lundi 21 novembre 2011

l'Emprise / The Entity. Antenne d'Or, Avoriaz 1983.

de Sidney J. Furie. 1981. U.S.A. 2h05. Avec Barbara Hershey, Ron Silver, David Labiosa, George Coe, Margaret Blye, Jacqueline Brookes, Richard Brestoff, Michael Alldredge, Raymond Singer, Allan Rich.

Sortie en salles en France le 23 Février 1983. U.S: 4 Février 1983

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Sidney J. Furie est un réalisateur, scénariste et producteur canadien, né le 28 Février 1933 à Toronto, en Ontario (Canada). 1959: A Dangerous Age. 1961: Le Cadavre qui tue. The Snake Woman. 1964: La Poupée Sanglante. 1965: Icpress, danger immédiat. 1966: L'Homme de la Sierra. 1970: L'Ultime Randonnée. 1978: Les Boys de la compagnie C. 1981: l'Emprise. 1986: Aigle de Fer. 1987: Superman 4. 1988: Aigle de Fer 2.  1991: La Prise de Beverly Hills. 1995: Aigle de Fer 4. 1997: Les Rapaces. 1997: Les Enragés. 2000: Jeu Mortel. Nuit Infernale. 2003: Détention. 2004: Direct Action. 2005: American Soldiers. 2006: The Veteran (télé-film).

Ce film est l'histoire romancée d'un incident réel qui a eu lieu à Los Angeles, en Californie, en Octobre 1976. Pour les chercheurs, c'est l'un des cas les plus extraordinaires de l'histoire de la parapsychologie. 
La vraie Carla Moran vit aujourd'hui au Texas avec ses enfants. 
Les attaques, moins fréquentes et moins intenses... continuent.

"Carla contre l’invisible".
D’après un roman éponyme de Frank De Felitta (Audrey Rose), Sidney J. Furie transcende en 1981 un troublant cas de hantise inspiré d’un fait divers. Récompensé à Avoriaz de l’Antenne d’or, L’Emprise peut se targuer de figurer parmi les plus grands films de hantise. Il le doit pour beaucoup à la mise en scène avisée de Furie, qui opte pour un réalisme sans fard, et à la prestance criante de vérité de Barbara Hershey, justement couronnée du prix d’interprétation féminine au festival susmentionné.

Le pitch : une nuit, une mère de famille est sexuellement agressée par une présence invisible dans sa chambre. Le lendemain, une seconde attaque, tout aussi violente, survient. Quelques jours plus tard, elle perd le contrôle de son véhicule sans raison apparente. Démunie, terrifiée à l’idée de rentrer chez elle, elle consulte un psychiatre réputé pour tenter de comprendre les tenants d’un phénomène dont l’origine échappe à toute logique.

Avec un argument aussi grotesque en apparence, L’Emprise aurait pu sombrer dans la gaudriole zédifiante, si un réalisateur inspiré et une actrice à la sobriété expressive ne s’étaient alliés pour nous convaincre de l’horreur invisible qui hante cette femme. Et si, quarante ans plus tard, le film demeure aussi terrifiant, inquiétant, oppressant, c’est parce qu’il illustre sans esbroufe le calvaire improbable d’une mère de famille harcelée par une entité lubrique. 

La première partie, entrecoupée de scènes-chocs jamais racoleuses, dépeint avec une intensité psychologique rare le supplice de Carla, victime de viols répétés dans sa propre maison. L’angoisse sourde de Carla — cette peur d’une nouvelle attaque foudroyante — s’infiltre dans l’esprit du spectateur, témoin d’une intrusion du surnaturel dans la banalité du quotidien. Quant aux séquences d’agression, elles sont d’un réalisme malsain, froid, glaçant. Les effets spéciaux, employés avec parcimonie, évitent toute surenchère grotesque pour authentifier les exactions d’un ectoplasme pervers. La menace, insidieuse, s’intensifie à mesure que le surnaturel s’octroie le droit d’agresser une victime réduite à l’état d’objet sexuel.

                                      

Furie, fidèle à sa ligne vériste, privilégie ensuite l’exploration de la psyché de son héroïne, lors de séances de thérapie avec le docteur Sneiderman (Ron Silver, d’une sobriété remarquable, entre scepticisme clinique et rigueur cartésienne). Le corps psychiatrique s’efforce alors de convaincre Carla que ses agressions ne sont qu’un produit de son inconscient traumatique. En sondant les limbes de son passé — père incestueux, relation avortée avec un amant adolescent — Sneiderman tente de rationaliser la névrose. Ces moments d’intimité thérapeutique renforcent la détresse poignante d’une femme seule, que nul ne veut croire.

