jeudi 20 novembre 2014

Le Mort-Vivant / Dead of Night

                                                                            Photo scannée appartenant à Bruno Matéï

de Bob Clark. 1972/74. U.S.A. 1h32. Avec John Marley, Lynn Carlin, Richard Backus, Henderson Forsythe, Anya Ormsby, Jane Daly, Michael Mazes.

Sortie salles France: 20 Août 1975. U.S: 30 Août 1974  

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Bob Clark est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain, né le 5 Août 1941 à La Nouvelle-Orléans, en Louisiane (Etats-Unis), décédé le 4 Avril 2007 à Pacific Palisades, en Californie. 1966: The Emperor's New Clothes. 1967: She-Man. 1972: Children Shouldn't play with dead things. 1974: Le Mort-Vivant. 1974: Black Christmas. 1979: Meurtre par décret. 1980: Un Fils pour l'été. 1982: Porky's. 1983: Porky's 2. 1983: A Christmas Story. 1984: Rhinestone. 1985: Turk 182 ! 1987: From the Hip. 1990: Loose Cannons. 1995: Derby (télé-film). 1999: P'tits génies. 2004: SuperBabies.


Juste avant Black Christmas, fer de lance du psycho-killer, Bob Clark marqua les esprits avec le Mort-Vivant, authentique film culte d'une surprenante originalité pour son thème emprunté au mythe du zombie suggérant une métaphore sur le trauma vietnamien. Car sous couvert d'une intrigue horrifique au climat sévèrement mortifère, le film traite en filigrane de la difficile réinsertion des vétérans américains livrés à la folie et la solitude dans leur pays en berne. 

Le pitchUn officier du ministère vient apprendre à la famille Brooks que leur fils Andy est mort au front vietnamien. Quelques jours plus tard, ce dernier réapparaît vivant à la stupeur des parents ! Mais déboussolé, impassible et mutique, Andy se morfond dans la solitude quand bien même un routier est retrouvé sauvagement assassiné. Une descente aux enfers commence pour la famille et leur nouveau rejeton réduit à l'état de monstre. 


Portrait glaçant d'un soldat infériorisé par sa dégénérescence physique et morale, le Mort-Vivant est un cauchemar américain d'un réalisme acéré. De par la prestance magnétique de l'acteur John Marley pourvu d'une trogne aussi famélique que rigide, et le parti-pris de sa mise en scène proche du documentaire, Le Mort-Vivant laisse en état de choc. Privilégiant l'étude de caractère des personnages, le film gagne en crédibilité lorsque le cinéaste s'attarde à souligner la situation de crise d'une cellule familiale tourmentée par le retour de leur fils, car réfugié depuis dans l'isolement. Alors que le père adopte un comportement davantage irascible et suspicieux à son égard, la mère, déjà bien perturbée de sa longue absence, préserve aujourd'hui son instinct maternel afin de le protéger contre toute culpabilité. Quand à la soeur d'Andy, elle mise pour le retrait, une manière docile de ne pas interférer dans la discorde afin d'y apaiser les tensions. Emaillé de séquences horrifiques assez malsaines, le Mort-Vivant provoque une terreur sourde pour les agissements meurtriers de ce soldat revenu de l'Enfer ! Les meurtres sauvagement perpétrés s'avérant d'autant plus déconcertants qu'Andy pratique des perfusions intraveineuses pour se nourrir du sang des victimes. Il y émane une trouble fascination face à son comportement interlope, notamment pour la variation de son look (col roulé et lunettes noires afin de panser ses plaies purulentes puis sa vision déclinante) et de sa dégénérescence physique appuyée des maquillages du débutant Tom Savini (Andy se putréfiant inexorablement en dépit de ses dernières agressions sanglantes). Qui plus est, épaulé d'une photo granuleuse et sombre, le climat glauque qui enveloppe le récit distille une atmosphère étouffante que la musique de Carl Zittrer accentue dans des tonalités dissonantes. Enfin, le film s'achève de manière bien cruelle lors d'un épilogue dérangeant resté dans les mémoires, de par son caractère poignant proprement tragique nous laissant dans un état d'amertume désemparé.


Moi, Zombie, chronique du traumatisme.
Avec audace, intelligence et originalité, Bob Clark suggère avec le Mort-Vivant un pamphlet contre la barbarie guerrière et le traumatisme des vétérans livrés à l'abandon à leur retour au pays. Grâce à l'interprétation effrayante de John Marley, aux seconds-rôles dépouillés plus vrais que nature (les parents d'Andy insufflent une empathie torturée) et à la verdeur de son réalisme, cette oeuvre ultra noire insuffle une aura putrescente auprès de sa descente aux enfers d'une rigueur infiniment cauchemardesque. 
AVERTISSEMENT ! N'optez surtout pas pour la Version Française, le doublage ultra superficiel et sa nouvelle partition musicale usurpée dénaturant sans vergogne l'identité de l'oeuvre maudite.

*Bruno
5èx. Vostfr. 13.07.24. 

Récompenses: Prix du Meilleur Scénario au Festival du film fantastique de Paris.
Prix du Meilleur Scénario au Festival du film de Catalogne, 1975

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