mardi 19 septembre 2017

DANS LES GRIFFES DE LA MOMIE

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site thetelltalemind.com

"The Mummy's Shroud" de John Gilling. 1967. Angleterre. 1h30. Avec André Morell, John Phillips, David Buck, Elizabeth Sellars, Maggie Kimberly, Michael Ripper, Tim Barrett.

Sortie salles Angleterre: 18 Juin 1967

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: John Gilling est un réalisateur et scénariste anglais, né le 29 Mai 2012 à Londres, décédé le 22 Novembre 1984 à Madrid (Espagne). 1957: Pilotes de haut-vol. 1958: Signes particuliers: néant. 1959: L'Impasse aux Violences. 1961: Les Pirates de la Nuit. 1962: L'Attaque de San Cristobal. 1966: L'Invasion des Morts-Vivants. 1966: La Femme Reptile. 1967: Dans les Griffes de la Momie. 1975: La Cruz del diablo.


Troisième et dernier opus consacré à la "momie", Dans les Griffes de la Momie surpasse de loin et à tous les niveaux le médiocre Les Maléfices de la Momie tourné en 64. Réalisé par l'illustre John Gilling, (l'Impasse aux Violences, l'Invasion des Morts-vivants, la Femme Reptile), Dans les griffes de la Momie bénéfice de savoir-faire dans sa réalisation studieuse où rien n'est laissé au hasard quand bien même sa structure narrative donne chair à ses personnages sous le pivot d'une discorde familiale. 1920, Egypte. Stanley Preston, son épouse et quelques archéologues tentent de retrouver la sépulture du pharaon Kah-To-Bey. Sur place, avec une longueur d'avance, son jeune fils épaulé de Sir Basil Walden parviennent à dénicher son tombeau. Si ensuite les retrouvailles entre le fils et le père font d'abord preuve d'enthousiasme après une découverte aussi historique, la cupidité de ce dernier motive un geôlier à réveiller la momie afin de se venger de sa profanation. 


Efficace est le maître mot de cette intrigue à suspense décrivant avec attention les dissensions morales entre un fils et son père opportuniste alors qu'autour d'eux les morts pleuvent. Tout l'intérêt résidant dans leur contradiction houleuse à se disputer la meilleure conduite morale au moment même où une ambiance d'insécurité gagne du terrain au fil de crimes non élucidés. Par le biais de ces découvertes macabres exercées par une cause surnaturelle, nous en apprendrons un peu plus sur le comportement vaniteux, condescendant (ses rapports castrateurs avec son adjoint), égotiste et cupide de Stanley Preston avide de rentrer au bercail en compagnie de son trophée tant convoité. Alors que le fils, loyal et d'une saine raison, tentera vainement de le résonner, faute de son attitude aussi lâche qu'ingrate (notamment celle d'avoir envoyé en psychiatrie Sir Basil Walden après qu'il eut été mordu par un serpent). Au centre de leurs rapports intraitables, les épouses de ces derniers vont observer avec gravité et dépit cette déchéance familiale avant de se résigner à réagir de la manière la plus équitable. Emaillé de séquences chocs assez cruelles pour la mise à mort des victimes lâchement sacrifiées, Dans les griffes de la momie fait naître une empathie auprès de deux personnages qui ne méritaient pas pareil traitement alors que son angoisse sous-jacente séduit en intermittence avant de nous impressionner lors des apparitions cinglantes de la momie superbement maquillé sous ses épais bandages.


Série B mineure au sein de l'industrie de la prestigieuse Hammer, Dans les griffes de la momie n'en demeure pas moins un excellent divertissement horrifique d'un esthétisme exotique fulgurant (aussi bien ses décors naturels que domestiques assortis d'une photo polychrome), notamment de par son efficacité narrative soutenue à mettre en exergue une cellule familiale en crise.  

Eric Binford.
2èx

lundi 18 septembre 2017

LA RUEE DES VIKINGS

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

"Gli invasori" de Mario Bava. 1961. Italie. 1h20. Avec Cameron Mitchell, Alice Kessler, Ellen Kessler, George Ardisson, Andrea Checchi, Jean-Jacques Delbo.

