vendredi 30 juin 2017

L'AMBULANCE

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant à senscritique.com

"The Ambulance" de Larry Cohen. 1990. U.S.A. 1h35. Avec Eric Roberts, James Earl Jones, Megan Gallagher, Red Buttons, Janine Turner, Eric Braeden, Richard Bright.

Sortie salles France: 5 Juin 1991. U.S: 29 Mars 1990

FILMOGRAPHIE: Larry Cohen est un réalisateur, producteur et scénariste américain né le 15 Juillet 1941. Il est le créateur de la célèbre série TV, Les Envahisseurs.
1972: Bone, 1973: Black Caesar, Hell Up in Harlem, 1974: Le Monstre est vivant, 1976: Meurtres sous contrôle, 1979: Les Monstres sont toujours vivants, 1982: Epouvante sur New-York, 1985: The Stuff, 1987: La Vengeance des Monstres, Les Enfants de Salem, 1990: l'Ambulance. 1995 Fausse identité (TV Movie) 1996: Original Gangstas. - Comme Producteur: Maniac Cop 1/2/3.
- Comme Scénariste: Cellular, Phone Game, 3 épisodes de Columbo.


Echec public aux States mais joli succès dans l'hexagone (notamment sous l'effigie de sa Vhs), l'Ambulance est une série B trépidante typiquement représentative de son auteur, l'illustre Larry Cohen. Créateur entre autre de la série Les Envahisseurs et de deux chefs-d'oeuvre du fantastique moderne, le Monstre est Vivant et Meurtres sous Contrôle. A partir d'un pitch aussi original que cocasse, l'Ambulance met en exergue une course-poursuite infernale entre un dessinateur de BD délibéré à appréhender une mafia médicale exerçant des trafics d'êtres humains afin de guérir les diabétiques. Dans le rôle (à contre-emploi) du méchant chirurgien, on est surpris de retrouver l'acteur Eric Braeden issue de la série TV Amour, gloire et beauté, se fondant ici dans la peau d'un savant fou moderne avec une dérision macabre gentiment convaincante. Et ce en dépit d'un cabotinage assumé que chaque acteur incarne avec aplomb enjoué afin d'accentuer le caractère débridé du contexte horrifique aussi bien singulier qu'improbable.


Bien conscient de ses facilités qu'il empreinte durant un cheminement narratif à la fois homérique et pittoresque, Larry Cohen ne prend jamais au sérieux son argument sardonique et privilégie l'énergie de sa mise en scène maîtrisant efficacement rebondissements et imprévus avec une générosité en roue libre. L'Ambulance alternant sans temps morts investigation policière infructueuse (les flics stéréotypés en prennent plein leur grade dans leur posture décervelée !) et survival urbain que notre héros (formidablement campé par la verve amicale du fringant Eric Roberts swinguant dans une "cool attitude" !) encourt à perdre haleine, notamment afin de retrouver saine et sauve une jeune inconnue rencontrée plus tôt dans le centre-ville. Outre les présences très attachantes de nos principaux protagonistes s'évertuant à courser les malfrats en blouse blanche, on est également ravi de retrouver une foule de seconds-couteaux bien connus des amateurs de B movies (James Earl Jones, Megan Gallagher, Red Buttons, Richard Bright, Nicholas Chinlund), sans compter quelques caméos inopinés (Stan Lee en personne et Lou Ferigno !) se prêtant au jeu du pastiche avec bonhomie.


Pur divertissement de samedi soir fertile en frénésie visuelle (photo saturée en sus !) sous l'impulsion excentrique de comédiens s'en donnant à coeur joie dans les outrances gestuelles et verbales si bien qu'on les croiraient sortis d'une bande-dessinée, l'Ambulance est le prototype par excellence de la série B galvanisante (aussi naïve soit-elle !) dans son concentré d'humour, d'actions et de cascades aussi bien funs que décomplexés ! A redécouvrir avec un réjouissant sourire d'ado ! 

