mardi 25 novembre 2014

L'ORPHELINAT (El Orfanato). Grand Prix, Gérardmer 2008.

                                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site allocine.fr

de Juan Antonio Bayona. 2007. Espagne. 1h45. Avec Belen Rueda, Fernando Cayo, Roger Princep, Montserrat Carulla, Géraldine Chaplin, Mabel Rivera.

Récompenses: Grand Prix à Gérardmer, 2008
Prix du Jury Sci-Fi à Gérardmer, 2008
Prix Goya des Meilleurs Effets Spéciaux, 2008

Sortie salles France: 5 mars 2008. Espagne: 11 Octobre 2007

FILMOGRAPHIE: Juan Antonio Bayona est un réalisateur et scénariste espagnol, né en 1975 à Barcelone. 2004: Sonorama (video). 2004: 10 anos con Camela (video). 2005: Lo echamos a suertes (video). 2007: l'Orphelinat. 2012: The Impossible.


Immense succès dans son pays d'origine, à l'instar de son ovation française reçue au Festival de Gérardmer (Grand Prix, Prix du Jury Sci-fi !), l'Orphelinat incarne l'archétype du Fantastique Espagnol noble lorsqu'un scénario charpenté est entièrement alloué à l'humanisme des personnages, au sens d'un mystère palpable et à l'ambiance éthérée d'un cas de hantise. En empruntant les thématiques délicates de l'enfance meurtrie, de l'instinct maternel, de la difficulté de surmonter le deuil et du sens du sacrifice, Juan Antonio Bayona se porte en conteur avisé pour mettre en exergue l'investigation rigoureuse d'une mère de famille obsédée par la disparition de son fils. Ancienne pensionnaire d'un orphelinat durant sa jeunesse, Laura décide aujourd'hui de rouvrir l'établissement pour accueillir de jeunes enfants handicapés. Mais le comportement de son fils, Simon, s'avère toujours plus inquiétant lorsqu'il se distrait avec ses potentiels amis invisibles. Le jour de l'inauguration, ce dernier disparaît sans laisser de traces. Malgré l'impuissance de la police, Laura se lance alors à sa recherche afin de le retrouver en vie puis finit par faire appel à une éminente parapsychologue. 


Autour de cette douloureuse histoire de disparition infantile Spoil !!! mais aussi du châtiment macabre intenté à de jeunes orphelins fin du Spoil !, Juan Antonio Bayona aborde le sujet de l'injustice de la mort avec la sensibilité prude de parents déboussolés en quête de vérité. En particulier du point de vue de Laura, une mère déjà ébranlée par son ancienne adoption au sein de l'orphelinat, puisque du jour au lendemain contrainte de se séparer inopinément de ses jeunes amis pensionnaires. La manière intelligente dont le cinéaste fait intervenir le surnaturel s'avère d'autant plus crédible qu'il ne fait appel à aucune esbroufe puisque préconisant la fragilité psychologique de Laura (Belen Rueda s'avérant remarquable de sobriété dans son épreuve maternelle toujours plus significative !) embarquée dans une investigation aussi macabre que fructueuse. Outre sa force dramatique impartie aux thèmes de l'enfance meurtrie, du deuil inéquitable et de la démission parentale, l'Orphelinat joue sur la notion spirituelle de l'existence en l'au-delà avec pudeur afin de dédramatiser l'angoisse du trépas. En second plan, son onirisme candide et son atmosphère feutrée laissent planer un mystère diffus autour de cette bâtisse gothique entachée de mauvais souvenirs et de secrets inavoués. Sans déflorer l'alibi de l'intrigue riche en rebondissements, le film puise donc son acuité dans le cheminement mystique de Laura emmêlée dans une énigme aussi longue et cruelle mais aussi salvatrice. 


Avec émotion et sensibilité, Juan Antonio Bayona renouvelle le film de fantôme grâce à l'intelligence d'un script retors impeccablement structuré. Car sans volonté d'ébranler le spectateur, il occulte la terreur traditionnelle pour miser sur le suspense lattent et la caractérisation humaine de ces personnages confrontés à un destin aussi funèbre que rédempteur ! Poème d'amour et de mort, l'Orphelinat se résumant à une bouleversante leçon de décence envers ces enfants martyrs épris de grâce maternelle ! 

Bruno Matéï
2èx

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