de Ralph Nelson. 1970. U.S.A. 1h55. Avec Candice Bergen, Peter Strauss, Donald Pleasance, John Anderson, Jorge Rivero, Dana Elcar.
Sortie salles: 23 Avril 1971
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Ralph Nelson est un réalisateur américain, né le 12 Août 1916 à New-York, décédé le 21 Décembre 1987 à Santa Monica. 1962: Requiem for a Heavyweight. 1965: Les Tueurs de San Francisco. 1966: La Bataille de la Vallée du Diable. 1968: Charly. 1970: Soldat Bleu. 1972: La Colère de Dieu. 1975: Le Vent de la Violence. 1976: Embryo. 1979: Christmas Lilies of the Field (télé-film).
"Depuis l'aube de l'humanité, l'homme a écrit son histoire dans le sang. Mais il a aussi prouvé que l'étincelle divine existe en lui. Il y a dans l'âme humaine une part d'ombre qui date du jour ou Caïn a tué son frère. La fin du film montre, sans la moindre hypocrisie, les horreurs d'un combat où la folie sanguinaire triomphe de la raison. Les atrocités ne sont pas commises seulement contre l'ennemi, mais aussi contre des innocents, des femmes et des enfants. Horreur suprême: tout cela a bel et bien eu lieu".
Ce jour-là, une unité de cavalerie américaine — plus de 700 hommes — attaque un paisible village cheyenne à Sand Creek, dans le Colorado. Les Indiens déploient le drapeau américain et un drapeau blanc de reddition. Malgré cela, la charge est lancée, implacable. 500 morts, dont la moitié sont des femmes et des enfants. Scalps arrachés, corps démembrés, viols en série. Le général Nelson A. Miles, chef d’état-major de l’armée, déclarera que ce massacre fut "peut-être le crime le plus ignoble et le plus injuste de l’histoire des États-Unis".
Ce bref monologue final, récit brut dicté à la toute fin du film, vient sceller le réel, confirmer l’authenticité du génocide indien orchestré par l’impérialisme ricain.
Segmenté en deux mouvements bien distincts, le film s’attache d’abord à explorer la relation houleuse d’un duo d’amants en discorde. Après une embuscade sanglante provoquée par les Indiens — coûtant la vie à 21 soldats — Honus Gent, soldat bleu, timoré et candide, croise le chemin de Cresta Lee, une Américaine jadis capturée par un chef indien et restée deux ans parmi les siens. Livrés à eux-mêmes, ils vont devoir survivre dans un désert hostile et rejoindre coûte que coûte le fort voisin.
Incarnés par Peter Strauss et Candice Bergen, leur complicité à l’écran doit beaucoup au contraste savoureux de leurs esprits : lui discipliné, elle rebelle. Le cliché de la blonde potiche est ici inversé au profit d’une femme impudente, déterminée à faire entendre à la jeune recrue que son armée est coupable de crimes barbares, d’intolérance, de racisme. On est donc loin des poncifs du western lyrique cher à John Ford, avec ses gentils soldats défendant la civilisation contre les "sauvages" destructeurs de scalps.
Qui plus est, l’usage d’une partition classique aux accents triomphants nous laisse ici un goût amer, dissonant, face au réalisme frontal des affrontements. À travers des ressorts de comédie et de romance, Ralph Nelson parvient à nous attacher à ces personnages, à suivre leur évolution humaine, cette lente domestication de l’autre par la survie partagée.
Mais avec l’arrivée de la cavalerie, le ton bascule. Le vernis tombe. Et Soldat Bleu se fait tranchant, brutal, implacable. En un souffle, l’aventure tourne au cauchemar. Ce contraste saisissant imprimé sur les vingt-cinq dernières minutes agit comme un électrochoc. Le film nous colle au mur, dans une intensité dramatique où colère, dégoût, tristesse et malaise s’entrelacent jusqu’à l’écoeurement.
Dans une violence crue, sans fard, Ralph Nelson filme l’horreur : décapitations, scalps, démembrements, viols, infanticides… Le spectateur endure cette fureur bestiale, impuissant, témoin d’une humanité absorbée par sa propre folie sadique. Ces séquences, innommables et inoubliables, hantent l’esprit longtemps après le générique. Elles marquent au fer rouge.
Et si, de prime abord, la romance pittoresque nous avait tant réconfortés, l’horreur gratuite qui en brise la quiétude ne nous épargnera aucun repli.
Inoubliable. Éprouvant. Avec le cœur meurtri.
* Bruno
3èx
heureux de trouver une critique (qui plus est positive ) de ce soldat bleu ...c'est surtout un des tout premier qui osa aussi frontalement et crument remettre cette période de l'histoire des états unis dans le bons sens . l'anti John Ford effectivement . dont on retrouvera dans l’extraordinaire little big man avec hoffman , le pic en terme de réquisitoire ,avec un retour sur le massacre de la washita river ... peau de la vielle hutte ton nom en amérindien ) tu a assuré
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