Bruno Dussart
3èx

jeudi 29 juin 2017

OKJA

                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de  Bong Joon-ho. 2017. Corée du Sud/U.S.A. 2h01. Avec Ahn Seo-hyeon, Tilda Swinton, Paul Dano, Jake Gyllenhaal, Byeon Hee-bong, Steven Yeun, Lily Collins

Diffusé sur Netflix en Corée du Sud, États-Unis et France : 28 juin 2017 

FILMOGRAPHIE: Bong Joon-ho est un réalisateur et scénariste sud-coréen, né le 14 septembre 1969 à Séoul. 2000 : Barking Dog. 2003 : Memories of Murder. 2006 : The Host. 2009 : Mother. 2013 : Snowpiercer, le Transperceneige. 2017 : Okja.


Bouleversant témoignage contre l'exploitation et la barbarie animale sans misérabilisme et encore moins de complaisance (en dépit de certaines séquences difficiles, notamment son éprouvante dernière partie qui arrachera des larmes aux plus sensibles !), Okja a de quoi remuer les consciences auprès des carnivores, complices malgré eux d'une inépuisable souffrance animale instaurée au sein d'abattoirs insalubres souillés par les larmes et le sang des victimes innocentes qui ne demandaient qu'à vivre dans la quiétude. Poème familial pétri de tendresse et d'humanité lorsqu'une jeune coréenne s'éprend d'amour auprès de son animal de compagnie, en l'occurrence un cochon génétiquement modifié, Okja nous relate un périple haletant pour la survie lorsque ce dernier embrigadé de force chez une multinationale est prochainement contraint de finir dans les assiettes du consommateur dupé par une propagande fallacieuse.


Car dénonçant la cupidité et la corruption des lobbys et de l'agroalimentaire impliqués dans la pratique des OGM, Bong Joon-ho traduit son histoire avec pudeur (notamment sa première partie affichant avec poésie un panorama naturel idyllique) et pincée d'humour (l'incroyable course-poursuite perpétrée à travers ces centres commerciaux puis culminant sur l'autoroute !). Car dosant habilement, et avec brio technique bluffant de réalisme (notamment le design détaillée de la créature plus vraie que nature !) action inventive inscrite dans la fantaisie (les bravoures étant transfigurées avec l'hallucinante fluidité d'une caméra formaliste !) puis enchaînant doucement avec le drame et l'horreur, le réalisateur télescope les genres parmi l'efficacité d'un cheminement narratif à l'issue indécise. Certes un chouilla prévisible avouons-le mais pour autant truffé d'inventions (visuelles) et d'adrénaline lorsque des militants de la cause animale s'efforcent de prêter main forte à notre héroïne exploitée à des fins mercantiles face à une population ricaine lobotomisée par la pub. D'une riche intensité quant à sa douloureuse progression dramatique et le jeu profondément humble des protagonistes en quête désespérée de bravoures, Okja déploie une palette d'émotions lyriques derrière son manifeste pour le droit de vie animale lorsque ceux-ci sont envoyés dans des camps d'extermination après y avoir été maltraités en labo expérimental.


Un cri d'alarme contre la corruption agroalimentaire et la barbarie des abattoirs
Evitant manichéisme et pathos grâce à sa modestie d'illustrer sans fioriture ni effet de manche (en dehors des discours volontairement empathiques de la multinationale mégalo) sa fragile histoire d'amour entre une fillette et un cochon, Okja laisse surtout en mémoire l'effroyable constat d'un intolérable génocide animalier afin d'éveiller notre part de responsabilité hantée par le remord. Au rythme d'une partition aussi discrète que gracile y émane un conte désenchanté aussi bien dur que dérangeant mais profondément tendre et humaniste dans son message (désespéré) de tolérance envers la candeur animale.   

Bruno Dussart.

Ci-joint la critique de Gilles Rolland : http://www.onrembobine.fr/critiques/critique-okja/

mercredi 28 juin 2017

Le Bazaar de l'Epouvante

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site ilaose.blogspot.fr

"Needful Things" de Fraser Clarke Heston. 1993. U.S.A. 2h01. Avec Ed Harris, Max von Sydow, Bonnie Bedelia, Amanda Plummer, J. T. Walsh, Ray McKinnon.

Sortie salles France: 13 Juillet 1994. U.S: 27 Août 1993

FILMOGRAPHIE: Fraser Clarke Heston est un réalisateur et scénariste américain, né le 12 février 1955 à Los Angeles. 1990 : L'Île au trésor (téléfilm). 1991 : Sherlock Holmes et la croix de sang (téléfilm). 1993 : Le Bazaar de l'épouvante. 1996 : Alaska. 2011 : The Search for Michael Rockefeller (documentaire).


Discrédité dès sa sortie et occulté depuis, le Bazaar de l'épouvante est une sympathique adaptation d'un roman de Stephen King au pitch original mais inévitablement sans surprise et redondant. Son ambiance familiale d'une bourgade côtière résidée par d'aimables habitants découlant au fil du récit alarmiste vers une intéressante réflexion sur l'emprise du Mal lorsqu'un antiquaire décide d'y semer le chaos parmi les citadins victimes de vendetta. Emaillé de séquences chocs parfois impressionnantes de par leur parti-pris réaliste (l'agression à l'arme blanche entre les 2 voisines fait froid dans le dos), le Bazaar de l'Epouvante  est servi des interprétations spontanées de Ed Harris, Max von Sydow, Bonnie Bedelia et Amanda Plummer ajoutant un peu de densité au récit tracé d'avance. C'est ce qui pose problème avec cette aimable série B dénuée de suspense en dépit de la bonne volonté du réalisateur Fraser Clarke Heston (fils de Charlton Heston) à tenter de susciter une fascination délétère auprès du personnage sournois de Max Von Sydow plutôt honnête dans sa posture cruelle mais pas aussi magnétique qu'escompté en démon impérieux.  

Eric Binford.
2èx

mardi 27 juin 2017

L'INVASION DES FEMMES ABEILLES

                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Invasion of the Bee Girls" de Denis Sanders. 1973. U.S.A. 1h26 (Uncut). Avec Cliff Osmond, Wright King, Ben Hammer, William Smith, Anita Ford, Victoria Vetri.

Sortie salles France: 1er Juin 1973

FILMOGRAPHIE:  Denis Sanders est né le 21 Janvier 1929 à New York City, décédé le 10 Decembre 1987 à San Diego, California, USA. 1982: Computers Are People, Too! (TV Movie documentary).  1973 Invasion of the Bee Girls. 1971 The American West of John Ford (TV Movie documentary). 1971 Soul to Soul (Documentary). 1970 Elvis Show (Documentary). 1964 Shock Treatment. 1964 One Man's Way. 1962 La guerre est aussi une chasse. 1959 Crime & Punishment.


Drôle de curiosité indépendante que cette Invasion des femmes abeilles réalisée par Denis Sanders, spécialiste ricain de documentaires et séries TV ! Inédit en salles en France si je ne m'abuse et sorti il y a quelques années en Dvd chez Bach Films dans une édition somme toute passable (je vous recommande d'ailleurs de vous reporter vers la version HD 720 P dispo sur le blog Ciné-Bis-Art !), l'Invasion des femmes abeilles puise son charme par son irrépressible étrangeté émanant d'un cadre érotique teinté d'onirisme (la séquence raffinée du coït entre un sexagénaire et le Dr Harris) lorsqu'il ne s'agit pas de séquences chocs gentiment impressionnantes (le regard pénétrant des femmes abeilles aux yeux d'ébène, la métamorphose de l'une d'elles durant une expérimentation supervisée par Susan Harris !). Car ici point (ou si peu) d'effets-spéciaux visuels pour nous épater mais l'aura vénéneuse d'une ambiance fantasmatique plutôt insolite lorsque des femmes génétiquement modifiées s'entreprennent de séduire les mâles auprès d'ébats sexuels morbides Les victimes succombant à l'infarctus à la suite d'épuisement sexuel ! On peut d'ailleurs prêter une allusion à Frissons de Cronenberg pour son thème vénérien et l'intensité des ébats charnels appuyés d'une ambiance malsaine autrement sous-jacente !


