jeudi 30 novembre 2017

LE CHATEAU DE VERRE

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"The Glass Castle" de Destin Daniel Cretton. 2017. U.S.A. 2h07. Avec Brie Larson, Ella Anderson, Chandler Head, Woody Harrelson, Naomi Watts, Max Greenfield, Sarah Snook

Sortie salles France: 27 Septembre 2017. U.S: 11 Août 2017

FILMOGRAPHIEDestin Daniel Cretton est un réalisateur, producteur, monteur et scénariste américain né le 23 novembre 1978 à Haiku à Hawaï. 2002 : Longbranch: A Suburban Parable
2006 : Bartholomew's Song. 2006 : Drakmar: A Vassal's Journey. 2007 : Deacon's Mondays. 2008 : Short Term 12. 2012 : I Am Not a Hipster. 2013 : States of Grace. 2016 : Scenes for Minors. 2017 : Le Château de verre.


Abordant les thèmes de l'alcoolisme, de la marginalité, de l'éducation puis de la démission parentale autour d'une famille dysfonctionnelle (co-existant en autarcie sauvage), Le Château de Verre pâti d'un manque évident de sincérité et de naturel, comme le soulignent les interprétations cabotines de Naomi Watts (en épouse paumée) et Woody Harrelson (en ivrogne marginal) s'efforçant de nous tirer les larmes avec un pathos trop démonstratif pour être honnête. Car si le récit (inspiré d'une histoire vraie) reste fort et digne d'intérêt (notamment auprès de la reconstruction morale des enfants livrés à eux mêmes et de l'amour épineux que se dispute la fille aînée avec son père), les poncifs pullulent autour des situations conjugales et familiales en crise. Reste l'irrégularité d'une poignée de séquences touchantes inopinément intenses, les prestances très convaincantes (car beaucoup plus sobres et réservées dans leur posture victimisée) de Brie Larson, Ella Anderson et Chandler Head endossant communément le rôle de Jeannette Walls (de l'enfance à l'âge adulte) et une dernière image bouleversante, moment de dignité d'une pudeur à fleur de peau (et pour le coup je me suis laissé emporté par un rideau de larmes).


Un mélo à l'émotion (souvent) programmée donc en manque de souffle et d'oxygène si bien que cette production typiquement hollywoodienne se contente trop facilement d'émouvoir un grand public couramment influençable.

@ Bruno

mercredi 29 novembre 2017

RAYON LASER

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site 

"Laserblast" de Michael Rae. 1978. U.S.A. 1h22. Avec Kim Milford, Cheryl Smith, Gianni Russo, Ron Masak

Sortie salles France: 27 Juin 1979. U.S: 1 Mars 1978

FILMOGRAPHIE: Michael Rae est un réalisateur et producteur américain.
1978: Rayon Laser.


"Car rien ne résiste à la puissance terrifiante du RAYON LASER ! 
Engin diabolique qui peut tout détruire et le rend invincible, il peut enfin se venger de tout ceux qui l'ont humilié et fait souffrir..."

Hit video des années 80 durant l'âge d'or d'Hollywood Video quand bien même sa sortie salles US se solde par un joli succès inespéré, Rayon Laser est une aberration filmique comme on en trouve rarement dans le paysage chimérique. Dans le désert californien, après avoir éliminé un fugitif humanoïde armé d'un rayon laser,  deux aliens à tête de lézard retournent dans l'espace. Mais ayant omis l'objet redoutable, ils décident de faire demi-tour pour le récupérer. Pendant ce temps, le jeune Billy parti flâner dans le désert tombe par inadvertance sur le canon à laser et se l'encastre au bras. Depuis, il sombre peu à peu dans une emprise démoniaque au point de réduire sa ville à feu et à cendres. Série Z ricaine produite par le spécialiste Charles BandRayon Laser est l'unique oeuvre du réalisateur Michael Rae. Et au vu du résultat aussi saugrenu qu'impayable, on conçoit évidemment que ce dernier préféra ensuite raccrocher les gants ! L'intrigue ubuesque, quasi nonsensique, se limitant le plus souvent aux errances meurtrières d'un ado possédé par son arme singulière: un canon à laser, quand bien même deux adjoints policiers et un agent (sans doute du gouvernement !) tentent indépendamment d'appréhender le pyromane ! Pour autant, et par le biais de situations involontairement cocasses, hilarantes ou débridées (à l'instar des apparitions surprises des aliens reptiliens habilement confectionnés en stop motion !), Rayon Laser s'avère à mon jugement de valeur aussi ludique que diablement fascinant.


Du moins chez les fans indécrottables de nanars de la sacro-sainte VHS réalisés avec une touchante sincérité. Car si la réalisation approximative accumule immodérément les bévues et que sa direction d'acteurs laisse à désirer, il émane de ce métrage sans prétention un charme irrésistible sous couvert d'une anticipation horrifique prémonitoire (1 an plus tard déboulera sur les écrans la matrice Alien de Scott !). Qui plus est, de par le cabotinage excentrique des comédiens ballots,  ces derniers s'avèrent inopinément attachants dans leur aimable tentative de provoquer émoi, stupeur, terreur ou appréhension avec une bonhomie ringarde (notamment le duo de flics inconséquents que l'on croirait sorti d'une comédie de Bud Spencer et Terence Hill). Quant au fameux héros belliqueux frappé par la malédiction de son arme de destruction, Kim Milford (sosie officieux de Mark Hamill !) accourt, grimace et gesticule tous azimuts afin de renchérir sa posture erratique souvent jouasse. Le soin apporté à sa défroque vestimentaire (jean à pattes d'eph, chemise bleue rutilante !) et au canon laser (semblable à un cigare électronique !?) faisant office d'archétype inusité. Pour clore avec une pointe de nostalgie, on peut notamment louer le ton atmosphérique de son score électro communément composé par Richard Band et Joel Goldsmith (il s'agit bien du fils de Jerry !) et la facture vintage de sa photo saturée renforçant le caractère BD de cet improbable ovni riche en situations déjantées ! Et ce en dépit d'un cheminement redondant heureusement contrebalancé des calembours du duo policier, de l'investigation (suspicieuse) de l'agent et des étreintes romantiques de Billy et sa muse en camping sauvage, et ce avant la pyrotechnie du dénouement explosif.


Perle culte au sein de l'industrie de la série Z, Rayon Laser renchérit aujourd'hui son charme rétro et sa fonction ludique grâce à la nostalgie de son époque révolue. Un p'tit métrage bougrement mauvais mais beaucoup plus fun, intègre et attachant que le dernier DTV mercantile destitué d'identité, d'ambition et de grain de folie.

@ Bruno

mardi 28 novembre 2017

BRAWL IN CELL BLOCK 99

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site amctheatres.com

de S. Craig Zahler. 2017. U.S.A. 2h12. Avec Vince Vaughn, Jennifer Carpenter, Don Johnson, Udo Kier, Marc Blucas, Tom Guiry

Sortie salles France: prochainement. U.S: 6 Octobre 2017

FILMOGRAPHIE: S. Craig Zahler est un réalisateur et scénariste américain né le 23 Janvier 1973 à Miami, Floride. 2015: Bone Tomahawk. 2017: Brawl in cell Block 99. 


