mardi 24 octobre 2017

WIND RIVER. Prix de la mise en scène, Cannes 2017.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site teaser-trailer.com

de Taylor Sheridan. 2017. U.S.A. 1h50. Avec Jeremy Renner, Elizabeth Olsen, Kelsey Chow, Jon Bernthal, Graham Greene, Julia Jones, Gil Birmingham.

Sortie salles France: 30 Août 2017. U.S: 4 Août 2017

FILMOGRAPHIE: Taylor Sheridan est un acteur, scénariste et réalisateur américain, né le 21 mai 1970 à Cranfills Gap au Texas, . 2011: Vile. 2017: Wind River.


Thriller choc d'une intensité dramatique aussi bouleversante qu'impitoyable, Wind River n'a pas volé son prix de la mise en scène à Cannes alors qu'il s'agit de la seconde réalisation du néophyte Taylor Sheridan. Ce dernier parvenant à tailler un suspense anxiogène autour d'un sordide fait divers (la découverte du cadavre d'une jeune indienne) qu'une agent du FBI et un chasseur vont tenter d'élucider en plein coeur de montagnes enneigées (magnifique paysages épurés). Intense et poignant quant à l'humanisme fragile que nos protagonistes véhiculent sans fard de par leur pudeur contenue et leur non-dit, Wind River nous immerge dans leur état de désagrément et d'impuissance morale sitôt les circonstances de la mort dévoilées ainsi que le chemin de croix que cette dernière parcourut en lieu et place de survie durant 10 kms dans une nature réfrigérante à - 30° ! Un exploit héroïque tenant du surpassement de soi auquel son ectoplasme va planer sur les épaules de nos héros durant leur investigation émaillée de rencontres ombrageuses cédant parfois aux brutaux éclairs de violence d'une vibrante intensité dramatique. Cet alliage d'émotions fulgurantes suscitant le vertige au spectateur (le + sensible) impliqué dans un règlement de compte d'une folie suicidaire !


Un peu comme l'avait d'ailleurs magnifiquement opéré Stanley Kubrick avec Full Metal Jacket (ou Spielberg avec le soldat Ryan...) lorsque les impacts de balles perforaient les chairs des victimes en émoi ou à l'agonie. La encore j'insiste sur le caractère éprouvant, voir résolument bouleversant de cette brutalité incisive que le réalisateur parvient à mettre en exergue avec un réalisme aride, et ce sans parti-pris racoleur. Notamment en tenant compte du caractère sournois du (ou des) coupable(s) compromis à la discrimination raciale et de rendre hommage avec vibrante humilité à cette victime sacrifiée en tenant compte de son exploit surhumain. Véritable oraison funèbre auprès des familles de défuntes tentant rigoureusement de se reconstruire après une tragédie aussi inique qu'impromptue, Wind River traite des thèmes douloureux du souvenir, de la survie, de la résilience, du dépassement de la souffrance avec une pudeur à fleur de peau et une ambiguïté morale quant à l'illégalité de l'auto-justice. Car outre la subtilité de sa mise en scène à sacraliser le "thriller" par le biais d'une caractérisation psychologique fouillée (et limpide) engendrant une réflexion sur la perte de l'être aimée, la providence et la canalisation de la souffrance, Wind River est illuminé par les présences des comédiens Jeremy Renner (un regard viril chargé de cicatrices morales derrière sa carapace stoïque) et Elizabeth Olsen (poignante d'empathie auprès de la victime et de son co-équipier puis de pugnacité durant son ascension professionnelle). Ces derniers formant de manière impromptue un duo commun de justiciers solidaires impliqués dans l'instinct de vengeance et l'initiation d'une survie propre à l'héroïsme.


Un coup de poignard en plein coeur, inextinguible. 
Hommage déchirant à la communauté amérindienne du point de vue d'une jeune martyr d'une endurance physique et morale symbolique, Wind River laisse en état de mutisme sitôt le générique écoulé. Le film s'édifiant en bouleversant requiem auprès des victimes sacrifiées au moment où leur famille se résigne à se reconstruire, entre fragilité démunie et regain de résilience. De mon point de vue personnel (puisque j'en sors traumatisé et que rares sont les films où leur saillie de brutalité me bouleverse aux larmes), Wind River constitue sans doute un chef-d'oeuvre intimiste sur la gestion de la souffrance et de la déveine, faute de la lâcheté de l'homme incapable de réprimer ses bas instincts. 

Bruno Dussart.

Récompenses: Prix Un certain regard, Prix de la mise en scène, Cannes 2017
Festival international du film de Karlovy Vary 2017 : prix du public pour Taylor Sheridan, prix du président pour Jeremy Renner

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