mardi 14 octobre 2014

L'Horrible Invasion / Kingdom of the Spiders

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site exclamationmark.wordpress.com

de John Bud Cardos. 1977. U.S.A. 1h37. William Shatner, Tiffany Bolling, Woody Strode, Lieux Dressler, David McLean.

Sortie salles France: 31 Mai 1978. U.S: 23 Novembre 1977

FILMOGRAPHIE: John 'Bud' Cardos est un réalisateur, acteur et producteur américain, né le 20 Décembre 1929 à Saint Louis, Missouri. 1970: The red, white, and black. 1971: Drag Racer. 1971: The Female Bunch (non crédité). 1977: L'Horrible Invasion. 1979: The Dark. 1979: Le Jour de la fin des temps. 1984: Mutant. 1988: Act of Piracy. 1988: Skeleton Coast. 1988: Les Bannis de Gor.


En pleine vogue du film d'agression animale initié par Spielberg avec Les Dents de la Mer, John "Bud" Cardos reprend le même schéma catastrophiste en s'attardant ici à dépeindre l'invasion d'araignées mortelles au sein d'une bourgade de l'Arizona. Alors que les nanars numérisées prolifèrent sur nos écrans depuis quelques décennies, l'Horrible Invasion joue la carte de la série B artisanale. Ou plutôt de l'authenticité, nos monstres à huit pattes s'avérant ici de véritables mygales que le réalisateur aura recruté par milliers !!! Ainsi, les observer s'agripper sur l'échine des victimes instaure un indéniable malaise épidermique face à leurs attaques répétées, et ce sans que l'intrigue ne prenne le pas sur la surenchère. Avec la mise en cause des pesticides, les araignées se résignent aujourd'hui à dévorer le bétail d'élevage et les humains depuis que les insectes ont déserté les champs toxiques. Devenues résistantes et cinq fois plus venimeuses que la normale, elles décident de passer à l'offensive jusqu'à s'acheminer vers l'urbanisation de Verde Valley.


Aussi incongru soit-il, cet argument alarmiste demeure crédible de par la structure intelligente de son intrigue bâtie sur les dangers de la pollution. Le cinéaste optant également sur l'attente de la menace à grande échelle afin de suggérer suspense exponentiel ainsi qu'une étude de caractérielle. La première partie s'attachant à nous décrire le fardeau d'un couple de fermiers lorsque l'une de leur génisse et leur chien sont retrouvés empoisonnés par un venin foudroyant. Dépêchés sur les lieux afin de rendre un rapport d'expertise, un vétérinaire et une entomologiste (en instance d'idylle) se rendent à l'évidence que les araignées ont décidé de modifier leur instinct de survie afin de subvenir à leur besoin nutritif. Par petites touches, les incidents meurtriers vont progresser au fil de leur investigation et du soutien d'un shérif avenant, jusqu'à ce que les mygales s'en prennent physiquement à l'homme ! C'est là qu'intervient la seconde partie beaucoup plus haletante auprès de son lot de péripéties horrifiques où les arachnides prolifèrent en masse au sein d'une ville en état de marasme ou dans le vase clos d'un bar occupé par une poignée de survivants. Outre le caractère véritablement impressionnant de leurs attaques communes, l'efficacité de l'Horrible Invasion émane de cette conviction à nous faire croire que de simples mygales ont décidé d'anéantir l'espèce humaine comme le souligne son épilogue cauchemardesque dans toutes les mémoires.


En dépit de son aspect un tantinet télévisuel (renforçant par ailleurs son charme rétro), l'Horrible Invasion est une incroyable machine à frissons de par l'intervention d'authentiques arachnides et pour l'intensité viscérale de leurs exactions horrifiques. D'une intrigue simple mais efficace découlant également le caractère crédible d'une sobre interprétation et de la montée en puissance d'une menace aussi réaliste qu'insidieuse. Une référence toujours inégalée à ce jour. 

P.S: Un grand coup de chapeau à tous ces comédiens qui ont su faire preuve de sang froid et de bravoure pour se laisser agripper par ces nombreuses Mygales !

