mardi 23 janvier 2018

JUNGLE

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site dpstream.net

de Greg McLean. 2017. Australie/Colombie. 1h55. Avec Daniel Radcliffe, Alex Russell, Thomas Kretschmann, Joel Jackson, Jasmin Kassim, Jacek Koman

France : 10 janvier 2018 (uniquement en DVD)

FILMOGRAPHIE: Greg McLean est un réalisateur, scénariste et producteur australien.
2005: Wolf Creek. 2007: Solitaire. 2014: Wolf Creek 2. 2016 : The Darkness. 2016 : The Belko Experiment. 2017: Jungle.


Récit d'aventures à la fois épique et cauchemardesque du point de vue d'un survivant embourbé malgré lui dans la jungle bolivienne, Jungle rend dignement hommage au véritable Yosseph "Yossi" Ghinsberg. Un aventurier israélien influencé par le périple d'un certain Karl Ruchprecter (ruffian énigmatique comme le souligne son générique manuscrit) à dénicher l'une des rares tribus indiennes vivant en autarcie. Accompagné de deux de ses camarades réticents de prime abord à accepter l'invitation, Yossi finit par être livré à lui même à la suite du naufrage de son radeau. Greg McLean, réalisateur du traumatisant et désormais classique Wolf Creek, nous assène un nouvel uppercut à travers Jungle. De par sa faculté aguerrie à nous immerger de plein fouet dans une nature hostile avec un réalisme rigoureux (pour ne pas dire perturbant, notamment lors de sa dernière partie draconienne). Certaines séquences terriblement intenses et suffocantes (celles du radeau) faisant office d'anthologie dans la manière terriblement alerte de nous participer à l'action et d'y saisir l'effroi des protagonistes se dépêtrant de la mort avec un énergie surhumaine.


Mais au-delà de ces séquences liminaires proprement vertigineuses et à couper le souffle (on peut aussi largement citer un peu plus tard l'éprouvante séquence des sables mouvants), Jungle n'est pas une de ces séries B standards soumises à l'esbroufe métronomique pour contenter le grand public. Oubliez donc son titre et son affiche somme toute triviaux et laissez vous guider par l'épreuve de force (aussi bien physique que morale !) de l'aventurier en herbe Yossi Ghinsberg en pleine initiation de survie ! Son parcours du combattant à déjouer intempéries, faune sauvage, pièges et dangers de l'enfer vert nous laissant sur les rotules, quand bien même son générique final faisant intervenir les vrais témoins de l'expédition nous provoque une poignante humilité, (Spoil ! notamment auprès de la carrière professionnelle de Yossi Ghinsberg fin du Spoil). Au-delà du jeu très convaincant de chacun des comédiens (particulièrement Alex Russell en "grande gueule" beaucoup plus droit et intègre qu'il n'y parait !), Daniel Radcliffe (on ne présente plus la saga Harry Potter qui le fit tant connaître) vole la vedette à ses congénères avec une étonnante maturité. Ce dernier parvenant à nous faire croire à sa résilience (surnaturelle ?!) par l'acuité de son jeu viscéral d'une vibrante humanité. De par sa métamorphose corporelle (son enveloppe filiforme/décharnée se prête parfaitement à sa condition précaire !) et l'intensité de son regard désespéré au confins de la démence (habile utilisation de visions hallucinogènes en sus même si on y devine rapidement sa facticité).


Survival inébranlable bâti autour d'une aventure humaine à la fois intense, épique, éprouvante et fascinante (notamment au travers de la beauté de sa nature sauvage), et ce sans se livrer à l'impression de déjà vu (Greg McLean s'efforçant de décrire ce périple authentique avec une efficacité, un réalisme et une intelligence à hauteur d'homme), Jungle transcende la série B ludique sous l'impulsion d'un survivant emblématique (que campe brillamment Radcliffe). Dtv honteusement occulté dans nos salles, Jungle est découvrir toutes affaires cessantes si bien que vous n'êtes pas prêts d'oublier l'endurance titanesque du vrai héros de chair et de sang: Yossi Ghinsberg (notamment à travers sa bouleversante histoire d'amitié !). 

* Bruno

lundi 22 janvier 2018

MISE A MORT DU CERF SACRE. Prix du scénario, Cannes 2017.

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"The Killing of a Sacred Deer". 2017. U.S.A/Grèce/Angleterre. 2h02. Avec Colin Farrell, Nicole Kidman, Barry Keoghan, Raffey Cassidy, Sunny Suljic, Alicia Silverstone.

Sortie salles France: 1er Novembre 2017 (Int - 12 ans). U.S: 3 Novembre 2017 (Int - 17 ans)

FILMOGRAPHIEYórgos Lánthimos (en grec : Γιώργος Λάνθιμος, né en 1973) est un réalisateur et dramaturge grec. 2005 : Kinetta. 2009 : Canine. 2011 : Alps. 2015 : The Lobster. 2017 : Mise à mort du cerf sacré. 2018 : The Favourite.


Entre l'admirable et le raté (je me demande encore si j'ai vraiment apprécié ce règlement de compte  interlope !), un thriller expérimental nébuleux (métaphore oh combien baroque sur la perte de l'être cher entraînant une vendetta surnaturelle !) qui vaut essentiellement pour sa remarquable interprétation (tant auprès des comédiens adultes que des enfants) et sa mise en scène stylisée (travellings alambiqués un peu trop nombreux reprocheront certains) distillant un envoûtant climat d'étrangeté proche de Shining de Kubrick (notamment grâce à l'utilisation circonspecte de sa musique symphonique). Ca passe ou ça casse...

* Bruno

vendredi 19 janvier 2018

FANTOMAS SE DECHAINE


                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site boxofficestory.com

de André Hunebelle. 1965. France/Italie. 1h40. Avec Jean Marais, Raymond Pellegrin, Louis de Funès, Mylène Demongeot, Jacques Dynam, Michel Duplaix.

Sortie salles France: 8 Décembre 1965

FILMOGRAPHIE: André Hunebelle est un maître verrier et réalisateur français, né le 1er Septembre 1896 à Meudon (Hauts-de-Seine), décédé le 27 Novembre 1985 à Nice. 1948: Métier de fous. 1949: Millionnaires d'un Jour. 1949: Mission à Tanger. 1950: Méfiez vous des Blondes. 1951: Ma Femme est formidable. 1952: Massacre en dentelles. 1952: Monsieur Taxi. 1953: Les Trois Mousquetaires. 1953: Mon Mari est merveilleux. 1954: Cadet Rousselle. 1955: Treize à table. 1955: l'Impossible Monsieur Pipelet. 1956: Casino de Paris. 1956: Mannequins de Paris. 1956: Les Collégiennes. 1957: Les Femmes sont marrantes. 1958: Taxi, roulotte et Corrida. 1959: Le Bossu. 1959: Arrêtez le massacre. 1960: Le Capitan. 1961: Le Miracle des Loups. 1962: Les Mystères de Paris. 1963: Oss 117 se déchaîne. 1963: Méfiez vous Mesdames. 1964: Banco à Bangkok pour Oss 117. 1964: Fantômas. 1965: Furia à Bahia pour Oss 117. 1965: Fantômas se déchaîne. 1967:   Fantômas contre Scotland Yard. 1968: Pas de roses pour Oss 117. 1968: Sous le signe de Monte-Cristo. 1971: Joseph Balsamo. 1974: Les Quatre Charlots Mousquetaires. 1974: Les Charlots en Folie: A nous quatre Cardinal ! 1978: Ca va faire tilt.


