Photo empruntée sur Google, appartenant au site en.wikipedia.org
de Peter Medak. 1993. U.S.A/Angleterre. 1h49. Avec Gary Oldman, Lena Olin, Annabella Sciorra, Juliette Lewis, Roy Scheider, Michael Wincott.
Sortie salles France: 2 Mars 1994. U.S: 4 Février 1994
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Peter Medak est un réalisateur et producteur hongrois, né le 23 Décembre 1937 à Budapest (Hongrie).
1980: L'Enfant du Diable. 1981: La Grande Zorro. 1991: L'âge de vivre. 1993: Romeo Is Bleeding. 1998: La Mutante 2.
En pleine vogue du polar rouge sang inauguré par Tarantino (Reservoir Dogs), Peter Medak, réalisateur attitré d'un authentique chef-d'oeuvre de l'épouvante (l'Enfant du Diable), nous propose avec Romeo is Bleeding une descente au enfers vertigineuse. Un film noir si cauchemardesque qu'il effleure parfois le genre horrifique avec un réalisme acéré. Jack Grimaldi, flic corrompu exerçant des transactions avec une mafia, va devenir la cible préférée d'une tueuse russe après avoir hésité de la supprimer sous l'autorité de ses malfaiteurs. Traqué et incessamment persécuté, il va devoir user de bravoure et subterfuge afin de déjouer la mafia et la criminelle lancés à ses trousses. Polar éprouvant s'il en est, Romeo is Bleeding est une farce vénéneuse imperturbable dans son cheminement macabre où les morts s'acheminent sous l'allégeance d'une redoutable criminelle. Portrait cinglant imparti à une misandre aussi dégénérée que perspicace, l'intrigue est majoritairement bâtie sur ses exactions crapuleuses où le masochisme pervers côtoie les étreintes sexuelles parmi la soumission de son amant.
Pour incarner cette femme fatale au regard reptilien, Lena Olin transfigure l'une des mantes religieuses les plus terrifiantes jamais vues sur un écran ! Autant affirmer que l'actrice excelle dans son art (viscéral) de séduction à adopter la démarche d'une psychopathe cynique. Habitée par le fiel et l'arrogance pour railler la gente masculine, son parcours sanglant est établi en fonction de sa suprématie à berner les mâles infidèles et mafieux en tous genres ! En flic vénal multipliant les infidélités conjugales et les escroqueries financières, Gary Oldman lui partage la vedette avec une névrose toujours plus instable au fil de son parcours meurtrier. Sa partenaire l'incitant à l'occasion opportune de tuer certains rivaux gênants afin de lui faire porter le chapeau. Entre ses deux partenaires inflexibles, l'intrigue s'agence donc à la guerre des sexes, à l'épreuve de force, au défi du chat et de la souris qu'ils vont s'accorder avec sadomasochisme ! Au-delà de sa mise en scène parfaitement maîtrisée, Peter Medak fait appel aux dialogues ciselés afin de méditer sur l'influence du Mal, de la cupidité, des conséquences de la corruption, et sur l'idéologie précaire de l'amour ("nous appartenons à l'amour" et non l'inverse, évoquera Grimaldi en monologue !). Emaillé de rebondissements imprévisibles où la violence stylisée explose sans sommation, Romeo is Bleeding insuffle également une tension dérangeante dans la psychologie torturée de notre anti-héros sévèrement molesté. Cette traque sans répit échangée entre ces adversaires s'octroie par ailleurs de distiller un climat malsain proche du marasme, de par la perversité sadique octroyée à la dominatrice insatiable !
Femme Criminelle
Chef-d'oeuvre du polar malsain d'une cruauté insoupçonnée, Romeo is Bleeding fait aussi appel à la méditation pour dépeindre la dérive véreuse d'un flic à bout de souffle mais résolu à se raccrocher à l'absolution. Quant à la mécanique du thriller poisseux, Peter Medak transcende le portrait d'une criminelle narcissique avec une perversité viscérale aussi perturbante que terrifiante.
Bruno Matéï
3èx
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