Le pitch: A la suite d'un licenciement professionnel, Bradley, ancien malfrat, renoue avec l'illégalité afin de subsister aux besoins de sa famille. Mais lors d'une opération nocturne, un concours de circonstances meurtrières va le mener derrière les barreaux du Block 99.

2 ans après l'excellente surprise Bone Tomahawk, western horrifique justement récompensé du Grand Prix à Gérardmer, S. Craig Zahler rend cette fois-ci hommage au film de prison par la lucarne du cinéma d'exploitation des années 70, et ce tout en y imprimant sa propre personnalité. Méga trip émotionnel conçu sur un réseau de châtiments inhumains qu'un prisonnier (réduit à l'état) primitif va endurer avant de parfaire son stratagème punitif, Brawl in cell Block 99 renouvelle les codes du drame carcéral sous l'impulsion d'une ultra violence à la fois décomplexée et caustique exprimée par un jeu d'acteurs aussi sobres qu'outranciers. Outre l'aspect fun des seconds-rôles extravagants qu'on croirait issus d'un Nazisploitation (je songe à la défroque ébène des gardiens fascistes adeptes d'une torture survoltée), Vince Vaughn monopolise l'écran de sa carrure râblée et son regard impassible non dépourvu de noblesse lorsqu'il s'agit d'honorer ses codes de conduite bâtis sur la confiance, l'indulgence et le respect d'autrui. D'une rage contenue et donc d'un flegme impressionnant, l'acteur laisse ensuite exprimer un tsunami de violences d'une intensité jouissive lorsqu'il se voit contraint d'y céder faute d'un enjeu familial précaire. Et pour revenir à son ultra violence gore toujours plus "second degré", le réalisateur opte pour un graphisme artisanal volontairement perfectible (exit donc tout effet numérique !), et ce afin aussi de désamorcer la brutalité d'une violence aussi bien insoutenable qu'ubuesque. On se rapproche donc au fil de l'action vers un cartoon live avec cependant une touche de réalisme inopinément acérée ! 


Pour autant, au préalable, nous étions déjà captivés par sa structure narrative finement détaillée avec un réalisme documenté. S. Craig Zahler prenant son temps en premier temps à planter l'intrigue et sa scénographie urbaine dans une banalité quotidienne pour y brosser le profil galvaudé d'un licencié infortuné renouant avec son passé illégal mais nanti de principes et valeurs afin d'amadouer le spectateur. Tant auprès de sa clémence pour une question d'adultère que de son refus d'y sacrifier l'innocence lors d'une mission de routine. Maîtrisant scrupuleusement les faits et gestes de Bradley au sein du cocon conjugal et lors de ses transactions avec un ponte de la drogue (comptez 45 minutes avant qu'il ne pénètre dans l'enceinte du pénitencier), S. Craig Zahler parvient à magnétiser l'espace grâce au jeu rigide de Vince Vaughn très impliqué dans son rôle de trafiquant loyal et d'une foule de seconds-rôles contrairement extravagants par leur charisme patibulaire (notamment la présence saillante de Don Johnson quasi méconnaissable en directeur psycho-rigide et de l'ange diabolique Udo Kier en septuagénaire pédant). Volontairement improbable quant au lieu de l'action (et revirements) se déroulant enfin dans une prison à sécurité maximale à faire pâlir de jalousie les geôliers de Midnight Express, Brawl in cell block 99 carbure ensuite à l'adrénaline à renfort d'action démesurée et effrontée (Bradley est littéralement increvable en n'accordant nul pitié à ses ennemis !). Et ce pour le plus grand bonheur du spectateur impliqué dans un cauchemar carcéral aux effluves rubigineuses, son décorum insalubre nous diluant parfois la nausée par son acuité de réalisme.


Grindhouse
Pur divertissement d'exploitation conjuguant avec intense efficacité drame carcéral, romance et action hyperbolique, Brawl in cell Block 99 laisse libre court au défouloir d'une vendetta aussi bien sordide que jubilatoire (tous les coups sont permis jusqu'à en perdre la tête !!!) tout en rendant un vibrant hommage à une époque révolue (ses tubes de Soul music rappelleront bien des souvenirs aux spectateurs friands de Blaxploitation et consorts). Une bombe d'ultra violence vrillée notamment  influencée par la touche sardonique d'un Tarantino.

@ Bruno

vendredi 24 novembre 2017

RECHERCHE SUSAN DESESPEREMENT. Meilleure actrice: Rosanna Arquette, BAFTA Awards

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"Desperately Seeking Susan" de Susan Seidelman. 1985. U.S.A. 1h46. Avec Rosanna Arquette, Madonna, Aidan Quinn, Mark Blum, Laurie Metcalf, Robert Joy, Anna Levine.

Sortie salles France: 11 Septembre 1985. U.S: 29 Mars 1985

FILMOGRAPHIESusan Seidelman est une réalisatrice, productrice, scénariste, actrice et monteuse américaine née le 11 décembre 1952 à Philadelphie, Pennsylvanie (États-Unis).1982 : Smithereens. 1985 : Recherche Susan désespérément. 1987 : Et la femme créa l'homme parfait. 1989 : Cookie. 1989 : She-Devil, la diable. 1992 : Confessions of a Suburban Girl. 1994 : The Dutch Master. 1995 : Pieds nus dans la jungle des studios (TV). 1996 : Tales of Erotica. 1999 : Destins de femmes (TV). 2001 : Gaudi Afternoon. 2002 : Power and Beauty (TV). 2004 : The Ranch (TV). 2005 : The Boynton Beach Bereavement Club. 2012 : Musical Chairs. 2013 : The Hot Flashes


Joli succès en salles sur notre territoire (1 904 309 entrées) même si la présence de la chanteuse Madonna (dans son 1er rôle) n'y est pas étranger, Recherche Susan désespérément fleure bon la comédie policière sous l'impulsion fringante du duo de séductrices: Rosanna Arquette / MadonnaEn guise d'ennui, Roberta espionne un couple à la suite d'une annonce de rencontres auquel le prétendant s'efforce à retrouver une certaine "Susan". Mais à la suite d'un concours de circonstances malchanceuses, Roberta est suivie par un étrange inconnu persuadé qu'il s'agit de la chapardeuse Susan. Au moment d'une violente altercation, elle trébuche en se cognant la tête sur le sol. Sauvée in extremis par un jeune projectionniste qui passait par là, elle souffre depuis d'amnésie et se fait appeler Susan selon lui. Avec son aide, elle s'efforce de retrouver sa véritable identité au moment même de se lancer à la recherche de la véritable Susan. Vaudeville mené sur un rythme alerte de par ses quiproquos en pagaille générés par la douce Roberta que Rosanna Arquette diffuse avec un naturel aussi docile que timoré dans celle d'une amnésique en quête d'interrogation et d'émancipation, faute d'une existence insipide infligée par son mari bourgeois, Recherche Susan désespérément affiche une liberté de ton exaltante sans céder à la routine.