Un an après les aventures de Fantômas couronné d'un succès public (4,5 millions d'entrées), André Hunebelle rempile pour une suite aussi réussie, Fantômas se déchaîne. Cette fois-ci, ce dernier est désireux de devenir le maître du monde grâce à l'élaboration d'une machine télépathique capable de commander les esprits des gens. Pour parfaire ses intentions, et après avoir kidnappé un savant, il complote de ravir un autre scientifique, le professeur Lefebvre. Seulement, le journaliste Fandor a l'ingénieuse idée de se faire passer pour celui-ci après avoir usurpé son identité et ce grâce à un masque plus vrai que nature (la propre invention de Fantômas précédemment employée). De son côté, le commissaire Juves et ses sbires en faction vont donc tenter d'alpaguer Fantômas en flagrant délit de rapt du faux professeur.


On ne change pas une équipe et une recette qui gagnent ! André Hunebelle appliquant à la règle les ingrédients du précédent volet (comédie, aventures, action s'enchaînant au gré d'un scénario rocambolesque) sous l'impulsion de notre habituel trio héroïque (De Funès, Jean Marais, Mylène Demongeot) communément fringants à daigner déjouer les stratagèmes de Fantômas (toujours aussi fascinant avec sa voix caverneuse et son masque de latex bleu !). Qui plus est, ce dernier toujours plus mégalo, finaud et délétère possède plus d'un tour dans son sac, telle l'idée incongrue de ressusciter les têtes de ses ennemis après les avoir décapités ! Truffé de quiproquos, gags et gadgets (Juves et son bras amovible pour duper ses adversaires en cas de "haut les mains", son cigare explosif on encore son pilon mitrailleur derrière le déguisement d'un corsaire borgne), sans compter l'action bondissante (corps à corps chorégraphiques provoqués par un Jean Marais particulièrement pugnace) faisant ensuite intervenir poursuites en avion et voiture volante, Fantômes se déchaîne n'en oublie pas pour autant la forme lors du repère futuriste de Fantômas. Un petit palais domestique d'un esthétisme baroque et flamboyant situé à proximité d'un volcan.


Friandise populaire haute en couleurs par sa bonne humeur, ses idées folles et ses éclats de rire (De Funès en forme olympique explose une fois de plus l'écran grâce à ses mimiques et tics impayables), Fantômas se déchaîne perdure son capital comique avec une sincérité et une générosité indéfectibles. 

La chronique de Fantomas: http://brunomatei.blogspot.fr/2012/10/fantomas.html

* Bruno

jeudi 18 janvier 2018

BLOODY MAMA

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cine-bis-art

de Roger Corman. 1970. U.S.A. 1h31. Avec Shelley Winters, Pat Hingle, Don Stroud, Diane Varsi, Bruce Dern, Robert De Niro.

Sortie salles France: 25 Novembre 1970 (Int - 18 ans). U.S: 24 Mars 1970

FILMOGRAPHIE: Roger Corman est un cinéaste américain, né le 5 avril 1926 à Détroit, Michigan
1955: Day the World Ended. 1956: It's Conquered the World. 1957: Rock all Night. 1957: l'Attaque des Crabes Géants. 1957: Not of this Earth. 1957: Vicking Women. 1957: The Undead. 1958: War of the Satellites. 1958: She-Gods of Shark Reef. 1958: Swamp Women. 1958: Teenage Caveman. 1958: Mitraillette Kelly. 1959: Un Baquet de Sang. 1960: La Petite Boutique des Horreurs. 1960: La Chute de la Maison Usher. 1961: Ski Troop Attack. 1961: La Chambre des Tortures. 1961: Atlas. 1962: The Intruder. 1962: l'Enterré Vivant. 1962: l'Empire de la Terreur. 1962: La Tour de Londres. 1963: Le Corbeau. 1963: La Malédiction d'Arkham. 1963: l'Horrible cas du Dr X. 1963: l'Halluciné. 1964: Le Masque de la Mort Rouge. 1964: l'Invasion Secrète. 1965: La Tombe de Ligeia. 1965: Not of this Earth. 1966: Les Anges Sauvages. 1967: l'Affaire Al Capone. 1967: The Trip. 1970: Bloody Mama. 1971: Gas-s-s-s. 1971: Le Baron Rouge. 1990: La Résurrection de Frankenstein.


Perle culte du maître de la série B Roger Corman très peu diffusée à la TV en raison de sa grande violence et de son climat malsain assez fétide (photo sépia à l'appui), Bloody Mama exploite le film de gangsters, tendance Bonnie and Clyde (son final aussi explosif que sanglant peut aussi faire office de clin d'oeil), avec un réalisme étonnamment poisseux ! Censuré en France dès sa sortie, même si au bout d'un mois la sanction fut levée après la coupe de quelques plans et ce grâce à la protestation épistolaire de son auteur, Bloody Mama ne laisse pas indifférent dans son accumulation d'exactions meurtrières qu'une famille dysfonctionnelle exerce dans l'immoralité la plus décomplexée. Dirigés par une matriarche insurgée contre la société et donc choisissant comme seul recours à sa survie le banditisme pour se sortir de la précarité, alors qu'une crise sociale bat son plein (celle de 29 !), ces fils d'autant plus éduqués de manière incestueuse finissent par succomber à une folie meurtrière incontrôlée. Et ce avant de se rebeller contre leur autorité maternelle avec un soupçon de prise de conscience morale eu égard de leur condition soumise, psychotique et dépravée.


Cumulant à un rythme parfois spectaculaire braquages à main armée, rapts et châtiments criminels d'une gratuité insupportable (la noyade dans la baignoire d'une jeune quidam), Bloody Mama nous plonge dans leur virée sauvage et quotidienneté domestique sous l'impériosité de Shelley Winters habitée par son rôle d'orgueilleuse d'un franc-parler intarissable. Outre son interprétation iconique assez impressionnante car d'autant plus expansive; cette dernière est accompagnée d'une flopée de seconds-rôles tous aussi convaincants parmi lesquels Pat Hingle, Don Stroud,  (absolument affirmé en bras droit stoïque !), Diane Varsi, Bruce Dern et le tout jeunot Robert De Niro dans un de ces tous premiers rôles en toxico inconséquent. Au-delà du vérisme de sa reconstitution historique et de la beauté solaire de sa campagne étonnamment paisible, Bloody Mama oppose climat baroque et malsain à la lisière d'une horreur insalubre. Comme en témoigne cette séquence dérangeante tacite à l'angoisse lourde (la tentative de drague d'un De Niro camé auprès d'une baigneuse terrifiée à l'idée de l'embrasser) ou d'autres moments d'une violence âpre (la noyade susnommée, le passage à tabac des 2 fermiers au cours du 1er acte, le cochonnet attaché à la corde d'une barque afin de servir d'appât à un crocodile puis enfin le règlement de compte forcené d'une folie criminelle suicidaire entre les Baker et les forces de l'ordre).


