jeudi 15 mars 2012

LE TERRITOIRE DES LOUPS (The Grey)



de Joe Carnahan. 2012. U.S.A. 1h57. Avec Liam Neeson, Dallas Roberts, Frank Grillo, Dermot Mulroney, Nonso Anozie, Joe Anderson, Ben Bray, James Badge Dale, Anne Openshaw, Peter Girges.

Sortie salles France: 29 Février 2012. U.S: 27 Janvier 2012

FILMOGRAPHIE: Joe Carnahan est un réalisateur, scénariste, monteur et producteur américain, né le 9 Mai 1969.
1998: Blood and Bullets. 2002: Narc. 2006: Faceless (télé-film). 2007: Mise à prix. 2010: l'Agence tous Risques. 2012: Le Territoire des Loups

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Une fois de plus dans la mêlée. Dans le dernier et plus grand combat de ma vie. Vivre et mourir aujourd'hui. Vivre... et mourir... aujourd'hui.
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Joe Carnahan nous avait préalablement épaté avec son polar moite Narc puis l'excellent caméléon Mise à Prix, pour ensuite nous décevoir avec un blockbuster policé, l'Agence tous Risques. En l'occurrence, il nous revient avec un survival aussi acéré que le tranchant d'une lame, Le Territoire des loups. Et il faudra remonter au mythique Délivrance de John Boorman pour retrouver une telle intensité et un souffle si désespéré pour la sombre destinée d'une poignée de survivants confrontés aux monstres tapis dans l'obscurité, au sein des décors enneigées d'une nature hostile. Un avion transportant des ouvriers d'une compagnie pétrolière s'écrase dans les montagnes du Grand Nord. Un groupe de survivants va devoir se soumette à l'autorité de John Ottway, un solitaire nihiliste profondément marqué par la mort de sa femme. Rapidement, une horde de loups voraces vont venir défier les intrus alors que John va tenter de sauvegarder son équipe par sa pratique professionnelle à déjouer l'instinct du carnassier. 
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La mosaïque du survival horrifique, de l'aventure, du suspense et de l'action échevelée nous ait habilement agencée pour nous illustrer sans fioriture une odyssée humaine désenchanté au réalisme imparable. A travers les montagnes rocailleuses et enneigées du Grand Nord, Joe Carnahan nous entraîne au milieu d'un enfer terrestre avec l'intrusion d'une poignée d'êtres humains survivants d'un crash aérien, fugacement confrontés à la sauvagerie d'une meute de loups. Le film annonce la couleur blafarde dès son préambule défaitiste avec la tentative de suicide de notre expert en chasse, un braconnier de loups employé à préserver la vie de foreurs d'une compagnie pétrolière. John Ottway est un veuf accablé par le chagrin de son épouse, toujours plus dépité par la nature délétère de l'homme. Il décide de rejoindre sa défunte à un moment opportun avant de se raviser, suite aux hurlements plaintifs d'un loup entendu dans la forêt adjacente. Le lendemain, après avoir embarqué dans l'avion parmi son équipe pour rejoindre l'Alaska, l'engin s'écrase en pleine nature déshéritée. Le réalisme de cette catastrophe nous ébranle sans prévenir par sa brutalité aride. Filmé en interne de l'appareil incontrôlé, la panique générale allouée aux voyageurs crispés sur leur siège nous saisit d'une terreur sourde. Un vacarme d'apocalypse où leurs cris de frayeurs s'entremêlent avec le bruit assourdissant des moteurs en flamme et de taules déchiquetées. Dès le prélude, Joe Carnahan va insister à nous décrire sa vision hyper réaliste et dérangée de l'agonie humaine lorsque l'un des survivants sévèrement mutilé va être confronté à sa pire labeur, sa propre mort en direct devant le témoignage de ses compagnons démunis. Ce sentiment morbide de la peur de trépasser, cette affres de rejoindre un ailleurs anonyme vont planer durant toute le récit sur le psyché désarmé de nos survivants. Une poignée d'homme à caractère bien distinct, confrontés au froid glacial d'une contrée inconnue et sauvage, à la famine et la fatigue de l'épuisement. Mais surtout des êtres humains faillibles par leur sentiment d'orgueil, de vanité ou d'arrogance (l'inattention, l'imprudence, la phobie et leur conflit d'égo les mèneront fatalement au déclin). Des quidams perplexes de leur destinée, rapidement accablés par le désespoir car gagnés par la peur envahissante de trépasser. Durant ce périple improvisé, chaque protagoniste va être mêlé à sa propre idéologie, une remise en question individuelle et spirituelle sur le sens de leur propre destinée. Par cette terreur instinctive de trépasser dans un avenir proche au milieu d'une écologie menaçante et par cette crainte primitive d'être violenté par le loup, nos derniers rescapés vont devoir se mesurer à leur courage et leur bravoure pour tenter de s'extraire d'un calvaire toujours plus sinistré.