Une séquence fort cocasse interviendra d'ailleurs un peu plus tard lorsque le maire de la ville annoncera à ses habitants d'interdire la copulation avec leur compagne lors d'un couvre-feu, quand bien même un des témoins de la salle protestera de vive voix (et avec fermeté !) d'imposer une décision aussi stupide et intolérante ! Durant ses meurtres à répétition, un inspecteur (campé par l'illustre William Smith - Le Riche et le Pauvre - New-York ne réponds plus -) s'efforce d'en élucider le mystère au moment même de s'éprendre d'une jeune assistante. Si l'intrigue minimaliste et nébuleuse s'avère plutôt tirée par les cheveux, et que la réalisation télévisuelle pêche d'un manque de maîtrise, Denis Sanders parvient toutefois à captiver et séduire grâce à l'aspect singulier de l'entreprise scientifique que dirige un défilé de jeunes mannequins étrangement sensuelles dans leur posture impassible ! Mention spéciale au charme indéfectible d'Anitra Ford crevant l'écran à chacune de ses apparitions félines ! D'autre part, on ne reste pas non plus insensible à la partition entêtante de l'illustre Charles Bernstein particulièrement inspiré par les sonorités Soul/Jazzy de Lalo Schifrin héritées de l'Inspecteur Harry. La photo colorée, contrastée et soignée rehaussant en prime l'aspect festif/bigarré/rétro d'une intrigue aussi déjantée dont quelques séquences indicibles marquent les esprits !


Jamais ennuyeux et plutôt amusant sous l'impulsion décomplexée d'un pitch aussi bien saugrenu que débridé, l'Invasion des femmes abeilles demeure une fort sympathique curiosité tirant parti de son charme au travers de curieuses séquences baroques (notamment cette rixe musclée entre l'inspecteur Agar et les violeurs de sa compagne) où science-fiction, érotisme et horreur s'entrecroisent de manière aléatoire !

Bruno Matéï
2èx

jeudi 22 juin 2017

FRANKENSTEIN CREA LA FEMME

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

"Frankenstein Created Woman" de Terence Fisher. 1967. 1h28. Angleterre. Avec Peter Cushing, Robert Morris, Susan Denberg, Thorley Walters, Barry Warren, Duncan Lamont.

Sortie salles France: 31 Octobre 1967. Angleterre: 18 Juin 1967

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Terence Fisher est un réalisateur britannique né le 23 février 1904 à Londres (Maida Vale), et décédé le 18 juin 1980 dans la même ville. 1957 : Frankenstein s'est échappé, 1958 : Le Cauchemar de Dracula , 1958 : La Revanche de Frankenstein , 1959 : Le Chien des Baskerville , 1959 : L'Homme qui trompait la mort , 1959 : La Malédiction des pharaons, 1960 : Le Serment de Robin des Bois , 1960 : Les Étrangleurs de Bombay, 1960 : Les Maîtresses de Dracula, 1960 : Les Deux Visages de Docteur Jekyll , 1961 : La Nuit du loup-garou, 1962 : Le Fantôme de l'Opéra , 1962 : Sherlock Holmes et le collier de la mort, 1963 : The Horror of It All, 1964 : La Gorgone , 1965 : The Earth Dies Screaming, 1966 : L'Île de la terreur , 1966 : Dracula, prince des ténèbres , 1967 : La Nuit de la grande chaleur , 1967 : Frankenstein créa la femme, 1968 : Les Vierges de Satan, 1969: Le Retour de Frankenstein, 1974 : Frankenstein et le monstre de l'enfer.


