mardi 23 avril 2019

Le Narcisse Noir

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Black Narcissus" de Michael Powell et Emeric Pressburger. 1947. Angleterre. 1h40. Avec Deborah Kerr, David Farrar, Kathleen Byron, Jean Simmons, Sabu, Judith Furse, Flora Robson.

Sortie salles France: 20 Juillet 1949. Angleterre: 24 Avril 1947

FILMOGRAPHIE: Michael Powell est un réalisateur britannique, né le 30 septembre 1905 à Bekesbourne, décédé le 19 Février 1990 à Avening, Gloucestershire. 1937: A l'angle du monde. 1939: L'Espion noir. 1939: Le Lion a des ailes. 1940: Le Voleur de Bagdad. 1940: Espionne à bord. 1941: 49è parallèle. 1942: Un de nos avions n'est pas rentré. 1943: The Volunteer. 1943: Colonel Blimp. 1944: A Canterbury Tale. 1945: Je sais où je vais. 1946: Une Question de vie ou de mort. 1947: Le Narcisse Noir. 1948: Les Chaussons Rouges. 1948: The Small Back Room. 1950: La Renarde. 1950: The Elusive Pimpernel. 1951: Les Contes d'Hoffman. 1955: Oh! Rosalinda ! 1956: La Bataille du Rio de la Plata. 1956: Intelligence Service. 1959: Lune de Miel. 1960: Le Voyeur. 1961: The Queen's Guards. 1964: Le Château de Barbe-Bleue. 1966: They're a Weird Mob. 1969: Age of Consent.


"Nul ne pèche par un acte qu'il ne peut éviter." 
Réputé pour sa beauté plastique exceptionnelle alors qu'il fut réalisé en 1947; Le Narcisse Noir est un objet filmique difficilement apprivoisable au 1er regard. Car de mon point de vue strictement subjectif et l'ayant découvert sur le tard, il s'agit d'une oeuvre insaisissable de par la subtilité de son atmosphère éthérée tantôt vénéneuse, tantôt envoûtée, et d'un cheminement narratif à la fois imprévisible, sporadique, tentaculaire. Le pitch: une poignée de soeurs anglicanes sont recrutées par un général indien à diriger un couvent, un dispensaire et une école dans son palais situé à hauteur d'une falaise hymalayenne. Peu à peu, et depuis la présence de Mr Dean et d'un jeune général, Soeur Rose et Soeur Clotilde sont troublées par ses autorités masculines. Entièrement voué à la psychologie névrosée de ses nonnes dépaysées par un panorama disproportionné, Le Narcisse Noir traite du refoulement sexuel avec une trouble ambiguïté.


Tant auprès de l'inimitié de Soeur Rose et de Clothilde hantées par le désir sexuel, que du personnage frigide de Mr Dean difficilement domptable à travers son machisme rigide (le final s'avérant d'autant plus cruel faute de son empathie éprouvée pour l'une d'elles). Emaillé de séquences baroques à la limite du surréalisme (notamment auprès du regard littéralement ensorcelant de soeur Rose gagnée par la folie punitive), Le Narcisse Noir jongle avec le drame psychologique parmi la trouble intensité du non-dit et des regards tacites. Sa beauté flamboyante omniprésente renforçant le caractère hermétique de ces pertes identitaires en proie à l'émancipation que Rose et Clothilde se contredisent parmi la complexité du passé secret. Sans anticiper l'action sobrement mise en place sous l'impulsion d'un environnement naturel à la lisière de la féerie, Michael Powell et Emeric Pressburger parviennent donc à fasciner à travers les thèmes universels de l'amour et de la sexualité que des nonnes s'interdisent en lieu et place de foi religieuse. Ainsi, en traitant de l'inégalité des sexes, Le Narcisse Noir oppose le pouvoir hermétique de son immense cadre naturel (symbole de liberté absolue) avec l'autorité des hommes en quête de discipline, de rédemption (l'alcoolisme de Mr Dean), d'appui féminin et d'éventuelle liaison amoureuse.


Une réflexion sur la morale chrétienne et la complexité des rapports contradictoires entre les 2 sexes. 
Difficile d'accès au premier abord selon mon propre jugement de valeur, Le Narcisse Noir me parait riche d'intensité et de beauté diaphane à travers ses caractérisations cérébrales compromises par le refoulement, la névrose, le désir et la discipline chrétienne. Un objet inclassable en somme aussi bien candide que sulfureux à revoir plusieurs fois pour en saisir toute son essence capiteuse. Car étrange, déroutant, ineffable et subtilement oppressant, il laisse en mémoire de saisissantes images baroques à travers les thèmes de la jalousie, de la pulsion sensuelle et de la folie amoureuse que l'obscurantisme finit par engendrer chez les êtres les plus précaires.  

*Bruno

Récompenses: Oscars 1948
Oscar de la meilleure photographie pour Jack Cardiff
Oscar de la meilleure direction artistique pour Alfred Junge
Golden Globes 1948
Golden Globe de la meilleure photographie pour Jack Cardiff

lundi 22 avril 2019

L'Armoire Volante

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Carlo Rim. 1948. 1h30. Avec Fernandel, Berthe Bovy, Pauline Carton, Germaine Kerjean, Marcel Pérès, Louis Florencie, Henry Charrett, Gaston Modot, Annette Poivre, Antonin Berval.

Sortie salles France: 23 Octobre 1948

FILMOGRAPHIECarlo Rim (Jean Marius Richard) est un romancier, essayiste, scénariste, réalisateur et dessinateur de presse français, né à Nîmes le 19 décembre 1902, mort le 3 décembre 1989 à Marseille. 1948 : L'Armoire volante. 1951 : La Maison Bonnadieu. 1952 : Les Sept Péchés capitaux, pour le sketch : La gourmandise. 1953 : Virgile. 1954 : Escalier de service. 1956 : Les Truands. 1957 : Ce joli monde. 1959 : Le Petit Prof. 1963 : Treize contes de Maupassant (série TV). 1965 : Don Quichotte (feuilleton TV). 1976: Le Sanglier de Cassis.


Peu diffusé à la TV, l'Armoire Volante est une formidable comédie d'humour noir fondée sur un scénario charpenté fertile en quiproquos que Fernandel enchaîne avec une appréhension en crescendo. Et pour cause, sa tante Léa vient de décéder sur la route d'un périple en compagnie de deux de ses déménageurs. Paniqués, ils décident de la planquer dans son armoire en avertissant le neveu Alfred. Or, durant une pause, le camion est dérobé par des voleurs. Délibéré à retrouver le corps de sa tante; Alfred usera de moult stratagèmes afin de retrouver l'armoire. Dosant habilement rebondissements à répétition et idées retorses, l'Armoire Volante est une succulente comédie macabre n'ayant rien perdu de sa fraîcheur de par son concept improbable jouant avec les codes d'une chasse au trésor si j'ose dire.