Témoignage glaçant d'une famille dysfonctionnelle sombrant dans la criminalité la plus couarde et fasciste en pleine crise de 29, Bloody Mama façonne intelligemment la série B parmi l'efficacité de son parti-pris documenté aussi fascinant que répulsif. Sa narration et son montage semés d'ellipses et d'une temporalité sporadique renforçant l'aspect foutraque, impromptue de l'expédition meurtrière. A redécouvrir avec un vif intérêt si bien qu'il s'agit probablement de l'oeuvre la plus rugueuse et dérangeante de Corman considérée à juste titre comme son meilleur Gangsters Movie.

* Bruno
2èx

mercredi 17 janvier 2018

LES FANTOMES DU PASSE

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Ég man þig" de Óskar Thór Axelsson. 2017. Islande. 1h44. Avec Jóhannes Haukur Jóhannesson, Ágústa Eva Erlendsdóttir, Thor Kristjansson.

Sortie salles Islande: 5 Mai 2017. U.S: 10 Novembre 2017

FILMOGRAPHIE: Óskar Thór Axelsson est un réalisateur et scénariste islandais. 2012. Svartur á leik. 2017: Les Fantômes du passé.


"Quand quelqu'un meurt par pendaison, la mort est causée par l'arrêt de la circulation sanguine vers le cerveau. Les gens perdent conscience très rapidement. C'est assez peu douloureux, presque comme s'ils s'endormaient."

Production islandaise, Les Fantômes du Passé est le second long-métrage d'Óskar Thór Axelsson. Réalisateur néophyte méconnu chez nous alors qu'une sortie salles n'est toujours pas prévue dans nos contrées, les Fantômes du Passé est ce que l'on prénomme une pépite horrifique probablement vouée au mutisme ou à l'indifférence faute d'exportation timorée. Suspense horrifique tendu comme un arc autour d'une intrigue à tiroirs impeccablement charpentée, les Fantômes du passé cumule les indices et rebondissements en pagaille à un rythme métronomique, et ce sans JAMAIS céder au racolage pour mieux nous distraire. Autant dire que cette petite production issue des "îles Féroé" joue dans la cour des grands à exploiter le genre horrifique avec une surprenante maturité. De par son refus des convenances (même si on prête parfois une allusion à la Malédiction et autres récits satanistes) et surtout avec l'ambition de rendre convaincante une histoire surnaturelle de fantôme revanchard d'un réalisme souvent froid (notamment parmi l'exploitation de ces superbes paysages réfrigérants se prêtant parfaitement à la monotonie narrative).


Résolument inquiétant et donc toujours plus passionnant autour d'une investigation occulte qu'un psychiatre (rationnel) tente de résoudre afin d'élucider deux disparitions d'enfants (dont celle de son propre fils), les Fantômes du passé entrecroise deux intrigues parallèles pour mieux nous surprendre avec au bout du cheminement sinueux un lien commun entre ces deux tragédies. Le réalisateur faisant notamment preuve d'une finaude gestion Spoil ! de la temporalité des évènements décrits (mais chut, j'en dis peut-être un peu trop !) fin du Spoil.  Dans la lignée du chef-d'oeuvre l'Enfant du Diable de Peter Medak auquel on songe inévitablement pour le cruel châtiment imputé à l'innocence sacrifiée, les Fantômes du passé cultive sobriété et lucidité auprès de la caractérisation des personnages aussi bien tourmentés que démunis car s'efforçant de reconstituer les pièces d'un puzzle ne demandant qu'à s'y consolider. Les comédiens dépouillés (aux réactions censées) et méconnus (sur notre territoire) faisant preuve d'une implication morale pugnace en dépit des dangers permanents imposés sur leur trajectoire (tant auprès des témoins du passé que des intervenants actuels). Et si la terreur des séquences les plus cauchemardesques est aux abonnés absents, Óskar Thór Axelsson privilégie plutôt la dextérité d'une angoisse sous-jacente/feutrée et surtout sur l'intensité d'un suspense à couper au rasoir pour nous scotcher. Le spectateur scrupuleusement attentif à tenter de comprendre les tenants et aboutissants des personnages meurtris étant incapable de détacher son regard de l'écran sitôt le générique (déroutant) écoulé.


L'ange du mal
Thriller fantastique hypnotique transcendé par son scénario en béton réfractaire aux effets de manche et fioritures, Les Fantômes du Passé honore le genre surnaturel parmi la perspicacité de son auteur délibéré à croire à ce qu'il raconte par le biais de sa caméra avisée radiographiant les états d'âmes des protagonistes avec une intensité dramatique non démonstrative (à l'instar d'une découverte macabre dont nous n'apercevrons jamais le corps). A découvrir d'urgence et à propager autour de vous un "bouche à oreille" on ne peut plus intègre d'autant plus que son épilogue si suggestif perdure dans le questionnement avec l'habile intelligence du non-dit. 

* Bruno

mardi 16 janvier 2018

LA PROIE DE L'AUTOSTOP

Photo empruntée sur Google, appartenant au site clubdesmonstres.com

"Autostop Rosso Sangue" de Pascal Festa Campanile. 1977. Italie. 1h44 (uncut). Avec Franco Nero, Corinne Cléry, David Hess, Joshua Sinclair, Carlo Puri, Ignazio Spalla, Leonardo Scavino, Monica Zanchi.

Sortie salles U.S: 12 Juillet 1978. Le film a été classé X en France de 1978 à décembre 1981
Les diverses versions censurées à l'international: Canada, France: 82 mns. UK; 98 mns.