Quatrième volet de la saga Frankenstein que Terence Fisher reprend sous ses ailes après le sympathique essai de Freddie Francis, Frankenstein créa la femme serait l'un des épisodes les plus réussis et controversés selon l'éditeur Seven 7. Pour ma part, même si j'ai plus d'affection et de considération pour Frankenstein s'est échappé, la revanche de Frankenstein, le Retour de Frankenstein et Frankenstein et le monstre de l'enfer; Frankenstein créa la femme parvient sans peine à me fasciner pour m'immerger dans sa romance empoisonnée. De par la structure ciselée de son scénario original et la caractérisation de personnages infortunés (les amants) ou dépravés, tel ce trio d'aristocrates détestables auquel l'innocence en paiera le lourd tribut. Car prenant pour thèmes l'amour, la vengeance et la mort du point de vue d'amants d'outre-tombe, Terence Fisher en extirpe un jeu de séduction mortelle sous l'impulsion d'une Némésis étrangement séduisante et candide. Cette dernière n'étant que le jouet cérébral de son amant préalablement guillotiné pour un crime qu'il n'a pas commis.


Un peu plus tôt, Terence Fisher aura pris soin de nous familiariser avec l'étreinte amoureuse que se partagent secrètement l'assistant Hans et la serveuse Christina, du fait de son visage défiguré sur l'hémisphère gauche. Mais trois gentlemans sans vergogne et impudents vont littéralement faire voler en éclat leur liaison passionnelle avec une cruauté sournoise. Pendant ce temps, le baron et son adjoint Hertz mettent au point une nouvelle expérience de résurrection où l'âme pourrait voguer d'un corps à un autre ! Captivant et passionnant, Frankenstein créa la femme insuffle une belle intensité dramatique sous couvert d'une vendetta singulière inscrite dans le surnaturel, et ce en suggérant au possible les séquences-chocs avec dérision macabre. Quand bien même Terence Fisher privilégie l'audace d'inverser les codes par le biais d'une créature "féminine" nouvellement fringante car auparavant estropiée et vitriolée. Néanmoins complice car aussi inconsciemment avide de rancoeur punitive, cette dernière insuffle une inquiétante emprise sensuelle à travers sa devise criminelle de châtier non seulement les responsables de la condamnation de son compagnon mais aussi de son propre Spoiler ! suicide ! Fin du Spoil. Le baron et son adjoint adoptant pour le coup une posture de culpabilité si bien qu'ils vont tenter de réparer leur tort en tentant d'alpaguer Christina victime de dédoublement de personnalité. Cette idée astucieuse de lui draper juste après son décès une faste apparence dans un nouveau corps et de lui permettre d'accomplir une vengeance surnaturelle parmi une complicité spirituelle renforçant la nature insolite du mélo en berne.


Etrange, envoûtant, sensuel et cruel, Frankenstein créa la femme ne manque pas d'aura subtilement vénéneuse pour réactualiser la saga avec l'originalité d'un script assez audacieux (d'où son éventuelle controverse à sa sortie !) et l'inspiration de sa mise en scène estampillée Fisher brossant d'autant mieux sa distribution charismatique.

Dédicace à Eric Draven
Eric Binford.
2èc

mardi 20 juin 2017

L'AVION DE L'APOCALYPSE

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site imdb.com

"Incubo sulla città contaminata" d'Umberto Lenzi. 1980. Italie/Mexique/Espagne. 1h28. Avec Hugo Stiglitz, Laura Trotter, Mel Ferrer, Francisco Rabal, Maria Rosaria Omaggio.

Sortie le 11 Décembre 1980 en Italie, 23 Juin 1982 en France.
Version Française Censurée: 1h19, Version Italienne ou Anglaise: 1h28'10"
Interdit au moins de 18 ans lors de sa sortie en France.