Fernandel se démenant comme un demeuré à retrouver cette fameuse armoire (vendue à prix d'or lors d'un moment clef d'une vente aux enchères !) en dépit de la perplexité de son entourage aussi dubitatif que craintif pour sa pathologie mental. Sans outrance, et à contre emploi de son jeu extravagant dans l'Auberge Rouge, Fernandel insuffle un jeu subtil à travers ses sentiments d'appréhension, de paranoïa, de désarroi et de tendresse pour sa tante que l'armoire lui engendre cruellement. Car cumulant la déveine sous l'impulsion d'une intrigue débridée ne cessant de le ballotter tous azimuts, celui-ci s'improvise investigateur de dernier ressort avec une force de caractère subitement chétive. La police étant notamment avertie de la disparition du corps... Ainsi donc, sans faire preuve d'essoufflement,  l'Armoire Volante perdure sa mécanique à suspense grâce à l'imagination en roue libre de son concept (gentiment) sardonique, pour autant non dénuée de tendresse lors de sa conclusion salvatrice (en suspens !) que nombre de scénaristes reprendront par la suite quelque soit le genre abordé.


Une perle de comédie noire savamment troussée.

*Bruno

vendredi 19 avril 2019

L'Auberge Rouge

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Claude Autant Lara. 1951. France. 1h45. Avec Fernandel, Françoise Rosay, Julien Carette, Marie-Claire Olivia, Jacques Charon, Nane Germon.

Sortie salles France: 19 Octobre 1951

FILMOGRAPHIE: Claude Autant-Lara, ou Claude Autant, est un réalisateur français, né le 5 août 1901 à Luzarches et mort le 5 février 2000 à Antibes. 1931 : Buster se marie. 1931 : Le Plombier amoureux. 1932 : L'Athlète incomplet. 1933 : Ciboulette. 1937 : L'Affaire du courrier de Lyon (coréal). 1938 : Le Ruisseau (coréal). 1939 : Fric-Frac (coréal). 1940 : The Mysterious Mr Davis. 1941 : Le Mariage de Chiffon. 1942 : Lettres d'amour. 1943 : Douce. 1946 : Sylvie et le Fantôme. 1947 : Le Diable au corps. 1949 : Occupe-toi d'Amélie. 1951 : L'Auberge rouge. 1952 : Les 7 péchés capitaux. 1953 : Le Bon Dieu sans confession. 1954 : Le Blé en herbe. 1954 : Le Rouge et le Noir. 1955 : Marguerite de la nuit. 1956 : La Traversée de Paris. 1958 : Le Joueur. 1958 : En cas de malheur. 1959 : La Jument verte. 1960 : Les Régates de San Francisco. 1960 : Le Bois des amants. 1961 : Tu ne tueras point. 1961 : Le Comte de Monte-Cristo. 1961 : Vive Henri IV, vive l'amour. 1963 : Le Meurtrier. 1963 : Le Magot de Josefa. 1965 : Humour noir. 1965 : Journal d'une femme en blanc. 1966 : Nouveau journal d'une femme en blanc. 1967 : Le Plus Vieux Métier du monde. 1968 : Le Franciscain de Bourges. 1969 : Les Patates. 1973 : Lucien Leuwen (Serie TV). 1977 : Gloria.


Grand classique d'après-guerre réalisé par le proverbial Claude Autant Lara (La Traversée de Paris, Le Comte de Monte-Cristo, la Jument Verte, les 7 pêchers capitaux, le Rouge et le Noir),  L'auberge Rouge s'inspire d'un fait divers morbide survenu en Ardèche entre 1805 et 1830. Un couple d'aubergistes accompagné d'un complice auraient dépouillé et tué plus de 50 clients sur une période de 23 ans. Ils finissent par être guillotinés le 2 Octobre 1833 sur le lieu même de leurs antécédentes exactions. Ainsi, sous la houlette de Claude Autant-Lara, ce dernier décide d'en tirer une comédie macabre avec en tête d'affiche le notoire Fernandel plus guilleret que jamais dans celui d'un moine ballotté tous azimuts entre aubergistes sanguinaires et clients avinés. Étonnamment cocasse, délirant, folingue, voir même surréaliste (si bien que la romance improbable entre la jeune complice meurtrière et un novice chrétien s'avère aussi ironiquement attachante qu'immorale), l'Auberge Rouge se décline en irrésistible farce sardonique en dépit d'une 1ère partie un brin laborieuse selon mon jugement de valeur.


La complicité euphorique des comédiens s'en donnant à coeur joie dans les exclamations jouasses (notamment auprès d'une scène hystérisante à déjouer le moine d'y quitter l'auberge !), l'extravagance de Fernandel (à travers ses mimiques pleutres) cumulant stratagèmes de survie (l'hallucinante séquence du mariage parmi le témoignage de convives en léthargie) et quiproquos impayables d'une folle originalité nous donnant le tournis au sein d'une photo monochrome immaculée. A l'instar de ces magnifiques décors enneigés particulièrement envoûtants, quand bien même les 3/4 quarts des autres décors (internes et externes auprès des plans serrés) ont entièrement été tournés en studio. Bref, sa scénographie hivernale dépaysante s'avère bluffante de réalisme onirique ! Et donc à la revoyure, c'est à dire plus 68 ans après sa sortie, l'Auberge Rouge dégage une atmosphère débridée à la fois burnée et atypique de par son enchaînements de situations cintrées (pour ne pas dire cartoonesques !) auquel un moine épeuré de finir en rôtisserie s'efforcera de secourir une poignées de voyageurs n'ayant rien saisi de l'extrême situation d'urgence. C'est donc une comédie survoltée que nous fricote Claude-Autant Lara avec un goût prononcé pour la dérision macabre corsée (son incroyable épilogue mortifère !) que Fernandel monopolise avec une (irrésistible) appréhension en roue libre. Entre sournoiserie de désespoir et vaillance de dernier ressort !


Un grand classique populaire d'une fraîcheur cocasse abrasive à faire pâlir de jalousie la dernière comédie mainstream surfant la majeure partie sur leurs acquis cupides. 

*Bruno

jeudi 18 avril 2019

Rémi sans famille

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Antoine Blossier. 2018. France. 1h48. Avec Maleaume Paquin, Jacques Perrin, Daniel Auteuil, Virginie Ledoyen, Jonathan Zaccaï, Ludivine Sagnier, Albane Masson, Nicholas Rowe.

Sortie salles France: 12 Décembre 2018

FILMOGRAPHIE: Antoine Blossier est un réalisateur français. 2011 : La Traque. 2014 : À toute épreuve. 2018 : Rémi sans famille.


Nouvelle adaptation du roman français d'Hector Malot écrit en 1878, Rémi sans Famille parvient à réanimer la flamme du conte familial à travers ce formidable récit d'apprentissage, de constance et de résilience du point de vue d'un orphelin éduqué par l'inoubliable saltimbanque Vitalis. D'une fulgurance formelle enchanteresse à travers une splendide photo tantôt solaire, tantôt réfrigérante, Rémi sans famille est un régal pour les yeux et le coeur, aussi cruel soit son cheminement de survie que Rémi, Vitalis, joli coeur et Capi arpentent avec un courage teinté de désespoir. Et donc, cette nouvelle adaptation classieuse a beau surfer sur les bons sentiments avec un air de déjà vu (surtout auprès de ceux ayant été traumatisés par l'anime des années 80), le miracle opère dans son florilège de vicissitudes soigneusement contées et illustrées avec parfois un sens féerique digne des meilleures prods US (score solennelle à l'appui proche de l'ambiance d'Edward aux mains d'argent).