Sortie salles France: 10 Juillet 1963. Italie: 7 décembre 1961

FILMOGRAPHIE:  Mario Bava est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste italien, né le 31 juillet 1914 à Sanremo, et décédé d'un infarctus du myocarde le 27 avril 1980 à Rome (Italie). Il est considéré comme le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du genre dit giallo. 1946 : L'orecchio, 1947 : Santa notte, 1947 : Legenda sinfonica, 1947 : Anfiteatro Flavio, 1949 : Variazioni sinfoniche, 1954 : Ulysse (non crédité),1956 : Les Vampires (non crédité),1959 : Caltiki, le monstre immortel (non crédité),1959 : La Bataille de Marathon (non crédité),1960 : Le Masque du démon,1961 : Le Dernier des Vikings (non crédité),1961 : Les Mille et Une Nuits,1961 : Hercule contre les vampires,1961 : La Ruée des Vikings, 1963 : La Fille qui en savait trop,1963 : Les Trois Visages de la peur, 1963 : Le Corps et le Fouet, 1964 : Six femmes pour l'assassin, 1964 : La strada per Fort Alamo, 1965 : La Planète des vampires, 1966 : Les Dollars du Nebraska (non cédité), 1966 : Duel au couteau,1966 : Opération peur 1966 : L'Espion qui venait du surgelé, 1968 : Danger : Diabolik ! , 1970 : L'Île de l'épouvante ,1970 : Une hache pour la lune de miel ,1970 : Roy Colt e Winchester Jack, 1971 : La Baie sanglante, 1972 : Baron vampire  , 1972 : Quante volte... quella notte, 1973 : La Maison de l'exorcisme, 1974 : Les Chiens enragés,1977 : Les Démons de la nuit (Schock),1979 : La Venere di Ille (TV).


Réalisé par le maître du gothisme italien, La ruée des Vikings surfe sur le succès du chef-d'oeuvre de Richard Fleischer, les Vikings avec beaucoup moins de talent. Faute principalement à une intrigue classique non dénuée d'intérêt mais dépourvue de suspense, d'intensité et de surprises. On se rabat alors son sympathique casting plus ou moins impliqué dans les enjeux guerriers, sur sa violence tantôt corsée pour l'époque et sur sa fulgurance formelle dont on remarque bien la patte stylisée du maître (photo flamboyante assortie d'éclairages surréalistes). Dispensable donc surtout venant de la part du maestro mais pour autant distrayant chez les amateurs de curiosité archaïque.

Bruno Matéï

vendredi 15 septembre 2017

MARY. Prix du Public, Deauville 2017

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Gifted" de Marc Webb. 2017. U.S.A. 1h41. Avec Chris Evans, Mckenna Grace, Jenny Slate, Octavia Spencer, Lindsay Duncan, Julie Ann Emery.

Sortie salles France: 13 Septembre 2017. U.S: 7 Avril 2017

FILMOGRAPHIEMarc Webb est un réalisateur américain né le 31 août 1974. 2009 : (500) jours ensemble. 2012 : The Amazing Spider-Man. 2014 : The Amazing Spider-Man : Le Destin d'un héros. 2017 : Mary. 2017 : The Only Living Boy in New York.


Prenant pour thème l'éducation parentale du point de vue d'une surdouée infantile que l'oncle et la grand-mère vont se disputer la garde devant un tribunal, Mary évite intelligemment les clichés usuels du mélo à faire pleurer dans les chaumières et du film de procès grâce à sa mise en scène ciselée, à son casting inscrit dans la sobriété et à ces enjeux d'une adversité parentèle imputée à une cause filiale. A savoir, doit-on réserver un traitement particulier chez les enfants surdoués quant à leur carrière scolaire ou au contraire les adapter à la société en compagnie d'enfants normaux ? Et comment peut-on rétablir un équilibre parental au sein du foyer lorsque la mère n'est plus ? Durant l'intense confrontation entre le fils et la mère se résignant à emporter la mise, le réalisateur épargne d'autant mieux les stéréotypes en nous brossant des personnages lucides au caractère fort mais d'une colère contenue afin d'éviter la fanfaronnade pour nous impressionner. Avec son visage de jeune bellâtre, Chris Evans parvient aisément à faire oublier sa photogénie "tape à l'oeil" par le biais d'une dimension humaine toute en retenue comme le soulignent les moments les plus bouleversants qu'il doit traverser lorsque ce dernier se résigne à placer sa nièce dans une famille d'accueil après un dilemme moral. Dans celle de la petite Mary, génie de la mathématique, Mckenna Grace crève littéralement l'écran par son naturel étonnamment mature pour un si jeune âge (7 ans s'il vous plait !) si bien que sa fraîcheur, sa spontanéité mais aussi son désarroi de se voir ballottée d'un foyer à un autre arracheront les larmes aux plus sensibles. Par son jeu expressif aussi bien dégourdi que sensible mais aussi par la maîtrise de ses sentiments, on peut peut-être prêter une allusion à l'acteur Ricky Schroeder lors de sa révélation du déchirant Champion, remake signé Franco Zeffirelli (et au sujet similaire - la dissension parentale pour la garde d'un enfant -).


Un joli mélo donc réalisé avec soin, efficacité, pudeur et humilité, et ce afin d'épargner sinistrose et pathos sous le pilier d'une intrigue intensément humaine militant contre l'exploitation (scientifique) d'un enfant grâce à l'amour d'une dignité paternelle.  

Eric Binford

jeudi 14 septembre 2017

LA ROSE ET LA FLECHE

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Robin and Marian" de Richard Lester. 1976. U.S.A. 1h46. Avec Sean Connery, Audrey Hepburn,
Robert Shaw, Richard Harris, Nicol Williamson, Denholm Elliott, Ronnie Barker.

Sortie salles France: 26 Octobre 1977. U.S: 21 Avril 1976

FILMOGRAPHIE: Richard Lester est un cinéaste américain né le 19 janvier 1932 à Philadelphie. 1962 : It's Trad, Dad! 1963 : La Souris sur la Lune. 1964 : Quatre garçons dans le vent. 1965 : Le Knack... et comment l'avoir. 1965 : Au secours! 1966 : Le Forum en folie. 1967 : Comment j'ai gagné la guerre.1968 : Petulia. 1969 : L'ultime garçonnière. 1973 : Les Trois Mousquetaires. 1974 : Terreur sur le Britannic. 1974 : On l'appelait Milady. 1975 : Le Froussard héroïque. 1976 : The Ritz. 1976 : La Rose et la Flèche. 1979 : Cuba. 1979 : Les Joyeux Débuts de Butch Cassidy et le Kid. 1980 : Superman 2. 1983 : Superman 3. 1984 : Cash-Cash. 1989 : Le Retour des Mousquetaires. 1991 : Get Back.


"Tu me trouves vieille et laide ? Tu aimes quelque chose en moi ? Il y a si longtemps que je n'ai rien ressenti. Je donnerai tout pour retourner 5 minutes dans le passé. Robin, sois méchant, fais moi pleurer !" Lady Marianne.
Sommet d'émotions Spoil ! inconsolables quant à l'issue tragique, inévitablement prévisible, que nous réserve son épilogue d'une cruelle noirceur fin du Spoil, La Rose et la Flèche fait parti de ses oeuvres maudites, de par sa rareté éhontée et le manque de reconnaissance du public et de la critique aussi discrets que timorés. D'une fragilité à fleur de peau pour ses thèmes opposant l'amour et la vieillesse du point de vue du couple, la Rose et la Flèche affiche le légendaire Robin des bois sous son aspect le plus humainement fragile en dépit de sa persuasion à braver l'usure du temps. L'intrigue relatant avec une évidente nostalgie ses moments intimistes avec son amour retrouvé puis sa dernière bataille contre le le shérif de Nottingham quand bien même Marianne (superbement campée par la délicieuse Audrey Hepburn en bonne soeur candide !) le suppliera de renoncer à ce dernier affront afin de rattraper leur temps perdu d'un amour galvaudé. Car en l'occurrence, et après avoir combattu sans relâche durant plus de 20 ans, Robin est persuadé de perdurer ses exploits héroïques pour à nouveau vaincre son ennemi, et ce en dépit de son âge avancé.