Ou tout du moins, Susan Seidelman s'efforce sans prétention de divertir parmi la cocasserie d'une intrigue fertile en rebondissements impromptus avec, comme épicentre dramatique, un enjeu de bijoux volés. Outre le caractère fun de l'aventure haute en couleurs magnifiquement filmée dans un New Jersey documenté (sans compter la défroque excentrique des personnages issus des années new-wave !), Recherche Susan désespérément doit beaucoup de sa fougue, voir de sa pétulance, à l'abattage des comédiens en roue libre (on sent vraiment qu'ils prennent plaisir à s'investir dans l'action exubérante !). A l'instar de la complémentarité du duo romantique Rosanna Arquette (très sexy mais si candide à son âge juvénile !) / Aidan Quinn (en philanthrope aux yeux clairs) ne sombrant jamais dans la caricature sirupeuse pour nous attendrir. La réalisatrice tablant sur la simplicité de leurs rapports humains bâtis sur l'incompréhension, la suspicion, l'interrogation puis les sentiments amoureux pour autant instables. Quand bien même autour d'eux l'espiègle et marginale Susan (qu'endosse la novice Madonna avec une désinvolture gentiment provocante !) se complaît dans la flânerie parmi la complicité de l'époux de Roberta (en crise conjugale !), alors qu'ils tenteront communément de remonter l'itinéraire improbable de Roberta avec l'appui de commerçants et de l'insigne policier.


Petit miracle de tendresse, d'humour et de fantaisie autour des composantes du conte de fée et de la comédie policière, Recherche Susan désespérément perdure sa (débordante) fraîcheur et son charme exaltant autour de l'initiation d'une bourgeoise introvertie en crise identitaire et en quête d'évasion durant son cheminement imprudent. A revoir d'urgence si bien qu'il s'agit à mon sens d'une des comédies les plus stimulantes et capiteuses des années 80 alors que sa réussite émane (subtilement) de sa tonalité aussi simple qu'innocente.

@ Bruno

Récompense: BAFTA Awards, Royaume-Uni. Meilleure actrice: Rosanna Arquette

L'avis de Mathias Chaput:
Vigoureux et très dynamique, « Recherche Susan désespérément » est l’exemple typique de la comédie américaine réussie des années quatre-vingts, mais, de surcroit, ce film se dote d’une histoire très originale partant d’un support pour le moins marginal : une petite annonce dans un journal !
C’est le point de départ de tout le scénario et à aucun moment on ne s’ennuie, Seidelman donne un charme fou à tous ses personnages et le spectateur est embarqué dans un tourbillon de situations amusantes, le tout sans violence ni vulgarité…
On se plonge dans l’underground des boites de nuits branchées avec une Madonna électrisante et sure d’elle (c’est son premier rôle au cinéma, elle s’en sort parfaitement), Rosanna Arquette a une composition plus difficile à jouer et elle arrive à donner de la crédibilité au personnage de Roberta, sans paraître nunuche ou ridicule…
« Recherche Susan désespérément » est un métrage vintage mais son aspect tonique permet de garder l’aura qu’il dégage et donc la qualité avec laquelle le film est perçu lui donne un intérêt, Seidelman usant de techniques très bien rodées…
Le titre « Into the groove » renforce avec brio le côté hypnotique du film et le plaisir de cette plongée dans le microcosme des fêtards new- yorkais apporte une jubilation au spectateur, avec l’imagerie décalée et le personnage de Gary, qui semble évoluer comme un chien dans un jeu de quilles, pour qu’au final, il comprenne la déception de sa femme et l’envie qu’elle avait de trouver plus de « pep’s », plus de folie dans son couple, chose que Gary, égoïste, ne pouvait lui apporter…
Il s’agit donc également d’une chronique de mœurs en plus qu’une comédie et Seidelman fait preuve d’intelligence en développant des thématiques comme la frustration ou la quête d’un amour revigorant mais dans une ambiance satirique et jamais prétentieuse…
On peut même dire que « Recherche Susan désespérément » est une petite révolution pour la comédie américaine, son style est unique et l’histoire c’est du jamais vu, Seidelman a vraiment fait preuve d’une originalité énorme et sa direction d’acteurs a suivi derrière, tous les comédiens étant impliqués et croyant à fond dans l’ensemble…
C’est cette cohésion et cette synergie qui fait la réussite incontestable de « Recherche Susan désespérément » un vrai plaisir cinématographique doublé d’une galerie de personnages touchants et très en vogue dans les années quatre-vingts, période d’insouciance et d’opulence…
Empreinte d’un féminisme appuyé mais pas sectaire, cette comédie romantique a plus d’un atout pour séduire les cinéphiles de tous horizons…
Un petit bijou à la gloire de Madonna, qui allait exploser pour devenir la star planétaire que l’on sait, « Recherche Susan désespérément » se suit avec délectation et il est évident qu’il marqua d’une pierre blanche le milieu des années quatre-vingts, à la fois par sa prestance et son charisme…

Note : 8/10

L'avis de Nelly Ruuffet.
Une comédie pleine de punch dynamisée par l'atmosphère très 80's qui en émane ! C'est une comédie qui fait du bien et que l'on se plaît à regarder, elle permet de renouer avec une innocence et une candeur perdue. Madonna incarne avec brio tous les stéréotypes de la bad girl 80's (crucifix, mitaines, jupes flottantes, blousons avec motifs etc), tandis que Rosanna Arquette incarne à merveille la petite bourgeoise découvrant ce milieu dont elle ignore tous les codes mais qu'elle se met à emprunter avec joie presque malgré elle. Le métrage aurait pu virer dans la comédie de moeurs typique voire caricaturale, mais il n'en est rien. L'élément perturbateur initial provient d'un élément assez inédit parmi les comédies dites "classiques": les petites annonces. Celles-ci conduisent Roberta Glass à se prendre de fascination pour une certaine Susan dont elle ignore tout mais dont elle va bientôt prendre l'identité malgré elle. La confrontation entre les 2 personnages n'est pas frontale, ce qui est très habile de la part de Susan Seidelman. Elles ne se rencontreront vraiment que dans les toutes dernières minutes du film, ce qui maintient le spectateur en haleine jusqu'au bout. Le spectateur est transporté dans des situations de + en + rocambolesques (Roberta est notamment arrêtée pour prostitution, alors que Susan en vient à rencontrer le mari de Roberta, qu'elle entraîne dans une séance chips / joints !). La rencontre entre les 2 milieux sociaux se fait par l'intermédiaire des deux hommes (le mari de Roberta et l'ami du copain de Susan), ce qui est vraiment bien vu ! . De plus, l'amnésie de Roberta est vraiment bien jouée par Rosanna Arquette, qui ne perd jamais de sa crédibilité: elle est insouciante sans être nunuche et son coup de foudre pour Dez coulera presque de source. On ne tombe jamais dans le sentimentalisme dégoulinant, et ça fait du bien ! Les personnages sont tous attachants, les situations sont insolites (le spectacle de magie auquel finit par participer Roberta par exemple), les répliques font mouche le + souvent (notamment celles du mari, qui témoignent d'un sentiment de décalage entre les envies de sa femme et l'univers dans lequel ils évoluaient). Madonna vient dépoussiérer cette relation bourgeoise et révèle ainsi indirectement le manque de mordant de la vie de Roberta, qui ressort de ce quiproquo enrichie !
Le hit “into the groove”, qui ponctue le métrage à plusieurs reprises, ne fait que vitaminer davantage cette comédie dépoussiérée des codes traditionnels de la comédie américaine en lui apportant un + incontestable.

En bref, une comédie pleine d'énergie et d'intelligence comme on n'en fait plus !

mercredi 22 novembre 2017

GOOD TIME

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Joshua et Ben Safdie. 2017. U.S.A. 1h41. Avec Robert Pattinson, Ben Safdie, Buddy Duress, Taliah Webster, Jennifer Jason Leigh, Barkhad Abdi.

