de Richard Fleischer. 1971. Angleterre. 1h51. Avec John Hurt, Richard Attenborough, Judy Geeson, Pat Heywood, Isobel Black.
Sortie U.S.A: 10 février 1971.
FILMOGRAPHIE: Richard Fleischer est un réalisateur américain né le 8 décembre 1916 à Brooklyn, et décédé le 25 Mars 2006 de causes naturelles.
1952: l'Enigme du Chicago Express, 1954: 20 000 lieux sous les mers, 1955: les Inconnus dans la ville, 1958: les Vikings, 1962: Barabbas, 1966: le Voyage Fantastique, 1967: l'Extravagant Dr Dolittle, 1968: l'Etrangleur de Boston, 1970: Tora, tora, tora, 1971: l'Etrangleur de Rillington Place, 1972: Terreur Aveugle, les Flics ne dorment pas la nuit, 1973: Soleil Vert, 1974: Mr Majestyk, Du sang dans la Poussière, 1975: Mandingo, 1979: Ashanti, 1983: Amityville 3D, 1984: Conan le destructeur, 1985: Kalidor, la légende du talisman, 1989: Call from Space.
Trois après son chef-d'oeuvre novateur (split screen à l'appui !) inspiré des méfaits du célèbre Etrangleur de Boston, Richard Fleischer récidive en 1971 avec un nouveau saisissant portrait, l'Etrangleur de Rillington Place d'après le livre de Ludovic Kennedy. Comme pour son précédant thriller, le récit est également inspiré d'une histoire vraie retraçant ici les exactions de John Reginald Halliday Christie. Un tueur en série britannique ayant sévi dans les années 1940 et 1950 puis arrêté, jugé et pendu pour meurtre en 1953. Un texte introductif nous précise d'ailleurs qu'une partie des dialogues du film s'appuie sur des documents officiels. Londres, 1944, dans l'avenue de Rillington Place. Réginald Christie, agent de police, se fait passer pour un médecin afin de soigner une femme malade. En guise de confiance, il réussit à l'inviter dans son vieil appartement pour la violer et l'étrangler. Cinq ans plus tard, un couple et leur bébé emménagent dans l'immeuble du tueur. Alors que la jeune mère attend un second enfant, une violente dispute éclate à propos de son futur accouchement. Christie leur propose alors son assistance pour pratiquer un avortement illégal.
A trois ans d'intervalle (1968-1971), Richard Fleischer réalise deux coups de maîtres avec ces portraits de serial-killers notoires. Pour celui qui nous intéresse aujourd'hui, l'Etrangleur de Rillington Place nous invite à une descente aux enfers autour d'un couple de prolétaires en situation précaire ! Dès le prologue, d'une violence psychologique cinglante dans sa crudité imposée, nous sommes avertis du profil psychologique d'un agent de police prochainement en retraite. Réginald Christie est un aimable citoyen vivant reclus dans son modeste appartement parmi la discrétion de son épouse, mais auquel sa pathologie laisse finalement s'exprimer des pulsions morbides et sexuelles lorsqu'il s'envisage d'étrangler des femmes. C'est avec l'arrivée d'un jeune couple, multipliant les prises de bec conjugales, que l'intrigue se ressert pour les embrigader dans le huis-clos asphyxiant d'un immeuble insalubre (photo désaturée à l'appui !). De prime abord, la courtoisie et la générosité de Christie inspirent une assurance immédiate envers ces nouveaux résidents aux faibles revenus. Et rapidement, ceux-ci vont se retrouver embarqués dans une machiavélique imposture perpétrée par le plus mesquin des détraqués.
La suite des évènements impliquant une affaire d'homicide conjugal éprouve le spectateur dans une horreur psychologique sans aucune échappatoire. Avec intensité, Richard Fleisher dépeint le calvaire émotionnel d'un père de famille désoeuvré, totalement asservi par un tueur méthodique redoutablement finaud. Le spectateur impuissant exprimant une indéniable empathie pour la victime réduite ici à l'objet de soumission. Dans le rôle du tueur, Richard Attenborough incarne le rôle de sa vie pour mettre en exergue un psychopathe placide auquel ses instincts morbides extériorisent une perversité compulsive. C'est avec l'aide d'une cordelette convenablement rangée dans une petite armoire qu'il exerce ces horribles méfaits après avoir gazé ces pauvres victimes. Son physique quelconque de sexagénaire bedonnant au crane dégarni et aux lunettes rondes laisse néanmoins distiller un sentiment inquiétant de malaise latent. John Hurt lui partage la vedette avec une émotion poignante pour endosser celui du père de famille illettré et inculte, noyé dans le chagrin et le désespoir. Un ouvrier médiocre et une proie facilement manipulable Spoiler !!! au point de devenir auprès de la justice le coupable présumé des crimes intentés. Fin du Spoiler
Avec son réalisme blafard et son climat de malaise tangible, L'Etrangleur de Rillington Place se rapproche du genre horrifique et nous place dans la position inconfortable de témoin voyeuriste dans ce jeu de manipulation compromis au fait-divers morbide. Sa mise en scène acérée, l'ambiance de claustration qui en émane et le jeu exceptionnel des comédiens nous acheminent à l'un des plus glaçants portraits de serial-killer vus au cinéma ! Pour parachever, le réalisateur en profite d'égratigner le système judiciaire afin de mettre en exergue une réflexion sur la peine capitale.
08.06.11
Bruno Matéï
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