FILMOGRAPHIEPascal Festa Campanile est un réalisateur, scénariste et producteur italien, né le 28 Juillet 1927, décédé le 25 Février 1986. 1984: Uno scandalo perbene. 1983 Il petomane. 1983 Un povero ricco. 1982 Più bello di così si muore. 1982 Bingo Bongo. 1982 La fille de Trieste. 1982: Porca vacca. 1981 Culo e camicia. 1981 Personne... n'est parfait! 1981 Manolesta. 1980 Mon curé va en boîte. 1980 Le larron. 1980 Il ritorno di Casanova. 1979 Il corpo della ragassa. 1979 Week-end à l'italienne (segment "Domenica"). 1978 Gegè Bellavita. 1978 Come perdere una moglie e trovare un'amante. 1977 La proie de l'autostop. 1977 Cara sposa. 1976 Dimmi che fai tutto per me. 1976 La grande bagarre. 1975 En 2000, il conviendra de bien faire l'amour. 1974 La sculacciata. 1973: L'emigrante. 1973 Rugantino. 1972 La calandria. 1972 Jus primae noctis. 1972 Quand les femmes perdirent leur queue. 1971 Ma femme est un violon. 1970 Quand les femmes avaient une queue.  1970 Tu peux... ou tu peux pas? 1969 Scacco alla regina. 1969 Dove vai tutta nuda? 1968 L'amour à cheval. 1968 Il marito è mio e l'ammazzo quando mi pare. 1967 La ceinture de chasteté. 1967 La fille et le général. 1966 Adulterio all'italiana. 1966 Une vierge pour le prince. 1964 Avec amour et avec rage. 1964 Le sexe des anges. 1963 Amour sans lendemain.


Cinéaste italien prolifique, Pascale Festa Campanile est signataire de 43 longs-métrages, pour la plupart des oeuvres mineures destinées à divertir à l'instar de ses comédies polissonnes. Vilain petit canard, La proie de l'auto-stop s'avère son unique incursion dans le road movie "déviant", sans doute aussi afin de surfer sur le filon de quelques "interdits" sulfureux des Seventies parmi lesquels, La Dernière Maison sur la gauche, I spit on your grave, Chiens enragés, Week-end sauvage ou encore la bête tue de sang froidUn couple en discorde conjugale s'égare sur les routes bucoliques de Californie. Le mari, plutôt porté sur l'alcool, ne songe qu'à la violenter et l'insulter en guise d'impériosité. Cette dernière davantage délaissée lui tolère néanmoins ses exactions en espérant un avenir moins complaisant. Mais l'irruption fortuite d'un auto-stoppeur va au contraire les précipiter dans un jeu de provocations toujours plus délétères. Sur le canevas du road movie conjugué au western moderne, Pascale festa Campanile y transcende un survival immoral baignant dans le cynisme et la débauche morale. Celui-ci se focalisant sur la relation tendue entre deux otages et leur tortionnaire évoluant dans le cadre champêtre d'un climat solaire épargné de citadins et d'habitation. De par leur état d'âme corruptible et leur situation sociale précaire, le couple d'otages finira par effleurer la complicité, faute du conflit incongru entre les deux hommes ayant lamentablement échoué leur vocation professionnelle. Durant leur itinéraire impondérable centré sur le huis-clos exigu (l'habitacle d'une voiture tractant une caravane), les deux machiste au franc-parler dévastateur vont s'opposer à renfort de provocations aussi bien verbales que physiques. Leur posture risible émanant d'un complexe de supériorité avec comme motivation majeure la quête de soumission chez l'esprit le plus faible et fragile, en l'occurrence une aguicheuse paumée ballottée tous azimuts.


En prime, et pour renchérir l'esprit corrosif de cette farce ubuesque, l'auto-stoppeur (utopiste) sollicitera à l'époux de lui écrive un livre, une autobiographie sur ces frasques dépravées. Celui-ci subordonné à son bourreau se révélant un journaliste peu ambitieux, car tire-au-flanc, accroc à l'alcool et surtout assujetti à un méprisant égotisme. Au centre de ce duo primaire d'une rare médiocrité, la jeune femme soumise fait office d'objet sexuel lors de leur compétition machiste. L'intrigue linéaire pour autant constamment efficace et tendue chez la psychologie de ces misanthropes et de la femme incapable de s'affirmer tient donc en haleine grâce à leur confrontation sur le fil du rasoir. Durant le périple, quelques incidents impromptus vont d'autre part leur permettre de les mettre à l'épreuve meurtrière de par leur penchant pour la dégradation morale où les coups les plus couards seront permis. L'itinéraire sans issue s'acheminant à la tragédie sardonique auprès du dénouement nihiliste où les rôles vont être amenés à s'inverser ! (la dernière image est à ce titre diablement éloquente !). Dans celui du journaliste moustachu vil, rustre et persifleur maltraitant à sa guise sa femme tel un pantin, Franco Nero est détestable d'hypocrisie et de lâcheté Spoil ! et ce jusqu'à ces agissements de dernier ressort d'une audace amorale Fin du Spoil. Psychopathe inculte à la fois décérébré et vicié, David Heiss lui partage la vedette avec le charisme licencieux qu'on lui connait dans ce genre de rôle sans vergogne fondé sur l'exaction criminelle et la débauche sexuelle. Concupiscente en diable dans une fausse innocence et d'une charnalité plantureuse, Corinne Cléry y symbolise la potiche victimisée en dépit d'une certaine ambiguïté masochiste à se laisser trop facilement livrer aux abus sexuels des 2 lurons (face au témoignage impuissant de son époux ligoté, simule t'elle vraiment l'orgasme afin de se venger de ces années d'humiliation conjugale ?). La scène du viol volontairement provocante mais habilement sobre lors des ébats et échanges de regards complices restant un modèle de perversité où chaque témoin s'y condamne un peu plus. On peut aussi noter l'aspect quelque peu ironique du score d'Ennio Morricone afin de grossir le trait mesquin de la situation de soumission (celle équivoque de l'épouse mais aussi du mari contraint de la reluquer sans pouvoir lui porter secours).  


Affreux, sales et méchants
Avec sa bande-son disparate "pop et banjo" sensiblement en décalage avec son cheminement dramatique, La Proie de l'auto-stop est une de ces séries B impertinentes à l'aura de souffre toujours plus palpable (son final trivial nous laissant sur le bitume de la déconvenue !). Une oeuvre insolente à la liberté de ton provocatrice dans son alliage de cynisme lubrique et de violence escarpée flattant les bas instincts du marginal le plus irresponsable. Sous couvert de Road trip d'exploitation typiquement transalpin (notamment à travers le sous-genre du Rape and revenge s'invitant en fin de parcours) y émane une oeuvre culte particulièrement vrillée que Pascale Festa Campanile imprime sans complexe avec une personnalité résolument sarcastique. 

Bruno
16.01.18. 3èx
08.03.11. (975 v)

lundi 15 janvier 2018

THE STRANGE ONES

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Christopher Radcliff et Lauren Wolkstein. 2017. U.S.A. 1h22. Avec Alex Pettyfer, James Freedson-Jackson, Emily Althaus, Gene Jones, Owen Campbell.

Sortie salles France: 27 Juin 2018. U.S: 5 Janvier 2018

FILMOGRAPHIE: Christopher Radcliff est un réalisateur, scénariste et producteur américain.
Lauren Wolkstein est une réalisatrice et scénariste américaine, né le 20 Mars 1982 à Baltimore.
2017: The Stranger Ones.