Sortie salles France: 13 Septembre 2017 (Int - 12 ans). U.S: 11 Août 2017

FILMOGRAPHIE: Les frères Joshua Safdie et Ben Safdie sont des réalisateurs américains. 2008 : The Pleasure of Being Robbed, Josh Safdie. 2009 : Lenny and the Kids, Josh Safdie et Benny Safdie. 2014 : Mad Love in New York. 2017 : Good Time. 2018 : Uncut Gems.


Survival urbain d'une intensité aussi bien vertigineuse qu'hypnotique, Good Time fait presque office d'ovni vitriolé de par sa structure narrative résolument imprévisible si bien que le spectateur reluque cette folle escapade dans un état second de fascination névralgique. Sorte de bad trip proche des effets hallucinogènes d'un acide (à l'instar de l'hallucinante brimade imputée au vigile ainsi que les errances de nos évadés dans le méandre d'un train fantôme), ce film policier au suspense émoulu nous tient en haleine avec une inquiétude lestement anxiogène. Tant et si bien que le spectateur en perte de repères car immergé dans l'action intempestive observe les vicissitudes des délinquants avec un désespoir tacitement poignant. Ces derniers étant soumis à un engrenage de rebondissements malencontreux faute de leur absence de discernement et de leur caractère démuni. Jouant en prime avec le contraste granuleux d'une photo saturée (un style visuel hyper photogénique !), Good Time y scande une odyssée cauchemardesque (aux teintes surréalistes et expérimentales) comme on en voit peu dans le cinéma indépendant. Et si j'ignore le contenu de la filmo des frères Safdie, je ne peux ici que m'incliner face au brio de leur mise en scène avisée renouant avec un cinéma documenté (caméra à l'épaule afin d'appuyer l'ultra réalisme des situations parfois/souvent saugrenues), et ce sous couvert du divertissement caustique. Et pourtant, au vu de la simplicité du pitch aux airs de déjà vu, on aurait pu craindre une série B agréablement troussée générant efficacement action frénétique et éclairs de violence sous l'impulsion erratique de losers à la p'tite semaine.


Je m'explique concisément: après leur braquage raté, Connie et son frère handicapé sont rattrapés in extremis par la police. Mais pour autant, Connie parvient à leur échapper avec une aubaine inespérée. Rongé par la culpabilité et pétri d'amour pour son frère, il décide de le faire évader de prison après avoir vainement tenter de payer une caution de 15 000 dollars. C'est le début d'une nuit de cauchemar que Connie et quelques quidams aussi désorientés vont entreprendre avec une rage et une bravoure à perdre haleine. Nanti d'un climat crépusculaire envoûtant au sein d'une cité tentaculaire régie par la police, Good Time improvise une virée cauchemardesque auprès de délinquants précaires où perce un humanisme désenchanté, de par leur condition infortunée d'une démission parentale et  d'une désillusion existentielle. Auscultant chaque pore du visage méconnaissable de Robert Pattinson littéralement habité par son personnage (moralement) fourbu et en mal d'héroïsme, les frères Safdie lui offrent sans doute son rôle le plus proéminent à l'écran. Du moins son plus naturel et authentique de par son charisme sans fard inscrit dans une aigreur perpétuellement poignante ainsi qu'une rage de (sur)vivre écorchée vive. Sans jamais céder aux sirènes du misérabilisme et du pathos, les frères Safdie gagent au contraire sur un humour noir vitriolé sans pour autant oublier le caractère pathétique de cette escapade en roue libre fatalement tragique.


Le "after hours" de la "génération perdue"
Magnifiquement scandé d'un score électro aussi entêtant qu'ensorcelant (à la croisée de Tangerine Dream et de John Carpenter, rien que ça !) et chamarré des prestances criantes de vérités de comédiens alertes, Good Time détonne et impulse avec une originalité, une intelligence, une audace et une maîtrise déconcertantes. Si bien que le spectateur imbibé d'émotions éclectiques ne parvient pas vraiment à saisir ce à quoi il vient d'assister sitôt le générique (si humble et poignant !) écoulé (et ce jusqu'à la dernière seconde de l'écran opaque). Au sein de la lucarne (auteurisante) du cinéma indépendant y émane donc à mon jugement de valeur une oeuvre culte électrisante comme a si bien su le parfaire Martin Scorcese lors de son ascension avec l'aussi improbable et frénétique After Hours

@ Bruno

Récompense: Meilleur compositeur de la compétition officielle pour Oneohtrix Point Never, Cannes Soundtrack 2017.

mardi 21 novembre 2017

LES 2 VISAGES DU DR JEKYLL

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Two Faces of Dr. Jekyll" de Terence Fisher. 1960. Angleterre. 1h28. Avec Paul Massie, Dawn Addams, Christopher Lee, David Kossoff, Norma Marla

Sortie salles France: 25 Juin 1969. Angleterre: 24 octobre 1960

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Terence Fisher est un réalisateur britannique né le 23 février 1904 à Londres (Maida Vale), et décédé le 18 juin 1980 dans la même ville. 1957 : Frankenstein s'est échappé, 1958 : Le Cauchemar de Dracula , 1958 : La Revanche de Frankenstein , 1959 : Le Chien des Baskerville , 1959 : L'Homme qui trompait la mort , 1959 : La Malédiction des pharaons, 1960 : Le Serment de Robin des Bois , 1960 : Les Étrangleurs de Bombay, 1960 : Les Maîtresses de Dracula, 1960 : Les Deux Visages de Docteur Jekyll , 1961 : La Nuit du loup-garou, 1962 : Le Fantôme de l'Opéra , 1962 : Sherlock Holmes et le collier de la mort, 1963 : The Horror of It All, 1964 : La Gorgone , 1965 : The Earth Dies Screaming, 1966 : L'Île de la terreur , 1966 : Dracula, prince des ténèbres , 1967 : La Nuit de la grande chaleur , 1967 : Frankenstein créa la femme, 1968 : Les Vierges de Satan, 1969: Le Retour de Frankenstein, 1974 : Frankenstein et le monstre de l'enfer.


11 ans avant le splendide et baroque Dr Jekyll et Sr Hyde, la Hammer s'était imposée de rendre hommage au roman de Louis Stevenson avec une originalité (aussi) couillue sous la houlette de Terence Fisher. Celui-ci transposant dans une photo flamboyante chère à la firme l'infortune de Jekyll du point de vue (inopinément) angélique de Hyde transi de débauche et de mégalomanie. Point de transformation hideuse donc sous l'autorité retorse de Fisher mais une métamorphose éthérée conçue sur la séduction corporelle d'un Hyde avide de liberté lubrique et de suprématie au mépris de la moralité de son créateur. A partir d'un pitch éculé, Terence Fisher parvient donc à renouveler cette passionnante dualité du Bien contre le Mal parmi la vigueur dramatique d'une étude de caractères fondée sur la crise conjugale. Le réal autopsiant avisement une classe bourgeoise vautrée dans la médiocrité, la vilenie, l'égotisme et le profit.