*Bruno
4èx
14/10/14
02/03/11

lundi 13 octobre 2014

TORSO (I Corpi presentano tracce di violenza carnale)

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site silverferox.blogspot.com

de Sergio Martino. 1973. Italie. 1h33. Avec Suzy Kendall, Tina Aumont, Luc Merenda, John Richardson, Roberto Bisacco, Ernesto Colli, Angela Covello, Carla Brait.

Inédit en salles en France.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Sergio Martino est un réalisateur, producteur et scénariste italien né le 19 Juillet 1938 à Rome (Italie).
1970: l'Amérique à nu. Arizona se déchaine. 1971: l'Etrange vice de Mme Wardh. La Queue du Scorpion. l'Alliance Invisible. 1973: Mademoiselle Cuisses longues. 1973: Torso. 1975: Le Parfum du Diable. 1977: Mannaja, l'homme à la hache. 1978: La Montagne du Dieu Cannibale. 1979: Le Continent des Hommes poissons. Le Grand Alligator. 1982: Crimes au cimetière étrusque. 1983:2019, Après la Chute de New-York. 1986: Atomic Cyborg. 1989: Casablanca Express. 1990: Mal d'Africa. Sulle tracce del condor.


Inédit en France, que ce soit lors de sa sortie en salles ou en Dvd, Ecstasy of  Films nout fait aujourd'hui l'honneur d'exhumer Torso de son silence avec une édition Blu-ray de prestige ! Tant en en terme de qualité d'image au grain respecté que de bonus passionnants, les fans auront de quoi s'enthousiasmer pour le (re)découvrir et l'insérer scrupuleusement dans leur collection ! A Pérouse, des étudiantes sont retrouvées étranglées avec le foulard rouge d'un mystérieux tueur. Avec trois de ses amies, Daniela décide de se reculer dans une villa bucolique. Mais l'assassin rode aux alentours... En vogue giallesque, Sergio Martino reprend du service en 1973 pour entreprendre un thriller un peu plus violent et érotique que ces prédécesseurs, même si le gore n'intervient plutôt que dans la résultante des crimes. Les filles dénudées sont donc ici sévèrement molestées, strangulées puis démembrées par un tueur masqué jouant parfois à cache-cache devant leur témoignage. Précurseur du Slasher, Torso annonce clairement le renouvellement du thriller horrifique dont Halloween et Vendredi 13 en seront ses illustres modèles. Tant au niveau de l'apparition fantomatique du tueur, de sa physionomie occultée par un masque que de l'aménagement du huis-clos auquel la dernière victime tentera de déjouer ses agissements meurtriers. 


Si la première partie de l'intrigue n'a véritablement rien de transcendant (meurtres en pagaille, jeu de suspicion envers quelques témoins, étreinte polissonne saupoudrée de saphisme et d'échangisme), Sergio Martino possède suffisamment de métier pour ne pas attiser l'ennui du spectateur. Principalement dans le stylisme alloué aux meurtres violents comme de sa réalisation chiadée où l'esthétisme des images (notamment l'éclairage soigné de la photo) importe beaucoup. Mais le clou du spectacle à suspense intervient lors de sa seconde partie régie en mode claustration puisqu'une survivante va se retrouver prisonnière malgré elle dans l'intimité de sa villa parmi l'intrusion du tueur ! Avec ses démembrements à la scie et ses quelques plans gores explicites, Torso tente de rivaliser d'audaces pour dépoussiérer le genre sans toutefois sombrer dans le racolage facile. Pour preuve, le meurtre des trois jeunes filles à l'intérieur de la villa nous est établi hors-champs, le réalisateur préférant se focaliser sur le voyeurisme du spectateur et celui de l'héroïne lorsque cette dernière s'efforce de guetter les agissements de l'assassin se débarrassant des victimes ! Cette deuxième partie peut même évoquer le fameux Bloody Bird de Michele Soavi dans le rapport de force du tueur et de la victime auquel figure notamment l'importance d'une clef, dans la facture baroque de l'ameublement de la maison, et dans l'inventivité de sa réalisation aux cadrages alambiqués. Si l'identité de l'assassin et la révélation traumatique de son mobile n'excellent pas dans la stupeur, elles s'avèrent suffisamment crédibles pour accepter son rituel morbide enfoui dans une réminiscence enfantine.  


