mardi 16 décembre 2014

LES ENVOUTES (The Believers)

                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

de John Chlesinger. 1987. U.S.A. 1h50. Avec Martin Sheen, Robert Loggia, Helen Shaver, Richard Masur, Harris Yulin, Harley Cross, Jimmy Smits.

Sortie salles France: 23 Septembre 1987. U.S: 10 Juin 1987

FILMOGRAPHIE: John Chlesinger est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur anglais, né le 16 Février 1926 à Palm Springs, décédé le 25 Juillet 2003
1962: Un Amour pas comme les autres. 1963: Billy le menteur. 1965: Darling. 1967: Loin de la foule déchaînée. 1969: Macadam Cowboy. 1971: Un Dimanche comme les autres. 1975: Le Jour du Fléau. 1976: Marathon Man. 1979: Yanks. 1981: Honky Tonk Freeway. 1984: Le Jeu du Faucon. 1987: Les Envoûtés. 1988: Madame Sousatzka. 1990: Fenêtre sur Pacifique. 1993: L'Innocent. 1995: Au-delà des lois. 2000: Un Couple presque parfait.


Première incursion dans le genre horrifique de John Chlesinger, inoubliable réalisateur de Macadam Cowboy et de Marathon Man, Les Envoûtés relate la difficile investigation d'un éminent psychiatre venu prêter main forte à la police après la découverte de sacrifices d'enfants. Depuis diverses recherches, les fidèles de la Santeria seraient à l'origine de cette macabre mise en scène. Pour rappel, cette croyance philosophique venue des caraïbes (et lointainement inspirée de la religion Yoruba) est principalement instaurée à Cuba, en Colombie et au Venezuela. Cette doctrine catholique aux croyances africaines a notamment inspiré le culte des voduns puis s'est exportée sur le sol américain et caribéen durant la traite des nègres. On peut notamment la comparer au culte antillais du vaudou dans son alliage de sorcellerie, magie et rituels chrétiens. 


L'histoire qui nous intéresse ici se concentre d'abord sur le difficile deuil d'un père et de son fils après qu'ils eurent été témoins d'un accident domestique. C'est d'ailleurs par ce prologue choc, plutôt intense dans sa dramaturgie horrifiée, que l'intrigue débute pour mettre en exergue la mort cinglante d'une mère de famille électrocutée sous les yeux de ses proches. Partis s'exiler à New-York, Cal et son fils Chris tentent d'oublier cette tragédie au moment même où ils vont s'improviser témoins oculaires face au rituel d'un sacrifice d'enfant. Incessamment inquiétant dans son climat surnaturel fondé sur le culte du vaudou, et émaillé de séquences chocs particulièrement impressionnantes dans leur aspect viscéral, Les Envoûtés réussit à nous immerger dans une insidieuse descente aux enfers où forces du Mal et doctrine religieuse communient au nom d'une divinité orgueilleuse. Sans faire preuve d'esbroufe car préconisant le mystère insondable d'une investigation opaque, John Chlesinger privilégie la dimension humaniste de ces personnages en initiation irrationnelle, principalement l'épreuve de force subie entre Cal, sa nouvelle concubine et son fils sévèrement ébranlés d'une série d'incidents aussi macabres qu'inexpliqués. En traitant des thèmes du sacrifice d'enfants, de la superstition, de la quête du pouvoir et des dérives sectaires, les Envoûtés provoque une intensité anxiogène lorsqu'un père rationnel finit par se laisser convaincre de l'intrusion du surnaturel dans sa réalité quotidienne. Outre l'empathie que l'on accorde pour la condition démunie de nos protagonistes et l'angoisse éprouvée face à l'emprise des sectes profitant d'une détresse parentale, le cinéaste met en exergue une réflexion sur le sacrifice humain (notamment le sort des enfants martyrs impliqués dans les guerres) que chaque religion a osé imposer pour tenir lieu de leur traditon divine !


Mis en scène avec brio et subtilité dans son traitement d'un fantastique trouble, impeccablement campé par des comédiens dépouillés (Martin Sheen fait preuve d'une sobriété pertinente dans la peau d'un père charitable et celui d'un psychiatre studieux !), les Envoûtés réussit à allier angoisse et inquiétude grandissante autour d'un enseignement perfide fondé sur l'égotisme. Il en émane un solide thriller fantastique particulièrement captivant dans son cheminement nébuleux où le surnaturel prédomine un peu plus le désarroi psychologique des témoins-clefs. 

Bruno Matéï


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