lundi 8 janvier 2018

Never let me go / Auprès de moi toujours.

                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site lecoindescritiquescine.com

de Mark Romanek. 2010. U.S.A/Angleterre. 1h44. Avec Keira Knightley, Carey Mulligan, Andrew Garfield, Charlotte Rampling, Isobel Meikle-Small, Charlie Rowe.

Sortie salles France: 2 Mars 2011. U.S: 15 Octobre 2010

FILMOGRAPHIEMark Romanek est un réalisateur américain né le 18 septembre 1959 à Chicago. 1985 : Static. 2002 : Photo Obsession. 2010 : Never Let Me Go. 2011 : Locke & Key (TV).


"Ce que je me demande, c'est si notre vie a été tellement différente de la vie des personnes que nous sauvons, nous terminons tous. Peut-être qu'aucun d'entre nous ne comprends réellement ce qu'il a vécu et que personne n'a eu le sentiment d'avoir eu assez de temps."

Echec commercial à sa sortie, peut-être faute de la langueur de son climat monocorde pour autant terriblement magnétique, Never let me go est une oeuvre tout simplement magnifique quand on traite avec autant de tact que de pudeur de la fragilité de l'existence et de la fuite inextinguible du temps s'étiolant un peu plus chaque jour. 

Le Pitch: Dans un internat privé d'une discipline drastique, la petite Cathy tombe amoureuse de Tommy. Mais jalouse de leur éventuelle future relation, une de ses amies, Ruth, courtise fissa ce dernier. 10 ans plus tard, ils se retrouvent tous trois aux cottages en attendant leur triste destinée de donneurs d'organes. 


Drame social nous alertant des dérives du clonage d'un point de vue prophétique, mélo bouleversant d'une pudeur infinie quant à la réserve sentimentale des personnages, Never let me go empreinte l'anticipation de manière aussi bien réaliste qu'originale (puisque sans esbroufe) quant au traitement inhumain imparti aux clones humains faisant écho à la mélancolie existentielle des Réplicants de Blade Runner. Sublimé des présences chétives de Keira Knightley, Carey Mulligan (Meilleure actrice au British Independent Film Awards 2010) et Andrew Garfield (Meilleur acteur au Evening Standard British Film Awards), ceux-ci parviennent avec leur charisme sans fard à imprimer une intensité dramatique. De par leur flegme où le non-dit en dit long sur leur pessimisme moral, leur espoir à se raccrocher au temps au fil de quelques années (le fameux "sursis" éventuellement offert aux couples amoureux), et par l'élégance de sa mise en scène suggérant plus qu'elle ne montre. Baignant dans un climat bucolique d'un onirisme naturel sous l'impulsion d'une modeste partition au clavecin, Never let me go nous fait partager les états d'âme sentencieux de ce triangle amoureux contraint de vivre avec une angoisse toujours plus viscérale le jour fatal de leur transplantation. A l'instar du condamné à mort confiné isolément dans sa cellule avec l'attente interminable du jour propice de sa mort. Ainsi, à travers leur cheminement d'errance morale où l'amour et la mort font preuve d'inéquitable cruauté, Mark Romanek nous interroge sur la compréhension, le but de l'existence par le biais d'une temporalité furtive si bien que la vie pourrait avoir plus de valeur auprès de l'amour de sa vie.


A la fois poignant et bouleversant à travers une émotion dépouillée somme toute fragile, de par le talent intègre des jeunes interprètes et l'épure de sa réalisation avisée, Never let me go cultive au final une infinie tristesse auprès de l'exploitation sans vergogne de ces cobayes humains confrontés au sacrifice d'une bonne cause (celle de sauver d'autres vies qu'ils n'approcheront jamais). Terriblement sensible, dur et douloureux (pour ne pas dire éprouvant lors des chirurgies sobrement concises), Never let me go est un poème existentiel nous conviant à "aimer" et préserver l'être cher condamné demain à disparaître en un battement de cil. L'atavisme de la mort finissant par nous enseigner qu'il est urgent de s'enlacer. 

* Bruno
25.02.25. 3èx. Vost

Récompenses: British Independent Film Awards 2010 : Meilleure actrice pour Carey Mulligan
Evening Standard British Film Awards 2011 : Meilleur acteur pour Andrew Garfield
Saturn Awards 2011 : Meilleur acteur dans un rôle secondaire pour Andrew Garfield

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