Avec sa réalisation inventive exploitant habilement les recoins d'une Villa et l'ambition de l'auteur à se démarquer du traditionnel Giallo, Torso ouvre la voie du Slasher des années 80 avec une modernité d'autant plus surprenante qu'il prend le parti de jouer avec la complicité voyeuriste du spectateur et de l'héroïne ! Ajoutez à cela un superbe score des frères Angelis et la facture exotique d'une campagne italienne souillée par le meurtre et vous obtenez un Giallo affûté. 

Remerciement à Christophe Cosyns et Ecstasy of Films.
Bruno Matéï
2èx

vendredi 10 octobre 2014

Nuits de Cauchemar / Motel Hell

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemaknifefight.wordpress.com

de Kevin Connor. 1980. U.S.A. 1h45. Avec Rory Calhoun Nancy Parsons, Nina Axelrod, Wolfman Jack, Elaine Joyce, Monique St. Pierre.

Sortie salles France: 19 Novembre 1980. U.S: 18 Octobre 1980

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Kevin Connor est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né en 1937 à Londres (Royaume-Uni). 1973: Frissons d'outre-tombe. 1975: Le 6è Continent. 1976: Trial by combat. 1976: Centre Terre, septième continent. 1977: Le Continent Oublié. 1978: Les 7 cités d'Atlantis. 1979: Le Trésor de la Montagne Sacrée. 1980: Nuits de Cauchemar. 1982: La Maison des Spectres. 


"On ne revoit pas les classiques systématiquement par devoir ou par respect, mais plutôt par amour."
Spécialiste de l'aventure fantastique tous publics (le 6è Continent, Centre Terre, 7è continent, Le Continent Oublié, les 7 Cités d'Atlantis, le Trésor de la Montagne sacrée) alors qu'il se fit connaître avec l'excellente anthologie horrifique (Frissons d'outre-tombe), Kevin Connor renoue à son premier amour avec le cultissime Nuits de Cauchemar. Film d'horreur semi-parodique imprégné d'humour noir, cette farce macabre marqua toute une génération de cinéphiles par le truchement de son concept insolite culminant vers un duel à la tronçonneuse que personne n'attendait ! Le PitchPropriétaires d'un motel et fermiers réputés pour la fabrication artisanale de leur viande fumée, Vincent et sa soeur kidnappent des touristes pour les enterrer vivant dans un jardin secret. Mais après avoir sauvé la vie d'une jeune fille lors d'un accident de moto et l'avoir recueilli chez lui, la vie de Vincent en est perturbée depuis que cette dernière lui avoue ses sentiments, et ce en dépit de la jalousie grandissante de sa soeur. Avec un pitch aussi grotesque que débridé, Nuits de Cauchemar ne peut qu'enthousiasmer le fantasticophile avide d'histoires singulières si bien que Kevin Connor redouble d'ironie auprès des sarcasmes du duo psychopathe raillant plaisamment leurs victimes, comme des extravagances de certains seconds-rôles égrillards.


Sur ce dernier point, je pense en priorité au couple de touristes venus louer une chambre pour pratiquer leurs jeux sado-maso parmi la complicité des fermiers prêts à les alpaguer. Ou encore la présence envahissante du shérif du coin (le frère de Vincent), épris également d'amour pour la jeune rescapée mais toujours aussi empoté à tenter de la courtiser. On est également surpris du caractère résolument attachant des meurtriers anthropophages dans leur bonhomie à accueillir leur clientèle autour d'un charmant cadre bucolique, et ce en dépit de leurs inexcusables exactions exercées la nuit tombée. En prime, leur volonté d'éluder la souffrance des victimes avant l'abattage et la raison écolo pour laquelle ils décident d'en cuisiner leur chair renforcent le caractère altruiste de leur déontologie avec un humour impayable. Enfin, parmi la romance entamée entre la rescapée et le sexagénaire Vincent, on se prend d'une certaine empathie pour leur liaison improbable du fait de leur différence d'âge et de la pathologie régressive de ce dernier faisant de l'oeil à Norman Bates de Psychose. Bien évidemment, au-delà de la sympathie qu'exercent tous ces personnages sciemment déjantés, l'aspect jouissif de Nuits de Cauchemar émane surtout des hallucinants effets de surprise macabres lorsque les victimes enterrées s'efforcent d'écrier des râles de mécontentement dans leur condition de "légume". Des séquences d'anthologie vues nulle part ailleurs et rien que pour ces audaces génialement saugrenues (mais aussi un tantinet déstabilisantes auprès de sa bande-son malaisante), Nuits de Cauchemar est à ne rater sous aucun prétexte. 


