« J’ai toujours pensé qu’il y avait, dans le phénomène des pressentiments, quelque chose de surnaturel qui, mieux observé, fournirait la preuve de l’immatérialité de l’âme. »
Le pitch : Pour un coût dérisoire, un couple, leur fils et sa tante emménagent dans une vaste bâtisse pour les congés d’été. Leur seule condition : s’occuper d’une octogénaire, propriétaire esseulée, recluse dans une chambre à l’étage. Peu à peu, d’étranges incidents viennent ébranler la tranquillité de la famille Rolfe.
La Maison du Diable, L’Emprise, L’Enfant du Diable, Les Innocents, Next of Kin, La Maison des Damnés, Shining, Le Cercle Infernal… Autant de chefs-d’œuvre immuables, maîtres dans l’art de faire trembler la maison hantée sous le joug du pouvoir de suggestion. Trauma s’y inscrit, joyau du film de hantise, aussi inextinguible que ses illustres homologues.
Score monocorde aux accents lourds et ombrageux, cadre bucolique d’une résidence séculaire en lisière de bois… Trauma insuffle, dès son prélude solaire, une fièvre d’étrangeté rampante. En orchestrant le mystère autour d’une chambre close, gardienne d’une vieille femme jamais aperçue, Dan Curtis façonne l’un des cauchemars surnaturels les plus oppressants, sous l’emprise d’une maison maudite.
Sans jamais dévoiler la silhouette de la propriétaire décrépite, il fait monter le suspense jusqu’à un climax tétanisant — vision cauchemardesque et anthologique, gravée dans les annales de l’effroi.
Entre-temps, Curtis prend soin de radiographier ses personnages, tous ébranlés par une succession d’incidents inexplicables. Sans esbroufe ni effets chocs gratuits, sans gore tapageur, Trauma palpite d’une tension viscérale, nourrie par la psychologie contrariée de ses protagonistes. Attachants par leur solidarité, mais faillibles, meurtris, comme “possédés” par l’esprit protéiforme de cette maison avide.
Une demeure ancienne qui semble vouloir se nourrir du fluide anxiogène de ses occupants, les vampiriser pour trouver, en retour, une "mère porteuse" et ainsi se régénérer dans la durée.
Porté par des comédiens habités, Trauma instille un sentiment d’insécurité permanent, qui finit par contaminer l’anxiété du spectateur. Oliver Reed, accablé, incarne un père aimant, mais dépassé, rongé par une dépression rampante et les bizarreries du quotidien. Lee Montgomery, adolescent à la dérive, endure les coups d’un père fragilisé et les griffes de la maison. Bette Davis, immense, joue une femme figée dans la dégénérescence. Quant à Karen Black, inoubliable, elle insuffle une obsession trouble, tiraillée entre son amour maternel et l’attirance morbide que lui inspire la demeure.
En plus de marteler l’esprit par des séquences chocs (les apparitions du chauffeur au rictus malade, la mort sacrificielle de la tante, l’attaque des arbres qu’un certain Sam Raimi recyclera dans Evil Dead), Trauma frappe fort avec des scènes éprouvantes : l’agression du fils dans la piscine, la tentative de noyade par une force invisible...
Son intensité culmine dans un final nihiliste à la violence abrupte. L’aura malsaine des pièces closes, la pesanteur dépressive du climat, l’originalité organique de l’intrigue : autant d’éléments qui hissent Trauma au rang de référence absolue du fantastique vintage.
* Bruno
20.08.13. 6èx (694 v)
Un chef-d’œuvre...!!!
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