De par la prestation ensorcelée de Paul Massie dans un double rôle schizophrène, celui-ci parvient à insuffler un humanisme aussi désespéré que névralgique dans sa conscience d'avoir engendré un monstre puis de devenir le jouet d'une liaison conjugale empoisonnée depuis son intense activité scientifique. La faute incombant à l'adultère de son épouse couarde que la ravissante Dawn Addams retransmet dans un éventail d'émotions jouasses afin de renforcer l'indignité de son personnage de potiche embourgeoisée. Dans un rôle aussi insidieux et profondément cupide, Christopher Lee se prête à la mascarade romanesque avec un méprisant cynisme si bien que sa maîtresse consciente de ses incartades parvient pour autant à les lui tolérer depuis leurs sentiments amoureux axés sur la possessivité. Autour de ce trio diabolique inscrit dans la félonie et le mensonge, Terence Fisher construit une tragédie horrifique violemment cruelle sous le fébrile témoignage de Jekyll cédant à ces pulsions vindicatives sous l'influence de son double Hyde. Ce dernier s'en donnant à coeur joie à l'asservir et le martyriser notamment grâce à son talent de séducteur conçu pour attirer ses compagnes les plus influençables.


Un duel au sommet entre Jekyll et Hyde
Fort de la prestance écarquillée de l'acteur (méconnu) Paul Massie dans un rôle bicéphale plus vrai que nature, Les 2 visages du Dr Jekyll transcende la tragédie romantique et l'horreur des situations réalistes avec une acuité bouleversante eu égard de l'humanisme désenchanté du savant injustement condamné à la damnation en dépit d'une rédemption de dernier ressort. Une oeuvre magnifique, douloureuse et passionnante que ce fleuron de la Hammer jouant lestement sur les apparences fallacieuses de la beauté corporelle.  

2èx

lundi 20 novembre 2017

YOUR NAME. Prix Mainichi du meilleur film d'animation, 2016.

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Kimi no na wa. (君の名は。?)" de Makoto Shinkai. 2016. Japon. 1h46.

Sortie salles France: 28 Décembre 2016. Japon: 26 Août 2016.

FILMOGRAPHIE: Makoto Shinkai (新海 誠, Shinkai Makoto?) est un réalisateur de film d'animation japonais, doubleur pour ses films et graphiste de jeux vidéo, né le 9 février 1973 à Nagano, Japon. 2004 : La Tour au-delà des nuages 2007 : 5 centimètres par seconde. 2011 : Voyage vers Agartha. 2013 : The Garden of Words. 2016 : Your Name.

Très particulier, notamment faute d'une structure narrative ramifiée, mais magnifique (fulgurance formelle, densité psychologique du duo romanesque) et profondément spirituel (la vie n'est-elle qu'un rêve dans un autre rêve ?).

B-D.

Récompense: 2016 : Prix Mainichi du meilleur film d'animation pour Your Name.

vendredi 17 novembre 2017

THE VAMPIRE LOVERS

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

de Roy Ward Baker. 1970. Angleterre. 1h31. Avec Ingrid Pitt, Peter Cushing, George Cole, Dawn Addams, Pippa Steel, Madeline Smith, Kate O'Mara.

Inédit en salles en France. Angleterre: 4 Octobre 1970

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Roy Ward Baker est un réalisateur, producteur, scénariste anglais, né le 19 Décembre 1916 à Londres (Royaume-Uni), décédé le 5 Octobre 2010. 1947: L'Homme d'Octobre. 1952: Troublez moi ce soir. 1968: Les Champions. 1969: Mon ami le fantôme. 1970: The Vampire Lovers. 1970: Les Cicatrices de Dracula. 1971: Dr Jekyll et Sr Hyde. 1972: Asylum. 1973: Le Caveau de la Terreur. 1973: And now the Screamin starts. 1974: Les 7 vampires d'or. 1980: Le Club des Monstres. 1984: Les Masques de la mort (télé-film).


D'après le roman Carmilla de Joseph Sheridan Le Fanu, The Vampire Lovers est une modeste curiosité inédite en France, 1er volet d'une trilogie axée sur ce célèbre personnage fictif (viendront ensuite Lust of a vampire et les Sévices de Dracula toujours sous l'effigie de la Hammer). D'ailleurs, son épilogue en demi-teinte implicite finalement la subsistance du vampire avec l'apparition furtive du cocher entrevu au préalable en intermittence du récit. En dépit d'un scénario somme toute classique (hébergée dans une demeure bourgeoise, Carmilla profite de la naïveté de ses occupants pour les vampiriser un à un, particulièrement trois jeunes filles facilement attirées par ses atouts charnels, cette oeuvre étrange déroute et fascine à la fois (à l'instar de son prologue d'une superbe sensualité onirique !) parmi la présence d'actrices graciles n'hésitant pas parfois à dévoiler leur simple appareil.


Misant donc l'accent sur un érotisme assez osé en cette période novatrice des années 70, The Vampire Lovers ne révolutionne pas le genre si bien qu'il se contente avec efficacité et une certaine maîtrise technique (notamment auprès de l'aspect sensuellement moderne de sa stylisation gothique et de quelques excès sanglants - les pieux dans le coeur, les 2 décapitations - tout à fait percutants) d'exploiter le filon du vampirisme avec soupçon de saphisme, de bisexualité et de métaphore féline (les proies féminines étant sujettes à d'horribles cauchemars lorsqu'un chat monstrueux viendra les étouffer durant leur sommeil !). Carmilla n'hésitant pas par son pouvoir hypnotique à faire tourner la tête aux deux sexes opposés sous l'impulsion de la troublante Ingrid Pitt se prêtant égoïstement au jeu insidieux de la séduction avec ambivalence. Quant au monstre sacré Peter Cushing, ce dernier s'avère plutôt discret (voir même sclérosé du fait de son âge avancé) dans celui du Général von Spielsdorf si bien qu'il n'apparaît que durant le 1er tiers dans un rôle secondaire de témoin déconcerté par les découvertes macabres avant de ressurgir brièvement lors du final horrifique en bonne et due forme.


En dépit d'un rythme à la fois flegme et monocorde durant sa première partie, notamment faute d'une intrigue sans véritable surprise (d'autant plus que son final fait fi d'invention), The Vampires Lovers possède pour autant sa propre identité sous l'autorité de l'artisan Roy Ward Barker s'efforçant à rajeunir le mythe parmi la charge érotico-saphique de vénéneuses actrices pleinement convaincantes dans leur stature fébrile à se laisser aguicher par l'essence sexuelle. 

B-D
2èx

mercredi 15 novembre 2017

SPIDER BABY

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Spider Baby or, The Maddest Story Ever Told" de Jack Hill. 1964/67. U.S.A. 1h25. Avec Lon Chaney, Jr., Carol Ohmart, Quinn Redeker, Beverly Washburn, Jill Banner, Sid Haig.

Sortie salles U.S: 24 Décembre 1967 (Int - 18 ans). Inédit en salles en France.

FILMOGRAPHIE: Jack Hill est un réalisateur, scénariste et éditeur américain, né le 28 Janvier 1933 à Los Angeles, Californie, USA. 1982: Sorceress (as Brian Stuart). 1975 Les loubardes. 1974 The Swinging Cheerleaders. 1974 Foxy Brown. 1973 Coffy, la panthère noire de Harlem. 1972 The Big Bird Cage. 1971 The Big Doll House. 1971 The Incredible Invasion (US scenes). 1971 La muerte viviente (US scenes). 1970 Je suis une groupie (non crédité). 1969 Pit Stop. 1968 Fear Chamber (US scenes). 1968 Macabre sérénade (US scenes). 1967 Spider Baby. 1966 Mondo Keyhole. 1966 Blood Bath. 1963 L'halluciné (non crédité). 1959 The Wasp Woman (non crédité).