Soutenu de la mélodie suave de Lance Rubin dans toutes les mémoires, Nuits de Cauchemar ne cesse d'impliquer la sympathie parmi l'exubérance de ses personnages hors-sol et de son concept meurtrier littéralement incongru (euphémisme). Ajoutez à cela une ambiance macabre des plus insolites, une pincée de gore vers son point d'orgue belliqueux étonnement à contre emploi et un humour noir plutôt corsé et vous obtenez une farce sardonique d'une inépuisable fringance impossible à égaler. 

*Bruno 
5èx. Vost

jeudi 9 octobre 2014

UNE FEMME SOUS INFLUENCE (A Woman Under the Influence)

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site gallerytheimage.com

de John Cassavetes. 1974. U.S.A. 2h17. Avec Gena Rowlands, Peter Falk, Fred Draper, Lady Rowlands, Katherine Cassavetes, Matthew Laborteaux, Matthew Cassel, Christina Grisanti.

Sortie salles France: 20 Septembre 1974. U.S: 14 Avril 1974.

FILMOGRAPHIE: John Cassavetes est un réalisateur, scénariste et acteur américain, né le 9 Décembre 1929 à New-York, décédé le 3 Février 1989 à Los Angeles.
1959: Shadows. 1961: Too late blues. 1963: Un Enfant attend. 1968: Faces. 1970: Husbands. 1971: Minnie et Moskowitz. 1974: Une Femme sous Influence. 1976: Meurtre d'un bookmaker chinois. 1978: Opening Night. 1980: Gloria. 1984: Love Streams. 1985: Big Trouble.


Drame conjugal d'une intensité rigoureuse, Une Femme sous Influence traite de la crise au sein du couple lorsqu'une mère de trois enfants finit par sombrer dans la démence. Mariée à un contre-maître beaucoup plus présent sur le chantier qu'au foyer, Mabel finit par perdre pied avec sa réalité, faute d'une solitude trop lourde à gérer malgré la compagnie insolente de ses charmants bambins. Sans oser dévoiler à son mari sa réticence d'accepter au foyer ses collègues de chantier pour un dîner amical, Mabel réveille l'inconscience de sa rancoeur en adoptant l'attitude d'une femme effrontée aux penchants alcooliques.    


Spécialiste du cinéma-vérité, John Cassavetes nous autopsie l'intimité d'un couple à la manière d'un documentaire pris sur le vif. Sa mise en scène méticuleuse auscultant les tourments des amants devant le témoignage familial avec une indiscrétion dérangeante. Car dévoués corps et âme pour retranscrire leurs émotions, les comédiens vivent plus qu'ils ne jouent leur expérience humaine sans jamais faire preuve de pathos tape à l'oeil. Il faut dire que dans le rôle de Mabel, Gena Rowlands livre une interprétation viscérale aussi vertigineuse qu'éprouvante dans sa difficile convalescence à s'extraire de sa névrose. Bouleversante car sidérante de fragilité névralgique, l'actrice retransmet une telle vérité humaine que l'on éprouve le même malaise que les protagonistes observant de manière impuissante sa déchéance mentale. Dans la peau d'un époux renfrogné trop irascible car agissant souvent sous l'impulsion avant de réfléchir, Peter Falk parvient à lui donner la réplique avec autant d'intensité dans sa posture de machiste lourdement contrarié. Un prolétaire courageux plutôt respecté par son entourage et débordant d'amour envers son épouse mais sur la réserve lorsqu'il s'agit de lui communiquer ses sentiments ou lui offrir l'aplomb nécessaire afin d'assainir sa conduite morale. Etalé sur une durée de 2h27, cette confrontation rigoureuse d'un couple en perdition est entièrement dédiée à leur fracture psychologique alors que les témoignages amicaux et familiaux se contraignent de les soutenir en tant que simples spectateurs.


Drame intimiste d'un couple en crise identitaire, Une Femme sous Influence dresse l'introspection d'une femme fragile de sa condition désaxée et nous dévoile les conséquences de la solitude et de l'incommunicabilité lorsque deux amants atrabilaires sont incapables de canaliser leurs émotions.
Un grand moment de cinéma-vérité porté par un réalisateur en acmé et un acte d'amour alloué à un duo de comédiens hors-pair !


Bruno Matéï
3èx

PER UN PUGNO DI SPAGHETTI (Pour une poignée de Spaghettis). Court-Métrage.


Un court-métrage de Pascal Frezzato. 2014. France. 10'14". Avec Bruno Dussart, Patrick Lalande, Adrien Erault, Christophe Masson, Dominique Botras

FILMOGRAPHIE: Pascal Frezzato est un réalisateur français de court-métrage, né le 4 Décembre 1972.
2010/11: Predator. 2012: Le Règne des Insectes. 2013: Memory of the dead. 2014: Pour une poignée de Spaghettis.


Duel: combat par les armes soumis à des règles précises dans l'opposition de deux adversaires, l'un demandant à l'autre réparation pour une offense ou un tort.

Après avoir traité de manière intimiste le drame post-apo (le Règne des Insectes) et l'horreur gore chère au zombie movie (Memory of the Dead), Pascal Frezzato change de registre pour rendre hommage au western spaghetti avec Pour une poignée de Spaghettis. D'une durée minimaliste de 10 minutes, l'intrigue se concentre uniquement autour d'un duel inéquitable échangé entre un Etranger et un quatuor de rebelles. L'intérêt de l'enjeu résidant dans l'éventuelle raison de leur confrontation, quand bien même le cinéaste s'entache à mi-parcours de bouleverser la donne par le biais d'un revirement culotté. Bien entendu, je tairais toutes traces d'indices pour ne pas déflorer son rebondissement imprévu mais la réussite du métrage émane également de cette démarche pittoresque à vouloir dépoussiérer un pitch éculé. Qui plus est, pour renforcer le caractère décalé de la situation, la plupart des protagonistes adopte une démarche tantôt maladroite, tantôt excentrique afin de provoquer amusement et hilarité.


Si les comédiens amateurs cabotinent inévitablement, on peut vanter leur charisme viril tant Pascal Frezzato a pris soin de rendre crédible la posture distinguée de cow-boys hérités du western de Sergio Leone. Pour preuve, dans la peau de l'Etranger qu'incarne héroïquement Bruno Dussart, l'accoutrement du poncho qu'il porte avec flegme et une physionomie mal rasée sont volontairement calqués sur la stature de Clint Eastwood dans Pour une Poignée de dollars. Tous ces cow-boys font donc preuve d'un réel pouvoir attractif dans leur costume dissemblable et réussissent surtout à nous amuser dans leur mimique et gestuelle volontairement caricaturée. Pascal Frezzato faisant également appel à l'intensité de bruitages afin de renforcer la dérision de leur comportement mesquin. On peut aussi souligner le jeu crédible de Christophe Masson, en barbu à la gâchette facile, et celui d'Adrien Erault, en mexicain couard, tant ils parviennent à provoquer la facétie dans leur expression hébétée. Techniquement soigné, tant au niveau des cadrages, du champ contre-champs que des plans serrés, Pascal Frezzato est aussi adroit pour fignoler l'image d'une nature solaire, saturée ici de teintes ocres afin de coller au plus près de l'ambiance aride du western transalpin. Quant à l'influence musicale d'Ennio Morricone, non seulement elle harmonise instinctivement l'atmosphère d'insécurité mais se permet en outre d'en ébranler sans complexe les tons lors de l'ultime affrontement.


