plaisir à brouiller les pistes, perdre nos repères et dissoudre nos hypothèses sous pivot d'un road movie fétide à la fois oppressant et malsain si bien qu'aucun personnage n'en sortira indemne. Soignant le cadre photogénique de son environnement solaire sur bitume et ses escales dans les bars à effeuilleuse, et empruntant en intermittence le procédé du Split-screen afin d'amplifier la tension des évènements imprévisibles, Christopher Smith redouble d'habileté pour charpenter un récit vénéneux sous l'autorité d'anti-héros en perdition. Le personnage coupable et victimisé (remarquablement endossé par le nouveau talent Tye Sheridan dans un jeu contrarié!) sombrant malgré lui dans une déliquescence morale à la suite d'un concours de circonstances aussi accidentelles qu'infortunées. Emaillé de saillies d'humour noir par le truchement d'un jeu de manipulation et de faux semblant, Detour surprend et captive sans jamais lâcher prise, et ce avec le ressort d'un suspense en roue libre.


Cumulant les réussites à rythme métronomique depuis le début de sa carrière, Christopher Smith nous délivre à nouveau avec Détour une excellente (pochette) surprise tirant parti de sa vigueur et de son efficacité grâce à l'audace d'une narration à la fois vrillée et ramifiée. Pour parachever sur une note suave, on peut notamment prôner la contribution musicale de Pablo Clements, James Griffith et Toydrum insufflant par moment un onirisme élégiaque autour de la destinée (précaire) du trio maudit ! 

P.S: Ne stoppez pas le film durant le générique de fin, une ultime surprise vous est réservé !

Bruno Dussart.

jeudi 16 février 2017

BOULEVARD DE LA MORT

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site www.comingsoon.net

"Death Proof" de Quentin Tarantino. 2007. U.S.A. 1h54. Avec Kurt Russell, Zoë Bell, Rosario Dawson, Vanessa Ferlito, Sydney Tamiia, Tracie Thoms, Rose McGowan.

Sortie salles France: 6 Juin 2007. U.S: 6 Avril 2007

FILMOGRAPHIE: Quentin (Jérome)Tarantino est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, né le 27 Mars 1963 à Knoxville dans le Tennessee.
1992: Réservoir Dogs. 1994: Pulp Fiction. 1995: Groom Service (segment: The Man from Hollywood). 1997: Jacky Brown. 2003: Kill Bill 1. 2004: Kill Bill 2. 2007: Boulevard de la Mort. 2009: Inglorious Basterds. 2012: Django Unchained. 2015: Les 8 Salopards.


Echec commercial à sa sortie quand bien même la presse fut plutôt partagée (bien que Wikipedia aurait tendance à me contredire), Boulevard de la Mort fait parti d'un diptyque formé avec le jouissif Planet Terror. Hommages au Grindhouse, ces cinémas de quartiers spécialisés dans les films d'exploitation, Boulevard de la mort est une éloge aux cascadeurs des Seventies cultivant des risques inconsidérés lorsqu'ils furent contraints de doubler les acteurs de séries B dans des bobines d'action aussi décomplexées qu'homériques. Signalant à moult reprises les références du genre que symbolisent La Grande Casse, Larry le dingue, Mary la garce, l'Equipée du Canonbal et Point Limite Zero, Quentin Tarantino dédie son amour à ces productions artisanales avec une sincérité qui impose le respect, sachant notamment que l'infographie des productions mainstream est ici écartée. Car en dépit d'une première partie futilement languissante s'appuyant trop sur la redondance de dialogues interminables, Boulevard de la Mort est un trip aussi biscornu que singulier. Empruntant les genres du psycho-killer et du road movie musclé, Tarantino jumelle ses composantes avec une détonante alchimie. Avec ses têtes d'affiche féminines viriles au caractère bien trempé, le climat d'insolence et de douce folie qui émanent de leur posture rebelle s'avère irrésistiblement attrayant lorsqu'un cascadeur psychotique sexuellement frustré décide de s'en prendre à elles avec couardise.