Cette atmosphère mortifère est parfaitement rendue par l'immensité de l'environnement naturel, par ces tempêtes de neige fluctuantes au vent ardent fouettant les visages burinés de nos héros davantage exténués. Tandis que dans l'obscurité, la présence nuisible souvent latente des loups ne fera qu'accentuer ce sentiment d'insécurité prégnant auprès de nos témoins et surtout leur frayeur sensitive de craindre d'être dévorés par les maîtres des lieux. Il faut d'ailleurs insister sur la physionomie de ces fauves enragés, impressionnant de robustesse dans leur présence iconique, particulièrement terrorisants dans les attaques sournoises violemment perpétrées sur leurs proies humaines. Et personnellement, de mémoire de spectateur, je n'avais pas ressenti une angoisse aussi diffuse devant une hostilité animale depuis les lycanthropes du Loup-Garou de Londres (son préambule auquel les 2 héros s'étaient égarés dans la campagne nocturne des landes !) ou encore Hurlements (l'agression de Terry Fisher dans la cabane). Dans un rôle viril de meneur de groupe intarissable, Liam Neeson crève l'écran par sa stature imposante, sa pugnacité chevronnée à livrer un combat sans merci contre l'ennemi invisible. Mais aussi et surtout sa dimension humaine accablée par la perte d'un être cher et par son éthique à accepter ou stigmatiser sa foi mystique. L'épilogue bouleversant et équivoque ne manquera pas de suggérer un dernier acte de bravoure, un baroud d'honneur pour cet homme livré à sa seule raison.


Rédemption
Spectaculaire, intense, terrifiant, désespéré et implacable, Le Territoire des Loups est un survival âpre d'une acuité émotionnelle vulnérable autant qu'un drame humain d'une densité bouleversante dans les enjeux aléatoires. La rigueur de sa mise en scène transcendant la beauté sauvage de ces montagnes enneigées, l'interprétation mise à nue des comédiens, son caractère funèbre octroyé au thème spirituel du sens de la vie nous acheminent au grand moment de cinéma. Notamment cette montée progressive d'un suspense rigoureux où chaque survivant appréhende et aménage sa propre mort. 

14.03.12
Bruno Matéï

 

3 commentaires:

  1. HANZO: Hi l'ami Bruno, moi j'ai pris un big panard en matant ce film... son seul défaut, que parfois il soit trop explicatif car la mise en scène est si brillante qu'il n'y a pas besoin d'en rajouter. Le film aurait presque pu rester muet dans toute sa seconde partie. Je conseille aux spectateurs de ne pas quitter la salle avant la fin du générique. Une belle réussite de Joe Carnahan après le décevant Agence tout risques. sur LE TERRITOIRE DES LOUPS (The Grey)

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  2. La preuve à l'écrit !

    Ravi qu'il t'ait plu Hazor ! ^^

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  3. excellente critique de cette grosse baffe que je viens de me prendre !!! Je vais me passer un peu de crème sur la joue vu la puissance ^^

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