Derrière ce récit d'aventures médiévales entrecoupé de scènes d'actions aussi intenses que spectaculaires (outre la lourde tâche de Robin et Petit Jean d'escalader le rempart d'un château, on est surpris de la sauvagerie finale du mano a mano à l'épée que s'infligent jusqu'à épuisement le shérif et Robin) se tisse donc une fable sur le refus de vieillir et la peur du trépas. Pétris d'amour l'un pour l'autre mais terriblement amères et nostalgiques de leur passé révolu, Robin et Marianne tentent vainement de renouer avec leur amour d'autrefois, faute de la vanité de ce dernier obstiné à prouver à lui même et ses acolytes qu'il reste encore la légende de toujours. A travers ses sentiments d'orgueil, d'entêtement et d'égoïsme, Sean Connery se contredit face caméra avec un humanisme prude derrière son apparence virile car entaché d'un physique vieillissant et du regret d'être passé à côté de l'amour de sa vie. Bouleversant, pour ne pas dire déchirant Spoil ! lors de ses adieux invoqués avec sa douce Marianne, l'acteur nous transmet un tsunami d'émotions quant à son acceptation finale de céder à une rédemption macabre Fin du Spoiler. Grand moment de cinéma qui arrachera des larmes aux plus sensibles (le magnifique score gracile de John Barry y doit aussi beaucoup !), La Rose et la flèche se clôture de manière aussi belle qu'inique derrière le mythe d'un philanthrope aujourd'hui mis à nu face à ses propres sentiments de dépit !


D'une sensibilité, d'une fragilité et d'un lyrisme bouleversants, La Rose et la Flèche transfigure le cinéma d'aventures rétro avec réalisme, audace et intelligence, et ce tout en respectant les normes du divertissement. Car derrière ce poème sur l'atavisme de la vieillesse, les regrets du passé et la désillusion d'une jeunesse perdue s'y dévoile l'une des plus belles tragédies romantiques que le cinéma nous ait offert. Ambitieux mais modeste à immortaliser de manière couillue le personnage de Robin des Bois, Richard Lester nous prodigue un chef-d'oeuvre de mélancolie et de tendresse sous l'impulsion du duo incandescent Audrey Hepburn / Sean Connery

Clin d'oeil à Gilles Vannier et Berangere S. De Condat-Rabourdin 
Bruno Dussart
3èx

mercredi 13 septembre 2017

LA VACHE ET LE PRISONNIER

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

d'Henri Verneuil. 1959. France. 1h52. Avec Fernandel, René Havard, Ingeborg Schöner, Bernard Musson, Ellen Schwiers, Pierre Louis, Franziska Kinz, Maurice Nasil.

Sortie salles France: 16 Décembre 1959

FILMOGRAPHIEHenri Verneuil (Achod Malakian) est un réalisateur et scénariste français d'origine arménienne, né le 15 octobre 1920 à Rodosto (Turquie), décédé le 11 janvier 2002 à Bagnolet. 1951: La Table aux crevés. 1952: Le Fruit Défendu. 1952: Brelan d'As. 1953: Le Boulanger de Valorgue. 1953: Carnaval. 1953: l'Ennemi public numéro 1. 1954: Le Mouton a 5 pattes. 1955: Les Amants du Tage. 1955: Des Gens sans importance. 1956: Paris, palace Hôtel. 1957: Une Manche et la belle. 1958: Maxime. 1959: Le Grand Chef. 1959: La Vache et le Prisonnier. 1960: l'Affaire d'une Nuit. 1961: Le Président. 1961: Les Lions sont lâchés. 1962: Un Singe en Hiver. 1963: Mélodie en sous-sol. 1963: 100 000 Dollars au Soleil. 1964: Week-end à Zuydcoote. 1966: La 25è Heure. 1967: La Bataille de San Sebastian. 1969: Le Clan des Siciliens. 1971: Le Casse. 1972: Le Serpent. 1975: Peur sur la ville. 1976: Le Corps de mon ennemi. 1979: I comme Icare. 1982: Mille Milliards de Dollars. 1984: Les Morfalous. 1991: Mayrig. 1992: 588, rue du Paradis.


Record de l'année 1959 puisqu'il engrange plus de 8 844 199 entrées (excusez du peu !), La Vache et le Prisonnier s'est taillé depuis sa sortie triomphante une réputation de grand classique de la comédie populaire comme le souligne également ses multi rediffusions télévisuelles. D'après une histoire vraie aussi insolite qu'improbable, la Vache et le prisonnier relate les pérégrinations champêtres du prisonnier de guerre français, Charles Bailly, accompagné d'une vache allemande, Marguerite, afin de passer incognito devant l'ennemi allemand. Son périple semé d'embûches et de rencontres impromptues vont aboutir à un dénouement particulièrement ubuesque si bien que le récit au suspense subitement progressif s'alloue d'une tonalité inopinément caustique Spoil ! quant aux subterfuges infructueux de Charles à regagner la France de son plein gré fin du Spoil. Incarné par le monstre sacré Fernandel d'une spontanéité sémillante dans celui d'un prisonnier au grand coeur pour autant empoté, La Vache et le Prisonnier conjugue humour et tendresse derrière une sombre page de notre histoire (stock-shots explosifs en sus afin de mettre en exergue le constat alarmiste d'une Allemagne en conflit mondial).


A travers un récit initiatique que le héros inculque d'après l'amour de son animal de compagnie (son "passe-partout"dira t'il !), Henri Verneuil nous interpelle en filigrane sur la condition animale destinée à finir dans nos assiettes lorsqu'il s'agit d'une vache que Charles se promet de respecter en guise d'adieu. A savoir, s'abstenir au final de manger du veau pour le restant de ses jours grâce à leurs sentiments partagés. Poignant et émouvant à travers ses séquences intimistes de tendresse et de complicité amicale, Henri Verneuil évite l'écueil d'une émotion programmée grâce à la sobriété d'un Fernandel profondément attachant (mais jamais mielleux dans son regard grave, voir bouleversé) et à l'intelligence de sa réalisation ne grossissant jamais le trait de la dramaturgie lors des séquences les plus émotives. Alternant les situations parfois cocasses (la tentative de Charles à rebrousser chemin d'un pont que les allemands vont traverser alors que Marguerite refuse à faire marche arrière) avec d'autres moments plus intenses de par son contexte de survie précaire (la démarche couillue de Charles à dérober de la nourriture aux allemands lors d'une nuit diluvienne), La Vache et le prisonnier insuffle un rythme soutenu au sein d'une aventure onirique (noir et blanc expressif à l'appui). Tant auprès des magnifiques décors d'une campagne solaire que nos héros traversent sans se presser que des forêts nocturnes d'un crépuscule tantôt féerique lors des trêves de sommeil.


Réalisé avec une attention scrupuleuse par le maître touche-à-tout Henri Verneuil, La Vache et le Prisonnier s'octroie d'une belle simplicité pour nous narrer une évasion de longue haleine aussi pittoresque que singulière sous l'impulsion sentimentale de l'homme et l'animal. Un message de tolérance en somme, une réflexion sur le végétarisme si je me réfère au triste sort réservé à nos bovins alors qu'ici cette histoire vraie tend à prouver que ces derniers pourraient bénéficier d'un traitement de faveur aussi équitable que le chien et le chat si nous savions en tirer une leçon d'éthique. 