Scindé en deux parties distinctes, Boulevard de la mort s'avère en premier lieu parfois terrifiant et réaliste lors des impressionnantes scènes de violences graphiques expurgées de dérision. Je cite prioritairement l'anthologique crash automobile filmé sous divers angles (et selon moult points de vue) afin d'ébranler le spectateur immergé dans l'habitacle du véhicule des victimes tout en observant de l'extérieur l'impact cinglant des bolides se percutant de plein fouet ! Gore et sans concession, le climat subitement malsain de cette première partie déroute le spectateur quand bien même au préalable les échanges de discussion des garçonnes réunies autour d'un bar ne manquaient pas de causticité pour brocarder la gente masculine. Outre l'aspect insolite de l'intrigue (un cascadeur sclérosé prend son pied en coursant sur bitume des donzelles avec son véhicule customisé !) et le charisme proéminent de ses comédiennes pétulantes, la présence insidieuse de Kurt Russel s'en donnant à coeur joie en misogyne pervers exacerbe la facture baroque d'un climat hostile préalablement sous-jacent. Quant à la seconde partie beaucoup plus trépidante et littéralement jouissive, Quentin Tarantino nous sert généreusement une course poursuite aussi effrénée que débridée si bien que les rôles subitement inversés vont insuffler chez le spectateur un sentiment de jouissance réactionnaire lorsque nos héroïnes pugnaces auront décidé de contre-attaquer sans répit leur bourreau. Décomplexées, cocasses et déjantées, ses nouvelles héroïnes avides de vitesse et de rancoeur insufflent un sentiment euphorique de liberté lors des affrontements automobiles que Tarantino coordonne avec une maestria ébouriffante ! A l'instar de cette folle séquence au cours duquel l'une des héroïnes se cramponne désespérément sur le capot de sa voiture coursée à vive allure, la main attachée à une lanière !


Visuellement rutilant (Tarantino est pour la 1ère fois de sa carrière directeur de la photo !), référentiel comme de coutume et musicalement entraînant, Boulevard de la mort fait presque office d'ovni dans sa structure hybride et l'aura indicible d'un psycho-killer routier inscrit dans l'excentricité. En dépit de ses maladresses et d'un rythme défaillant (les dialogues néanmoins inventifs et pittoresques s'avèrent ici moins efficaces et percutants qu'au préalable durant sa première partie), Boulevard de la mort est un savoureux moment de peloche toujours plus insolent et frénétique sous le pivot d'un affrontement de survie à perdre haleine. A redécouvrir d'urgence si j'ose dire si bien qu'au second visionnage le spectacle s'avère beaucoup plus apprivoisable ! 

B-D. 2èx

mercredi 15 février 2017

ALLIES

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Allied" de Robert Zemeckis. 2016. U.S.A. 2h05. Avec Brad Pitt, Marion Cotillard, Simon McBurney, Lizzy Caplan, Jared Harris, Matthew Goode, Anton Lesser, August Diehl

Sortie salles France/U.S: 23 Novembre 2016

FILMOGRAPHIE: Robert Zemeckis est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 14 Mai 1951 à Chicago (Illinois). 1978: Crazy Day. 1980: La grosse Magouille. 1984: A la Poursuite du diamant vert.1985: Retour vers le Futur. 1988: Qui veut la peau de Roger Rabbit. 1989: Retour vers le Futur 2. 1990: Retour vers le Futur 3. 1992: La Mort vous va si bien. 1994: Forrest Gump. 1997: Contact. 2000: Apparences. 2000: Seul au monde. 2004: Le Pôle Express. 2007: La Légende de Beowulf. 2009: Le Drôle de Noël de Mr Scrooge. 2013: Flight. 2015: The Walk. 2016: Alliés.


Après nous avoir époustouflé avec le vertigineux The Walk, Robert Zemeckis change de registre pour renouer avec les productions hollywoodiennes d'après-guerre avec Alliés. Un thriller à suspense où se jumellent avec bonheur guerre, romance et espionnage sous l'impulsion d'un couple glamour que forment spontanément Brad Pitt (petit bémol toutefois pour son jeu contracté de mécontentement trop permanent) et l'immense Marion Cotillard (divine de naturel mais aussi bouleversante dans le rôle équivoque d'un potentielle espionne allemande). 1941, Casablanca. Après avoir achevé leur dangereuse mission d'éradiquer un ambassadeur allemand au cours d'une soirée mondaine, un couple d'espions (l'un canadien, l'une française), tombent communément amoureux. Exilés à Londres, ils se marient et donnent naissance à une fille, quand bien même l'un des supérieurs de Max lui annonce que son épouse serait probablement une espionne Nazi ! 