Avec ce troisième court-métrage à budget extrêmement dérisoire (500 euros !), Pascal Frezzato honore le système Z dans sa volonté intègre de rendre hommage et de divertir parmi la complicité de comédiens amateurs au charisme plein de charme. La cocasserie qui émane de leur extravagance et l'incroyable revirement accordé à la chute de l'histoire risquent à coup sur de conquérir le public, partagé entre bouffonnerie et hilarité ! Scrupuleux dans sa mise en scène bricolée et plein d'affection pour ses personnages, on sent bien que l'auteur voue un indéniable amour à ses pistoleros bourrus et il le fait dignement savoir ici avec une fantaisie irrésistible !  

Un grand merci à Pascal Frezzato, Philippe Blanc et toute l'équipe du film ! 
Bruno Matéï

P.S: Le court-métrage est disponible ici : http://www.dailymotion.com/…/x28si2w_per-un-pugno-di-spaghe…
La seconde partie ici: https://www.dailymotion.com/…/x3eye27_per-un-pugno-di-spagh…

La critique du Règne des Insectes (le): http://brunomatei.blogspot.fr/2012/08/le-regne-des-insectes_13.html
La critique de Memory of the deadhttp://brunomatei.blogspot.fr/2013/11/memory-of-dead-court-metrage.html

                                       

mercredi 8 octobre 2014

ROMEO IS BLEEDING

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site en.wikipedia.org

de Peter Medak. 1993. U.S.A/Angleterre. 1h49. Avec Gary Oldman, Lena Olin, Annabella Sciorra, Juliette Lewis, Roy Scheider, Michael Wincott.

Sortie salles France: 2 Mars 1994. U.S: 4 Février 1994

    FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Peter Medak est un réalisateur et producteur hongrois, né le 23 Décembre 1937 à Budapest (Hongrie).
    1980: L'Enfant du Diable. 1981: La Grande Zorro. 1991: L'âge de vivre. 1993: Romeo Is Bleeding. 1998: La Mutante 2.


    En pleine vogue du polar rouge sang inauguré par Tarantino (Reservoir Dogs), Peter Medak, réalisateur attitré d'un authentique chef-d'oeuvre de l'épouvante (l'Enfant du Diable), nous propose avec Romeo is Bleeding une descente au enfers vertigineuse. Un film noir si cauchemardesque qu'il effleure parfois le genre horrifique avec un réalisme acéré. Jack Grimaldi, flic corrompu exerçant des transactions avec une mafia, va devenir la cible préférée d'une tueuse russe après avoir hésité de la supprimer sous l'autorité de ses malfaiteurs. Traqué et incessamment persécuté, il va devoir user de bravoure et subterfuge afin de déjouer la mafia et la criminelle lancés à ses trousses. Polar éprouvant s'il en est, Romeo is Bleeding est une farce vénéneuse imperturbable dans son cheminement macabre où les morts s'acheminent sous l'allégeance d'une redoutable criminelle. Portrait cinglant imparti à une misandre aussi dégénérée que perspicace, l'intrigue est majoritairement bâtie sur ses exactions crapuleuses où le masochisme pervers côtoie les étreintes sexuelles parmi la soumission de son amant.


    Pour incarner cette femme fatale au regard reptilien, Lena Olin transfigure l'une des mantes religieuses les plus terrifiantes jamais vues sur un écran ! Autant affirmer que l'actrice excelle dans son art (viscéral) de séduction à adopter la démarche d'une psychopathe cynique. Habitée par le fiel et l'arrogance pour railler la gente masculine, son parcours sanglant est établi en fonction de sa suprématie à berner les mâles infidèles et mafieux en tous genres ! En flic vénal multipliant les infidélités conjugales et les escroqueries financières, Gary Oldman lui partage la vedette avec une névrose toujours plus instable au fil de son parcours meurtrier. Sa partenaire l'incitant à l'occasion opportune de tuer certains rivaux gênants afin de lui faire porter le chapeau. Entre ses deux partenaires inflexibles, l'intrigue s'agence donc à la guerre des sexes, à l'épreuve de force, au défi du chat et de la souris qu'ils vont s'accorder avec sadomasochisme ! Au-delà de sa mise en scène parfaitement maîtrisée, Peter Medak fait appel aux dialogues ciselés afin de méditer sur l'influence du Mal, de la cupidité, des conséquences de la corruption, et sur l'idéologie précaire de l'amour ("nous appartenons à l'amour" et non l'inverse, évoquera Grimaldi en monologue !). Emaillé de rebondissements imprévisibles où la violence stylisée explose sans sommation, Romeo is Bleeding insuffle également une tension dérangeante dans la psychologie torturée de notre anti-héros sévèrement molesté. Cette traque sans répit échangée entre ces adversaires s'octroie par ailleurs de distiller un climat malsain proche du marasme, de par la perversité sadique octroyée à la dominatrice insatiable !