Perle culte inédite en France mais exhumée de l'oubli grâce à l'éditeur Wild Side Video, Spider Baby constitue l'avant-garde d'une horreur cartoonesque si bien qu'il préfigure (dans un noir et blanc documenté proche de La Nuit des Mort-vivants réalisé un an après) Evil-dead, La Famille Adams, voir même Massacre à la Tronçonneuse. Atteints du syndrome de Merrye (une dégénérescence mentale et physique apprendra-t'on du narrateur), la famille Merrye vit en autarcie au sein d'une demeure bucolique épargnée de citadins. Le patriarche Bruno (dont nous ne connaîtrons jamais la véritable identité) tente maladroitement d'éduquer 2 jeunes filles obsédées par les arachnides (au point que l'une d'elle se présume araignée humaine !) ainsi que leur frère Ralph nanti d'un caractère aussi timoré que primitif. Un jour, une cousine éloignée et son époux s'invitent à leur demeure avec pour dessein de s'approprier leur propriété. Mais les enfants inconséquents sont prêts à défendre leur bout de terrain jusqu'à éliminer les témoins gênants. Baignant dans un climat de douce folie par moment dégénéré (notamment si je me fie à son final bordélique avec l'attaque des créatures humaines confinées dans la cave), Spider Baby demeure un délirant jeu de massacre dans son alliage d'horreur malsaine et de comédie noire.  


Outre l'aspect fantaisiste imputé à l'unicité d'une famille dysfonctionnelle jamais vue au préalable, Spider Baby dépayse en diable et fascine curieusement sous l'impulsion de leurs extravagances fondées sur le non-sens et la démence contagieuse. Les acteurs, tantôt amateurs, tantôt professionnels (l'éminent Lon Chaney, Jr. se prête aimablement à la mascarade dans le rôle de Bruno, Sid Haig, tout jeunot, se fond dans le corps d'un déficient avec un naturel facétieux) parvenant à nous immerger dans leurs us et coutumes au sein d'une ferme décrépite truffée de décors insolites (toiles d'araignées tapissant chaque cloison, cadavre décharné secrètement préservé dans une chambre, chausses-trappes, cadres obliques, poupées rétro, animaux empaillés). De par son ambiance horrifico-malsaine tangible, Spider Baby insuffle un magnétisme formel permanent autour de sa scénographie domestique laissant libre court aux exactions sardoniques de ses propriétaires. A l'instar de la douce hystérique Virginia piquant ses proies humaines à l'aide de longs couteaux de cuisine car persuadée d'avoir affaire à de véritables insectes ! Ces interventions décomplexées s'avérant anthologiques dans l'art et la manière de se comporter telle une vraie araignée ! Et pour exacerber l'emprise démoniaque régie dans la demeure semblable au vieux manoir, on peut notamment compter sur l'intrusion (si photogénique) de mygales velues rampants scrupuleusement vers leur victime par le biais du gros plan !


Dénué de sens et de raison, Spider Baby fonctionne surtout sur sa galerie de personnages aussi ubuesques que grotesques mais parfaitement crédibles à se glisser dans leur fonction (ironiquement) psychotique au point de les iconiser avec une verve insolente. Train fantôme inventif et dégingandé de par sa réalisation approximative pour autant soignée (12 jours de tournage en tout et pour tout !), Spider Baby ne peut laisser indifférent l'amateur de curiosité (oubliée) dans son imagerie à la fois cauchemardesque et cartoonesque en avance sur son temps. Une perle indispensable donc d'une fraîcheur exubérante !

B-D
2èx

Anecdote (source Wikipedia): Le film a été tourné entre août et septembre 1964. Cependant, en raison de la faillite du producteur original, le film n'a été libéré que le 24 décembre 1967

mardi 14 novembre 2017

1922

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Zak Hilditch. 2017. U.S.A. 1h42. Avec Thomas Jane, Neal McDonough, Molly Parker, Kaitlyn Bernard, Roan Curtis, Brian d'Arcy James, Bob Frazer.

Diffusé sur Netflix le 20 Octobre 2017

FILMOGRAPHIEZak Hilditch est un réalisateur, producteur et scénariste américain. 2003: Waiting for Naval Base Lilly. 2005: The Actress. 2007: Plum role. 2010: The Toll. 2013: Final Hours. 2017: 1922.


"La vérité, c'est une agonie qui n'en finit pas. La vérité de ce monde, c'est la mort."
Après nous avoir surpris avec l'excellent Gerald's Game (tiré du roman Jessie), la société Netflix récidive à nouveau avec 1922 d'après la novella éponyme de Stephen King. Le pitch, linéaire, relatant la sombre destinée d'une famille infortunée lorsque le paternel, fermier à la tête d'une récolte de maïs, se résigne à comploter avec l'aide de son fils l'assassinat de son épouse désireuse de revendre ses propriétés. Mais depuis leur acte crapuleux lâchement perpétré (le meurtre graphique s'avérant par ailleurs très incommodant dans sa mise en scène latente du passage à l'acte puis l'intensité insupportable du crime sitôt perpétré), Wilfred James sombre peu à peu dans une psychose hallucinatoire car toujours plus hanté par sa turpitude meurtrière ! Quand bien même ses rapports conflictuels avec son fils rongé de remord va le renchérir dans un amer désarroi. Drame psychologique déguisé en suspense horrifique au sein d'une cellule familiale dysfonctionnelle, 1922 retrace avec un réalisme glaçant le chemin de croix (oh combien épineux !) d'un paternel condamné à la damnation d'avoir commis l'irréparable, et d'y avoir entraîné par sa dérive immorale son jeune fils influençable. Nanti d'un climat malsain éthéré puis lestement tangible au fil de visions macabres pestilentielles assez terrifiantes, et baignant dans un esthétisme solaire plutôt irrespirable (photo et décors stylisés en sus !), 1922 dérange de façon insidieuse eu égard des comportements immoraux d'un père et de son fils étroitement liés à la corruption afin de préserver leur postérité.


Outre l'intensité dramatique en crescendo d'un cheminement narratif à la fois inquiétant, trouble et perturbant (le réalisateur prenant soin de nous faire douter sur la véracité des visions macabres que le fermier endure dans sa psychologie torturée, et ce sans nous dévoiler le fin mot de son effroyable conclusion !), 1922 s'alloue notamment d'une solide distribution pour mieux nous plonger dans les dérives fiévreuses des coupables en perdition sévèrement étrillés. Le récit profondément funèbre se soumettant au magnétisme austère de Thomas Jane car promenant sa dégaine patibulaire à l'instar d'un fantôme errant gagné d'une sinistre culpabilité. Dans celui du rejeton d'apparence docile et bellâtre, le jeune néophyte Dylan Schmidt lui partage sobrement la vedette avec une mine sentencieuse toujours plus prononcée eu égard de son désagrément maternel. A eux deux, ils forment un tandem pathétique au sein de leur itinéraire sépulcral que le spectateur endure avec une émotion inévitablement dérangeante. De par l'empathie éprouvée pour leur remord tacite et le dégoût ressenti de s'être adonné à l'ignominie, quand bien même le châtiment cruel imputé à certains animaux (deux vaches moribondes), ou leur présence inquiétante (la prolifération des rats dans le puits et la ferme), exacerbent le climat dépressif de cette sombre tragédie fondée sur le patriarcat des "années folles".


