vendredi 21 novembre 2014

Assaut / Assault on Precinct 13

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de John Carpenter. 1976. U.S.A. 1h31. Avec Austin Stoker, Darwin Joston, Martin West, Laurie Zimmer, Nancy Kyes, Tony Burton, Charles Cyphers.

Sortie salles France: 5 Juillet 1978. U.S: 5 Novembre 1976

FILMOGRAPHIEJohn Howard Carpenter est un réalisateur, acteur, scénariste, monteur, compositeur et producteur de film américain né le 16 janvier 1948 à Carthage (État de New York, États-Unis). 1974 : Dark Star 1976 : Assaut 1978 : Halloween, la nuit des masques. 1979: Le Roman d'Elvis. 1980 : Fog 1981 : New York 1997 1982 : The Thing 1983 : Christine 1984 : Starman 1986 : Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin 1987 : Prince des ténèbres 1988 : Invasion Los Angeles 1992 : Les Aventures d'un homme invisible 1995 : L'Antre de la folie 1995 : Le Village des damnés 1996 : Los Angeles 2013 1998 : Vampires 2001 : Ghosts of Mars 2010 : The Ward.
 

Après un premier essai de science-fiction fauché (Dark Star), John Carpenter signe un coup de maître avec Assaut, variation moderne du Rio Bravo d’Howard Hawks qu’il vénère sans réserve. Mal reçu dans son pays, le film gagne pourtant ses lettres de noblesse en Europe, jusqu’à devenir culte. Inspiré aussi de La Nuit des morts-vivants, Carpenter, avec un budget dérisoire, orchestre une prouesse : narrer l’état de siège d’un commissariat assailli par une horde de meurtriers impassibles. Tout part du témoignage d’un homme réfugié dans le central 13, témoin de l’assassinat brutal de sa fille (scène-choc d’un réalisme insoutenable encore aujourd'hui) qui, dans un geste de vengeance, abat le chef du gang. Traumatisé, incapable d’articuler sa détresse après avoir vu sa fille et un marchand de glace exécutés, il entraîne malgré lui le commissariat dans un blocus infernal. Bientôt, autour du bâtiment, se regroupent des assaillants venus de toutes origines, prêts à le réduire au silence. Alors, avec l’aide de deux criminels en transfert, le shérif Ethan Bishop, la secrétaire Leigh et la standardiste Julie vont tenter de le protéger et de résister.


Modèle d’efficacité brute, Assaut enferme ses protagonistes dans un huis clos où des policiers s’allient à des criminels pour survivre, acceptant leurs divergences morales et sociales face à un ennemi commun. Ces gangsters, silhouettes fantomatiques, mutiques et véloces, prennent des allures surnaturelles dans leur attaque méthodique. Carpenter nous projette dans un western moderne quasi horrifique: action rageuse, héroïsme viril, commissariat vétuste transformé en fortin et surtout climat d'angoisse et d'inquiétude indicible qui imprègne toute la pellicule. Scandée par la pulsation électro du maître, l’ambiance crépusculaire s’agrippe d’une horreur diffuse, surtout lors des assauts silencieux au pistolet muni de silencieux : scènes d’anthologie, jouissives et glaçantes, où le silence devient une arme. Au-delà de ses éclairs de violence spectaculaires et de son ambiance sépulcrale aux allures d'apocalypse, Assaut brille par un suspense implacable et par l’engagement total de ses acteurs, jusque dans les seconds rôles inoubliables. Chacun prend des risques insensés pour éviter les balles et chercher une improbable issue. Parmi eux, l'étrange Laurie Zimmer magnétise à coeur ouvert : secrétaire téméraire, au regard doux et loyal, elle impose une force tranquille, discrète et audacieuse qui surpasse parfois ses partenaires endurcis.

Dans sa lecture sociale à la fois implacable et visionnaire, Assaut révèle une Amérique rongée par la violence (policière / délinquante) et la prolifération des armes. Mais il transcende ce constat en western urbain incandescent : mise en scène millimétrée, partition obsédante, frénésie d’action, ambiance funèbre parfois mélancolique et héroïsme désespéré. Tout concourt à hisser ce film indépendant au rang de mythe sous l'impulsion d'un sublime portrait de femme langoureuse dont je ne me suis jamais remis de son pouvoir de séduction évanescent. 

— le cinéphile du cœur noir
6èx. Vostf

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