mercredi 17 avril 2019

Les Patates

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Claude Autant-Lara. 1969. France. 1h40. Avec Pierre Perret, Henri Virlogeux, Bérangère Dautun, Pascale Roberts, Odette Duc, Jacques Balutin, Rufus, Bernard Lajarrige.

Sortie salles France: 21 Novembre 1969

FILMOGRAPHIE: Claude Autant-Lara, ou Claude Autant, est un réalisateur français, né le 5 août 1901 à Luzarches et mort le 5 février 2000 à Antibes. 1931 : Buster se marie. 1931 : Le Plombier amoureux. 1932 : L'Athlète incomplet. 1933 : Ciboulette. 1937 : L'Affaire du courrier de Lyon (coréal). 1938 : Le Ruisseau (coréal). 1939 : Fric-Frac (coréal). 1940 : The Mysterious Mr Davis. 1941 : Le Mariage de Chiffon. 1942 : Lettres d'amour. 1943 : Douce. 1946 : Sylvie et le Fantôme. 1947 : Le Diable au corps. 1949 : Occupe-toi d'Amélie. 1951 : L'Auberge rouge. 1952 : Les 7 péchés capitaux. 1953 : Le Bon Dieu sans confession. 1954 : Le Blé en herbe. 1954 : Le Rouge et le Noir. 1955 : Marguerite de la nuit. 1956 : La Traversée de Paris. 1958 : Le Joueur. 1958 : En cas de malheur. 1959 : La Jument verte. 1960 : Les Régates de San Francisco. 1960 : Le Bois des amants. 1961 : Tu ne tueras point. 1961 : Le Comte de Monte-Cristo. 1961 : Vive Henri IV, vive l'amour. 1963 : Le Meurtrier. 1963 : Le Magot de Josefa. 1965 : Humour noir. 1965 : Journal d'une femme en blanc. 1966 : Nouveau journal d'une femme en blanc. 1967 : Le Plus Vieux Métier du monde. 1968 : Le Franciscain de Bourges. 1969 : Les Patates. 1973 : Lucien Leuwen (Serie TV). 1977 : Gloria.


Curieux film que les Patates réalisé par Claude Autant-Lara, auteur reconnu de la Traversée de Paris, le Diable au corps, les 7 pêchers capitaux, Sylvie et le Fantôme, la Jument Verte et l'Auberge Rouge pour en citer les plus illustres. Car dominé par l'interprétation enjouée de Pierre Perret (dont il s'agit de sa 3è apparition à l'écran), les Patates est une comédie pittoresque flirtant avec le drame lors de son épilogue inopinément tragique. Un parti-pris plutôt couillu afin de mettre en exergue avec dérision (il s'agit d'un accident macabre) les conséquences de l'occupation allemande en perte d'autorité depuis l'affaiblissement d'Hitler. On est d'abord frappé du profil parfois antipathique de Clovis Parizel qu'endosse spontanément Pierre Perret (même s'il roule souvent un peu trop des yeux écarquillés en point d'exclamation) dans celui d'un ouvrier de fonderie criant famine durant la seconde guerre. Car résidant dans la zone interdite des Ardennes, celui-ci tente de faire passer par voie de chemin de fer des patates grâce à l'éventuelle générosité d'un couple d'agriculteurs résidant dans la zone non occupée. Après plusieurs sueurs froides avec la filature des allemands, il parvient à ramener les patates chez lui pour les replanter et ainsi opérer des provisions fautes des restrictions alimentaires imposées par l'ennemi.


Or, il attise peu à peu la curiosité du voisinage puis celle des allemands dans sa détermination à protéger son jardin florissant. ! Pour en revenir au portrait imparti à Clovis Parizel, j'ai été assez frappé par son machisme primaire, son infidélité conjugale (aussi concise soit-elle) et son irrévérence auprès de sa femme résolument soumise. Et ce sans qu'il n'éprouve une once de regret durant son cheminement d'horticulteur avisé en proie à une paranoïa bipolaire. J'ignore si Claude Autant Lara souhaitait y dénoncer une certaine forme de patriarcat durant la seconde guerre mondiale, mais à mon humble avis, le portrait qu'il en tire s'avère à mon sens sans équivoque (notamment auprès de certains seconds-rôles aussi félons). Tant et si bien que Pierre Perret s'avère souvent excessivement autoritaire pour imposer ses idées à sa femme impuissante d'oser s'y rebeller (notamment auprès de la crise de nerfs que celui-ci amorcera en fracturant le mobilier !). Pour autant, de par son réalisme historique et  son climat de légèreté amical engendrant une poignée de situations doucement cocasses, les Patates s'avère souvent attachant à travers l'épreuve de force de ce métayer s'efforçant de préserver son potager avec l'appui de son noble père (qu'endosse avec un naturel d'aplomb l'affable Henri Virlogeux). 


Comédie douce-amère constamment attachante en dépit d'une première partie un brin laborieuse, les Patates parvient à séduire et à nous faire sourire grâce à la familiarité de ces paysans précaires tentant de survivre contre la famine face à la hiérarchie des nazis. Un joli film non exempt de tendresse (la complicité de Clovis auprès de son père et ses rapports intimes avec son épouse, aussi machiste et capricieux soit-il !) à revoir avec un pincement au coeur lors de son épilogue poignant où français et allemands semblent mutuellement consternés de la résultante de leur crise sociale. 

*Bruno 

Avant-propos du film:
Pendant la guerre 39/45, l'occupant avait coupé la France en 3:
1 - La Zone Occupée
2 - La Zone Non-Occupée
3 - La Zone Interdite (Ardennes)
Dans cette Zone Interdite, la courageuse population Ardennaise fut, plus que tout autre, soumise à un régime de restrictions, proche de la famine.
Si nous avons choisi cette histoire, véridique, c'est pour que les générations qui n'ont pas connu ces cruelles épreuves fassent leur possible pour qu'elles ne reviennent pas.

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