Bruno Matéï
2èx 

mardi 12 septembre 2017

BABY DRIVER

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

d'Edgar Wright. 2017. U.S.A. 1h53. Avec Ansel Elgort, Kevin Spacey, Lily James, Jon Hamm, Jamie Foxx, Eiza González, Jon Bernthal.

Sortie salles France: 19 Juillet 2017. U.S: 28 Juin2017

FILMOGRAPHIE: Edgar Wright est un réalisateur et scénariste britannique, né le 18 avril 1974 à Poole, dans le Dorset (Royaume-Uni). 1994 : A Fistful of Fingers. 2005 : Shaun of the Dead. 2007 : Hot Fuzz. 2010 : Scott Pilgrim. 2013 : Le Dernier Pub avant la fin du monde. 2017 : Baby Drive.


Divertissement bourrin taillé sur mesure pour le grand public si je me réfère à sa pétulante bande-annonce, Baby Driver est beaucoup plus qu'un simple produit pop-corn (façon Fast and Furious) conçu pour rameuter les foules. Réalisé par le surdoué Edgar Wright dont on ne compte plus les réussites (sa filmo ressemble à un arc en ciel pour son amour du ciné de genre), Baby Driver est une madeleine de Proust aussi jouissive qu'intelligente dans le paysage aseptique de l'actionner movie. Et ce en dépit d'éclairs de violence assez réalistes qui pourrait toutefois impressionner le plus jeune public alors que sa facture détonante (et hybride) de conte de fée fait preuve d'une franche tendresse auprès du couple en étreinte (son final romantique s'avérant d'une vibrante émotion sans tirer pour autant sur la corde du sirupeux !). En tablant sur une idée empruntée à Driver et Drive (un chauffeur de braqueurs, as de la conduite, multiplie les poursuites effrénées sans jamais se faire alpaguer par la police), Baby Driver dresse l'attachant portrait d'un jeune orphelin pris dans la tourmente de la pègre et de la criminalité depuis la mort de ses parents. Le réalisateur prenant notamment soin de nous renseigner sur son passé infantile par le biais de flash-back concis assez poignants. Sa grande particularité (pour ne pas dire son addiction justifiée d'un passé traumatique) est d'écouter à plein volume de la musique sur son Ipod à chacune de ses missions jonchées d'embardées. Et sur ce point, Edgar Wright maîtrise admirablement la lisibilité des poursuites vertigineuses et gunfights par le biais du montage ciselé.


Contraint de rembourser une dette à son boss, Baby est bientôt apte à retrouver son autonomie au moment même de s'éprendre de la jeune serveuse, Debora. Mais son patron bien conscient de son statut de surdoué de la vitesse n'entend pas libérer de sitôt son poulain. Pourvu d'un scénario simpliste contrebalancé de rebondissements et d'idées retorses souvent surprenants, Baby Driver ne cède jamais à la facilité d'une vaine esbroufe grâce à une structure narrative solide. Mené sur le rythme trépidant d'une bande-son alternant constamment la soul et la pop-rock, la réalisation fringante d'Edgar Wright multiplie les expérimentations techniques avec une invention en roue libre. Coloré et fun au sein d'une cité urbaine en ébullition, truffé de dialogues créatifs par des personnages hauts en couleur formant une complicité davantage délétère (même Jamie Foxx s'avère convaincant dans un second-rôle égotiste !), Baby Driver carbure à l'adrénaline de la vitesse et de l'action explosive sous l'impulsion humaine d'un anti-héros en quête de rédemption. A cet égard iconique, le jeune acteur Ansel Elgort retransmet avec une belle dignité son dilemme de se compromettre à nouveau à la corruption au moment même d'une remise en question amoureuse et parentale (son attention scrupuleuse portée à son père adoptif). A travers son périple jonché de bévues meurtrières et de soumission morale, on peut d'ailleurs y déceler une métaphore sur le passage à l'âge adulte après l'acceptation du deuil parental.


Généreux en diable par son action chorégraphique époustouflante de vigueur et de maestria (nous nous accrochons à notre fauteuil au moindre écart de conduite !), et semé d'instants de cocasserie et de tendresse (le couple formé par Baby/Debora dégage une innocence parfois bouleversante quant à leur destinée indécise), Baby Driver redynamise le VRAI spectacle du samedi soir sous l'autorité infaillible d'un nouveau maître du divertissement pétri d'amour et de sincérité envers son public. Une authentique fable Rock'n Roll en somme assorti d'un brio technique étourdissant ! 

Bruno Dussart.

lundi 11 septembre 2017

COURS APRES MOI SHERIF

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Smokey and the Bandit" de Hal Needham. 1977. U.S.A. 1h36. Avec Burt Reynolds, Jackie Gleason, Sally Field, Jerry Reed, Mike Henry, Paul Williams, Pat McCormick.

Sortie salles France: 21 Décembre 1977. U.S: 21 Mai 1977

FILMOGRAPHIE: Hal Needham est un cascadeur, acteur, producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 6 mars 1931 à Memphis dans le Tennessee (États-Unis) et mort le 25 octobre 2013. 1977 : Cours après moi shériff. 1978 : La Fureur du danger. 1979 : Cactus Jack. 1979 : Autoroute pour la mort. 1980 : Stunts Unlimited (TV). 1980 : Tu fais pas le poids, shérif! 1981 : L'Équipée du Cannonball. 1981 : The Stockers (TV). 1982 : Megaforce. 1983 : Stroker Ace (en). 1984 : Cannon Ball 2. 1986 : Rad. 1987 : Body Slam. 1994 : L'As des aventuriers: Bandit au Far West. 1994 : Bandit: Bandit Bandit (TV). 1994 : Bandit: Beauty and the Bandit (TV). 1994 : Bandit: Bandit's Silver Angel (TV). 1996 : Street Luge.


Responsable des célèbres La Fureur du Danger, l'Equipée du Cannonball et Cannonball 2, Hal Needham se fit connaître auprès du public avec un premier métrage au succès considérable; Cours après moi Shérif si bien que deux autres suites seront rapidement mises en chantier (sans compter son illustre série TV !). Un Road movie en roue libre fondé sur des courses poursuites et cascades en règle que se disputent le routier Bandit et son ami cibiste Snowman contre une escouade de flics. Chargé de ramener 400 cartons de bière en 28 heures dans la contrée du Texas à la suite d'un pari, Bandit multiplies les risques et illégalités en se raillant de la police lancée sans relâche à ses trousses. Durant son cheminement truffé de barrages de police, il prend en stop une jeune mariée en fuite aussi décomplexée et avide de liberté que lui. Bonnard et parfois émaillée d'instants de tendresse, Cours après moi shérif ne s'embarrasse pas de subtilité ni d'inventivité pour divertir le spectateur. Le schéma narratif redondant ne cessant d'exploiter son faible filon avec néanmoins une certaine efficacité, et ce en dépit d'une réalisation académique (marque de fabrique de son auteur). Pour autant, ce petit B movie sans prétention s'avère suffisamment pittoresque et attachant sous l'impulsion de comédiens spontanés s'en donnant à coeur joie dans les provocations et railleries de comptoir. Et à ce p'tit jeu insolent, le trio formé par Burt Reynolds, la pétillante et suave Sally Fiel et Jerry Reed ne manque pas de peps dans leur naturel spontané, quand bien même le charismatique Jackie Gleason leur partage la vedette avec un surjeu vaniteux assez irrésistible dans celui du shérif braillard. Ce dernier accompagné d'un fils inconséquent ne cessant d'être ridiculisés durant l'itinéraire routier, tant auprès de ses rivaux volontiers arrogants que de la populace se prenant au jeu de leur compétition en vantant les mérites du pilote émérite Bandit.


Un peu daté mais assez distrayant autour d'un incessant jeu de courses poursuites entre flics et (gentils) voyous, Cours après moi shérif est une honnête comédie menée tambour battant que les nostalgiques de l'époque devraient surtout continuer d'apprécier. 

Eric Binford.