vendredi 25 juillet 2014

How i live now (Maintenant c'est ma vie)

                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de Kevin Macdonald. 2013. Angleterre. 1h41. Avec Saoirse Ronan, Tom Holland, Anna Chancellor, George MacKay, Corey Johnson, Sophie Ellis, Harley Bird.

Sortie salles France: 12 Mars 2014. Angleterre: 4 Octobre 2013

FILMOGRAPHIE: Kevin Macdonald est un réalisateur, scénariste et producteur écossais, né le 28 Octobre 1967 à Glasgow.
2003: La Mort Suspendue. 2006: Le Dernier roi d'Ecosse. 2009: Jeux de pouvoir. 2011: L'Aigle de la 9è Légion. 2013: How I live now. 2014: Black Sea.


Découvrir une production méconnue (car sortie dans la discrétion) par le biais d'un ami après avoir été dubitatif au vu de sa bande-annonce prouve qu'il ne faut pas s'arrêter à une compilation bâtie sur le merchandising. Daisy, adolescente américaine, passe séjourner quelques vacances chez ses cousins dans la campagne anglaise. Alors qu'elle se lie d'affection auprès du jeune Isaac, une 3è guerre mondiale éclate ! Séparés en 2 groupes par les forces armées, Daisy lui tient la promesse de venir le rejoindre au moment opportun. How I Live now fait parti de ces curiosités dont le pitch éculé pourrait de prime abord délaisser le spectateur s'il n'eut été retranscrit avec autant de lyrisme et de subtilité. Car il s'agit bien ici d'un film d'auteur que l'anglais Kevin Macdonald nous retransmet sans règle établie, dans le sens où, comme le cheminement incertain des deux héroïnes, nous ne sommes guidés que par leur instinct de survie où le danger aléatoire peut brusquement intervenir.


Ce sentiment d'abandon, cette fragilité adolescente sont d'autant mieux exprimés par des comédiens dépouillés où l'émotion, tantôt poignante ou cruelle, intervient là où on ne l'attends jamais. Sous couvert de 3è guerre mondiale, le réalisateur illustre avec une habile suggestion les conséquences du désastre et de la barbarie car se focalisant plutôt sur la désolation environnementale et la résultante des massacres commis par les terroristes. Dénonçant leur lâcheté, leur animosité et leur perversité en cas d'invasion guerrière, Kevin Macdonald ne cherche pas le racolage ni l'artifice pathos pour nous ébranler. Et pourtant, un malaise tantôt sous-jacent, tantôt viscéral vient nous dérouter car la guerre est en l'occurrence observée du point de vue de l'innocence. Celle de l'enfance et de l'adolescence. Retraçant le parcours de Daisy et de la petite Piper en quête éperdue d'une terre nouvelle et de retrouvaille amoureuse, le cinéaste aborde le mode du survival avec pudeur et réalisme brut. Filmant la nature comme un Eden sensoriel, nos deux héroïnes évoluent dans ce milieu écologique avec la crainte au ventre car témoins d'exactions criminelles et de viols en réunion au fil de leur itinéraire. Ce tableau saisissant imparti à la beauté de la nature et la candeur des héroïnes contrastent avec la violence putassière de la guerre et le traumatisme qui s'ensuit. Ce qui nous achemine vers un climat déconcertant car bousculant nos habitudes de spectateur pris à parti entre les composantes de virginité et de brutalité que le réalisateur dompte à sa guise.


La fille au bout du chemin
Quête initiatique à la maturité, récit d'amour désespéré, réquisitoire contre l'ignominie guerrière How I live now extériorise au final un apprentissage à la liberté. Car l'implication de cette guerre démystifie une réflexion sur l'obsession de la prévention alimentaire et celle de l'hygiène que les médias et magazines s'empressent de nous dicter sous l'enseigne de la santé publique. Hymne à l'indépendance et à l'harmonie de la nature, poème d'amour et de mort, How I live now est une oeuvre dure et brutale, mais aussi sensible que fragile, à l'instar de sa délivrance finale d'une grave intensité émotionnelle. 

Un grand merci à Pascal Frezzato et Gilles Rolland
Bruno Matéï


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire