vendredi 14 septembre 2012

THE WICKER MAN. Director's Cut (1h39). Licorne d'Or au Festival du Rex à Paris

Photo empruntée sur Google, appartenant au site gillusreviews.blogspot.com

de Robin Hardy. 1973. Angleterre. 1h39. Avec Edward Woodward, Christopher Lee, Diane Cilento, Britt Ekland, Ingrid Pitt, Lindsay Kemp, Russell Waters, Aubrey Morris, Irene Sunters, Walter Carr.

Sortie salles France: 10 janvier 2007 en Dvd. U.S: Juin 1975. Royaume Uni: Décembre 1973

Récompenses: Licorne d'Or au Festival du rex à Paris
Prix de l'académie de science-fiction, fantasy et horreur aux Etats-Unis
Prix Saturn 1979 du meilleur film d'horreur

FILMOGRAPHIE: Robin Hardy est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur anglais né en 1939 à Londres (Royaume-Uni).
1973: The Wicker Man
1986: Angoisse à Dublin (The Fantasist)
1989: E Street (série TV)
2010: The Wicker Tree


Licorne d'Or au Festival du Rex à Paris, The Wicker Man est devenu au fil du temps un authentique film culte dont la réputation n'a jamais cessé de grandir à tel point qu'un remake aseptisé vit le jour quelques décennies plus tard. Véritable chef-d'oeuvre atypique traitant avec éthique des thèmes religieux du christianisme et du polythéisme, le premier film de Robin Hardy est une descente aux enfers autour d'un Eden rural. En effet, sur l'île écossaise de Summerisle, les habitants vouent un culte à leur doctrine paganisme. En cas de mauvaise récolte de fruits, ils sont parfois contraints d'offrir en sacrifice un être humain au dieu du soleil afin que la prochaine saison soit plus florissante. Après avoir reçu une lettre lui indiquant qu'une petite fille aurait disparu sur l'archipel, l'inspecteur Neil Howie décide d'embarquer en avion pour rejoindre les habitants de Summerisle. Sur place, il découvre l'étrange rite de villageois dévergondés s'adonnant à une philosophie érigée sur la divinité de plusieurs dieux.


Film fantastique à l'imagerie fantasmagorique expansive, traversé de romances musicales chantonnés par certains habitants, Wicker Man est un fascinant voyage métaphysique en interne d'une nature épanouissante. A travers l'investigation drastique d'un flic conservateur en quête d'une disparition infantile, le film nous enseigne une véritable leçon de tolérance (l'éducation parentale en est un modèle d'enseignement !) et de respect d'autrui par l'entremise de païens adorateurs d'une écologie divine. Si leur foi rattachée à plusieurs dieux et leur célébration sont vouées à endosser des déguisements d'animaux pour glorifier l'univers terrestre, c'est un véritable hymne à la nature et à l'harmonie de la vie que Robin Hardy nous véhicule avec poésie fastueuse ! Un florilège d'images graciles, érotiques et charnelles nous sont illustrées parmi la volupté de danseuses nues pratiquant des rituels autour d'un feu. Ce spectacle extatique est familièrement conçu pour honorer et remercier la biologie des êtres vivants (humains, animaux, insectes) étroitement liés à la flore végétale (comme les arbres plantés sur les tombes symbolisant une nouvelle naissance pour les défunts). Les pratiques spirituelles invoquées dans le film sont une coutume afin de sublimer la chimère de la réalité et sa magie qui en émane, extériorisée par une croyance spéculative. Réflexion sur la foi et le besoin inhérent de se raccrocher à une religion pour se prouver l'intérêt existentiel, le film oppose les thèmes de la réincarnation (pour le polythéisme) et la résurrection (pour le catholicisme) afin de nous interroger sur la destinée de l'être humain. Si son point d'orgue, douloureux par la cruauté des faits tolérés, peut dérouter et déranger le spectateur impliqué dans un terrifiant subterfuge de grande ampleur, il pose à réfléchir sur les dangers des croyances et des pratiques culturelles. Notamment l'emprise qu'elles peuvent générer chez les adorateurs quand ils sont vouées à l'allégeance d'un culte divin. 


Fascinant voyage hypnotique dans une contrée reculée d'une île écossaise, The Wicker Man est une expédition introspective afin de questionner notre rapport existentiel à une idéologie religieuse. Réquisitoire contre l'intolérance et le droit à la différence par l'entremise d'une culture célébrant la vie, l'amour et la mort, ce bad trip réversible est une envoûtante expérience mystique avec nos peurs les plus indécises, sans oublier de dénoncer les dérives sectaires sous couvert de dénouement horrifique.

Dédicace à Jean Pierre Dionnet et Selena de Sade
14.09.12. 2èx
Bruno Matéï

                                     

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire