jeudi 23 février 2017

Dark City

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site dcmain.deviantart.com

d'Alex Proyas. 1998. U.S.A/Australie. 1h52 (Director's Cut). Avec Rufus Sewell, William Hurt, Kiefer Sutherland, Jennifer Connelly, Richard O'Brien, Ian Richardson, Bruce Spence.

Sortie salles France: 20 Mai 1998. U.S: 27 Février 1998

FILMOGRAPHIE: Alex Proyas est un réalisateur, producteur et scénariste australien, né le 23 Septembre 1963 en Egypte. 1994: The Crow. 1998: Dark City. 2002: Garage Days. 2004: I, Robot. 2009: Prédictions. 2012: Paradise Lost. 2016 : Gods of Egypt.


"Sous la peau de la nuit : voyage dans la mémoire perdue de Dark City".
Échec commercial inéquitable, certes, mais contrebalancé par les avis plutôt élogieux de la presse spécialisée. Dark City œuvre dans la cour des grands, cristallisation d’un univers singulier aux influences de film noir, d’expressionnisme allemand et d’anticipation métaphysique. 

Le Pitch: Une nuit, un homme se réveille dans une baignoire, incapable de se remémorer son identité. Dans sa chambre, le corps d’une femme est retrouvé, assassiné. La police, et d’étranges hommes vêtus de noir, le traquent sans relâche, présumé coupable d’être un dangereux tueur en série.

À partir de cette trame policière somme toute classique, Alex Proyas, génial auteur du requiem The Crow, redouble d’ambition pour nous déconnecter de notre réalité à travers les thèmes spirituels de la mémoire et du souvenir. Sans déflorer les tenants et aboutissants d’une intrigue de prime abord hermétique ("le parfum de l’âme est le souvenir" qu'il disait !), Dark City se construit à la manière d’un puzzle que notre héros investigateur tente de remodeler, en arpentant les lieux nocturnes d’une ville en léthargie, contrôlée par des hommes en noir.

Fasciné par la nuit (comme il l’avait déjà démontré avec The Crow) et par la nature de la conscience, Alex Proyas esquisse avec un souci formel un poème spirituel sur la création divine et l’origine existentielle, lorsque les citadins d’une métropole deviennent cobayes dans la quête du mystère — impénétrable — de nos âmes. Parmi ces thèmes aussi éthérés qu’obscurs (notamment la nature du Mal à travers les exactions d’un tueur en série), le cinéaste en extrait, au final, un hymne à la vie, à l’amour, à la clarté, dans l’issue rédemptrice d’une confrontation musclée avec des étrangers fascistes. Le secret de notre humanisme résidant non pas dans l’âme… mais dans le cœur.

Toujours plus rigoureusement fascinant, Dark City nous transmet le désir d’en apprendre sur nous-mêmes — notre quête identitaire, si souvent difficile à élucider — jusqu’à réveiller en nous des questions philosophiques sur la réalité de notre quotidienneté. Dans le sens mystique où nos pensées intrinsèques pourraient matérialiser un monde psychotique… ou, au contraire, optimiste, selon notre point de vue — torturé ou serein. Autrement dit : la réalité de nos actes réside dans les pensées qui les produisent. À moins qu’un savant fou ou un créateur ne tire les ficelles, modifiant à sa guise les intrigues de notre destin durant notre sommeil.

Outre la densité d’un scénario passionnant, jalonné de rebondissements dignes d’un épisode de La Quatrième Dimension, Dark City tire parti d’un esthétisme crépusculaire littéralement ensorcelant. Alex Proyas soigne méticuleusement le cadre d’une infrastructure urbaine à la fois gothique et expressionniste, au sein d’une cité en (constante) mutation, inspirée des années 40.

"Nous sommes les créateurs de notre monde".
Aux décors stylisés se combinent harmonieusement les présences délétères d’antagonistes étonnamment iconiques, sans compter quelques idées astucieuses (l’harmonisation télépathique des étrangers), empruntées aux références telles que Metropolis, Nosferatu, Blade Runner ou même Scanners.

Ajoutez à cela une distribution aussi solide qu’impliquée (Rufus Sewell, William Hurt, Kiefer Sutherland, et la suave Jennifer Connelly se partagent la vedette avec une autorité contrariée), et vous obtenez un diamant noir schizo, habité par une entité démiurge.

*Bruno.
4èx. Director's cut. Vostfr.

La Chronique de The Crow: http://brunomatei.blogspot.fr/2012/02/the-crow.html

Bruno Matéï.
3èx

Récompenses:
Festival du film fantastique d'Amsterdam 1998 : prix du meilleur film
Saturn Award du meilleur film de science-fiction 1999
Prix Bram Stoker 1999 : meilleur scénario
Festival international du film fantastique de Bruxelles : prix du public

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