vendredi 10 novembre 2017

L'Empreinte de Frankenstein / The Evil of Frankenstein

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site scifi-movies.com

de Freddie Francis. 1964. Angleterre. 1h26. Avec Peter Cushing, Kiwi Kingston, Sandor Eles, Peter Woodthorpe, Duncan Lamont, Katy Wild.

Sortie salles France: 31 Mars 1965. U.S: 8 Mai 1964

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Freddie Francis est un réalisateur, directeur de photographie et scénariste britannique, né le 22 Décembre 1917 à Londres, décédé le 17 Mars 2007 à Isleworth (Royaume-Uni). 1962: La Révolte des triffides. 1963: Paranoiac. 1964: Meurtre par procuration. 1964: l'Empreinte de Frankenstein. 1965: Le Train des Epouvantes. 1965: Hysteria. 1965: The Skull. 1966: The Deadly Bees. 1966: Poupées de cendre. 1967: Le Jardin des Tortures. 1968: Dracula et les Femmes. 1970: Trog. 1972: Histoires d'Outre-Tombe. 1973: La Chair du Diable. 1973: Les Contes aux limites de la folie. 1974: Son of Dracula. 1975: La Légende du Loup-Garou. 1975: The Ghoul. 1985: Le Docteur et les Assassins. 1987: Dark Tower.


L’Empreinte de Frankenstein : L’héritage maudit.
Troisième volet de Frankenstein, souvent considéré comme l’un des plus faibles de la saga, L’Empreinte de Frankenstein marque le retrait de Terence Fisher (réalisateur des deux premiers opus), au profit de Freddie Francis. Et pourtant, ce chapitre honni n’est en rien à reléguer — bien au contraire.

Le pitch : Après une tentative infructueuse pour réanimer le monstre en cavale, le baron Frankenstein et son nouvel assistant reprennent leurs expériences, après avoir retrouvé le corps gelé de la créature, secrètement conservé dans les hauteurs d’une montagne.

Revenant aux sources du mythe que la Universal avait gravé dans le marbre avec les deux chefs-d’œuvre de James Whale, L’Empreinte de Frankenstein demeure un divertissement aussi soigné qu’efficace. Le récit, certes classique, ne sombre jamais dans l’ennui — au contraire, il s’élève par la maîtrise de sa narration et par la prestance magnétique d’un Peter Cushing en grande forme. Son baron, mystique et obsessionnel, traverse les périls avec l’élégance d’un dandy aux abîmes intérieurs, générant des tensions dramatiques face à la menace sourde d’un hypnotiseur alcoolique et manipulateur.

Cushing porte le film sur ses épaules, et si les seconds rôles manquent d’envergure, ils n’en demeurent pas moins profondément attachants : le jeune assistant fébrile, l’hypnotiseur dévoyé, ou encore la sauvageonne mutique, incarnation même de l’innocence traquée.

Pour pimenter un récit aux rebondissements prévisibles, surgit à mi-parcours une figure antagoniste — le fameux hypnotiseur sollicité pour ranimer la créature — qui insuffle une noirceur supplémentaire. Il manipule le monstre à répétition, en fait son pantin pour accomplir ses vengeances et assouvir ses instincts les plus vils. Peter Woodthorpe incarne ce maître-chanteur libidineux avec une perversité trouble, allant jusqu’à tenter de violer la sauvageonne, dans une scène aussi dérangeante qu’édifiante sur la nature humaine.

Certes, quelques facilités du dernier acte prêtent à sourire : l’inattention du baron et de son assistant face aux manigances d’un homme qu’ils savent déjà corrompu peut déconcerter. Mais L’Empreinte de Frankenstein garde la tête haute, porté par la présence spectrale de la créature, au masque d’argile décrié, jugé grotesque — à tort. Car ce faciès informe, baroque, incarne à merveille la difformité morale du monde qui l’a engendrée. Monstre tragique, réduit à l’esclavage par son créateur mégalomane et un hypnotiseur encore plus délétère, il s’inscrit dans la lignée des créatures éplorées de Whale, que Francis ressuscite le temps d’une dernière demi-heure aussi rythmée que poignante, où surgit un désespoir suicidaire sans jamais verser dans le ridicule.


"Le Masque d'Argile".
Savoureux divertissement sans temps morts, d’un esthétisme typique de la Hammer, L’Empreinte de Frankenstein exploite habilement une trame connue, galvanisée par le jeu tout en nuances d’un Peter Cushing ici moins brutal, plus empathique, victime d’accusations fallacieuses fomentées par la ruse de l’hypnotiseur. Les seconds rôles, empreints d’un humanisme doux-amer, renforcent le pathos tragique d’un monstre une fois encore banni, dans ce bel hommage bis à la Universal.

Un plaisir de cinéma qui ne m’a jamais quitté depuis cette diffusion dominicale sur TV6, gravée dans ma mémoire comme un pacte de fidélité.

*Bruno 
27.01.24. 5èx



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