La seconde partie embrasse alors la piste surnaturelle en donnant la parole à des parapsychologues. Une équipe spécialisée dans l’occultisme viendra prêter main-forte à Carla. Mais chut, n’en disons pas plus. Furie ne cherche pas à nous convaincre du surnaturel : il laisse au spectateur le soin d’embrasser le doute, face à la souffrance d’une femme pourtant saine d’esprit. Soulignons enfin le jeu bouleversant de Barbara Hershey, frémissante d’émotion, à la fois vulnérable et déterminée, dans ce rôle épineux de martyre confrontée à un bourreau sans visage. Elle incarne une humanité chétive, une force vacillante, une volonté de survivre à l’indicible.

 
"Un corps en guerre".
Proprement effrayant dans ses attaques cinglantes venues d’ailleurs, L’Emprise demeure un parangon d’épouvante, transcendé par la densité psychologique de ses protagonistes et une atmosphère anxiogène, à la fois fascinante et oppressante. En évoquant la carte du « fait divers » à la toute fin, ce cauchemar filmique nous confronte à l’idée vertigineuse d’une spiritualité immatérielle, impalpable, perverse. Passionnant, hypnotique, porté par une bande-son tonitruante, ce chef-d’œuvre de la terreur mérite sa place auprès des monuments du genre : La Maison du Diable, Trauma, La Maison des Damnés, L’Enfant du Diable, Les Innocents. Du grand cinéma d’épouvante, comme on n’en fait plus. Hélas.
 
Dédicace à Aurore Drossart
 
*Bruno
03.07.24. 6èx. Vostfr
21.11.11.  

Récompense: Antenne d'or au festival d'Avoriaz en 1983 et Prix d'interprétation Féminine à Barbara Hershey..

15 commentaires:

  1. Rien à dire de plus, Bruno. Pour une fois, je vais la mettre en veilleuse ! Un excellent film fantastique qui colle la trouille. Du bel ouvrage de Sidney J. Furie, cinéaste tout terrain dont on parle trop peu, et Barbara Hershey, la bien nommée, aussi jolie que brillante comédienne. Dans mon top 20 des films d'horreur, "The Entity" s'est fait une place ad vitam æternam. A noter la première photographie cinéma de Stephen H. Burum, excellent chef op (Outsiders, Body Double, Casualties of War, Something Wicked This Way Comes, Carlito's Way) qui commença comme chef op de seconde équipe sur "Apocalypse Now" sous la direction de Vittorio Storaro. Excusez du peu !

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  2. lol Adam. Mais tes commentaires sont toujours les bienvenus !

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  3. Ce film passe toujours aussi bien encore aujourd'hui.
    Un de mes films d'épouvante préférés.
    La musique d'ambiance de Charles Bernstein est pour le coup un atout majeur dans le succès de ce film.
    plus connu pour son travail sur des séries TV, il est connu pour les griffes de la nuit ou plus récemment
    "Inglorious Basterds" , AHHH ces coups de basses répétés donnent encore des sueurs dans ce film.

    Bonne idée d'avoir sorti presque coup sur coup deux
    histoires de Frank de Felitta..

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  4. Ce film à eu l'Antenne d'or à Avoriaz?
    avec un bon lifting il gagnerai surement la parabole de platine aujourd'hui.
    Pas à cause de la disparition des antennes.

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  5. Et je ne l'ai pas fait exprès Lirandel pour les 2 romans de De Fellita !

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  6. La modestie légendaire de Bruno.ou la perversion stratégique de bon gout.
    A vous de choisir,,,

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  7. Sérieusement, je vous donne ma parole que les 2 films adaptés des romans de De Fellita m'ont été sélectionnés de manière purement fortuite. C'est un heureux hasard, j'insiste !

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  8. Citation de "fight club" , "....n'oublie pas que tu as juré deux fois.."

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  10. Ah oui je plussoie à 200%, un film qui éclate tous les films récents soi-disant de trouille. La musique (plutôt ce son) agressive lors des viols est inoubliable et ce métrage est vraiment inquiétant au possible. The Entity mériterait d'être plus reconnu que pas mal d'autres films !

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  11. un classique a voir ou a revoir vraiment effrayant.

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