    Femme Criminelle
    Chef-d'oeuvre du polar malsain d'une cruauté insoupçonnée, Romeo is Bleeding fait aussi appel à la méditation pour dépeindre la dérive véreuse d'un flic à bout de souffle mais résolu à se raccrocher à l'absolution. Quant à la mécanique du thriller poisseux, Peter Medak transcende le portrait d'une criminelle narcissique avec une perversité viscérale aussi perturbante que terrifiante. 

    Bruno Matéï
    3èx

    mardi 7 octobre 2014

    Halloween 3, Le Sang du Sorcier / Halloween 3, Season of the Witch

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant à Cinemapassion.com

    de Tommy Lee Wallace. 1982. U.S.A. 1h38. Avec Tom Atkins, Stacy Nelkin, Michael Currie, Dan O'herlihy, Ralph Strait

    Sortie salles France: 9 Mars 1983. U.S:

    BIOGRAPHIETommy Lee Wallace (né le 06/09/1949) est un réalisateur, producteur, chef accessoiriste, monteur, chef décorateur et scénariste américain. C'est à lui que l'on doit la suite de Vampires, vous avez dit vampires ainsi que le télé-film Ca d'après Stephen King tandis qu'Halloween 3 était son premier essai derrière la caméra. Il a également été scénariste pour le film Amityville 2 et responsable du montage de Halloween de Carpenter.


    "Je vous demande de m'croire, je vous en prie croyez moi, arrêtez cette émission je vous en priie !!! Je vous en supplie, arrêtez là tout de suite !!! 
    Ca continue sur la 3è chaîne, je vous en prie, regardez la 3è chaîne, la 3è chaîne, elle continue, arrêtez là je vous en prie, pour l'amour du ciel, coupez tout, coupez tout, il n'y a pas de temps à perdre, arrêtez l'émission, j'vous en supplie, coupez coupez, je vous en supplie, arrêtez l'émission coupez, arrêtez, coupez, arrêtez, coupez, coupez, coooouuuuupeeeeeeeeeezzzzzzzzzzzzzzzzzz !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!"

    Troisième volet d'une franchise aussi notoire que les séries Vendredi 13 et FreddyHalloween 3, le sang des sorciers reste paradoxalement le volet le plus mal aimé de toute la saga. Une incompréhension d'autant plus illégitime qu'il s'agit d'une variation originale sur la fête celtique d'Halloween. Produit avec un budget de 2 500 000 $, il n'en rapporta finalement que 14 400 000 $ au box-office américain. Parmi les dix films de la saga, c'est celui dont le résultat financier fut le plus répréhensible. S'ajoutent à ce mauvais résultat des critiques particulièrement défavorables blâmant le caractère saugrenu de l'ensemble. Pourtant, si on élude le modèle de Carpenter, cet écart de conduite est à réhabiliter d'urgence tant il s'avère l'opus le plus couillu de la saga !
    Synopsis: Un ancien confectionneur de jouet travaillant pour la société Silver Shamrock se réfugie en panique à l'entrée d'un hôpital, un masque d'Halloween à la main. Dans la soirée qui suit son admission, un mystérieux individu vêtu d'un costume noir l'assassine de ses gants noirs en lui perforant les yeux. Le lendemain, la fille de la victime, Ellie, se confie près d'un médecin et lui avoue que son père semblait suspicieux envers la société pour qui il travaillait. Une entreprise dirigée par le directeur Conal Cochran, un irlandais exilé aux Etats-Unis. Après avoir sympathisé, le couple finit par se rendre dans une petite ville de Californie et découvre non loin de leur motel un entrepôt surveillé par d'étranges geôliers en costume noir. Ils ne vont pas tarder à faire la connaissance du maître des lieux: Conal Cochran, inventeur de génie fermement décidé à concocter une immense farce d'Halloween.