De par la sobre expression des acteurs (Daniel Auteuil et Jacques Perrin sont irréprochables dans leur humble paternité teintée de fragilité, quand bien même Maleaume Paquin distille une assez convaincante empathie dans la peau de Rémi) et le talent avisé du cinéaste Antoine Blossier soignant le cadre durant chaque séquence, Rémi sans Famille oscille charme et émotions en militant pour la protection de l'enfance, et, à moindre échelle, pour la cause animale. Notamment pour le traitement infligé auprès d'une vache lors du 1er acte ainsi que les rapports affectueux que Rémi entretient avec le singe Joli Coeur et le chien Capi). Ainsi, c'est surtout à travers l'attachant personnage de Vitalis que l'émotion fait naître ses instants les plus justes et bouleversants lorsque celui-ci se résigne à sacrifier sa propre vie afin de prémunir le destin si précaire de Rémi (il ne connait pas ses parents depuis sa naissance alors que sa famille d'accueil fut contrainte de démissionner faute de l'autorité d'un père sournois). Délibéré à retrouver sa vraie famille durant un périple ardu que Vitalis ne cessera d'aiguiller avec un sens des valeurs impartis à la pédagogie, Rémi franchira nombre d'épreuves morales et physiques afin de regagner sa dignité et ainsi asseoir sa réputation de chanteur prodige.


Si cette adaptation française n'arrive jamais à la cheville de l'inoxydable anime japonais des années 80, le sobre talent des interprètes (même si certains seconds-rôles peuvent prêter à la caricature) et le brio du réalisateur parviennent à réactualiser ce récit universel avec une émotion souvent payante. Tant et si bien qu'il s'avère difficile de retenir ses larmes auprès de ses instants les plus cruels pour autant illustrés avec une certaine retenue afin de ne pas trop effleurer le pathos. Un formidable mélo donc que petits et grands (enfants) ne manqueront pas de s'étreindre auprès de son message salutaire militant pour les valeurs familiales (parmi les notions de courage, de culture et d'amour) sous le pivot de la protection d'une enfance maltraitée.     

 *Bruno

Box Office France: 857 515 entrées

mercredi 17 avril 2019

Les Patates

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Claude Autant-Lara. 1969. France. 1h40. Avec Pierre Perret, Henri Virlogeux, Bérangère Dautun, Pascale Roberts, Odette Duc, Jacques Balutin, Rufus, Bernard Lajarrige.

Sortie salles France: 21 Novembre 1969

FILMOGRAPHIE: Claude Autant-Lara, ou Claude Autant, est un réalisateur français, né le 5 août 1901 à Luzarches et mort le 5 février 2000 à Antibes. 1931 : Buster se marie. 1931 : Le Plombier amoureux. 1932 : L'Athlète incomplet. 1933 : Ciboulette. 1937 : L'Affaire du courrier de Lyon (coréal). 1938 : Le Ruisseau (coréal). 1939 : Fric-Frac (coréal). 1940 : The Mysterious Mr Davis. 1941 : Le Mariage de Chiffon. 1942 : Lettres d'amour. 1943 : Douce. 1946 : Sylvie et le Fantôme. 1947 : Le Diable au corps. 1949 : Occupe-toi d'Amélie. 1951 : L'Auberge rouge. 1952 : Les 7 péchés capitaux. 1953 : Le Bon Dieu sans confession. 1954 : Le Blé en herbe. 1954 : Le Rouge et le Noir. 1955 : Marguerite de la nuit. 1956 : La Traversée de Paris. 1958 : Le Joueur. 1958 : En cas de malheur. 1959 : La Jument verte. 1960 : Les Régates de San Francisco. 1960 : Le Bois des amants. 1961 : Tu ne tueras point. 1961 : Le Comte de Monte-Cristo. 1961 : Vive Henri IV, vive l'amour. 1963 : Le Meurtrier. 1963 : Le Magot de Josefa. 1965 : Humour noir. 1965 : Journal d'une femme en blanc. 1966 : Nouveau journal d'une femme en blanc. 1967 : Le Plus Vieux Métier du monde. 1968 : Le Franciscain de Bourges. 1969 : Les Patates. 1973 : Lucien Leuwen (Serie TV). 1977 : Gloria.


Curieux film que les Patates réalisé par Claude Autant-Lara, auteur reconnu de la Traversée de Paris, le Diable au corps, les 7 pêchers capitaux, Sylvie et le Fantôme, la Jument Verte et l'Auberge Rouge pour en citer les plus illustres. Car dominé par l'interprétation enjouée de Pierre Perret (dont il s'agit de sa 3è apparition à l'écran), les Patates est une comédie pittoresque flirtant avec le drame lors de son épilogue inopinément tragique. Un parti-pris plutôt couillu afin de mettre en exergue avec dérision (il s'agit d'un accident macabre) les conséquences de l'occupation allemande en perte d'autorité depuis l'affaiblissement d'Hitler. On est d'abord frappé du profil parfois antipathique de Clovis Parizel qu'endosse spontanément Pierre Perret (même s'il roule souvent un peu trop des yeux écarquillés en point d'exclamation) dans celui d'un ouvrier de fonderie criant famine durant la seconde guerre. Car résidant dans la zone interdite des Ardennes, celui-ci tente de faire passer par voie de chemin de fer des patates grâce à l'éventuelle générosité d'un couple d'agriculteurs résidant dans la zone non occupée. Après plusieurs sueurs froides avec la filature des allemands, il parvient à ramener les patates chez lui pour les replanter et ainsi opérer des provisions fautes des restrictions alimentaires imposées par l'ennemi.


Or, il attise peu à peu la curiosité du voisinage puis celle des allemands dans sa détermination à protéger son jardin florissant. ! Pour en revenir au portrait imparti à Clovis Parizel, j'ai été assez frappé par son machisme primaire, son infidélité conjugale (aussi concise soit-elle) et son irrévérence auprès de sa femme résolument soumise. Et ce sans qu'il n'éprouve une once de regret durant son cheminement d'horticulteur avisé en proie à une paranoïa bipolaire. J'ignore si Claude Autant Lara souhaitait y dénoncer une certaine forme de patriarcat durant la seconde guerre mondiale, mais à mon humble avis, le portrait qu'il en tire s'avère à mon sens sans équivoque (notamment auprès de certains seconds-rôles aussi félons). Tant et si bien que Pierre Perret s'avère souvent excessivement autoritaire pour imposer ses idées à sa femme impuissante d'oser s'y rebeller (notamment auprès de la crise de nerfs que celui-ci amorcera en fracturant le mobilier !). Pour autant, de par son réalisme historique et  son climat de légèreté amical engendrant une poignée de situations doucement cocasses, les Patates s'avère souvent attachant à travers l'épreuve de force de ce métayer s'efforçant de préserver son potager avec l'appui de son noble père (qu'endosse avec un naturel d'aplomb l'affable Henri Virlogeux). 


Comédie douce-amère constamment attachante en dépit d'une première partie un brin laborieuse, les Patates parvient à séduire et à nous faire sourire grâce à la familiarité de ces paysans précaires tentant de survivre contre la famine face à la hiérarchie des nazis. Un joli film non exempt de tendresse (la complicité de Clovis auprès de son père et ses rapports intimes avec son épouse, aussi machiste et capricieux soit-il !) à revoir avec un pincement au coeur lors de son épilogue poignant où français et allemands semblent mutuellement consternés de la résultante de leur crise sociale. 