Une Famille ordinaire.
Drame intimiste éprouvant retraçant derrière une façade horrifique le châtiment en roue libre d'une famille proscrite par le Bien, 1922 laisse un goût amer de souffre dans la bouche sitôt le générique écoulé, quand bien même son score aussi discret que dépressif nous martèle l'esprit avec une amertume sinistrée (son intensité psychologique ne nous laissant que de peu de répit au fil du cheminement mortuaire). A découvrir absolument si bien qu'il s'agit à mon sens d'une des meilleures adaptations de King. 

B-D.

lundi 13 novembre 2017

LE FASCINANT CAPITAINE CLEGG

                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site thetelltalemind.com

"Captain Clegg / Night Creatures" de Peter Graham Scott. 1962. 1h22. Angleterre. Avec Peter Cushing, Yvonne Romain, Patrick Allen, Oliver Reed, Michael Ripper, Martin Benson.

Sortie salles France: 28 Novembre 1962. Angleterre: 25 Juin 1962

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Peter Graham Scott est un réalisateur et producteur anglais, né le 27 octobre 1923 à East Sheen, Londres, décédé le 5 août 2007 à Windlesham. 1948: Panic at Madame Tussaud's. 1952: Escape Route. 1952: Sing Along with Me. 1956: The Hideout. 1957: The Big Chance. 1957: Account Rendered.  1959 Devil's Bait. 1959 The Headless Ghost. 1959 Breakout.  1960: The Rough and the Smooth. 1960: The Big Day. 1960 Let's Get Married 1962 : Le Fascinant capitaine Clegg. 1962 : The Pot Carriers. 1963 : Father Came Too! 1968: Subterfuge. 1993: A chance to dance (télé-film).


Film un peu occulté à mon sens de la part d'une production Hammer, Le Fascinant capitaine Clegg constitue pourtant un formidable suspense policier sous couvert d'un argument (faussement) surnaturel. Car comme les suggèrent ses affiches US et françaises un brin fallacieuses, le Fascinant capitaine Clegg n'est nullement un film horrifico-fantastique, tant et si bien que le cinéaste Peter Graham Scott privilégie les composantes du suspense et de l'aventure gothique autour du personnage énigmatique du révérend Blyss. Le Capitaine Collier et son armée arpentent la région de Romney Marsh depuis la rumeur de fantômes des marais et la suspicion de contrebande perpétrée par des habitants de la région. Après la découverte d'un cadavre, le capitaine soupçonne au fil de son enquête le révérend local d'éventuelle complicité quand bien même ce dernier et ses sbires tentent par tous les moyens de planquer leur trafic d'alcool avant de l'écouler. Transcendé, comme de coutume, par la prestance du gentleman Peter Cushing dans la peau (plus vraie que nature !) d'un révérend charitable, Le Fascinant capitaine Clegg s'alloue notamment de seconds-rôles bougrement attachants, inquiétants ou irrésistiblement détestables.


Martin Benson en transfuge envieux de la douce Imogene, Patrick Allen en capitaine impérieux jamais à court d'endurance pour débusquer les coupables, le mastard Milton Reid en mulâtre mutique plein de fiel, le duo romanesque Oliver Reed / Yvonne Romain dont on éprouve une sobre tendresse pour leur sort indécis, puis enfin un des habituels seconds couteaux de la firme, Michael Ripper incarnant le fidèle adjoint du révérend avec le charisme avenant qu'on lui connait. Au-delà de son esthétisme gothique aussi inhabituel qu'épuré (sa scénographie maritime), Le Fascinant capitaine Clegg parvient à captiver sans temps morts grâce à son ossature narrative à la fois intrigante, exubérante et ciselée affichant un haletant "cache-cache" entre gendarmes et voleurs (passages secrets en sus pour mieux duper l'adversaire !). Le réalisateur jouant avant tout sur l'ambiguïté d'un leader marginal peu recommandable (un ancien chef pirate planqué derrière une soutane) mais bougrement prévenant et attachant lorsque celui-ci redouble de générosité et loyauté à combler ses citadins autrefois désargentés. En jouant sur le folklore d'éléments surnaturels (l'apparition des fantômes fluorescents durant la nuit, l'épouvantail aux yeux écarquillés, le cercueil retrouvé vide de Clegg potentiellement revenu d'entre les morts), Peter Graham Scott consolide un efficace suspense sous couvert d'une énigme fertile en péripéties et rebondissements que s'opposent sans relâche forces de l'ordre et contrebandiers fraternels. Ces derniers ne cessant de duper la loi avec sagacité lors d'une course contre la montre à effacer leurs indices, et ce avant que celle-ci ne découvre l'impensable vérité sur la destinée de Clegg.


Divertissement taillé sur mesure sous le pilier d'une aventure baroque oscillant suspense, romance et tension dramatique (notamment pour l'aspect inopinément tragique de son épilogue pour autant rédempteur !), Le fascinant capitaine Clegg demeure une splendide réussite gothique scandée de la présence de Cushing dans un rôle bicéphale et d'une compagnie de seconds-rôles aussi charismatiques que spontanés à préserver la cause du bandit au grand coeur. 

B-D
3èx

vendredi 10 novembre 2017

L'Empreinte de Frankenstein / The Evil of Frankenstein

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site scifi-movies.com

de Freddie Francis. 1964. Angleterre. 1h26. Avec Peter Cushing, Kiwi Kingston, Sandor Eles, Peter Woodthorpe, Duncan Lamont, Katy Wild.

Sortie salles France: 31 Mars 1965. U.S: 8 Mai 1964

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Freddie Francis est un réalisateur, directeur de photographie et scénariste britannique, né le 22 Décembre 1917 à Londres, décédé le 17 Mars 2007 à Isleworth (Royaume-Uni). 1962: La Révolte des triffides. 1963: Paranoiac. 1964: Meurtre par procuration. 1964: l'Empreinte de Frankenstein. 1965: Le Train des Epouvantes. 1965: Hysteria. 1965: The Skull. 1966: The Deadly Bees. 1966: Poupées de cendre. 1967: Le Jardin des Tortures. 1968: Dracula et les Femmes. 1970: Trog. 1972: Histoires d'Outre-Tombe. 1973: La Chair du Diable. 1973: Les Contes aux limites de la folie. 1974: Son of Dracula. 1975: La Légende du Loup-Garou. 1975: The Ghoul. 1985: Le Docteur et les Assassins. 1987: Dark Tower.


3è volet de Frankenstein considéré comme l'un des plus faibles de la série alors que Terence Fisher (réal des 2 premiers opus) céda sa place à Freddie Francis, l'Empreinte de Frankenstein n'est pas pour autant un chapitre à occulter, loin de là. Le PitchAprès une tentative infructueuse d'avoir réanimé le monstre en fuite, le baron Frankenstein et son nouvel assistant comptent reproduire leurs expériences après avoir découvert le corps congelé de sa créature secrètement préservée en amont d'une montagne. Revenant aux sources du mythe que la Universal imposa de son empreinte avec les deux chefs-d'oeuvre réalisés par James Whale, l'Empreinte de Frankenstein demeure un fort efficace divertissement soigneusement réalisé (notamment dans son art de conter un récit certes classique mais jamais ennuyeux, bien au contraire) quand bien même la présence de Peter Cushing y apporte à nouveau un cachet d'authenticité et de magnétisme, de par ses ambitions mystiques engendrant des revirements dramatiques parmi la présence d'un diabolique hypnotiseur porté sur l'alcool. Cushing soulevant le film du poids de ses épaules avec le charisme dandy qu'on lui connait quand bien même les seconds-rôles suscitent une modestie très attachante (tant auprès de l'assistant en herbe, de l'hypnotiseur sans vergogne que de la sauvageonne mutique).