En 2011, deux jeunes cinéastes fans de shorts s'associaient pour The Strange Ones, un court d'une quizaine de minutes. En 2017, nos deux cinéastes, Christopher Radcliff et Lauren Wolkstein, proposent une version longue avec des changements notables. La force du court était son atmosphère et un jeu fait d'ambivalences.

Le thriller psychologique a toujours offert des productions solides. En 2008 par exemple, Tom Shankland et son The Children nous invitaient dans la noirceur d'un scénario par moments jubilatoires. De même, en 2005, David Slade et son Hard Candy distillaient le malaise avec une certaine aisance.
En 2017, The Strange Ones apporte sa pierre à la chapelle ténébreuse. Le scénario du film suit le périple d'un jeune garçon et de son frère. Un voyage énigmatique, les réalisateurs jouant d'ellipses narratives et de flashbacks pour mieux égarer le spectateur. Pas simple au début de replacer les pièces d'un puzzle subtilement enchevêtrées. Et tout l'art de cette bobine ne se résume pas seulement à la nébuleuse qui embrasse cette histoire riche de sens quand on sait patienter.

On en vient ainsi au seul problème du film, susceptible de faire perdre patience aux plus exigeants : son rythme est loin des canons chers à notre bon vieux metteur en scène de comptoir, je parle de Michael Bay. Mais revenons à The Strange Ones et à son rythme, il faudra se montrer stoïque tout au long du récit. Il est certain que la lenteur assumée a de quoi rebuter l'individu sous acide, ou le simple spectateur à la sempiternelle remarque : "Il ne se passe rien dans ce film". Mon gars, ce n'est pas parce que tu ne vois pas des tirs de pistolet toutes les 3 minutes 22 que tu peux affirmer qu'il ne se passe rien. J'ajouterai : "Même quand tu vas aux chiottes, il se passe un truc."
Garçon, cela s'appelle un thriller psychologique, et je peux l'affirmer, The Strange Ones est une oeuvre de qualité. Son rythme indolent épouse parfaitement les contours d'un récit qui va peu à peu se dramatiser. Habilement, Radcliff et Wolkstein vont s'ingénier à nous perdre ; à altérer notre façon d'envisager la chose.

Une des forces de film aura été d'y ajouter un soupçon de fantastique. Un fantastique énigmatique, jamais pleinement assumé. Cela donne à cette bobine une certaine allure, offrant à l'ambiance déjà parfaitement maîtrisée et troublante, une richesse étonnante. On mettra aussi en avant les deux acteurs principaux, Alex Pettyfer (Time Out, 2011) et le jeune James Freedson-Jackson (Cop Car, 2015). Ils jouent parfaitement et sont dirigés avec talent.
La réal est faite d'un cadrage parfois sublime, d'un photo au diapason, d'un montage sensé et de...

De par ses thèmes traités, ce film est à réserver à un public averti.

Cet article a été écrit par Hcar 1

vendredi 12 janvier 2018

LA FORME DE L'EAU. Lion d'or, Venise 2017.

                                                                             Photo empruntée sur Google

"The Shape of Water" de Guillermo Del Toro. 2017. U.S.A. 2h03. Avec Sally Hawkins, Michael Shannon, Octavia Spencer, Doug Jones, Michael Stuhlbarg, Lauren Lee Smith.

Sortie salles France: 21 Février 2018. U.S: 8 Décembre 2017 (Int - 17 ans)

FILMOGRAPHIE: Guillermo Del Toro est un réalisateur, scénariste, romancier et producteur américain, né le 9 Octobre 1964 à Guadalajara (Jalisco, Mexique). 1993: Cronos. 1997: Mimic. 2001: l'Echine du Diable. 2002: Blade 2. 2004: Hellboy. 2006: Le Labyrinthe de Pan. 2008: Hellboy 2. 2013: Pacific Rim. 2015: Crimson Peak. 2017: La Forme de l'Eau.


      "Heureux sont les yeux qui n'ont pas besoin d'illusion pour voir que le spectacle est grand !".

Précédé d'une réputation élogieuse (en témoignent ses récompenses énumérées en fin d'article), le film "évènement" de Guillermo Del Toro et une nouvelle invitation au rêve et à la magie du 7è art. Ainsi, localisant l'intrigue durant la guerre froide des années 60, Guillermo del Toro nous déclare sa flamme au cinéma vintage et à ces anciens fauteuils, ossature en bois et assises d'un rouge velours. A l'instar de la Dernière séance qu'Eddie Mitchell et sa serveuse réanimèrent durant les années 80 à travers notre lucarne parentale. Mais derrière cette franche tendresse pour le cinéma de papa, Del Toro empreinte la mise en abyme pour mieux télescoper son conte de fée si bien que les héros eux-mêmes se fascinent pour l'écran géant avec ce même regard infantile (à ce titre leur retrouvaille dans la salle de cinéma distille une émotion improvisée exaltante, aussi brève soit-elle). Hymne à l'amour des monstres et à l'ardeur des sentiments par le biais du droit à la différence, La Forme de l'Eau est touché par la grâce du réalisateur (à nouveau) au firmament de son génie créatif si bien que son récit, pour autant d'une grande simplicité, nous frappe droit au coeur par sa vibrante sincérité. Un peu à la manière linéaire de Spielberg lors du phénomène E.T. avec ce même don narratif et ce parti-pris pour l'émotion virginale. Variation personnelle de l'Etrange créature du lac noir d'un point de vue résolument romantique, fou et épuré, la Forme de l'eau nous fait partager durant plus de 2h l'amour incongru entre une domestique muette, Elisa, (elle exerce le ménage chez une entreprise scientifique tenue secrète) et un amphibien récemment découvert par ses supérieurs.


Sur le point d'être disséqué au prix de leur recherche scientifique au moment même ou des agents russes tentent de s'en emparer (de manière autrement sournoise), Elisa va tenter de lui sauver la vie en le ramenant chez elle parmi les complicités de son voisin de palier, d'un scientifique et d'une autre concierge. Si le cheminement de l'intrigue déjà conté au préalable n'apporte pas vraiment de surprises quant au dénouement escompté, la forme de l'Eau parvient haut la main à nous émerveiller grâce à la faculté du réalisateur de nous faire croire à l'improbable via l'outil de sa caméra. Qui plus est, il s'agit ici de nous retracer de manière couillue et jusqu'au-boutiste un conte de fée jamais décrit au préalable (on y traite tout de même de zoophilie sans aucune trivialité et encore moins de mauvais goût puisque c'est tout l'inverse qui se produit !). Del Toro, totalement impliqué à donner chair à sa sublime créature plus vraie que nature, possédant le même brio que Spielberg à nous narrer avec passion circonspecte une romance d'un genre prude mais si singulier. Autant dire que l'émotion candide, d'une sensibilité éminemment douce et fragile, nous donne souvent le vertige à témoigner d'une complicité amoureuse entre deux coeurs que rien ne présageait. Si la charnalité de quelques étreintes avait de quoi effleurer le mauvais goût, voir sombrer dans le ridicule, Del Toro s'extirpe des conventions et de la complaisance en nous sublimant un jeu sensuel de la gestuelle et des regards touchés par l'alchimie de la tendresse. Le moment fantasmatique de la valse tournée en noir et blanc (clin d'oeil évident au genre musical de la belle époque) et à laquelle l'héroïne retrouve subitement la voix, nous inscrivant une chorégraphie enchanteresse d'un onirisme bouleversant (j'en ai versé les larmes de bonheur en omettant le caractère si illusoire de la fiction).