*Bruno 

Avant-propos du film:
Pendant la guerre 39/45, l'occupant avait coupé la France en 3:
1 - La Zone Occupée
2 - La Zone Non-Occupée
3 - La Zone Interdite (Ardennes)
Dans cette Zone Interdite, la courageuse population Ardennaise fut, plus que tout autre, soumise à un régime de restrictions, proche de la famine.
Si nous avons choisi cette histoire, véridique, c'est pour que les générations qui n'ont pas connu ces cruelles épreuves fassent leur possible pour qu'elles ne reviennent pas.

mardi 16 avril 2019

Macadam cowboy. Oscar du Meilleur Film, 1970.

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Midnight Cowboy" de John Chlesinger. 1969. U.S.A. 1h53. Avec Jon Voight, Dustin Hoffman, Sylvia Miles, John McGiver, Brenda Vaccaro, Jennifer Salt.

Sortie salles France: 15 Octobre 1969. U.S: 25 Mai 1969 (classé X, puis interdit aux - de 17 ans en 1971)

FILMOGRAPHIE: John Chlesinger est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur anglais, né le 16 Février 1926 à Palm Springs, décédé le 25 Juillet 2003. 1962: Un Amour pas comme les autres. 1963: Billy le menteur. 1965: Darling. 1967: Loin de la foule déchaînée. 1969: Macadam Cowboy. 1971: Un Dimanche comme les autres. 1975: Le Jour du Fléau. 1976: Marathon Man. 1979: Yanks. 1981: Honky Tonk Freeway. 1984: Le Jeu du Faucon. 1987: Les Envoûtés. 1988: Madame Sousatzka. 1990: Fenêtre sur Pacifique. 1993: L'Innocent. 1995: Au-delà des lois. 2000: Un Couple presque parfait.


Film mythique s'il en est, récompensé entre autre de l'Oscar du Meilleur Film en 1970, Macadam Cowboy est la réunion au sommet du duo Voight / Hoffman littéralement habité par leur rôle d'exclus de la société. Tourné en 1969 et classé X dès sa sortie Outre Atlantique, Macadam Cowboy marque au fer rouge les esprits de par son réalisme cru baignant dans le glauque et le sordide à travers le cheminement miséreux de deux laissés-pour-compte se liant communément d'amitié en lieu et place de survie mais pour autant à deux doigts de sombrer dans la criminalité. Le pitch: plein d'optimisme dans sa quête du rêve américain, Joe Buck quitte sur un coup de tête son poste de plongeur de snack pour devenir Gigolo à New-York. Pétri d'ambition et sûr de lui, il compte faire fortune en accostant des bourgeoises friquées au hasard d'une rue. Mais la réalité est tout autre lorsqu'il s'aperçoit naïvement que sa clientèle s'y fait rare de par son manque de maturité, de professionnalisme et de lucidité. C'est alors qu'un soir il aborde dans un bar un Sdf boiteux auquel il finit par se lier d'amitié, et ce en cohabitant dans un taudis. Décrivant un New-York hybride où s'entrecroisent sur les mêmes avenues riches et pauvres alors que ces derniers sont livrés au pessimisme d'une misère sociale parfois aliénante, Macadam Cowboy laisse en état de choc moral du point de vue du gigolo fantasque en proie à une inopinée désillusion.


Quand bien même son compagnon de fortune, escroc à la p'tite semaine, se meurt à petit feu au fil d'une quotidienneté journalière ternie par le spleen de la malnutrition et de la malpropreté. De par son climat anxiogène à la fois étouffant et davantage dépressif d'où aucune lueur d'espoir s'y profile (chacun d'eux se mesurant au fil du rasoir existentiel), Macadam cowboy est un objet de souffre d'une âpre dureté. Tant il s'avère à la fois insolent, caustique, (très) brutal, provocateur, voir parfois même expérimental (la soirée psychédélique et ses réminiscences familiales ou sentimentales que Joe se remémore lors de ses rêves dérangés). Et donc à travers les stratagèmes pécuniaires de celui-ci s'efforçant de s'y cacheter une réputation auprès d'une clientèle autant masculine que féminine, c'est une peinture pathétique de la solitude, de la détresse et de l'individualisme que nous dévoile ostensiblement John Chlesinger. Tant et si bien que ses chalands de tous horizons y consomment également le sexe, l'amitié ou l'amour (éphémère) avec ce même sentiment de mal-être, d'égoïsme sournois et d'orgueil sans pudeur. Ainsi donc, sous couvert du thème sulfureux de la prostitution masculine (ici peu lucrative) s'y dévoile en parallèle une poignante histoire d'amitié que John Voight et Dustin Hoffman immortalisent dans leur puissance d'expression souvent démunie et faussement optimiste.


Dépourvu de racolage et de complaisance à travers sa sinistrose sociétale sous l'impulsion contradictoire de l'envoûtante élégie de John Barry (dans toutes les mémoires !), Macadam cowboy  se décline en éprouvante descente aux enfers du point de vue de ces acolytes livrés à leur médiocrité du sens moral et à leur incapacité de réflexion, faute d'appui familial et de cupidité utopique. Quand bien même John Chlesinger ne manque pas de caricaturer lors de brèves accalmies acerbes les diffusions d'émissions TV abrutissantes que la populace se sustente machinalement. Il n'en demeure pas moins que leur vibrante amitié (à forte intensité dramatique) nous laisse en travers de la gorge un sentiment aigre de souffre de par la tournure de son impitoyable pessimisme existentiel. 

*Bruno
3èx

Récompenses: Oscar du meilleur film
Oscar du meilleur réalisateur
Oscar du meilleur scénario adapté (Waldo Salt)
BAFTAs 1970 : meilleur film

lundi 15 avril 2019

Je suis timide mais je me soigne

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Pierre Richard. 1978. France. 1h28. Avec Avec Pierre Richard, Aldo Maccione, Jacques François, Mimi Coutelier, Catherine Lachens, Robert Dalban, Jean-Claude Massoulier, Jacques Fabbri, Robert Castel, Raoul Delfosse.

Sortie salles France: 23 Août 1978

FILMOGRAPHIE: Pierre-Richard Defays, dit Pierre Richard, est un acteur, réalisateur, scénariste et producteur français, né le 16 août 1934 à Valenciennes. 1970 : Le Distrait.1972 : Les Malheurs d'Alfred. 1973 : Je sais rien, mais je dirai tout. 1978 : Je suis timide mais je me soigne. 1979 : C'est pas moi, c'est lui. 1991 : On peut toujours rêver. 1997 : Droit dans le mur.


Réalisé par Pierre Richard, Je suis timide mais je me soigne fait parti de ces comédies bonnards tirant parti de son charme grâce à la sincère tendresse du cinéaste / acteur toujours aussi inspiré pour mettre en pratique son talent de bateleur empoté à travers le thème de la timidité. Le pitch: plongeur dans un restaurant, Pierre tombe raide amoureux d'une jeune inconnue ayant emporté un concours dans un supermarché. Mais faute de sa timidité maladive il enchaîne les bourdes sans parvenir à l'approcher. C'est alors qu'il fait la rencontre d'un démarcheur, un spécialiste de la drague, Aldo. Ensemble, ils comptent bien conquérir la ravissante inconnue en faisant preuve de stratagèmes aussi improbables qu'ubuesque. Bien évidemment, et comme l'avaient déjà soulignés ces oeuvres antécédentes, tout n'est pas du meilleur goût dans cette petite comédie plutôt brouillonne.


