mardi 18 février 2014

Excalibur

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Fan-de-cinema.com

de John Boorman. 1981. U.S.A/Angleterre. 2h21. Avec Nigel Terry, Helen Mirren, Nicol Williamson, Cherie Lunghi, Nicholas Clay, Paul Geoffrey, Robert Addie, Gabriel Byrne, Patrick Stewart.

Sortie salles France: 27 Mai 1981. U.S: 10 Avril 1981

FILMOGRAPHIE: John Boorman est un réalisateur, producteur, scénariste et acteur américain, né le 18 Janvier 1933 à Shepperton (Royaume-Uni). 1965: Sauve qui peut. 1967: Le Point de non-retour. 1968: Duel dans le pacifique. 1970: Leo the last. 1972: Délivrance. 1974: Zardoz. 1977: L'Exorciste 2. 1981: Excalibur. 1985: La Forêt d'Emeraude. 1987: Hope and Glory. 1990: Tout pour réussir. 1995: Rangoon. 1998: Le Général. 2001: Le Tailleur de Panama. 2003: In my Country. 2006: The Tiger's Tail.


Le Graal est un objet mythique de la légende arthurienne, objet de la quête des chevaliers de la Table ronde. À partir du XIIIè siècle, il est assimilé au Saint Calice (la coupe utilisée par Jésus-Christ et ses douze disciples au cours de la Cène, et qui a recueilli le Sang du Christ) et prend le nom de Saint Graal. La nature du Graal et la thématique de la quête qui lui est associée ont donné lieu à de nombreuses interprétations symboliques ou ésotériques, ainsi qu'à de multiples illustrations artistiques.

Film d'aventures épiques, récit fantastique imprégné de mythologie, Excalibur allie chevalerie, féerie et sorcellerie dans une alchimie éthérée. Splendeur esthétique où le Moyen Âge n’a jamais paru aussi baroque et fantasmagorique, Excalibur s’érige en fresque majestueuse sous l’allégeance d’Arthur, Merlin, Lancelot, Perceval, Guenièvre, Morgane et Mordred. Les plus héroïques des personnages se voient contraints de s’affronter pour l’honneur et la loyauté, même si leurs failles humaines finissent par trahir orgueil, trahison, colère ou lâcheté.

Le scénario, impossible à résumer, gravite autour d’Arthur et de sa quête éternelle pour Excalibur, l’épée sacrée, dans l’espoir de rebâtir un empire plus serein, plus juste. Mais la trahison adultérine de Guenièvre et Lancelot, conjuguée au sortilège incestueux entre Arthur et Morgane, pousse le roi à rassembler ses chevaliers autour de la Table Ronde pour partir en quête du Graal. Objet de sacre, ultime symbole, le Graal est peut-être la seule voie pour renouer avec sa dignité perdue.

À travers les figures symboliques de Merlin et Morgane, John Boorman orchestre une opposition équivoque entre le Bien et le Mal. Merlin lui-même n’est pas un parangon de vertu : il arrache un enfant à sa mère en guise de chantage — l’enfant qui deviendra Arthur. Leur affrontement souterrain — Morgane use de séduction pour tromper Merlin — devient un prétexte, une épreuve de force pour Arthur et ses compagnons. Comprendre le sens du sacrifice au cœur des batailles barbares, saisir la valeur du pardon et de la rédemption quand l’amour fut la cause du désastre.

Quant à l’épée prodige, elle incarne à elle seule le pouvoir ultime : une force brute mais sacrée, offerte uniquement à celui qui saura en faire bon usage. Grâce à son ambiance ésotérique, littéralement envoûtante (euphémisme, croyez-moi), Excalibur nous projette dans un monde médiéval obsédant, où la nature devient fantasque et épurée. Crépusculaire, aussi, lorsque la malédiction de Morgane et de son fils fige la forêt dans le deuil : arbres flétris, cadavres putrescents suspendus aux frondaisons, paysans affamés luttant pour leur survie.


"Beauté funèbre d’un âge de fer et de sortilèges".
Grandiose, onirique, étrange, baroque, envoûtant, Excalibur est un exploit filmique, un miracle de lyrisme, de beauté et de sauvagerie. D’une ambition folle, John Boorman a su cristalliser un univers à la fois enchanteur et ténébreux, où chaque personnage, tiraillé entre lumière et ténèbres, tente de rétablir l’équilibre perdu. Un chef-d’œuvre vertigineux — que dis-je ? — un monument de beauté funèbre, à l’image des accents épiques martelés par le thème de Wagner. Une source d’inspiration pour les classiques à venir.

*Bruno
03.04.25. 4èx

Récompense: Prix de la Contribution Artistique au Festival de Cannes, 1981


2 commentaires:

  1. Le film qui du fond de ma petite banlieue sinistrée m'a ouvert la voie du merveilleux, de la littérature et de la musique wagnérienne. (Ach Tristan und Isolde : wunderbach !)
    Excalibur fût longtemps une des rares œuvres fréquentables pour les amateurs de Fantasy même si son ambition va bien au delà.
    Si Strange m'a ouvert la porte des bibliothèques et m' a donné envie de mieux écouter mon prof de français, Excalibur a définitivement éclairé les ténèbres de mon inculture sans renier l'héritage de ma culture populaire puisqu'au bout du compte leurs racines sont similaires.
    Plus tard "2001" me fera le même effet mais dans un autre registre.
    La version DVD du film de Boorman a toujours été médiocre. Alors question existe-t-il une version du film qui soit de bonne qualité.
    Un de tes meilleurs articles en tous cas, Bruno.
    Ce soir je regarde "Trauma", un des rares Argento de la belle époque du cinéaste que je n'ai pas vu, après j'irai voir si tu as écrit un truc à son sujet.
    Tchao
    bonne continuation

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  2. lol Laurent. J'ai le blu-ray d'excalibur qui est loin d'être transcendant mais qui reste tout de même de meilleure qualité que le Dvd. Trauma, je l'ai souvent détesté jusqu'à dernièrement où je l'ai trouvé sympa et auteurisant finalement. Je le reverrais une 4è fois un jour.
    Merci pour le compliment Laurent, ça me rassure, d'autant plus que je vénère Excalibur comme un saint-graal ! ^^

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