FILMOGRAPHIEUmberto Lenzi est un réalisateur et scénariste italien, né le 6 Aout 1931 à Massa Marittima, dans la province de Grosseto en Toscane (Italie). 1962: Le Triomphe de Robin des Bois, 1963: Maciste contre Zorro, Sandokan, le Tigre de Bornéo, 1964: Les Pirates de Malaisie, 1966: Kriminal, 1967: Les Chiens Verts du Désert, 1968: Gringo joue et gagne, 1969: La Légion des Damnés, Si douces, si perverses, 1970: Paranoia, 1972: Le Tueur à l'orchidée, 1972: Au pays de l'Exorcisme, 1973: La Guerre des Gangs, 1974: Spasmo, La Rançon de la Peur, 1975: Bracelets de Sang, 1976: Brigade Spéciale, Opération Casseurs, La Mort en Sursis, 1977: Le Cynique, l'infâme et le violent, 1978: Echec au gang, 1980: La Secte des Cannibales, l'Avion de l'Apocalypse, 1981: Cannibal Ferox, 1983: Iron Master, la guerre du fer, 1988: Nightmare Beach, la Maison du Cauchemar, 1991: Démons 3, 1996: Sarayevo inferno di fuoco.


Les zombies spaghettis se déchaînent !
Après avoir surfé sur le succès controversé de Cannibal Holocaust avec La Secte des Cannibales, l'inénarrable Umberto Lenzi s'empresse la même année d'exploiter le filon du zombie movie initié par Romero avec Zombie mais aussi par Fulci avec l'Enfer des Zombies. Précurseur du film d'infectés, l'Avion de l'Apocalypse préfigure avec 20 ans d'avance le zombie sous "emphétamine" coursant sa victime tous azimuts ! Une idée singulière qu'exploiteront avec succès Zack Snyder et Danny Boyle pour l'Armée des Morts et 28 Jours plus tard ! Le pitchA l'aéroport, un journaliste attend l'atterrissage d'un avion afin d'accueillir un professeur notable. Mais un autre appareil non identifié atterri pour libérer une cohorte de monstres humains se jetant violemment sur les témoins médusés ! Lors d'un déchaînement de violence barbare, ces derniers sont sauvagement trucidés et dévorés par ces créatures assoiffées de sang. L'invasion ne fait que commencer ! Sous couvert de message écolo dénonçant les dangers du nucléaire et la folie contagieuse de l'homme avide de progrès technologique, Umberto Lenzi tente de se démarquer de son comparse Lucio Fulci. Notamment auprès de la caractérisation des morts-vivants, ou plutôt de celle des infectés si bien qu'aucun mort récalcitrant ne semble revenir à la vie ! En l'occurrence, des passagers d'un avion clandestin sont promptement épris de folie meurtrière faute d'une défaillance radioactive potentiellement causée par la centrale nucléaire adjacente. Assoiffés de sang afin de régénérer leurs tissus, ils commettent les exactions les plus sordides et sadiques ! Le prologue échevelé sorti d'une bande-dessinée pour adulte y exploite déjà un massacre dantesque à renfort de mitraillages et agressions aux armes blanches (hache, couteau, serpe) ! Gros plans sur les chairs éclatées ou striées, gorges tranchées, bras sectionnés, hurlements des victimes prises à parti par ces ahuris sanguinaires ressemblant à s'y m'éprendre à des têtes de pizza carbonisée ! Quant au cheminement narratif en état d'urgence, il alterne opérations militaires musclées et échappée d'un journaliste frondeur avec ce même souci du spectacle décérébré oh combien jouissif !


