samedi 1 octobre 2011

L'Homme sans Ombre / Hollow Man. Director's cut


de Paul Verhoeven. 2000. U.S.A. 1h59. Avec Elisabeth Shue, Kevin Bacon, Josh Brolin, Kim Dickens, Greg Grunberg, Joey Slotnick, Mary Randle, William Devane, Rhona Mitra, Pablo Espinosa, Margot Rose.

Sortie en salles en France le 20 Septembre 2000. U.S: 4 Août 2000

FILMOGRAPHIE: Paul Verhoeven est un réalisateur néerlandais né le 18 Juillet 1938 à Amsterdam (Hollande). 1971: Business is business, 1973: Turkish Délices, 1975: Keetje Tippel, 1977: Le Choix du Destin, 1980: Spetters, 1983: Le 4è Homme, 1985: La Chair et le Sang, 1987: Robocop, 1990: Total Recall, 1992: Basic Instinct, 1995: Showgirls, 1997: Starship Troopers, 2000: l'Homme sans Ombre, 2006: Black Book.


Trois ans après sa satire anti militariste avec le génialement belliqueux Starship Troopers, Paul Verhoeven aborde aujourd'hui le mythe de l'homme invisible en façonnant à sa manière politiquement incorrecte la thématique du mal inné en chaque être humain. Le PitchUn scientifique surdoué est sur le point de trouver la formule idoine pour rendre invisible toute forme humaine ou animale. Après avoir tenté l'expérience sur un gorille, il s'administre le sérum dans ses propres veines et se retrouve dénué d'enveloppe corporelle. Le problème est qu'il ne retrouve plus son apparence originelle après s'être réintroduit le produit. Peu à peu, il semble particulièrement fasciné par son immense pouvoir au point de sombrer dans une folie meurtrière. 


Mené à un rythme infernal et diaboliquement sardonique, notre pourfendeur hollandais Paul Verhoeven nous concocte ici une série B survitaminée privilégiant de prime abord un sens de l'efficacité imparable. Tant au niveau des effets spéciaux assez réussis (même si par moments perfectibles) et constamment inventifs que de la conduite du récit continuellement captivant car mené avec une vigueur roublarde pour nous clouer sur son siège. La première partie illustrant le déroulement du protocole mené par un groupe de scientifiques appâtés par la gloire, s'approprie déjà d'un caractère spectaculaire en utilisant ingénieusement un florilège d'effets spéciaux assez réaliste pour authentifier l'invisibilité du sujet expérimenté. La manière retorse dont Verhoeven utilise son artillerie de trucages novateurs n'est jamais gratuite pour à contrario servir sa trame davantage perfide et délétère comme le soulignera la seconde partie autrement horrifique. Si bien qu'en ce qui concerne l'argument plutôt ombrageux, le réalisateur dépeint le profil d'un ambitieux personnage dépassé par sa prodigieuse invention scientifique qu'il a lui même façonné mais qui va peu à peu la mener à sa perte pour le faire sombrer dans une haine bestiale. Car frustré et jaloux de ne pouvoir renouer avec sa précédente idylle partie batifoler dans les bras d'un autre scientifique, Sebastian utilisera son nouveau don de l'invisibilité pour se venger de ses comparses et de sa société prête à le congédier, faute de son échec professionnel. Or, c'est d'abord la frustration sexuelle qui intéresse ici Paul Verhoeven lorsque notre antagoniste, incapable de refréner ses pulsions et dépité de son échec sentimental s'entreprend à pénétrer par effraction chez une de ces voisines pour la mater tel un vulgaire voyeur pour finalement oser la violer sauvagement. D'avantage conscient de ses capacités illimitées à pouvoir envisager des exactions immorales de par l'invisibilité de son identité, Sebastian, toujours plus rancunier, opportuniste et avide d'orgueil se laisse attendrir par sa haine véreuse et sa révolte capricieuse pour se permettre le crime en série.