    En tant que scénaristes, Tommy Lee Wallace et Nigel Kneale remontent aux sources celtes de la traditionnelle fête d'Halloween où sacrifices humains étaient monnaie courante pour nous illustrer aujourd'hui une immense farce cynique d'une diabolique démesure. A titre d'exemple, se remémorer l'idée insensée qu'un magnat entreprend pour éradiquer la démographie mondiale s'avère proprement jouissive ! Si bien qu'après avoir fabriqué un mystérieux badge estampillé derrière des masques de Halloween, ce créateur utopiste épaulé de son armée d'androïdes planifient la plus impensable hécatombe de l'histoire de l'humanité. Ainsi, ils estiment exterminer des milliers d'enfants réunis devant leur poste de télévision car observant en état de transe un spot publicitaire le soir d'Halloween. Par le biais de l'écran, un message publicitaire envoie au moment propice un signal électronique vers les badges imprimés au dos des masques. Au déclenchement d'un rayon laser s'extirpe ensuite de leur masque insectes, arachnides et serpents qui liquéfieront la tête des bambins ! Ce concept narratif aussi insensé, cocasse et terrifiant est également accentué d'une ambiance génialement crépusculaire vers les plages d'accalmie ! Celle illustrée auprès d'une tranquille bourgade Californienne où un couvre feu contraint chaque citadin de rester cloîtrer chez eux la nuit tombée. En prime, l'excellente partition au synthé de John Carpenter et Alan Howarth harmonise à merveille ce climat inquiétant d'une ville régie par une obscure confrérie, quand bien même un jingle des plus malicieux est orchestré avec dérision cartoonesque afin d'y lobotomiser la population.


    Emaillé de séquences chocs impressionnantes car étonnamment réalistes, Tommy Lee Wallace  les utilisent parmi l'efficacité d'un script truffé d'idées et péripéties toujours plus alertes pour l'investigation davantage alerte de nos héros à bout de souffle. Le montage adroit étant également privilégié afin de ne pas déflorer l'astuce des trucages artisanaux dont le clou de l'horreur culmine avec la mort d'un enfant. Ce dernier faisant office de cobaye expérimental face au témoignage de ses parents et de l'industriel Cochran. Si bien que sous l'effet de la pub diffusée via l'écran TV, la tête du gosse fond littéralement sous la chaleur de son masque laissant s'extirper les traditionnels insectes et reptiles rampants ! Niveau cast résolument attachant, on retient surtout l'excellent Tom Atkins interprétant avec virilité le rôle d'un médecin divorcé épris d'alcool lors de soirées esseulées mais néanmoins scrupuleusement attentif à la tragédie d'un meurtre inexpliqué qui l'amènera à fréquenter une industrie véreuse. Secondé de la charmante Stacey Nelkin, l'actrice endosse la complicité d'une jeune maîtresse aussi fureteuse et investie dans sa quête personnelle de découvrir les raisons du décès de son paternel. Enfin, l'inquiétant (et oh combien magnétique !) Dan O'Herlihy adopte la carrure hautaine de l'inventeur de génie. Un sexagénaire vindicatif particulièrement cynique dans ses ambitions meurtrières à échelle mondiale afin de redorer un sang neuf à la tradition d'Halloween. Quelle immense blague macabre dans la finalité de ses ambitions malades !


    Hormis un ou deux couacs (notamment lorsque le héros parvient trop facilement à deviner les touches du clavier d'ordinateur afin d'éradiquer toute l'entreprise), Halloween 3, le sang du sorcier captive sans faillir grâce au délire de son scénario audacieux et à son ambiance ombrageuse magnifiquement scandée d'un score électro. Qui plus est, à travers cette satire où une organisation intégriste souhaite redorer l'ancienne coutume d'une fête celtique, Tommy Lee Wallace en profite pour railler la société de consommation et les effets pervers du contrôle des médias. A l'instar de son final nihiliste littéralement affolant, nous ne sommes pas prêts d'oublier cette planification meurtrière internationale signalée par notre tube cathodique. Attention chef-d'oeuvre ! 

    *Bruno
    18.08.23. 5èx. Vostfr
    07.10.14
    01.11.10