mardi 23 octobre 2012

Excision

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site fountainpop.com

de Richard Bates Jr. 2011. U.S.A. 1h21. Avec AnnaLynne McCord, Traci Lords, Ariel Winter, Roger Bart, Jeremy Sumpter, John Waters, Malcolm McDowell.

Sortie salles France: 12 Septembre 2012. U.S: 21 Janvier 2012

FILMOGRAPHIE: Richard Bates Jr est un réalisateur, scénariste et producteur américain.
2008: Excision (court-métrage)
2012: Excision

 
"Dissection d'une âme déchue".
Projeté à Sundance et à l’Étrange Festival, où une partie du public fut en émoi, Excision est la version extensive du court-métrage éponyme de Richard Bates Jr. Comédie caustique et horreur clinique se négociant dans une bassine de formol, le film illustre la quotidienneté d’une jeune adulte introvertie - elle vient d’avoir dix-huit ans - fascinée par les organes et la nécrophilie. Raillée par ses camarades, méprisée par une mère conservatrice obsédée par l’hygiène, Pauline inspire l’indifférence à son entourage. Son visage blême, dénué du moindre maquillage, est piqueté de boutons d’acné. Livrée à elle-même malgré la compassion résignée de sa petite sœur et de son père sclérosé, elle fuit sa morosité dans des délires fétichistes de dissection, à travers des songes morbides. Jusqu’au jour où, renvoyée de son lycée, elle décide de reprendre le contrôle de son destin.


Satire corrosive des mœurs américaines, plaidoyer pour le droit à la différence, Excision joue la carte de la provocation avec un esprit sarcastique aussi audacieux que déviant - le fœtus ensanglanté délicatement maintenu du bout des doigts par une infirmière, ou encore cet épilogue traumatique et inéluctable. En réalisateur subversif résolu à proposer une œuvre scabreuse fignolée dans un esthétisme léché, Richard Bates Jr. orchestre des ruptures de ton constantes pour désarçonner le spectateur et l’entraîner dans un trip semi-expérimental à la fois jubilatoire et déroutant. Car ce portrait jusqu’au-boutiste d’une jeune fille extravagante, livrée à elle-même dans une société obsédée par l’apparence et la maladie, flirte d’abord avec l’humour décalé - voir l'hilarité avant de sombrer dans la tragédie pure. Si le film risque probablement de diviser par son insolence singulière, déployant des séquences de poésie morbide aux nuances immaculées, l’interprétation innée d’AnnaLynne McCord emporte tout sur son passage. Excentrique et déficiente dans l’âme, animée d’un goût viscéral pour le sang et les organes, elle transcende son profil morbide avec une aisance confondante. Débridée, intempestive, elle suscite autant le dégoût qu'empathie et sympathie, laissant affleurer un mal-être existentiel nourri par une société conventionnelle. En mégère hautaine, l’étonnante et trop rare Traci Lords incarne avec une droiture glaçante une mère castratrice, incapable d’éprouver la moindre tendresse pour sa fille. Ou alors si peu...


"Nécrose familiale et autres tendresses".
Satire acerbe d’une éducation parentale incapable d’assumer la singularité de sa progéniture, Excision met en exergue l’introspection abrupte d’une jeune fille déchue, lucide sur sa pathologie mentale mais rejetée par une civilisation formatée. Ovni hybride constamment drôle mais traversé de séquences sulfureuses d’une audace immorale, cette peinture cynique d’une Amérique autocentrée allie humour noir, rire nerveux et mauvais goût avec une verve hermétique. Déroutant, viscéral, sensitif et - paradoxalement - très attachant, Excision ne fera pas l’unanimité, mais le jeu halluciné d’AnnaLynne McCord et sa verve comique risquent fort de laisser une trace indélébile dans l’encéphale d’un grand nombre de spectateurs. Et c'est à découvrir ou à revoir d'urgence. 

— le cinéphile du cœur noir 🖤
23.10.12
02.08.25. Vostf

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