La seconde partie se focalise enfin vers une bondissante traque inlassable, une course poursuite aussi haletante que spectaculaire amorcée par notre groupe de scientifiques piégés à l'intérieur de leur labo par leur ancien leader déterminé à les exécuter un à un. Chaque péripétie remarquablement gérée d'une caméra virtuose utilise avec beaucoup d'efficacité l'environnement labyrinthique d'un bâtiment industriel. De surcroît, une multitudes d'idées ingénieuses sont habilement exploitées lorsque nos protagonistes vaillants vont se défendre contre la menace omniprésente de l'homme sans ombre apte à se camoufler dans n'importe quel recoin. Et pour pimenter la frénésie des rebondissements, les mises à morts sanglantes sont violemment brutales, cinglantes, pour ne pas dire sans concession ! 
Comme disait Hitchcock, plus le méchant est réussi, meilleur le film sera ! Et on peut dire ici que le leitmotiv est respecté à la lettre tant Kevin Bacon endosse avec machiavélisme inné le rôle mégalo d'un odieux tortionnaire misanthrope subitement éludé de toute moralité pour sa quête personnelle du pouvoir le plus immoral. En effet, que ferions nous en pareil cas si nous avions un jour la capacité de se retrouver invisible ? Comme le héros, notre âme pourrait-elle se laisser happer par l'influence de nos bas instincts pour nous mener vers une déviance perverse volontairement assumée ! La ravissante Elisabeth Shue apporte également une étonnante ferveur auprès de son courage hors normes à combattre son ennemi et sauver ses acolytes pour la quête de leur survie. Sa présence non dénuée de charme lascif exacerbe le rythme échevelé des incidents à travers son interminable point d'orgue explosif culminant son apothéose dans la cage abyssale d'un ascenseur erratique. Une séquence explosive très impressionnante sous l'impulsion d'un réalisme effréné remarquablement monté !


Hormis un épilogue bizarrement conventionnel virant dans la facilité redondante, Hollow Man puise son impact émotionnel et sa percutante vigueur dans l'utilisation finaude de ses incroyables effets spéciaux au service d'une narration redoutablement fétide. En effet, son attrait contestataire ne manque pas de mordant pour exploiter avec ironie insolente sa thématique du Mal auquel l'homme opportuniste et mégalo est apte à commettre le pire pour parvenir à ses fins. Rondement mené sans temps morts et  fougueusement interprété par des comédiens au jeu communément contrarié et pugnace, ce divertissement indocile demeure constamment haletant, inquiétant, terrifiant même, avec jubilation.

*Bruno
Dédicace à Nelly Ruuffet 
30.01.24. 3èx
02.11.11.

2 commentaires:

  1. L'on est loin de David Mc Calllum . Notre Paul fait ici des merveilles d'inventivité dans le contre emploi du personnage.
    qui ne voudrait jouir d'un moment pareil ?
    Gilbert Montagné qui pour lui la situation ne changerai pas grand chose , mais au final la majorité dira oui..n'est-pas?

    C'est bel est bien du Verhoven dans sa conception narrative de ces personnages principaux , en cela il à quelque part le même
    moteur que Cronenberg…

    Les effets spéciaux sont impressionnants effectivement.
    C'est ce que j'aime chez ce réal , les effets aux services de l'histoire…"Total recall" .

    en reparlant de lui, j'ai connu ces premiers films en VHS..tel que " Turkish délices " que je n'ai jamais revu…et il me tarde de
    voir ce film réhabilité de toute urgence dans ma neurothèque.

    pas un film majeur sans doute mais un film réussi.
    Ma première VHS était "Vendredi 13" avec Kevin Bacon ,( que de souvenirs…en sucrant mes fraises.)
    le fait est que cet acteur est sous employé à mon humble avis.

    je l'ai rematter il y peu , donc je vais me rabattre sur le diabolique " Sexcrimes " tiens.


    merci encore Bruno pour la critique.

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  2. J'ai finalement vu ce film ! Il ne me disait pas trop à sa sortie et puis ensuite j'ai toujours eu autre chose à voir... il a fallu que je tombe sur ta critique pour que je me décide enfin.
    Effectivement, ça passe très très bien et les effets des scènes d'anatomie sont super chouettes !!
    Merci merci !!! ;)

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