Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
"Ég man þig" de Óskar Thór Axelsson. 2017. Islande. 1h44. Avec Jóhannes Haukur Jóhannesson, Ágústa Eva Erlendsdóttir, Thor Kristjansson.
Sortie salles Islande: 5 Mai 2017. U.S: 10 Novembre 2017
FILMOGRAPHIE: Óskar Thór Axelsson est un réalisateur et scénariste islandais. 2012. Svartur á leik. 2017: Les Fantômes du passé.
"Quand quelqu'un meurt par pendaison, la mort est causée par l'arrêt de la circulation sanguine vers le cerveau. Les gens perdent conscience très rapidement. C'est assez peu douloureux, presque comme s'ils s'endormaient."
Production islandaise, Les Fantômes du Passé est le second long-métrage d'Óskar Thór Axelsson. Réalisateur néophyte méconnu chez nous alors qu'une sortie salles n'est toujours pas prévue dans nos contrées, les Fantômes du Passé est ce que l'on prénomme une pépite horrifique probablement vouée au mutisme ou à l'indifférence faute d'exportation timorée. Suspense horrifique tendu comme un arc autour d'une intrigue à tiroirs impeccablement charpentée, les Fantômes du passé cumule les indices et rebondissements en pagaille à un rythme métronomique, et ce sans JAMAIS céder au racolage pour mieux nous distraire. Autant dire que cette petite production issue des "îles Féroé" joue dans la cour des grands à exploiter le genre horrifique avec une surprenante maturité. De par son refus des convenances (même si on prête parfois une allusion à la Malédiction et autres récits satanistes) et surtout avec l'ambition de rendre convaincante une histoire surnaturelle de fantôme revanchard d'un réalisme souvent froid (notamment parmi l'exploitation de ces superbes paysages réfrigérants se prêtant parfaitement à la monotonie narrative).
Résolument inquiétant et donc toujours plus passionnant autour d'une investigation occulte qu'un psychiatre (rationnel) tente de résoudre afin d'élucider deux disparitions d'enfants (dont celle de son propre fils), les Fantômes du passé entrecroise deux intrigues parallèles pour mieux nous surprendre avec au bout du cheminement sinueux un lien commun entre ces deux tragédies. Le réalisateur faisant notamment preuve d'une finaude gestion Spoil ! de la temporalité des évènements décrits (mais chut, j'en dis peut-être un peu trop !) fin du Spoil. Dans la lignée du chef-d'oeuvre l'Enfant du Diable de Peter Medak auquel on songe inévitablement pour le cruel châtiment imputé à l'innocence sacrifiée, les Fantômes du passé cultive sobriété et lucidité auprès de la caractérisation des personnages aussi bien tourmentés que démunis car s'efforçant de reconstituer les pièces d'un puzzle ne demandant qu'à s'y consolider. Les comédiens dépouillés (aux réactions censées) et méconnus (sur notre territoire) faisant preuve d'une implication morale pugnace en dépit des dangers permanents imposés sur leur trajectoire (tant auprès des témoins du passé que des intervenants actuels). Et si la terreur des séquences les plus cauchemardesques est aux abonnés absents, Óskar Thór Axelsson privilégie plutôt la dextérité d'une angoisse sous-jacente/feutrée et surtout sur l'intensité d'un suspense à couper au rasoir pour nous scotcher. Le spectateur scrupuleusement attentif à tenter de comprendre les tenants et aboutissants des personnages meurtris étant incapable de détacher son regard de l'écran sitôt le générique (déroutant) écoulé.
L'ange du mal
Thriller fantastique hypnotique transcendé par son scénario en béton réfractaire aux effets de manche et fioritures, Les Fantômes du Passé honore le genre surnaturel parmi la perspicacité de son auteur délibéré à croire à ce qu'il raconte par le biais de sa caméra avisée radiographiant les états d'âmes des protagonistes avec une intensité dramatique non démonstrative (à l'instar d'une découverte macabre dont nous n'apercevrons jamais le corps). A découvrir d'urgence et à propager autour de vous un "bouche à oreille" on ne peut plus intègre d'autant plus que son épilogue si suggestif perdure dans le questionnement avec l'habile intelligence du non-dit.
* Bruno
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