Les gags cocasses (mention spéciale au concours hilarant de pétanque) se chevauchant à rythme métronomique avec d'autres gags assez lourdingues, alors que certains d'entre eux s'avèrent gratuits pour s'écarter complètement du sujet (la scène de la brasserie lorsque Pierre et Aldo reproduisent la même gestuelle qu'un client pour s'y divertir). Pour autant, la complémentarité du duo pétulant Pierre Richard / Aldo Macione fait des étincelles, si bien qu'à la suite de leur succès commercial ils renoueront à nouveau ensemble 1 an plus tard dans C'est pas moi c'est lui (avec un peu moins de talent si j'ose dire). Outre le tandem payant très à l'aise dans leurs pitreries comiques (jouer les faux riches afin d'y conquérir une fausse bourgeoise), on peut également compter sur le charme électrisant de la très sexy Mimi Coutelier se prêtant au jeu lascif avec un orgueil faussement condescendant. Et donc à travers ces cascades de gags que Pierre et Aldo enchaînent avec une bonne humeur expansive, le cinéaste livre en sous-texte une gentille romance que le final confirmera avec tendre émotion.


Bref, Je suis timide mais je me soigne transpire l'innocence, la sincérité, la chaleur humaine, la cocasserie et même la tendresse avec autant de bonheur que de maladresses néanmoins vite pardonnables. En tout état de cause, on passe un rafraîchissant moment de détente en gardant en mémoire ce cinéma populaire loyal aujourd'hui révolu. 

*Bruno
4èx

vendredi 12 avril 2019

Shining (version longue : 2h24)

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Stanley Kubrick. 1980. U.S.A/Angleterre. 2h00/2h24 (version longue). Avec Jack Nicholson, Shelley Duval, Danny Lloyd, Scatman Crothers, Barry Nelson, Philip Stone, Joe Turkel, Anne Jackson, Tony Burton, Lia Beldam, Billie Gibson.

Sortie salles France: 16 Octobre 1980. U.S: 23 Mai 1980

FILMOGRAPHIEStanley Kubrick est un réalisateur américain, né le 26 Juillet 1928 à New-York, décédé le 7 Mars 1999 à Londres. 1953: Fear and Desire. 1955: Le Baiser du Tueur. 1956: l'Ultime Razzia. 1957: Les Sentiers de la Gloire. 1960: Spartacus. 1962: Lolita. 1964: Dr Folamour. 1968: 2001, l'Odyssée de l'Espace. 1971: Orange Mécanique. 1975: Barry Lindon. 1980: Shining. 1987: Full Metal Jacket. 1999: Eyes Wide Shut.


La vague de terreur qui balaya l'Amérique est là !
En 1980, Stanley Kubrick entend donner sa définition de l'horreur avec Shining d'après le célèbre roman de Stephen King. Bien qu'infidèle au matériau d'origine, cet opéra vertigineux est entré au panthéon des oeuvres emblématiques de l'horreur contemporaine. Le pitch: Durant une saison hivernale, un écrivain séjourne en tant que gardien dans un hôtel parmi son épouse et son fils. Rapidement, son état mental semble perturbé par l'atmosphère diabolique émanant des couloirs de l'hôtel. Son fils, Danny, possédant le don du "Shining", est par ailleurs en proie à d'horrible visions lui présageant un horrible drame... Stanley Kubrick Stephen King Jack Nicholson ! Trois égéries du 7è art délibérés à formater un concerto de l'horreur dans l'antre d'un fastueux hôtel habité par le Mal. Car en affiliant la hantise, le surnaturel, la divination et le psycho-killer en vogue (nous sommes en 1980 !), le réalisateur réactualise un scénario tortueux illustrant la lente déliquescence d'un écrivain dans la démence. Si bien que tout est ici mis en oeuvre pour nous transfigurer un pur trip horrifique naviguant entre terreur flamboyante et malaise anxiogène sous l'emprise maladive de Jack Nicholson littéralement habité par sa force d'expression erratique. Ainsi, on reste ébahi par le brio de Stanley Kubrick exploitant en plan large les diverses chambres et corridors du luxueux hôtel habité par des spectres indiens (métaphore sur le génocide indien lorsque l'on apprend dès le prologue que la demeure fut construite sur un ancien cimetière indien). Et ce afin de nous embrigader comme les protagonistes dans un dédale de peur contrôlé par Jack Torrance en proie à une démence davantage addictive. De par sa maîtrise technique décuplant d'amples mouvements de caméra à la steadycam ou au travelling latéral afin de mieux nous imprégner de l'atmosphère ombrageuse des salles de l'hôtel, Stanley Kubrick instille de prime abord une peur diffuse avant les furieuses explosions de violence.


De manière assidue et posée, une inquiétude trouble et dérangée émane de l'esprit équivoque du père contrarié. Alors que son jeune fils, Danny, en prise avec ces visions télépathiques macabres (deux filles jumelles retrouvées ensanglantées dans un couloir ou encore un ascenseur déversant des flots de sang), commence à suspecter l'état pathologique de celui-ci. Dans une chronologie irréversible, la plongée dans la folie de Jack Torrance nous sera ouvertement dévoilée auprès du témoignage si démuni de son épouse (qu'endosse intensément Shelley Duval à travers son regard hagard au cime de la dépression !) ayant découvert sur le tard ses divagations manuscrites ("trop de travail et pas de plaisir font de Jack un triste sire", traduit dans la VF par : "Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras"). Ainsi donc, l'humeur irascible de Jack ira crescendo au fil d'une montée des marches entreprise à reculons par Wendy nantie d'une batte afin de se protéger contre lui ! Quand bien même à l'extérieur, un cuisinier possédant également le don de "shining" partira en direction des routes enneigées afin de tenter de déjouer le carnage auguré. Dans le rôle de l'écrivain poussé à la folie psychotique, Jack Nicholson laisse libre court à une extravagance davantage sardonique (certaines séquences provoquant d'ailleurs une certaine hilarité ou un rire nerveux). Un monomane alcoolo malmené par les forces du Mal au point de l'influencer à y commettre le pire. Son regard gouailleur renforcé d'un rictus diablotin dégageant une posture iconique à inscrire dans les annales du plus fascinant tueur à la hache ! Sa course intrépide afin d'appréhender son épouse empotée et son fils retors nous valant des confrontations rageuses inscrites dans l'affres de la déraison. Autant dire que les séquences anthologiques se comptent par dizaine, notamment grâce à une direction d'acteurs hors-pair que Stanley Kubrick amorce à la perfection. Et rien que pour ces jeux d'acteurs, Shining demeure résolument incontournable !


L'Oeil du Labyrinthe 
Jalonné de séquences grandioses restées dans toutes les mémoires (l'ascenseur évacuant un océan de sang, l'étreinte avec la femme nue subitement putréfiée, la poursuite nocturne dans le jardin, la fameuse montée des marches, l'attaque à la hache dans la salle de bain), Shining se décline en symphonie de la clameur sous l'impulsion d'une partition classique de Berlioz accompagnée d'un concerto de cordes et percussions. Habité par la présence gouailleuse d'un Jack Nicholson plus fringant que jamais (en mode dégénéré), Shining s'instaure en opéra de peur autour d'une crise conjugale en proie au surnaturel le plus couard. Un ballet funèbre, trouble, malsain et dérangé, concocté parmi l'alchimie formelle de sons et lumières afin d'y brimer le spectateur sous l'impulsion décadente de spectres farceurs.