En prime, pour pimenter le récit plutôt prévisible, un antagoniste (que le baron sollicita afin de réveiller sa créature en berne) y injecte une rigueur dramatique (à mi-parcours) par le biais de stratégies liées à l'hypnotisme. A savoir, manipuler le monstre à moult reprises à sa guise cupide et criminelle, notamment pour se venger du baron en proie à une sinistre réputation. Peter Woodthorpe s'avérant très convaincant dans la peau du maître chanteur cupide et déloyal, voir même libidineux (il tente sans vergogne de violer la sauvageonne). Bien que certaines facilités prêtent parfois à sourire lors de sa dernière partie plus cinétique (le baron et son adjoint parfois absents du château ne prêtent pas assez d'attention au comportement suspicieux de l'hypnotiseur après avoir été communément conscients de sa fourberie), l'Empreinte de Frankenstein parvient pour autant à nous impliquer tête baissée dans son sombre récit, notamment grâce à la présence du monstre nanti d'un masque argileux aussi repoussant que détonnant. Souvent décrié par les critiques par cette apparence risible, le monstre me parait à mon sens toutefois baroque, voir même quelque peu fascinant, singulier dans sa condition d'estropié inconséquent sévèrement soumis par son créateur mégalo et surtout par un hypnotiseur beaucoup plus délétère que le baron. Freddie Francis renouant notamment avec le climat empathique/romanesque des deux volets de la Universal (ceux de Whale) lors d'une dernière demi-heure misant l'accent sur l'action à répétition et le désespoir de la créature pourvue d'intentions suicidaires (et ce sans sombrer dans le ridicule).


Savoureux divertissement mené sans temps morts avec un savoir-faire infaillible, sans compter l'esthétisme chère à la Hammer, l'Empreinte de Frankenstein parvient louablement à exploiter une intrigue connue sous l'égide du monstre sacré Peter Cushing (ici moins brutal et plus empathique car sujet à l'injustice d'accusations fallacieuses engendrées par l'hypnotiseur) entouré d'aimables seconds-rôles d'un humanisme tolérant (et ce afin d'appuyer le caractère tragique du monstre proscrit pour un hommage bisseux à la Universal). On ne s'en lasse pas depuis sa diffusion sur TV6 un Dimanche soir symbolique pour ma part. 

*Bruno 
27.01.24. 5èx

jeudi 9 novembre 2017

TARZAN, L'HOMME SINGE

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site cineclap.free.fr

"Tarzan the Ape Man" de W. S. Van Dyke. 1932. U.S.A. 1h40. Avec Johnny Weissmuller, Maureen O'Sullivan, C. Aubrey Smith, Neil Hamilton, Doris Lloyd

Sortie salles France: 19 Août 1932. U.S: 2 Avril 1932

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: W. S. Van Dyke ou Woodbridge Strong Van Dyke II est un réalisateur américain, né le 21 mars 1889 à San Diego, en Californie, et mort par suicide le 5 février 1943 à Brentwood, en Californie (États-Unis).1917 : The Land of Long Shadows. 1922 : Forget Me Not. 1925 : Le Hors-la-loi. 1927 : Les Écumeurs du Sud. 1928 : Wyoming. 1928 : Ombres blanches. 1929 : Chanson païenne. 1931 : Trader Horn. 1931 : Rumba d'amour. 1932 : Tarzan, l'homme singe. 1933 : Penthouse. 1936 : Au seuil de la vie. 1936 : Loufoque et Cie. 1936 : Nick, gentleman détective. 1937 : Valet de cœur. 1937 : On lui donna un fusil. 1937 : Rosalie. 1938 : Marie-Antoinette. 1938 : Amants. 1940 : Monsieur Wilson perd la tête . 1940 : Chante mon amour . 1941 : La Proie du mort . 1941 : The Feminine Touch. 1941 : Rendez-vous avec la mort . 1942 : Ma femme est un ange . 1942 : Cairo. 1942 : Journey for Margaret.


Film mythique s'il en est, Tarzan l'homme singe est parvenu à redorer le cinéma d'aventures avec un souffle épique et romanesque surprenant pour l'époque ! Si bien que les affrontements entre animaux sauvages (remarquablement dressés !) et Tarzan reste encore aujourd'hui bluffants, notamment lors du final homérique (la charge des éléphants contre les pygmées) aux cimes de l'épouvante (les otages blancs préalablement offerts en sacrifice face à un gorille monstrueux que l'on croirait issu d'un labo expérimental !). Divertissement familial de 7 à 77 ans, Tarzan l'homme singe est surtout illuminé par le duo proverbial Johnny Weissmuller / Maureen O'Sullivan formant un couple singulier à l'écran avec un naturel confondant. Littéralement habité par son rôle primitif,  Johnny Weissmuller insuffle un charisme inégalé dans celui de l'homme sauvage souvent mutique mais pour autant expressif (voir ensorcelant par son regard interrogatif sur le qui-vive) lorsqu'il tente de saisir le dialecte de sa compagne que Maureen O'Sullivan communique avec une délicate innocence, et ce avant de succomber à son charme animal.


D'une grande simplicité, l'intrigue se concentre sur leurs rapports tendus puis amoureux après que Tarzan eut sauvagement kidnappé l'inconnue, de par son mode de vie primal qu'il s'inculqua parmi de fidèles animaux (principalement des chimpanzés, gorilles et éléphants). En intermittence, et en guise de victuaille, il doit quotidiennement affronter à mains nues tigres, lions et crocodiles lors de morceaux de bravoure vertigineux. Quand bien même, le père de Jane et son équipe s'enfoncent dans la jungle pour la retrouver avant de poursuivre leur quête du cimetière des éléphants. Si certains trucages et décors en carton pâte font un peu tache et que sa naïveté narrative prête parfois à sourire (notamment lorsque Jane et Tarzan batifolent dans l'eau avec une innocence infantile), le pouvoir d'émerveillement qui émane des nombreuses péripéties et la synergie du couple romanesque nous replongent dans notre enfance avec une intensité formelle singulière. W. S. Van Dyke exploitant de fond en comble les décors naturels de la jungle sauvage à l'instar d'un dédale hostile et par le truchement d'une photo monochrome saillante.


Ludique, dépaysant en diable, fantasmatique et truffé de charme exaltant, Tarzan l'homme singe reste quelques décennies plus tard un spectacle enchanteur endémique. De par son réalisme envoûtant institué au coeur d'une jungle périlleuse photogénique et le caractère altruiste du couple glamour WeissmullerO'Sullivan entré dans la légende du 7è art. Une splendide réussite donc, parangon du film de jungle si bien que ce 1er opus payant se prolongea avec 11 déclinaisons plus ou moins divertissantes. 

B-D
3èx