Spectacle envoûtant de féerie romantique comme vous n'en n'avez jamais contemplé sur la toile, la Forme de l'Eau renoue avec le fantastique le plus "authentique" (la créature expressive est un nouvel emblème du bestiaire imaginaire) grâce à l'immense sincérité de son auteur à inscrire sur pellicule une romance audacieuse en militant autant pour la tolérance (on y traite notamment de racisme à travers la communauté noire et d'homophobie discréditée par les ricains) qu'au droit à la différence. Il en émane une oeuvre sensible, gracile et épurée ponctuée de moments d'intimité à l'émotion jamais programmée, et qui derrière un manifeste pour la cause animale (la maltraitance et la vivisection y sont brièvement dénoncées), ne cesse de proclamer la donation de l'amour avec une liberté d'esprit bouleversante. Et pour parachever de manière un peu plus personnelle, je déclare ma flamme à l'actrice Sally Hawkins littéralement incandescente de tendresse et bouleversante de bienveillance de par l'art du non-dit (le mimétisme) à travers son corps filiforme et ses petits yeux scintillants ! 

* Bruno

Récompenses: Mostra de Venise 2017 : Lion d'or
African-American Film Critics Association Awards 2017 : 7e du Top 10 annuel
Festival du film de Hollywood 2017 : meilleur montage pour Sidney Wolinsky
American Film Institute Awards 2018 : film de l'année
Golden Globes 2018 :
Meilleur réalisateur pour Guillermo del Toro
Meilleure musique pour Alexandre Desplat

mardi 9 janvier 2018

SUPERMAN 3

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site dcplanet.fr

de Richard Lester. 1983. U.S.A/Angleterre. 2h05. Avec Christopher Reeve, Richard Pryor, Jackie Cooper, Marc McClure, Annette O'Toole, Paul Kaethler.

Sortie salles France: 10 Août 1983. U.S: 17 Juin 1983

FILMOGRAPHIE: Richard Lester est un cinéaste américain né le 19 janvier 1932 à Philadelphie. 1962 : It's Trad, Dad! 1963 : La Souris sur la Lune. 1964 : Quatre garçons dans le vent. 1965 : Le Knack... et comment l'avoir. 1965 : Au secours! 1966 : Le Forum en folie. 1967 : Comment j'ai gagné la guerre.1968 : Petulia. 1969 : L'ultime garçonnière. 1973 : Les Trois Mousquetaires. 1974 : Terreur sur le Britannic. 1974 : On l'appelait Milady. 1975 : Le Froussard héroïque. 1976 : The Ritz. 1976 : La Rose et la Flèche. 1979 : Cuba. 1979 : Les Joyeux Débuts de Butch Cassidy et le Kid. 1980 : Superman 2. 1983 : Superman 3. 1984 : Cash-Cash. 1989 : Le Retour des Mousquetaires. 1991 : Get Back.


Faute d'un scénario à la fois bâclé et mal structuré (l'élaboration d'un super ordinateur conçu en un claquement de doigt pour détruire Superman quand bien même ce dernier contaminé par la kryptonite s'efforce de déjouer son double maléfique, la romance mal ficelée entre lui et Lana, sa nouvelle compagne au mépris d'une Lois Lane faisant acte de figuration !?), d'un humour souvent lourdingue que Richard Pryor s'acharne à rendre désopilant en dépit de sa verve impétueuse et de son caractère bonnard, et de personnages stéréotypés s'efforçant de jouer les méchants avec un racolage grossier  (malgré son professionnalisme, Robert Vaughn ne convainc pas dans la peau du milliardaire mégalo), Superman 3 sombre dans la platitude. On se réconforte toutefois sur quelques moments réussis, à l'instar de son prologue inventif enchaînant une foule de gags cocasses que n'auraient pas renié Laurel et Hardy si bien que sa première partie nous vante une comédie d'action festive, sur d'excellents effets-spéciaux parfois spectaculaires et originaux, puis enfin sur la présence toujours symbolique du génial Christopher Reeves en redresseur de tort volant (ses déplacements aériens nous faisant encore rêver, notamment grâce au charme de ses trucages artisanaux pour peu que l'on ait su préserver son âme d'enfant).


Flingué par la critique de l'époque et accusant aujourd'hui le poids des années en dépit des bonnes intentions de l'équipe du film (la manière leur fait tant défaut !), Superman 3 est à revoir d'un oeil distrait auprès de la génération 80, avec peut-être une perle de larme nostalgique eu égard du sympathique ratage prioritairement réservé aux enfants. 

* Bruno
3èx

lundi 8 janvier 2018

NEVER LET ME GO

                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site lecoindescritiquescine.com

de Mark Romanek. 2010. U.S.A/Angleterre. 1h44. Avec Keira Knightley, Carey Mulligan, Andrew Garfield, Charlotte Rampling, Isobel Meikle-Small, Charlie Rowe.

Sortie salles France: 2 Mars 2011. U.S: 15 Octobre 2010

FILMOGRAPHIEMark Romanek est un réalisateur américain né le 18 septembre 1959 à Chicago. 1985 : Static. 2002 : Photo Obsession. 2010 : Never Let Me Go. 2011 : Locke & Key (TV).


"Ce que je me demande, c'est si notre vie a été tellement différente de la vie des personnes que nous sauvons, nous terminons tous. Peut-être qu'aucun d'entre nous ne comprends réellement ce qu'il a vécu et que personne n'a eu le sentiment d'avoir eu assez de temps."

Echec commercial à sa sortie, peut-être à cause de la langueur de son climat monocorde pour autant magnétique, Never let me go est une oeuvre magnifique sur la fragilité de l'existence et la fuite inextinguible du temps s'étiolant un peu plus chaque jour. Dans un internat privé d'une discipline drastique, la petite Cathy tombe amoureuse de Tommy. Mais jalouse de leur éventuelle future relation, une de ses amies, Ruth, courtise fissa ce dernier. 10 ans plus tard, ils se retrouvent tous trois aux cottages en attendant leur triste destinée de donneurs d'organes. 


Drame social nous alertant des dérives du clonage d'un point de vue prophétique, mélo bouleversant d'une grande pudeur quant à la réserve sentimentale des personnages, Never let me go empreinte l'anticipation de manière aussi bien réaliste qu'originale (puisque sans esbroufe) quant au traitement inhumain de clones humains faisant écho à la mélancolie existentielle des Réplicants de Blade Runner. Sublimé par les présences chétives de Keira Knightley, Carey Mulligan (Meilleure actrice au British Independent Film Awards 2010) et Andrew Garfield (Meilleur acteur au Evening Standard British Film Awards), ceux-ci parviennent avec leur charisme sans fard à imprimer une intensité dramatique,  de par leur flegme où le non-dit en dit long sur leur pessimisme mais aussi l'espoir à se raccrocher au fil de quelques années (le fameux "sursis" éventuellement offert aux couples amoureux), et l'élégance de sa mise en scène réfutant l'effet de manche. Baignant dans un climat bucolique d'un onirisme naturel sous l'impulsion d'une modeste partition au clavecin, Never let me go nous fait partager les états d'âme sentencieux de ce triangle amoureux contraint de vivre avec une angoisse viscérale le jour fatal de leur transplantation. A l'instar du condamné à mort confiné isolément dans sa cellule avec l'attente interminable du jour propice de sa mort. A travers leur cheminement d'errance morale où l'amour et la mort font preuve d'inéquitable cruauté, Mark Romanek nous interroge sur la compréhension et le but de l'existence par le biais d'une temporalité furtive si bien que la vie pourrait avoir plus de valeur auprès de l'amour de sa vie.


Bouleversant et profondément fragile parmi une émotion dépouillée, de par le talent intègre des jeunes interprètes et l'épure de sa réalisation avisée, Never let me go cultive au final une infinie tristesse auprès de l'exploitation sans vergogne de ces cobayes humains confrontés au sacrifice d'une bonne cause (celle de sauver d'autres vies qu'ils n'approcheront jamais). Sensible, dur et douloureux mais une oeuvre magnifique inscrite dans la candeur car ne demandant qu'à "aimer" et préserver l'être cher condamné demain à disparaître en un clignement d'oeil. L'atavisme de la mort finissant par nous enseigner qu'il est urgent de s'enlacer. 

* Bruno

Récompenses: British Independent Film Awards 2010 : Meilleure actrice pour Carey Mulligan
Evening Standard British Film Awards 2011 : Meilleur acteur pour Andrew Garfield
Saturn Awards 2011 : Meilleur acteur dans un rôle secondaire pour Andrew Garfield

vendredi 5 janvier 2018

La Chambre des Tortures / The Pit and the Pendulum

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site fr.wikipedia.org

de Roger Corman. 1961. U.S.A. 1h20. Avec Vincent Price, John Kerr, Barbara Steele, Luana Anders, Antony Carbone.

Sortie salles France: 9 Juin 1965. U.S: 12 Août 1961

FILMOGRAPHIE: Roger Corman est un cinéaste américain, né le 5 avril 1926 à Détroit, Michigan
1955: Day the World Ended. 1956: It's Conquered the World. 1957: Rock all Night. 1957: l'Attaque des Crabes Géants. 1957: Not of this Earth. 1957: Vicking Women. 1957: The Undead. 1958: War of the Satellites. 1958: She-Gods of Shark Reef. 1958: Swamp Women. 1958: Teenage Caveman. 1958: Mitraillette Kelly. 1959: Un Baquet de Sang. 1960: La Petite Boutique des Horreurs. 1960: La Chute de la Maison Usher. 1961: Ski Troop Attack. 1961: La Chambre des Tortures. 1961: Atlas. 1962: The Intruder. 1962: l'Enterré Vivant. 1962: l'Empire de la Terreur. 1962: La Tour de Londres. 1963: Le Corbeau. 1963: La Malédiction d'Arkham. 1963: l'Horrible cas du Dr X. 1963: l'Halluciné. 1964: Le Masque de la Mort Rouge. 1964: l'Invasion Secrète. 1965: La Tombe de Ligeia. 1965: Not of this Earth. 1966: Les Anges Sauvages. 1967: l'Affaire Al Capone. 1967: The Trip. 1970: Bloody Mama. 1971: Gas-s-s-s. 1971: Le Baron Rouge. 1990: La Résurrection de Frankenstein.


Seconde adaptation d'un roman de Poe après avoir porté à l'écran la splendide Chute de la maison Usher, La Chambre des tortures est inférieur à son aîné et à ses autres futurs classiques que formeront les immuables Le Masque de la mort rouge et la Tombe de Ligeia. Pour autant, grâce au savoir-faire de Roger Corman pétri d'amour à fignoler sa scénographie gothique, la Chambre des Tortures maintient l'intérêt grâce à l'efficacité de son intrigue horrifico-policière semée de rebondissements (même si un brin prévisible quant au dénouement attendu moins intense que prévu), au charme de ses décors flamboyants comme de sa photo sépia et à la qualité de son cast prestigieux.

Le Pitch: Après avoir appris la mort de sa soeur disparue dans des circonstances inexpliquées, Francis Barnard vient rendre visite au mari de celle-ci, Nicolas, propriétaire d'un immense château sur le littoral. Au fil des nuits, des évènements inexpliqués importunent Nicolas déjà traumatisé par la mort de sa défunte épouse car persuadé qu'il en est le responsable. Sceptique et très méfiant vis à vis de Nicolas, Francis entame son enquête afin de démasquer le vrai coupable de ses étranges phénomènes intentant à la tranquillité des résidents. 


Jouant la carte de l'investigation policière à renfort de phénomènes surnaturels que l'on devine matois, La Chambre des Tortures parvient à nous immerger dans son cauchemar gothique parmi l'influence du génial Vincent Price. Cabotin en diable, ce dernier se délecte à incarner la victime mélancolique aussi meurtrie que fragile, faute de son amour immodéré pour sa défunte épouse et du trauma qu'il subit enfant lorsqu'il assista à la mort de sa mère enterrée vivante. Mais chut, n'en disons pas plus afin de savourer à sa juste valeur ce jeu de séduction macabre parmi la présence sépulcrale de l'incroyable Barbara Steele lors d'un final mémorable. 


Bougrement sympathique, formellement élégant, ludique puis progressivement sarcastique (principalement sa dernière partie aussi cruelle que débridée), la chambre des Tortures est suffisamment bien construit, substantiel au niveau de son intrigue à suspense (avec une habile inversion des rôles "victimes/coupables" même si l'on finit par déceler les tenants et aboutissants de certains d'entre eux), pour susciter l'attention au travers d'une architecture gothique d'un stylisme onirico-macabre parfois percutant (à l'instar du cadavre momifié, l'expression figée dans la terreur !). Incontournable dans l'évidence.

* Bruno
08.03.24. 4èx. Vostf

jeudi 4 janvier 2018

LE DINER DE CONS

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Francis Veber. 1998. France. 1h17. Avec Jacques Villeret, Thierry Lhermitte, Francis Huster,
Daniel Prévost, Alexandra Vandernoot, Catherine Frot, Edgar Givry.

Sortie salles France: 15 Avril 1998.

FILMOGRAPHIE: Francis Veber est un réalisateur, scénariste, dialoguiste et producteur français, né le 28 Juillet 1937 à Neuilly sur Seine. 1976: Le Jouet. 1981: La Chèvre. 1983: Les Compères. 1986: Les Fugitifs. 1989: Les 3 Fugitifs. 1992: Sur la corde raide. 1996: Le Jaguar. 1998: Le Dîner de con. 2000: Le Placard. 2002: Tais-toi ! 2006: La Doublure. 2008: L'Emmerdeur.


Vaudeville hilarant mené à un rythme tempétueux sous l'impulsion d'un Jacques Villeret confondant de naturel dans la peau de l'abruti intarissable, le Dîner de Cons fut à juste titre ovationné par les césars (meilleur scénario, meilleur acteur pour Villeret, meilleur second rôle pour Daniel Prévost) et son public (9 247 509 entrées !) sous la mainmise de l'éminent Francis Veber (le Jouet, La Chèvre, Les Compères, les Fugitifs). Tiré d'une pièce de théâtre à succès toujours sous la houlette de celui-ci et à nouveau incarné par Villeret, le Diner de cons laisse libre court à une accumulation de bévues autour du personnage de François Pignon désigné comme invité surprise à un dîner amical par l'éditeur Pierre Brochant.


Convié chez ce dernier pour un prétexte risible (une tour Eiffel conçue à partir de milliers d'allumettes), François Pignon va tenter de lui prêter main forte depuis que sa femme vient de le quitter, faute de son égoïsme et de sa lâcheté. Au fil de leur stratagème téléphonique, ceux-ci sont bientôt rejoints par un contrôleur fiscal ainsi que l'ex amant de la femme de Brochant. En dépit du caractère théâtral des situations comiques tributaires d'unité de lieu et de temps, Le Dîner de Cons prolifère les éclats de rire grâce au réparties impayables des acteurs s'en donnant à coeur joie à se disputer les résolutions conjugales. Outre l'incessante confrontation labiale que s'échangent Villeret et Lhermitte (très en forme en bourreau des coeurs égoïste, rusé et condescendant), et les présences secondaires aussi drôles qu'attach(i)antes de Francis Huster (étonnamment drôle lors de ses rires incontrôlés à témoigner du cas "Pignon" !) et Daniel Prévost (hilarant en contrôleur obsessionnel !),  Catherine Frot participe de près et de loin à leurs malentendus avec une fantaisie irrésistiblement décalée.


Entièrement bâti sur les gags verbaux d'un Villeret joyeusement débonnaire mais empoté et terriblement naïf autour des fourberies de lurons communément cocus, le Dîner de cons y extrait une satire sur l'infidélité conjugale sous l'impulsion incontrôlée de quiproquos en pagaille. Et ce avant que ne perce finalement une émotion poignante pour tenir lieu de la cruauté de la raillerie, de la trahison et du mensonge intenté par un bourgeois déshumanisé de son confort. Un classique du rire d'une redoutable efficacité orale !   

* Bruno


Récompenses: César du meilleur scénario original ou adaptation pour Francis Veber
César du meilleur acteur pour Jacques Villeret
César du meilleur acteur dans un second rôle pour Daniel Prévost

mercredi 3 janvier 2018

SUPER DARK TIMES

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Kevin Phillips. 2017. U.S.A. 1h43. Avec Owen Campbell, Charlie Tahan, Elizabeth Cappuccino, Max Talisman, Sawyer Barth, Amy Hargreaves, Adea Lennox

Sortie salles U.S: 29 Septembre 2017

FILMOGRAPHIE:  Kevin Phillips est un réalisateur et scénariste américain.
2017: Super Dark Times.


Distribué par Netflix, Super Dark Times est la première réalisation du néophyte Kevin Philips. Un talent à surveiller au vu de la qualité de sa mise en scène aussi bien personnelle qu'inventive (notamment parmi l'accord d'une bande-son dissonante et de l'irruption fortuite de visions macabres d'un réalisme glaçant) lorgnant sans prétention du côté d'un Stand By me vitriolé. Car imbibé d'une ambiance funèbre (en format scope s'il vous plait !) qui ne lâchera pas d'une semelle les ados de l'intrigue, Super Darl Times aborde les thèmes de la mort, de l'amitié, de la sexualité, de l'amour et du passage à l'âge adulte de manière jusqu'au boutiste, Spoil ! pour ne pas dire schizophrénique Fin du Spoil. A la suite d'un tragique accident ayant coûté la vie à l'un de leur camarade, Josh, Zach et Charlie décident d'un commun accord de masquer la vérité en cachant le corps dans les bois. Mais rongé par la culpabilité et le remord de ne pas assumer sa complicité, Zach sombre dans une paranoïa dépressive alors que son acolyte Josh se confine dans le mutisme au sein de sa chambre. 


Drame psychologique éprouvant s'il en est, notamment grâce à l'habileté du réalisateur à cultiver une intensité permanente (puis graduelle) autour du cheminement moral de Zach assailli par la peur de la mort et surtout la culpabilité du mensonge (alors qu'il n'est point l'auteur de l'incident mortel !), Super Dark Times manipule nos nerfs avec une efficacité étonnamment véloce auprès d'un premier métrage. Notamment par le biais d'une direction d'acteur assez nuancée (les interprètes juvéniles font également preuve d'un charisme innocent à la fois équivoque et affecté) afin de mieux s'immerger dans leurs états dépressifs puisque sévèrement dépassés par un évènement morbide aussi infortunée. Davantage inquiétant et cauchemardesque au gré d'un rebondissement alarmiste impromptu, Super Dark times embraye ensuite vers le thriller estomaquant si bien que sa dernière partie d'une extrême violence, car d'un réalisme émoulu; nous plaque au siège avec une émotion assez névralgique. Sans dévoiler les tenants et aboutissants moraux d'un des protagonistes, l'intrigue très sombre, soigneusement structurée, aborde le traumatisme d'un point de vue assez singulier et frontal si je me remémore les oeuvres ayant traité de la fragilité de l'adolescence et de la perte de l'innocence de manière autrement plus posée et prude. Pour autant,  Kevin Phillips ne manque pas non plus à certains moments de distiller un climat onirique assez envoûtant au travers de quelques images épurées en symbiose avec l'innocence de la nature ou parmi la posture songeuse de certains personnages. 


Cauchemardesque, vénéneux et ombrageux sans céder à la facilité ou à la gratuité, notamment grâce au brio de la réalisation radiographiant l'état d'âme torturé d'un des protagonistes avec un humanisme prédominant; Super Dark Times allie le drame et le thriller avec une densité psychologique aussi bien rigoureuse que poignante. Une excellente surprise donc, d'autant plus radicale et escarpée lors de son dernier acte erratique oscillant avec l'émotion fragile d'une innocence sacrifiée. Peut-on en sortir indemne ?

* Bruno