Note sur la version longue de 2h24:. Elle d'avère à mon sens plus étoffée, détaillée et crédible au niveau de la présentation des lieux et surtout de la caractérisation des personnages. Tant auprès du passé alcoolique de Jack et de ses mauvais traitements autrefois infligés sur son fils, de la profondeur de jeu de son épouse plus névralgique (si bien qu'elle même est à 2 doigts de chavirer dans la démence après avoir été témoin de la folie progressive de Jack) que de la pathologie du petit Dany interrogée par une thérapeute et psychologiquement plus fragile à travers son témoignage démuni à tenter d'avertir sa mère. Enfin, on s'attarde également un peu plus sur l'inquiétude et les démarches téléphoniques du cuisinier afro à tenter d'y rejoindre l'hôtel pour secourir ses occupants.

*Bruno
Dédicace à Ludovic Hilde
12.04.19. 10èx
17.05.12. 205 v

"Shining est un film optimiste. C'est une histoire de fantômes. Tout ce qu'il dit c'est qu'il y a une vie après la mort, c'est optimiste". Stanley Kubrick.
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La photo finale (source wikipedia)
La photo qui termine le film est semblable à la fin quelque peu mystérieuse et ambiguë de 2001. Elle a engendré plusieurs interprétations: la première serait que Jack Torrance, absorbé par l'hôtel, y deviendra un revenant de plus; le seconde serait que Jack a fréquenté l'hôtel hanté par les fantômes dans une vie antérieure, en 1921. Kubrick lui même n'a jamais donné une réponse définitive, préférant laisser les spectateurs décider d'eux mêmes.

Certaines personnes pourront penser que ce dernier plan est signe qu'en réalité, à la scène de la 1ère apparition du barman, nous avons quitté le réel et les hallucinations pour rentrer dans le vrai monde fantastique et surnaturel. L'image du film après analyse et avoir vu le dernier plan, change complètement, et on voit un Jack qui fait un pacte avec le diable dans le but d'avoir de l'alcool pour toujours. Il va devoir tuer son fils en particulier, qui dérange le délire de Jack, ou le monde du diable. Finalement, après avoir échoué, Jack se retrouve mort, mais le dernier plan sur la photo témoigne qu'il a réussi à rentrer dans la "soirée", dans ce monde; on notera son visage heureux. Stanley Kubrick quant à sa vision du film nous donne un indice: "Shining est un film optimiste. C'est une histoire de fantômes. Tout ce qu'il dit c'est qu'il y a une vie après la mort, c'est optimiste". Voilà qui veut tout dire.

jeudi 11 avril 2019

Terreur extra-terrestre

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Without Warning" de Greydon Clark. 1981. U.S.A. 1h23. Avec Jack Palance, Martin Landau, Tarah Nutter, Christopher S. Nelson, Cameron Mitchell, Neville Brand, Sue Ane Langdon, Ralph Meeker, Larry Storch, Lynn Theel.

Sortie salles France: 26 Novembre 1980. U.S: 26 Septembre 1980

FILMOGRAPHIEGreydon Clark est un réalisateur, producteur, scénariste et acteur américain, né le 7 Février 1943 à Niles, dans le Michigan (Etats-Unis). 1976: Black Shampoo. 1976: The Bad Bunch. 1977: Satan's Cheerleaders. 1978: Riders. 1979: Brigade des Anges. 1980: The Return. 1980: Terreur Extra-Terrestre. 1983: Wacko. 1983: Joysticks. 1985: Final Justice. 1988: Uninvited. 1989: Dance Macabre. 1989: Skinheads. 1990: Massacre dans l'ascenseur. 1990: The Forbidden Dance. 1992: Mad Dog Coll. 1992: Russian Holyday. 1994: Dark Future. 1998: Stargames.


Sorti à l'orée des années 80, Terreur Extra-Terrestre connut un certain succès en salles puis en video sous l'étendard mythique d'Hollywood Video. Réalisé par Greydon Clark, cinéaste abonné aux bisseries low-cost, Terreur extra-terrestre constitue l'idéal de la série B "atmosphérique" tant et si bien qu'il s'agit de son oeuvre la plus notoire et réussie en dépit de ses faiblesses narratives, sa réalisation bricolée et ses jeunes acteurs timorés pour autant attachants. Pour l'anecdote, le rôle de la créature est attribué à Kevin Peter Hall, acteur mastard (2m20cms de hauteur !) qui endossera plus tard à deux reprises le costume du fameux Predator de John Mc Tiernan et de Stephen HopkinsLe pitchQuatre jeunes partent en camping dans une contrée reculée à proximité d'un lac. Alors que deux d'entre eux sont retrouvés morts dans une cabane abandonnée, Sandy et Greg trouvent refuge dans un bar la nuit tombée. Ils confient aux clients leur histoire improbable de méduses volantes suceuses de sang venues les agresser à l'orée du bois. Petit classique bisseux des années 80, Terreur Extra-Terrestre  est une bande horrifique inévitablement maladroite mais transcendée d'un irrésistible charme horrifique. Un pur plaisir coupable de samedi soir auquel s'affichent d'aimables vétérans du ciné de genre parmi lesquels Cameron Mitchell, Neville Brand, Martin Landeau et Jack Palance. Il faut bien avouer que le scénario à la fois prémâché et elliptique cumule clichés, facilités et quelques invraisemblances autour de réparties dérisoires que de jeunes acteurs expriment tant bien que mal avec une mine appréhensive.


En gros, un jeune couple doit faire face à l'hostilité d'un extra-terrestre braconnier projetant des créatures volantes vers ses proies. En prime, pour pimenter leur survie horrifique, ils seront pris à parti avec un ancien vétéran du Vietnam ayant perdu la boule au champ d'honneur (Martin Landau absolument délectable en demeuré erratique !). Qui plus est, avec l'aide d'un chasseur chevronné (incarné de manière tacitement perverse par Jack Palance), ces derniers tenteront d'éradiquer l'antagoniste stellaire affublé de mini soucoupes gluantes doués de vie animale. Ainsi donc, cette chasse à l'homme du 3è type bénéficie d'une réelle originalité de par la manière viscérale dont l'extra-terrestre opère ses exactions criminelles afin de venir à bout de ses victimes. Dans la mesure où l'on nous présente avec un saisissant réalisme morbide des sortes de méduses volantes particulièrement visqueuses car accoutrées de quatre pinces aux extrémités de leur corps discoïde, sans compter une moisson de petites dents implantées au noyau de leur organisme.  Projetées sur les visages des victimes par l'E.T famélique (d'un charisme bleuâtre exsangue !), les séquences chocs font preuve d'un goût raffiné pour le gore gluant sous l'impulsion d'un climat malsain magnétique. Ainsi, plaquées sur la surface corporelle de leur victime, ces sangsues d'un jaune fluorescent extraient de leur membrane quatre pattes acérées afin d'y pénétrer la chair juteuse en aspirant abondamment le sang.


