Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
"Midnight Cowboy" de John Chlesinger. 1969. U.S.A. 1h53. Avec Jon Voight, Dustin Hoffman, Sylvia Miles, John McGiver, Brenda Vaccaro, Jennifer Salt.
Sortie salles France: 15 Octobre 1969. U.S: 25 Mai 1969 (classé X, puis interdit aux - de 17 ans en 1971)
FILMOGRAPHIE: John Chlesinger est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur anglais, né le 16 Février 1926 à Palm Springs, décédé le 25 Juillet 2003. 1962: Un Amour pas comme les autres. 1963: Billy le menteur. 1965: Darling. 1967: Loin de la foule déchaînée. 1969: Macadam Cowboy. 1971: Un Dimanche comme les autres. 1975: Le Jour du Fléau. 1976: Marathon Man. 1979: Yanks. 1981: Honky Tonk Freeway. 1984: Le Jeu du Faucon. 1987: Les Envoûtés. 1988: Madame Sousatzka. 1990: Fenêtre sur Pacifique. 1993: L'Innocent. 1995: Au-delà des lois. 2000: Un Couple presque parfait.
Film mythique s'il en est, récompensé entre autre de l'Oscar du Meilleur Film en 1970, Macadam Cowboy est la réunion au sommet du duo Voight / Hoffman littéralement habité par leur rôle d'exclus de la société. Tourné en 1969 et classé X dès sa sortie Outre Atlantique, Macadam Cowboy marque au fer rouge les esprits de par son réalisme cru baignant dans le glauque et le sordide à travers le cheminement miséreux de deux laissés-pour-compte se liant communément d'amitié en lieu et place de survie mais pour autant à deux doigts de sombrer dans la criminalité. Le pitch: plein d'optimisme dans sa quête du rêve américain, Joe Buck quitte sur un coup de tête son poste de plongeur de snack pour devenir Gigolo à New-York. Pétri d'ambition et sûr de lui, il compte faire fortune en accostant des bourgeoises friquées au hasard d'une rue. Mais la réalité est tout autre lorsqu'il s'aperçoit naïvement que sa clientèle s'y fait rare de par son manque de maturité, de professionnalisme et de lucidité. C'est alors qu'un soir il aborde dans un bar un Sdf boiteux auquel il finit par se lier d'amitié, et ce en cohabitant dans un taudis. Décrivant un New-York hybride où s'entrecroisent sur les mêmes avenues riches et pauvres alors que ces derniers sont livrés au pessimisme d'une misère sociale parfois aliénante, Macadam Cowboy laisse en état de choc moral du point de vue du gigolo fantasque en proie à une inopinée désillusion.
Quand bien même son compagnon de fortune, escroc à la p'tite semaine, se meurt à petit feu au fil d'une quotidienneté journalière ternie par le spleen de la malnutrition et de la malpropreté. De par son climat anxiogène à la fois étouffant et davantage dépressif d'où aucune lueur d'espoir s'y profile (chacun d'eux se mesurant au fil du rasoir existentiel), Macadam cowboy est un objet de souffre d'une âpre dureté. Tant il s'avère à la fois insolent, caustique, (très) brutal, provocateur, voir parfois même expérimental (la soirée psychédélique et ses réminiscences familiales ou sentimentales que Joe se remémore lors de ses rêves dérangés). Et donc à travers les stratagèmes pécuniaires de celui-ci s'efforçant de s'y cacheter une réputation auprès d'une clientèle autant masculine que féminine, c'est une peinture pathétique de la solitude, de la détresse et de l'individualisme que nous dévoile ostensiblement John Chlesinger. Tant et si bien que ses chalands de tous horizons y consomment également le sexe, l'amitié ou l'amour (éphémère) avec ce même sentiment de mal-être, d'égoïsme sournois et d'orgueil sans pudeur. Ainsi donc, sous couvert du thème sulfureux de la prostitution masculine (ici peu lucrative) s'y dévoile en parallèle une poignante histoire d'amitié que John Voight et Dustin Hoffman immortalisent dans leur puissance d'expression souvent démunie et faussement optimiste.
Dépourvu de racolage et de complaisance à travers sa sinistrose sociétale sous l'impulsion contradictoire de l'envoûtante élégie de John Barry (dans toutes les mémoires !), Macadam cowboy se décline en éprouvante descente aux enfers du point de vue de ces acolytes livrés à leur médiocrité du sens moral et à leur incapacité de réflexion, faute d'appui familial et de cupidité utopique. Quand bien même John Chlesinger ne manque pas de caricaturer lors de brèves accalmies acerbes les diffusions d'émissions TV abrutissantes que la populace se sustente machinalement. Il n'en demeure pas moins que leur vibrante amitié (à forte intensité dramatique) nous laisse en travers de la gorge un sentiment aigre de souffre de par la tournure de son impitoyable pessimisme existentiel.
*Bruno
3èx
Récompenses: Oscar du meilleur film
Oscar du meilleur réalisateur
Oscar du meilleur scénario adapté (Waldo Salt)
BAFTAs 1970 : meilleur film
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