"Quand on aime, on aime toujours trop". "Quand on aime on voit les belles choses".
vendredi 10 juin 2011
THE COLD ROOM. Prix Spécial du Jury à Avoriaz 1985.
de James Dearden. 1984. Angleterre/Allemagne. 1h35. Avec Georges Segal, Amanda Pays, Renée Soutendjik, Warren Clarke.
FILMOGRAPHIE: James Dearden est un réalisateur et scénariste britannique né le 14 septembre 1949 à Londres. 1977: The Contraception, 1978: Panic, 1980: Diversion, 1984: The Cold Room, 1987: Liaison Fatale (scénariste), 1988: l'île de Pascali, 1991: Un baiser avant de mourir, 1999: Trader.
Par le scénariste du thriller Liaison Fatale, James Dearden réalise en 1984 son meilleur film, The Cold Room, justement récompensé à Avoriaz du Prix Spécial du Jury. Hallucinations, voyage temporel, réincarnation, folie s'entrecroisent dans une intrigue à l'atmosphère lourde et irréelle, d'où plane le spectre du nazisme. En relation conflictuelle avec son paternel, la jeune Carla décide malgré tout de partir quelques jours en sa compagnie dans la région de Berlin-Est. Dès leur arrivée, ils prennent une chambre d'hôtel gérée par une vieille dame du nom de Frau Hoffman. Peu à peu, Carla est sujette à d'étranges visions comme ce boucher patibulaire armé d'un long couteau en face d'une échoppe. Bientôt, la jeune fille découvre une pièce secrète en interne de son armoire de chambre.
Voilà une bien étrange curiosité jamais diffusée à la télévision et toujours inédite en dvd. Son prix mérité à Avoriaz n'aura même pas eu l'opportunité d'être reconnu au plus grand nombre d'amateurs de fantastique éthéré. Car toute la force de The Cold Room réside dans une troublant structure narrative laissant planer le doute quand à l'imagination foisonnante d'une jeune fille instable et insolente, perdant peu à peu le contrôle avec son existence affective. Après avoir découvert derrière l'armoire de sa chambre une pièce condamnée, jalonnée de crocs de boucher fixés sur les murs, Carla constate qu'un homme prénommé Erich s'y est réfugié depuis deux semaines afin d'échapper aux forces de l'ordre. Chaque jour, elle décide de lui ramener des vivres alimentaires alors qu'une relation amoureuse commence à s'échanger entre eux. Rapidement, Erich qui est en fait un insurgé d'origine juive lui demande de rechercher l'un de ses amis pour pouvoir s'approprier de fausses pièces d'identité et quitter illégalement le pays. Le nouvel univers dans lequel notre héroïne semble évoluer s'altère toujours un peu plus chaque jour pour converger vers un voyage temporel en pleine période meurtrie de nazisme.
Sous le joug d'une atmosphère inquiétante, The Cold Room entretient un climat ambivalent en alternant l'époque des années 40 et celle des années 80. Par son ambiance feutrée assez glauque, ce troublant drame fantastique cultive un univers dépressif sous le témoignage d'une sombre période de l'histoire. A travers cet épisode liberticide compromettant l'idylle des deux amants soumis à la haine et la xénophobie, James Dearden transcende son histoire à suspense par le biais d'un cauchemar éveillé. Rêves, hallucinations, réincarnation, folie s'entrecroisant à travers deux temporalités contradictoires jusqu'à ce que l'une prenne l'emprise sur l'autre. Comédienne méconnue d'un naturel magnétique, Amanda Pays (sosie de Natassia Kinski), insuffle élégance charnelle et fraîcheur innocente dans celle d'une investigatrice à la psychologie tourmentée. Par sa présence trouble mais déterminée, le film gagne en sensibilité, notamment en abordant le thème de la métempsychose.
Série B malencontreusement condamnée à l'oubli, The Cold Room constitue pourtant un excellent suspense fantastique, sobre et envoûtant, dont l'histoire captivante remémore en sous texte le spectre du nazisme. Son atmosphère moite et lugubre, renforcée d'une photographie désaturée nous confinant vers un fascinant drame schizo sous l'impulsion fragile d'Amanda Pays.
10.06.11
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Chouette critique cher ami. continue comme ça ! sinon, j'espere qu'un jour tu feras un hommage ace bijou de l'epouvante gothique qu'est "Opération Peur" de M.Bava. Je l'ai revu récemment et j'avais oublié a quel point il est fabuleux.c'est a mon sens l'un de ses plus aboutis en termes d'ambiance, de décors, de mise en scène et d'histoire avec "chiens enragés " qui dans le polar est un must .
RépondreSupprimerMerci l'ami. Ca fait des mois qu'on me réclame la critique du magnifique Opération Peur (l'un des plus grands Bava à mon goût également !). J'ai rendu hommage avec Lisa et le Diable que je trouve atypique et immuable. Mais promis, dans les mois à venir, Opération Peur aura les honneurs qu'il mérite dans Strange vomit dolls(si j'y pense, je te dédicacerais ma critique ^^)
RépondreSupprimermerci pour tes critiques interressantes et pertinentes que l'on a plaisir a lire !!!
RépondreSupprimerC'est moi qui te remercie Jleeroy, je le fais aussi pour vous tous qui êtes des amoureux du genre ou des curieux avides d'émotions fortes ou troubles !
RépondreSupprimerMon blog est un hommage, une déclaration à tous ces films que je chéris et une invitation aux souvenirs du fantastique.