Les modestes effets-spéciaux particulièrement crédibles faisant illusion auprès de leur aspect visqueux aussi glauque que dérangeant. Quand bien même la physionomie patibulaire de l'extraterrestre suscite un charisme étrangement rigide à travers sa posture longiligne spectrale. Enfin; l'ambiance nocturne crépusculaire à l'angoisse sous-jacente est savamment entretenue au confins d'un bois que nos vacanciers ainsi que le chasseur n'auront de cesse d'aller et venir afin de surveiller une cabane truffé de cadavres putréfiés. En précisant à nouveau que l'atmosphère anxiogène délicieusement palpable réussit la plupart du temps à créer un sentiment d'insécurité à travers leur spirale d'évènements macabres. Outre les sympathiques apparitions de Cameron Mitchell et de Neville Brand en 1er acte, l'interprétation hallucinée de Martin Landau épaulé de son acolyte (autrement autoritaire dans sa pugnacité déterminée) Jack Palance renchérissent l'aspect festif de cette bobine en herbe agréablement troussée (en dépit de ses carences narratives). Ainsi, on se délecte de la verve impayable de Martin Landau en sergent demeuré obnubilé par l'invasion des petits hommes verts ! Souvent drôle lors de ses divagations belliqueuses, il met en appui un savoureux numéro d'acteur cabotin en militaire retraité s'efforçant machinalement à fabuler, pourchasser et importuner son entourage.


Rencontre d'un certain type à éviter !
Bougrement sympathique dans sa matière ludique, voir franchement fascinant à travers son climat nocturne pénétrant, Terreur Extra-Terrestre se décline au final en objet atypique irrésistiblement attachant par sa facture débridée. Son score ombrageux émaillé d'une mélodie mélancolique, ses maquillages glauques et les aimables présences de nos comédiens vétérans (voir même juvéniles pour le duo infortuné) renforçant l'attrait spécialement bisseux de son ambiance horrifique symptomatique des années 80. Pour clore, une question subsidiaire m'effleure l'esprit ! John Mc Tiernan n'aurait-il pas été inspiré pour réaliser 7 ans plus tard Predator ?

*Bruno
11.04.19. 6èx
15.05.12. (327 vues)

mercredi 10 avril 2019

Black Swan

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site lyricis.fr

de Darren Aronofsky. 2010. U.S.A. 1h48. Avec Natalie Portman, Vincent Cassel, Barbara Hershey, Winona Ryder, Mila Kunis .

Sortie salles France: 9 février 2011

FILMOGRAPHIE: Darren Aronofski est un réalisateur américain né le 12 février 1969 à Brooklyn (New York). Il travaille aussi en tant que scénariste et producteur. 1998 : π, 2000 : Requiem for a dream,  2006 : The Fountain, 2009 : The Wrestler, 2010 : Black Swan. 2018: Mother



Celui qui ne tend pas toujours à un plus haut degré de perfection ne connaît pas ce que c'est la perfection. La recherche de la perfection est la poursuite de la mort.    (Pierre Baillargeon)

Passé l'uppercut The Wrestler, douloureux reportage sur l'ultime résurgence d'un ancien catcheur notoire, Darren Aronofsky nous illustre avec Black Swan l'envers du décor de la danse sous l'impulsion névrosée d'une jeune ballerine refoulée, profondément ébranlée par sa quête de perfection et sa peur irrépressible de l'échec. Nina est une ballerine ambitieuse au potentiel incontestable pour sa tâche artistique exercée dans le New York city Ballet. Introvertie et timorée, elle vit recluse avec sa mère dans un modeste appartement loin des soirées branchées et sorties mondaines. Alors que la prochaine représentation du lac des cygnes aura bientôt lieu dans une salle à guichet complet, son directeur porte son choix sur celle-ci afin d'endosser le rôle principal du cygne blanc. Quand bien même sa rivale, Lilly, pourrait incarner celui du cygne noir. Davantage dubitative de ces capacités artistiques, Nina va lentement sombrer dans une schizophrénie paranoïde qui pourrait sérieusement remettre en cause sa réussite artistique. A la croisée des univers baroques du Locataire ou plutôt de Répulsion de Polanski, Darren Aronofsky nous immerge de plein fouet dans la perte identitaire d'une ballerine compromise par sa réussite sociale. A travers une ambiance anxiogène littéralement palpable où chaque situation de détresse morale demeure exacerbée d'une réalisation hyper maîtrisée, Black Swan retranscrit avec une sensibilité écorchée vive le destin tragique d'une danseuse étoile à la fois terrorisée à l'idée de parfaire sa profession et obsédée par l'emprise de la défaite.
                 

Ainsi donc, profondément déstabilisée par l'autorité tyrannique du directeur Thomas Leroy et repliée sur elle-même, à l'exception de sa vie commune avec sa mère aussi bien psycho-rigide que possessive, Nina va lentement perdre pied avec la réalité en pénétrant dans un dédale de visions infernales. Cette lente progression dans sa folie hallucinogène, nous la subissons de manière sensorielle avec autant d'empathie qu'un sentiment d'angoisse permanent, au point de se retrouver nous même en interne de sa psyché névralgique. La terreur obsessionnelle de Nina d'affronter et transcender ses propres défis se répercutant à travers des délires fantasques au point d'y développer une mutabilité corporelle à travers des démangeaisons épidermiques. Comme si elle craignait que sa réussite artistique escomptée ne la contraigne à se métamorphoser en démon ailé symbolisé du cygne noir. Car ce n'est qu'après avoir accompli LA performance dans ses délires hallucinatoires que Nina pourra enfin accéder à la perfection, faute de l'élitisme suprême que lui aura enseigné son professeur.  Mais à quel prix pourra t-elle se résoudre d'accéder à une telle perfection ? Dans un rôle fragile de ballerine susceptible en proie au désespoir le plus cruel (notamment auprès de l'intimidation de ses rivales), Natalie Portman transperce l'écran avec une force d'expression refoulée. De par son regard démuni invoquant la dépression et son corps peu à peu lacéré, l'actrice élève son statut de battante à un niveau émotionnel constamment éprouvant ! Tant et si bien que le spectateur hypnotisé par sa cruelle dérive morale plonge tête baissée dans les abîmes d'un cauchemar nécrosé. En directeur castrateur intolérant, Vincent Cassel lui partage la vedette avec une détestable austérité. De par ses sarcasmes à tendance lubrique que ses sournoiseries mercantiles afin d'élire la plus performante des danseuses.

                     
Danse macabre
Soutenu d'une partition classique à la fois inquiétante et gracieuse, Black Swan se décline en expérience sensorielle à travers l'art du ballet classique dédié à une élégance morbide (celle du suicide afin de parachever une certaine coutume du mélodrame). Par le truchement de cette  bouleversante introspection d'un ange déchu redoutant autant qu'elle escomptait sa victoire y émane une réflexion sur la perte identitaire et de l'innocence (au point d'y semer la démence), sur la sexualité refoulée (faute d'une mère possessive abusive) et la quête obsessionnelle de l'ambition artistique au point d'y corrompre son âme. Fable cauchemardesque disséquant de manière également viscérale les conséquences de la culpabilité et de la susceptibilité, faute des préjudices de la convoitise, de la rancune, de la jalousie, de la rivalité et la cupiditéBlack Swan dégage une fétide odeur de souffre derrière l'arrivisme de la célébrité. Du grand art.

