de Michael Winner. 1974. U.S.A. 1h33. Avec Charles Bronson, Hope Lange, Vincent Gardenia, Steven Keats, William Redfield, Stuart Margolin, Stephen Elliott.
Sortie salles France: 18 Octobre 1974. U.S: 24 Juillet 1974
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Michael Winner est un réalisateur britannique, né le 30 Octobre 1935 à Londres, décédé le 21 Janvier 2013.
1964: Dans les mailles du filet. 1967: Qu'arrivera-t-il après ? 1971: Les Collines de la Terreur. 1971: l'Homme de la Loi. 1971: Le Corrupteur. 1972: Le Flingueur. 1973: Le Cercle Noir. 1973: Scorpio. 1974: Un Justicier dans la Ville. 1976: Won Ton Ton, le chien qui sauva Hollywood. 1977: La Sentinelle des Maudits. 1978: Le Grand Sommeil. 1979: l'Arme au Poing. 1982: Un Justicier dans la Ville 2. 1983: La Dépravée. 1985: Le Justicier de New-York. 1988: Rendez vous avec la mort. 1990: Double Arnaque. 1993: Dirty Week-end.
Précurseur du Vigilante movie qui fit couler tant d’encre à sa sortie, Un Justicier dans la Ville révèle une figure devenue emblématique du cinéma d’action : l’implacable Charles Bronson. Adapté du roman Death Wish de Brian Garfield, ce polar brutal retrace l’expédition meurtrière d’un homme décidé à purger les rues de leurs voyous arrogants.
Synopsis: Trois délinquants s’introduisent chez une mère et sa fille. La première, battue à mort, succombe à ses blessures ; la seconde, violée, est internée dans un institut psychiatrique, ravagée par le traumatisme. Rongé par le deuil et l’impuissance d’une police inerte, Paul Kersey s’arme et s’abandonne à une vendetta expéditive.
Film-choc à la violence glaciale et implacable, dont le prologue - passage à tabac d’une mère et de sa fille dans l’intimité de leur foyer - conserve aujourd’hui encore une brutalité sidérante, Un Justicier dans la Ville frappe par son radicalisme : il expose une violence nue, gratuite, miroir d’une insécurité urbaine en pleine recrudescence. Si la polémique fut immédiate, c’est parce que le film joue dangereusement avec une thématique réactionnaire, esquissant le portrait psychotique d’un adepte de l’autodéfense. Michael Winner dépeint avec un réalisme clinique la lente dégénérescence d’un architecte respecté, happé par une spirale meurtrière pour venger sa femme. Son premier meurtre, commis dans un sursaut de bravoure, l’écrase de dégoût - il en vomit ses tripes dans les toilettes. Mais peu à peu, ses exécutions lui procurent une satisfaction trouble, puis une célébrité malsaine, à mesure que la criminalité recule. Phénomène de société, le justicier inspire une partie de la population qui se met, elle aussi, à prendre les armes. Désemparée, la police hésite à l’arrêter, craignant d’ériger un martyr et de voir les taux de criminalité remonter en flèche.
Avec une efficacité redoutable, Winner livre un polar ultra-violent, tendu de séquences d’action acérées, sans jamais célébrer la justice individuelle. Car il révèle plutôt la vénalité d’un tueur radical, pris dans l’ivresse de son propre vertige sanglant. Son épilogue édifiant - ce sourire narquois de Kersey, doigt en revolver pointé sur d’éventuels agresseurs - résume toute l’ironie morbide du personnage. Non pas l’apologie d’une violence fascisante, mais l’avertissement d’une dérive immorale où la vendetta personnelle dévore la raison.
Alternant enquête policière et action expéditive, Un Justicier dans la Ville demeure un polar brutal, fulgurant, construit sur une vengeance putassière. Michael Winner y scrute aussi l’échec d’une police impuissante face à une criminalité impunie. Magnétique et impassible, Charles Bronson éclabousse l’écran et grave dans le marbre l’ambiguïté d’un justicier réactionnaire, glaçant, pervers et fascinant à la fois.
— le cinéphile du cœur noir
17.08.25. 4èx. Vo 4K28.08.13. 3èx
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