Tant et si bien que l'aventure foutraque, effrontée (de par sa violence crapoteuse) et saugrenue (pour ses moult situations excentriques) s'avère miraculeusement efficace au gré de son grain de folie vigoureux ! Massacre organisé autour d'un plateau TV puis d'un club de gym (avec, à l'appui, donzelles dévêtues dont l'une d'elles aura le bout de sein saucissonné au couteau !), carnage improvisé dans un centre hospitalier (Rodriguez emprunta d'ailleurs l'idée pour son hommage bisseux Planet Terror) alors que les praticiens sont en pleine opération chirurgicale, puis agressions récurrentes au sein de foyers domestiques ! Ces séquences nerveuses habilement montées étant d'autre part rehaussées de l'audace de certaines dérives gores artisanales (du moins dans la version uncut, à l'instar de l'énucléation d'un oeil en gros plan et d'une perforation d'un sein au tisonnier, pompage évident au cinéma de Fulci !). Quelques imprévus viennent également égayer l'intrigue somme toute triviale mais si pétrie d'agressions cannibales ! A l'instar du couple réfugié dans un coin de campagne ou lorsque deux jeunes femmes se confinent à l'intérieur d'une cave (une séquence de claustration au climat d'angoisse palpable comparable à l'assaut cauchemardesque signalé plus tôt dans l'hôpital !). Quand bien même notre héros journaliste campé de façon lymphatique par l'inexpressif Hugo Stiglitz (mais c'est aussi pour ça qu'on l'aime !) tente parmi son épouse de fuir la ville assiégée pour se reclure sur le manège d'un luna-park ! Là encore une idée inventive impromptue fort cocasse si bien que le couple doit se hisser sur un grand huit afin d'échapper à l'assaut des zombies agrippés au manège ! Quant à sa conclusion dérisoire, personne ne peut oublier sa fameuse supercherie puisque l'intrigue n'était qu'un affreux cauchemar que notre héros venait de fantasmer en plein sommeil ! A moins qu'il ne s'agissait d'une prescience, ou quand le cauchemar devient réalité ! Ah ah !


Les pizzas étaient trop cuites !
Efficacement haletant autour d'une intrigue homérique qui plus est scandée d'un score funèbre de Stelvio Ciprianil'Avion de l'apocalypse se décline en fleuron Z bien ancré dans son âge d'or d'exploitation où tout était permis pour le plus grand bonheur des fans. Un nanar généreusement ludique préservant son charme rétro auprès de ces dialogues risibles, voirs impayables, du cabotinage des acteurs impassibles et de sa figuration déjantée tout juste recrutée chez Domino Pizza ! Enfin, sa complaisance gore typiquement ritale ainsi que le jeu minimaliste mais attachant de l'hilarant Hugo Stiglitz accompagné du vétéran Mel Ferrer (en général opiniâtre) élèvent ce classique au rang d'incontournable du Bis transalpin. 

P.S: La Vostfr dispo sur la galette de Neo (tant anglaise qu'italienne) est rallongée de 9 minutes à contrario de sa VF tristement charcutée

*Bruno
20.06.17 (5èx)
08.08.11

lundi 19 juin 2017

ON L'APPELLE JEEG ROBOT. Prix du Jury, Gerardmer 2017.

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site justaword.eklablog.com

"Lo chiamavano Jeeg Robot" de Gabriele Mainetti. 2015. Italie. 1h57. Avec Claudio Santamaria,
Luca Marinelli, Ilenia Pastorelli, Stefano Ambrogi, Maurizio Tesei, Francesco Formichetti, Daniele Trombetti.

Sortie salles France: 3 Mai 2017. Italie: 25 Février 2016

FILMOGRAPHIE: Gabriele Mainetti est un réalisateur, acteur, compositeur et producteur de cinéma italien, né le 7 novembre 1976 à Rome. 2015 : On l'appelle Jeeg Robot


Précédé d'une réputation flatteuse dans les festivals où il fut projeté si bien qu'il remporta plusieurs récompenses (voir en fin d'article !), On l'appelle Jeeg Robot réinvente le film de super-héros avec subversion pour un genre si traditionnellement familier. Détournant les codes avec malice et provocation, Gabriele Mainetti conjugue efficacement action et romance sous l'impulsion de personnages superbement dessinés, et ce avec une dimension humaine bouleversante si je me réfère à sa magnifique histoire d'amour que se partage l'anti-héros avec une jeune déficiente. L'intrigue brossant une galerie d'antagonistes peu recommandables au sein d'une pègre sans vergogne assoiffée de haine et de vengeance. On peut d'ailleurs relever la nature brutale des règlements de compte ultra violents car s'avérant d'un réalisme assez cru pour choquer un public trop jeune. Mais grâce à cette violence plutôt malsaine, le film gagne en réalisme et intensité, notamment si je me réfère au sort des personnages les plus loyaux. Au coeur de leur conflit pour le pouvoir, un marginal solitaire, Enzo Ceccotti, tente tant bien que mal de survivre en perpétrant quelques larcins. Mais sa vie va pour autant basculer sur le trajet d'une course poursuite lorsqu'il plongera dans les eaux d'un canal renfermant des fûts toxiques. Depuis, il détient une force physique surhumaine au moment même de se lier d'amitié auprès de la fragile Alessia !


Quelle bouffée d'air frais que de savourer un film de super-héros aussi hétérodoxe au sein d'un genre conventionnel usé jusqu'à la corde ! D'un charisme ordinaire, les malfrats qu'on nous décrit sans fard (à l'exception du narcissique "le gitan" !) insufflent d'autre part de la vigueur dans leur gueule plus vraie que nature évoluant au sein de la banalité d'un quotidien urbain livré en prime au terrorisme. Quant bien même notre super-héros génialement incarné par le renfrogné Claudio Santamaria ne correspond nullement à l'archétype du genre dans son jeu d'expressions ordinaires, à l'instar de son apparence lambda dénuée de combinaison flashy. Ce dernier, solitaire, paumé, introverti, placide et individualiste, résidant dans un appartement précaire avec comme seul refuge le visionnage de films pornos et la consommation de crème dessert. Par le biais de son profil à la fois évasif et contrarié, On l'appelle Jeeg Robot en extrait une forme d'hymne aux laissés-pour-compte sous le pilier d'une romance candide qu'il va partager avec une jeune fille autrefois abusée. Enzo, de prime abord peu enclin à protéger les autres et sauver l'humanité, apprenant à côtoyer l'amour, la loyauté et l'héroïsme d'une noble cause lors d'un éveil de conscience dont la vengeance confirmera son désir de modifier sa voie. Ce qui converge à un affrontement au sommet entre lui et le gitan (quel olibrius à l'expression faciale outrancière !) afin de déjouer un attentat dans un stade de foot. Là encore, si les scènes d'action sont jouissives et spectaculaires, Gabriele Mainetti n'abuse pas pour autant de surenchère pour nous combler afin de préserver aussi une forme de réalisme chez ses super-héros sans panoplie.


Captivant et passionnant grâce à l'habileté de son ossature narrative tributaire du cheminement des personnages, On l'appelle Jeeg Robot parvient sans esbroufe à rendre plausible l'improbabilité du "super-héros" nanti de supers pouvoirs comme le fut autrefois Superman de Donner si je peux me permettre cette allusion (mélancolique). Car le film ayant parvenu avec vibrante émotion (et sans naïveté !) à m'évader et me bouleverser sous le vernis d'une intensité dramatique imputée au caractère pur, authentique d'une love story que je ne suis pas prêt d'oublier. On est d'autant plus surpris de s'attacher à cet anti-héros anti système et de constater son évolution, sa chaleur humaine pour le vénérer ensuite avec dignité comme le souligne son plan final aussi révélateur que rédempteur. Du vrai et beau cinéma avec un coeur qui bat sous couvert d'hommage touchant au manga (rétro) des années 80 (une frange du public français se remémorera Goldorak avec nostalgie !)

Bruno Dussart.

Récompenses: David di Donatello:
David di Donatello du meilleur réalisateur débutant (Gabriele Mainetti)
David di Donatello du meilleur producteur (Gabriele Mainetti)
David di Donatello du meilleur acteur (Claudio Santamaria)
David di Donatello de la meilleure actrice (Ilenia Pastorelli)
David di Donatello du meilleur acteur dans un second rôle (Luca Marinelli)
David di Donatello de la meilleure actrice dans un second rôle (Antonia Truppo)
David di Donatello du meilleur monteur (Andrea Maguolo)
Bari International Film Festival :
Prix Ettore Scola du meilleur réalisateur débutant
8½ Festa do Cinema Italiano de Lisboa :
Prix de la critique du meilleur film
Prix du public du meilleur film
Festival du film fantastique d'Amsterdam :
Silver Scream Award
Festival du film italien de Villerupt (2016)
Amilcar du jury
Festival International du film fantastique de Gérardmer (2017)
Prix du jury (ex-æquo)