*Bruno
10/04.19
06.02.11. (286 v)

mardi 9 avril 2019

Barbecue

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Éric Lavaine. 2014. France. 1h38. Avec Lambert Wilson, Franck Dubosc, Florence Foresti, Guillaume de Tonquédec, Lionel Abelanski, Jérôme Commandeur, Sophie Duez.

Sortie salles France: 30 Avril 2014

FILMOGRAPHIE: Éric Lavaine est un réalisateur et scénariste français, né le 15 septembre 1962 à Paris. 2006 : Poltergay. 2009 : Incognito. 2010 : Protéger et servir. 2011 : Bienvenue à bord. 2014 : Barbecue. 2016 : Retour chez ma mère. 2017 : L'Embarras du choix. 2019 : Chamboultout.


Comédie légère dénuée de prétention autour des thèmes de l'hypocrisie amoureuse et amicale, Barbecue n'a pas dérobé ses 1 600 584 entrées en dépit de son intrigue aussi futile qu'assez prévisible. En gros, à la suite de son infarctus à l'orée de ses 50 ans, Antoine décide de bouleverser son hygiène de vie drastique en s'autorisant tous les excès. Avec sa fidèle bande de copains, ils s'exilent en villégiatures à Vigan dans le Sud de la France. Mais son comportement plutôt outré et désinhibé finit par déranger la tranquillité de ses camarades. Entre scènes de ménage, ruptures conjugales, flâneries sur les terrasses, apéros avinés, grande bouffe (au restau et surtout à la villa) puis réconciliations, Barbecue milite pour l'insouciance existentielle du point de vue d'un quinquagénaire délibéré à profiter de l'instant présent après y avoir frôlé la mort.


Plein d'innocence et de simplicité, le récit pétillant insuffle un charme métronome à travers ses têtes d'affiche particulièrement fringantes que Lambert Wilson (quelle force tranquille et de sûreté !), Franck Dubosc et Florence Foresti prédominent avec une dynamique liberté d'expression. Outre ce trio gagnant, on peut également citer les compositions enjouées de Jérome Commander (même s'il manque parfois d'aplomb en célibataire inflexible), de l'attachante (et si rare) Sophie Duez et dans une moindre mesure la présence timorée de Lysiane Meis en épouse introvertie en mal de reconnaissance. Décomplexé sans céder à la complaisance et encore moins à la vulgarité, Eric Lavaine trouve la juste mesure pour amuser et séduire le spectateur à travers des situations aux réparties cocasses où les sourires priment plus que les éclats de rire (bien que Franck Dubosc parvient à 2/3 occasions à provoquer l'hilarité lors de ses crises de jalousie contre son ex qu'incarne le plus librement Foresti !). Et donc à travers l'intimité de ses retrouvailles amicales pleines de légèreté, de chamailleries, de désir de séduire et de douceur de vivre, Barbecue parvient à exister par lui même sans se livrer à une émotion programmée.


Les Meilleurs Amis. 
Davantage tendre, plaisant et emprunt de douce folie autour d'une cantique au détachement existentiel et d'une réflexion sur la complexité des sentiments Homme / Femme, Barbecue parvient le plus modestement à s'affirmer à travers l'évolution d'acolytes hétéroclites liés par les valeurs de l'amour et de la camaraderie. Interprété parmi l'entrain d'une chaleur humaine communément expansive; Barbecue ne s'embarrasse nullement d'artifice pour nous façonner une jolie comédie solaire magnifiquement photographiée à travers son panorama provincial du Languedoc-Roussillon.

Remerciements à Mathieu Le Berre et Christophe Lemaire ^^

*Bruno

lundi 8 avril 2019

Spasms

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Horreur.net

de William Fruet. 1983. Canada. 1h30. Avec Oliver Reed, Kerrie Keane, Peter Fonda, Al Waxman, Miguel Fernandes, Marilyn Lightstone, Angus MacInnes

Sortie salles Canada: 28 Octobre 1983

FILMOGRAPHIE: William Fruet est un réalisateur, producteur et scénariste canadien, né en 1933 à Lethbridge (Canada). 1972: Wedding in White. 1976: Week-end Sauvage. 1979: One of our Own (télé-film). Search and Destroy. 1980: Funeral Home. 1982: Trapped. 1983: Spasms. 1984: Bedroom Eyes. 1986: Brothers by choice. Killer Party. 1987: Blue Monkey. 2000: Dear America; A line in the Sand (télé-film).


Si on a connu William Fruet beaucoup plus inspiré avec l'inoubliable Week-end sauvage, Spasms n'en demeure pas moins une sympathique série B agréablement troussée, et ce en dépit d'un cheminement narratif aussi classique que sans surprise (une traque urbaine contre un animal dégénéré). En gros, après avoir miraculeusement échappé à la morsure d'un serpent, et pour tenter de comprendre son nouveau don de télépathie, Jason Kincaid parvient à le capturer grâce à ses sbires. Il sollicite ensuite l'aide d'un médecin pour étudier l'animal et tenter de comprendre sa situation de survie. Mais la bête s'échappe du laboratoire où elle fut stockée, quand bien même un révérend milliardaire envoie l'un de ses adjoints pour tenter de la capturer. Pur produit d'exploitation réunissant avec bonheur les vétérans Oliver Reed / Peter Fonda (accompagnés de la charmante Kerrie Keane), Spasms parvient efficacement à fasciner lorsque William Fruet s'efforce de rendre terrifiante sa créature reptilienne de taille disproportionnée. Faute de son budget low-cost, ce dernier suggère très habilement sa présence grâce à l'ultra dynamisme du montage, sa bande-son criarde et l'emploi d'une caméra subjective afin de parfaire les déplacements véloces. Ainsi donc, avec une économie de moyens, William Fruet  parvient véritablement à donner chair à ce reptile sans y divulguer son apparence dantesque en dépit des 5 ultimes minutes.


Et on marche à fond, sa présence hors-champ parvenant véritablement à nous distiller une angoisse palpable, voire également une terreur assez cinglante auprès de l'incroyable brutalité de ses exactions (les victimes étant ballottées puis éjectées tous azimuts). Et donc émaillé (de manière métronome) de séquences-chocs souvent impressionnantes (on retiendra surtout le carnage dans le labo et l'attaque nocturne dans la maison où sont réfugiées 3 femmes), on est d'autant plus surpris d'observer à un moment propice de l'action sanglante les maquillages de Dick Smith lorsqu'une victime observe sa peau enfler progressivement au contact du venin. Une séquence choc plutôt fun qui parvient là encore à fasciner par le biais d'un réalisme débridé. Alors oui, on peut titiller sur le caractère capillotracté du scénario (pourquoi Jason a t'il des dons de télépathe après avoir été mordu et pourquoi lui seul est immunisé contre son venin ?) mais pour autant Spasms transpire la série B bonnard que l'on aime grignoter un samedi soir. Notamment grâce au charisme (vintage) des comédiens plutôt spontanés dans leur rôle de traqueurs, et ce en dépit de certains seconds-rôles caricaturaux (voir parfois même de la posture outrée d'Oliver Reed lors de sa chasse finale avec l'animal).


A revoir, surtout auprès de la génération 80 ayant été bercée par sa location Vhs.

*Bruno
3èx