mercredi 9 juillet 2014

Réincarnations / Dead and Buried

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site zombiepop.net

de Gary Sherman. 1981. U.S.A. 1h34. Avec James Farentino, Melody Anderson, Jack Albertson, Dennis Redfield, Nancy Locke, Lisa Blount, Robert Englund.

Sortie salles France: 19 Août 1981. U.S: 29 Mai 1981

FILMOGRAPHIE: Gary A. Sherman est un réalisateur, scénariste et producteur américain né en 1943 à Chicago dans l'Illinois. 1972: Le Métro de la mort, 1981: Réincarnations, 1982: Descente aux enfers, Mystérious Two (TV film), 1984: The Streets (TV film), 1987: Mort ou Vif, 1988: Poltergeist 3, 1990: Lisa, After the Shock, 1991: Murderous Vision (TV film).

Film culte d’une génération entière, Réincarnations a marqué une légion de jeunes cinéphiles l’ayant découvert au tout début des années 80. Tant lors de sa sortie en salles (les ados comme moi durent s’y rendre accompagnés d’un adulte, le film étant interdit aux moins de 18 ans !) que grâce à sa mythique édition VHS chez UGC Vidéo.
Au-delà de l’incroyable scénario concocté par Dan O’Bannon et Ronald Shusett pour insuffler un sang neuf au mythe du zombie — et à celui de Frankenstein — c’est surtout l’ambiance mortifère, littéralement prégnante, qui saisit l’esprit du spectateur pour ne plus jamais le lâcher.

Alors que deux meurtres secouent une tranquille bourgade côtière, le shérif Dan Gillis piétine à retrouver le ou les responsables de ces morts d’une brutalité inouïe. Son enquête le conduit bientôt à soupçonner l’embaumeur local, le médecin-légiste William G. Dobbs.
Dès sa scène d’ouverture cinglante — restée gravée dans toutes les mémoires — Gary Sherman ébranle le spectateur sans sommation : une drague anodine sur la plage entre un photographe et une jeune tentatrice bascule soudain dans l’horreur la plus frontale lorsqu’un homme s’oppose à une confrérie invisible.

Des séquences cauchemardesques de cet acabit, Réincarnations en regorge. Toutes aussi estomaquantes que radicales, elles déploient une violence sèche, une verdeur nécessaire, tandis que le climat d’angoisse, subtilement distillé, monte crescendo au fil de l’enquête du shérif.
On salue au passage l’interprétation fiévreuse de James Farentino (sans doute son plus grand rôle), exprimant une lente dégringolade vers les méandres d’un vaudou tapi dans l’ombre.
À ses côtés, Jack Albertson, au charisme émacié, incarne le médecin-légiste avec une dérision macabre, presque goguenarde. Et que dire de la présence trouble de Melody Anderson, épouse trop affable pour ne pas éveiller les soupçons...

Outre la justesse du casting et la maîtrise glaciale de la mise en scène (Sherman n’a jamais autant brillé dans sa capacité à crédibiliser une société de morts-vivants impassibles et non carnivores), la puissance émotionnelle de Réincarnations tient surtout à sa manière de nous plonger dans une intrigue vénéneuse, toujours plus envoûtante.
Les scénaristes nous offrent ici une farce macabre d’une cruauté délicieuse, où l’humour noir se mêle à la terreur sourde, et où chaque revirement vient mordre dans la chair du récit. Jusqu’au twist final, traumatisant, qui remet en cause notre propre réalité. Serions-nous, nous aussi, les pantins articulés d’un créateur imposteur ?

Mais Réincarnations, c’est aussi le charme d’une série B esthétiquement formelle, baignée dans l’illusion paisible d’une bourgade côtière. Une ville bercée par une mélodie de piano — inoubliable score de Joe Renzetti — avant d’être ravagée par l’onde noire d’un sacrement morbide, implacable.

 
Chef-d’œuvre d’humour macabre, baignant dans une atmosphère aussi lourde qu’oppressante (bande-son bourdonnante à l’appui), Réincarnations incarne l’archétype d’une série B artisanale où toute une équipe s’emploie à cristalliser un pitch improbable… et pourtant redoutablement clairvoyant.
Et ce ne sont pas les maquillages spectaculaires de Stan Winston qui viendront contredire la réussite incontestable de cette farce sardonique, où la violence — brutale, tranchante — s’impose, justifiée.
Inoubliable.

*Bruno
5èx

Apport du Blu-ray: 8/10

2 commentaires:

  1. Génial ce film ! un classique instantané pôur ma part ! macabre, original et doté d'une atmosphère unique ! une référence majeure du genre dans les années 80 ! et tres bonne critique cher bruno.

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  2. Merci Atreyu et on est bien d'accord sur la qualité exceptionnelle de ce B movie sardonique ! ^^

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