Entièrement bâti sur l'interrogation morale du héros à suspecter l'identité de son ancienne adjointe, Alliés insuffle un suspense remarquablement latent sous le pivot d'une paranoïa exponentielle que celui-ci tente de canaliser. Robert Zemeckis s'appuyant sur la passion des sentiments qu'ils se partagent afin d'intensifier les enjeux dramatiques culminant à une éventuelle exécution sommaire. Visuellement flamboyant, tant pour le sens consciencieux de sa reconstitution historique que de ces décors classieux, Alliés renoue avec les spectacles d'antan afin de contenter le grand public amateur de romance et de suspense quelque peu hitchcockien. Ponctué de scènes d'action percutantes, Zemeckis assure le spectacle avec vigueur sans jamais céder à la gratuité de l'esbroufe si bien que la plupart des éclairs de violence qui irriguent l'intrigue dépendent d'une mission et des motivations rebelles de Max en investigation illégale car en quête de vérité afin de disculper sa dulcinée. Qui plus est, en intensifiant les enjeux humains du couple en crise, Zemeckis se permet de clore son histoire (basée sur des faits réels !) sur une note romantique Spoiler ! littéralement bouleversante si je me réfère à la notion de sacrifice découlant d'un des protagonistes ! Fin du Spoiler.


Sans volonté de révolutionner le genre ou de parfaire un chef-d'oeuvre, Robert Zemeckis se contente de nous servir avec efficacité, formalité et sincérité un formidable divertissement avant tout bâti sur la densité morale du couple ombrageux Brad Pitt/Marion Cotillard impliqué dans la tourmente d'une éventuelle félonie. 

B-D

mardi 14 février 2017

MOONLIGHT

                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Barry Jenkins. 2016. U.S.A. 1h50. Avec Mahershala Ali, Janelle Monáe, Naomie Harris, Trevante Rhodes, Ashton Sanders, Alex R. Hibbert, André Holland.

Sortie salles France: 1er Février 2017. U.S: 21 Octobre 2016

FILMOGRAPHIEBarry Jenkins, né le 19 novembre 1979 à Miami (Floride), est un réalisateur et scénariste américain. 2003: My Josephine. 2003: Little Brown Boy. 2008: Medicine for Melancholy
2009: A Young Couple. 2009: Tall Enough. 2011: Chlorophyl. 2016: Moonlight. 2017: Omniboat.
A Contract with God.


Dépourvu des clichés usuels au film de ghetto, un très beau portrait introspectif (et parfois sensitif) d'une quête identitaire infortunée. Chapeau bas pour la triple interprétation impartie au personnage principal et pour le réalisme de sa mise en scène épurée à la fois inventive, autonome et expérimentale.
B-D

Récompenses:
National Society of Film Critics 2016 :
Meilleur Film
Meilleur réalisateur
Meilleure révélation féminine pour Janelle Monáe
Meilleur acteur dans un second rôle pour Mahershala Ali
Meilleur Film indépendant
Top 10 des films de l'année
5e cérémonie des Boston Online Film Critics Association Awards 2016 :
Meilleur film
Meilleur acteur dans un second rôle pour Mahershala Ali
Meilleure distribution
19e cérémonie des British Independent Film Awards 2016 : Meilleur film indépendant international
26e cérémonie des Gotham Independent Film Awards 2016 :
Meilleur film
Audience Award
Special Jury Award de la meilleure distribution
88e cérémonie des National Board of Review Awards 2016 :
Meilleur réalisateur
Meilleure actrice dans un second rôle pour Naomie Harris
82e cérémonie des New York Film Critics Circle Awards 2016 :
Meilleur réalisateur
Meilleur acteur dans un second rôle pour Mahershala Ali
Meilleure photographie
74e cérémonie des Golden Globes 2016 :
Meilleur film dramatique
National Society of Film Critics 2017 :
Meilleur Film
Meilleur réalisateur
Meilleure révélation féminine pour Janelle Monáe
Meilleur acteur dans un second rôle pour Mahershala Ali
Meilleur Film indépendant
Top 10 des films de l'année
Alliance of Women Film Journalists 2017 :
Meilleur Film
Meilleur réalisateur
Meilleur scénario adapté
Meilleur acteur dans un second rôle pour Mahershala Ali
Meilleure distribution
Meilleure cinématographie pour James Laxton (en)
Meilleure rédaction pour Joi McMillon (en) et Nat Sanders (en)

lundi 13 février 2017

DR JERRY ET MR LOVE

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

"The Nutty Professor" de Jerry Lewis. 1963. U.S.A. 1h45. Avec Jerry Lewis, Stella Stevens, Del Moore, Kathleen Freeman, Howard Morris, Elvia Allman, Buddy Lester.

Sortie salles France: 4 Septembre 1963. U.S: 4 Juin 1963

FILMOGRAPHIE: Joseph Levitch, dit Jerry Lewis, est un humoriste, acteur, producteur et réalisateur de cinéma américain, né le 16 mars 1926 à Newark dans l'État du New Jersey, aux États-Unis.1949 : How to Smuggle a Hernia Across the Border. 1960 : Le Dingue du Palace. 1961 : Le Tombeur de ces dames. 1961 : Le Zinzin d'Hollywood. 1963 : Docteur Jerry et Mister Love. 1964 : Jerry souffre-douleur. 1965 : Les Tontons farceurs. 1966 : Trois sur un sofa. 1967 : Jerry la grande gueule. 1969 : The Bold Ones: The New Doctors (série TV). 1970 : One More Time. 1970 : Ya ya mon général ! 1972 : The Day the Clown Cried. 1980 : Au boulot... Jerry ! 1983 : T'es fou Jerry.


Parodie fantastique détournant le mythe de Jekyll et Hyde, Dr Jerry et Mr Love est une comédie débridée que Jerry Lewis, acteur et réalisateur, transcende sur un rythme trépidant. De par sa multitude de gags souvent visuels et d'inspiration cartoonesque et l'abattage impayable de l'acteur vedette dans un double rôle antinomique. Par son physique outrancier volontairement stéréotypé, ses mimiques exubérantes et sa maladresse intarissable, Jerry Lewis se glisse dans la peau du professeur Julius Kelp avec une conviction désarmante de naturel, quand bien même il parvient aussi brillamment à se dédoubler dans le corps de Mr Love avec distinction et égoïsme arrogants. Quant à la croquignolette Stella Stevens, cette dernière lui partage la vedette avec une douce tendresse dans son regard azur pour son empathie partagée auprès du professeur.


Timide et introverti, Julius Kelp, professeur de chimie, décide d'expérimenter une formule qui pourrait lui offrir vigueur et beauté physique. Parvenant à accomplir son utopie, il arpente le soir les bars afin de se tailler sa nouvelle notoriété puis par la même occasion courtiser la jeune Stella Purdy. Réflexion sur l'hypocrisie de l'apparence et ses artifices extravagants, Dr Jerry et Mr Love se base sur l'argument de Robert Stevenson (le dédoublement physique de personnalité) pour en extraire une comédie couillue émaillée de situations irrésistibles. Tant pour les pitreries maladroites d'un professeur extrêmement complexé de son physique lambda que pour l'égocentrisme de Mr Love cumulant jeux de drague et intimidations avec la gente masculine avec une provocation machiste. Qui plus est, à travers cette fantaisie semée de trouvailles aléatoires (l'improvisation emphatique du directeur du lycée interprétant une pièce de Shakespeare face à l'influence de Mr Love), Jerry Lewis se permet en prime de provoquer l'émotion lors d'un final bouleversant militant pour l'acceptation de soi et la beauté interne.


Tour à tour désopilant et déjanté (la convocation de Julius chez le directeur, ses séances de muscu, le sketch de son enfance auprès d'une mère abusive, l'épreuve audible qu'il endure durant un cours après une soirée d'ébriété), Dr jerry et Mr Love n'a rien perdu de sa verve, de sa cocasserie et de son énergie pour provoquer le rire avant de nous attendrir vers une conclusion aussi dramatique que rédemptrice. Un classique étonnamment moderne et astucieux que Jerry Lewis, acteur, cinéaste et scénariste, coordonne avec une insoupçonnée ambition. 

B-D. 4èx